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Par authion le 20 Avril 2018 à 09:12
Maurice MEHAUT 1ère DFL / BIMP / CA
FRANCE
16 Août 1944
Débarquement. 23 heures ! Quelle impression inoubliable, immenses écrans de fumées, quelques avions Fritz. On descend dans des vedettes américaines qui font la navette du bateau à la terre. Ces vedettes sont aménagées intérieurement d'une façon splendide, tout y est pour que le moral soit au point en sortant. C'est CAVALAIRE... dans l'eau jusqu'à la ceinture au clair de lune, mitraillette d'une main, guitare de l'autre, nous sommes en deuxième vague.
17 Août
Nos prédécesseurs ont fait du beau travail. Nous n'avons qu’à suivre. Accueil glacial des civils, vin au marché noir.
Marches forcées pendant deux jours et deux nuits.
19 Août
Accueil glacial des civils, vin au marché noir. Marches forcées pendant deux jours et deux nuits.
20 Août
A nouveau l'attaque. Ca donne ! Mais nous sommes encore refoulés. moustiques extraordinaires par nuages. HENRY est complètement défiguré.
20 Août
Attaquons de nouveau et ça joue serrée. Décidément le morceau est dur, mais nous en viendrons à bout car nous sommes décidés pour des "mercenaires".
22 Août
L'artillerie qui est maintenant débarquée se fait sentir. Nous touchons beaucoup d'eau-de-vie. Tirs par roulements. Attaque Formidable !
Nous essayons un coup d'une audace inouïe qui réussit pleinement. A 30 nous faisons 145 prisonniers ahuris de voir des Français, en prenant le bastion du Golf Hôtel.
Très légèrement blessé à la hanche et brûlure de grenade à la main droite. Nous sommes tous saouls.
Ci-dessus le Golf Hôtel et ci-dessous les souterrains du G.H.
Archives Gilles Mehaut
23 Août
Notre camarade BARDET se fait tuer, par sa faute malheureusement. Progressons. Un 88 antichars nous tire dessus à bout portant pendant ¼ d'heure.
24 Août
Attaque du village de LA GARDE, aux portes de TOULON.
Beaucoup de casse à la 1ère chez les Tahitiens. La GARDE
est occupée à 21 heures.
25 Août
Relevés par les Sénégalais. Nous restons nous reposer à LA
GARDE.
26 Août Repos
LYON
Nîmes – Robert LEVERN, René RUFF, Maurice MEHAUT (croix) , René CINCA et MICHEL HENRY
26 Septembre 1944
Reprise des combats à MAGNY-JOBERT (Vosges) FREDERIC- FONTAINE.
Octobre 1944
Attaques de RONCHAMP. Permission de 8 jours à VERDUN.
Fin Octobre au 4 Novembre
Les Tahitiens nous quittent (vont à PARIS) remplacés par FFI incorporés. Toujours en ligne depuis le 25 Septembre, sans relève. Boue - Pluie - Patrouille Petits combats.
Avant le départ pour Paris des Tahitiens
Identifications Jean-Christophe Shigetomi
20 Novembre 1944 Attaque de PRE-BESSON – PLANCHER-BAS
21 Novembre Attaque de la forêt de la VAIVRE
22 Novembre Attaque du bois du HAUT DU MONT (les fossés antichars) encerclés. Combat maison par maison - dégagés au soir.
23 Novembre Relève - mort du Général BROSSET
Repos
Départ pour POCHE DE ROYAN - Cantonnés à SAINT-CHRISTOLY en BLAYE.
Repas de Noël chez les civils - Accueil inoubliable de ces civils.
26 Décembre 1944
Retour à toute vitesse en ALSACE. Offensive de VON RUNDSTEDT - Grand froid.
2 Janvier 1945
En ligne à ROSSFELD. Il gèle à pierre fendre. Impossible de creuser des trous - Patrouilles.
7 Janvier
Attaque des Allemands - en force, artillerie, aviation, chars peints en blanc, hommes et armes en blanc, se confondent avec la neige - Le BM 24 est encerclé à coté de nous, à OBENHEIM, il s'y fera anéantir après 4 jours de combats acharnés. J'y avais de bons camarades. Les chars boches prennent les premières maisons ; BARBEROT des Fusiliers Marins nous aide à les faire décrocher.
8 Janvier
Nouvelle attaque boche. Ils ont bien 30 chars lourds. Impossible de contre-attaquer. Dans la nuit JOUANY nous emmène reprendre le cimetière, à 10 et un char, il nous a fallu 2 heures 1/2. Le Lieutenant PETITJEAN est blessé (tombé avec le clocher).
10 Janvier
Ca n'arrête pas. Je passe aux mortiers, tirs à l'équerre, les obus retombent à 80 mètres devant nous en plein sur les Fritz. Enterrés vivants, LADUS et MOI sommes immédiatement dégagés. Pas de blessure mais commotionnés. La même aventure arrive à WILKES une heure après. Le petit "X", 18 ans, est tué, il était arrivé à la section la semaine dernière, et c’était son premier combat. A onze heures, sortie de l'encerclement, "à la BIR HAKEIM" avec la différence que la Légion prend notre place.
Gilbert Denby-Wilkes
12 Janvier
Repos dans la neige et le vent glacial - pied droit aux 3/4 gelé.
Du 13 Janvier au 1er Février
A pied jusque ARTZEMHEIM, de nouveau en ligne, à peine remis, la division est saignée à blanc (1500 Tués et Blessés, 600 pieds gelés, 100 prisonniers en 4 jours)
15 Mars
On nous envoie dans les ALPES !
Maurice MEHAUT, Nice, 4 Avril 1945
10 - 11- 12 Avril 1945
Attaque de l'AUTHION – 2100 m d'altitude - Du FORT de la FORCA et MILLEFOURCHES aux mortiers. Mort de CARRERE à 17 heures (une balle en plein front) Blessure de JOUANY.
Nous "y allons" à 10 heures.... il y faudra toute la nuit et les lance-flammes - 57 morts et blessés pour un petit piton..... Et le dernier combat.Dégagement du col de la LOMBARDE - 2 mètres de neige, 4 à 5 mètres dans les virages - Les chasse-neige ne peuvent rien, il y faut les bulldozers.
Col de la Lombarde
28 Avril 1945
Entrée à DEMONTE – Italie
Nous y fêterons l'ARMISTICE
Index des noms cités :
Jacques Bardet - Roger Barberot - Diego Brosset - René Carrère - René Cinca
(photo) - Gilbert Denby-Wilkes- Michel Henry - Jean Jouany - Georges Ladus -
Robert Levern (photo) - Petitjean - René Ruff - Antoine Wolf (photo)
La version intégrale numérique (PDF ) du carnet de route de Maurice Mehaut
sera disponible la semaine prochaine dans la rubrique "Publications"
Col. Blandine Bongrand Saint Hillier
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4 commentaires -
Par authion le 17 Avril 2018 à 10:21
Mis à jour le 20 Avril 2018
Témoignage adressé au groupe Facebook l'Odyssée France Libre du Havre par le fils du Lieutenant Walton, Michael.
Lieutenant E. Walton
Le témoignage que nous délivre aujourd'hui Michael Walton, sur le parcours de son père, le Lieutenant Edward WALTON (Royal Naval Volunteer Reserve), officier de liaison auprès des FNFL sur le Chasseur de sous-marins 8 Rennes, force notre admiration et notre respect.
Michael Walton :
"My father, Edward Walton, then a Lieutenant in the RNVR serving as British Liaison Officer, was the sole survivor of the sinking of Chasseur 8, F.S. Rennes on 13th July 1942.He was in the water for 19 hours and survived because he was wearing a 'life saving suit'.
My father was a lawyer and after the war moved to Norfolk. He was married in February 1943 and I was born later that year. I attach a photo taken at the time he was in the Isle of Wight and the report that he made describing the Sinking of Chasseur 8. I also attach a copy of the citation relating to the Croix de Guerre that he was awarded. He died in September 1978.
My father always spoke warmly of his experience serving with the Free French Navy and no doubt his wartime experience marked him, although he, like many who served in the war, did not speak frequently about the war."
Le Lieutenant Walton fut l'unique survivant parmi les 27 membres d'équipage disparus.
Sa citation à l'ordre du Groupe des Chasseurs par le contre-amiral Amiral Auboyneau lui conféra la Croix de Guerre avec étoile de bronze :
" officier consciencieux, calme et modeste, a été pour son Commandant* un auxiliaire précieux et entièrement dévoué au cours de nombeuses missions d'escorte et de patrouille en Manche. Le 13 Juillet 1942, après la perte de son bâtiment par action de l'ennemi, a tenté au risque de se propre vie, de sauver son Commandant, au prix d'efforts soutenus, pendant plus de douze heures sur une mer agitée".
* Le Commandant Guy Perrault était âgé de 26 ans.Le Lieutenant Walton rédigea une poignante relation de la tragédie du 13 Juillet 1942
Traduction par Estelle Vallois (Le Havre)
Comment le chasseur 8 a coulé.
Récit de l’officier de liaison anglais :
Copie
J’espère que vous m’excuserez si je fais le compte-rendu informel de la perte du chasseur 8, je suis alité et n’ai pas d’installation pour faire un rapport en due forme.
A peu près à 19:04 le 13 juillet furent repérés à l’aide du faisceau bâbord 2 engins motorisés venant directement vers nous à une direction de 3 miles (5.5 kilomètres). Des ordres furent donnés aux hommes en veille sur le pont de se tenir près de leurs armes. Les avions n’étaient pas reconnus comme hostiles et l’on ne sonna pas le branle-bas de combat.
A environ 1000 yards (900 mètres), les avions qui s’étaient approchés à 200 pieds (60 mètres) prirent soudainement de l’altitude pour créer l’impression qu’ils étaient amicaux, qu’ils nous avaient juste vus et qu’ils s’en allaient. La visibilité n’était que de 5 miles (9 kilomètres). Ils replongèrent immédiatement tout droit vers nous. Le commandant donna l’ordre d’ouvrir le feu. Nous ouvrîmes le feu au même moment où les avions ouvrirent le feu avec leurs mitrailleuses.
Je pouvais entendre les balles frapper le navire et je vis des traceurs toucher le pont de la timonerie. Je crois que le premier maître Guillemet prit ou se tint à proximité de la mitraillette. Il était de veille mais donna la responsabilité du navire au Commandant qui fit immédiatement feu. Le feu était si intense que je me rappelais seulement que je regardais le Commandant au cas où il aurait eu besoin d’aide, pensant que les avions visaient haut, probablement la timonerie. Après quelques secondes, il y eu une explosion à l’avant. J’ai clairement vu l’explosion, les flammes faisaient 16 pieds de haut (plus d’un mètre) et je crois que la bombe qui causa les explosions tomba dans le mess du Quartier-Maître. L'explosion n'a pas réduit en miettes le navire et je n'ai pas senti non plus de choc en timonerie. Cependant, immédiatement après l'explosion, le navire se coupa en deux juste à l'avant de la cheminée. En moins de 5 secondes, j'avais de l'eau jusqu'à la taille et on me tira par ma ceinture de sauvetage sur le pont. La proue se souleva et j'échappais de justesse le fait d'être emprisonné par le devant de la timonerie arrivant sur ma tête. Je passai par-dessus tribord et le Commandant, à bâbord d'où il rejoignit un bateau de secours qui dérivait là. Le navire coula presque avant que je me sois dégagé, c'est à dire 5 secondes avant l'explosion. Il était évident que personne sur le pont du mess n'avait pu s'échapper. En fait, je pense que personne en dessous des ponts ne pouvait s'être échappé. Ensuite, les avions sont revenus immédiatement, très bas et à une vitesse lente. A ma surprise, ils n'ont pas mitraillé les survivants mais sont passés et ont pris la direction du sud, sans dommages apparents de notre riposte.
La mer n'était pas calme. Les vagues étaient de 4 5 pieds (1,2 mètres) avec de temps en temps des vagues qui déferlaient. Je pouvais voir à peu près 8 personnes à 50 mètres de moi dans l'eau, quelques-unes visiblement blessées et qui criaient. Je n'ai pas reconnu de personnes car tous étaient recouverts d'huile, pourtant j'ai cru voir le télégraphiste anglais RIAN. J'avais trouvé un petit débris de navire et pensant que cela pourrait aider un blessé, je nageai avec. Le courant était trop fort pour nager mais à la fin, je vis le Commandant dans le bateau de secours qui coulait (l'embarcation avait été gravement endommagée) et je réussis à aller vers lui et à le prendre sur mon débris de navire. Il avait passé un sale quart d'heure et apparemment, il avait passé un bout de temps dans l'eau. Les autres hommes avaient entre temps dérivé et ne furent plus revus.
Le Commandant et moi restèrent sur le débris de navire qui nous maintenait le haut du corps, mais qui pouvait facilement se retourner. Le matin nous entendîmes le bruit d'un moteur, que nous pensions être celui d'un bateau. Je fis un SOS et d'autres choses de mon sifflet et nous criâmes.
Rien ne se passa. A à peu près 8 heures, le Commandant fut pris de délire et perdit conscience à peu près une heure après. En posant mon bras autour de lui, il fut facile de le maintenir à flot. La visibilité était mauvaise et on ne pouvait voir terre. Il n'y avait ni bateaux ni avions. J'essayais en vain de redonner vie au Commandant et je ne savais pas s'il était mort ou inconscient. Vers 11.00 une vague le retourna et il coula. J'ai essayé de le retourner mais je n'ai pas pu et il a coulé si rapidement. Il avait une ceinture et moi, un gilet de sauvetage qui m'empêchait de plonger. Après plusieurs tentatives pour attirer les avions, je fus recueilli par un MGB à 14.00. J'étais à 6 miles du naufrage du navire.
La vitesse du navire au moment de l'attaque était de 10 miles. Le navire n'a pas dévié pendant l'attaque. Aucun signal MAYDAY n'a été lancé car le temps de s'apercevoir que l'avion était hostile, le temps a manqué.
Je m'excuse du caractère personnel de ce rapport mais les choses sont arrivées si rapidement que je n'ai pu avoir qu'un sentiment personnel de ce qui est arrivé.
Lieutenant Walton, RNVR (réserviste de la Royal Navy et engagé volontaire)
Du quartier des malades de la Royal Navy.
Trois britanniques figuraient dans la liste des 27 membres d'équipage. Le Lieutant Walton, et, selon les information reçues de son fils Michael :
The two missing members of the crew of Chasseur 8 are English sailors - Bert K. Payne who was the son of Bert and Florence Payne of Okehampton Devon and Signalman Arthur Michael Ryan the son of Michael James Ryan and Rose Alice Ryan and husband of Jeanie D. Ryan of Locks Heath, Hampshire. They are both commemorated on Panel 66 Column 3 of the Portsmouth Naval Memorial.
Les 24 Français disparus étaient dans leur majorité de jeunes marins âgés d'une vingtaine d'années
Liste Jacques Ghemard (Livre d'or des FFL) le 16 avril 2018 LIEN
Amadu ( Jean ) MPF 1915-1942
Ansquer ( Jean Yves Marie ) MPF 1920-1942
Bertron ( Auguste René ) MPF 1915-1942
Bouvret ( Albert Marcel Louis ou Ernest ) MPF 1922-1942
Dauster ( Raymond Jean ) MPF 1921-1942
Debree ( Robert Marcel ) MPF 1920-1942
Fontaine ( Eugène Jean Baptiste ) MPF 1907-1942
Grados ( Jean Raymond ) MPF 1920-1942
Guillemet ( Yves Maurice Edouard ) MPF 1912-1942
Heusey ( Raymond Gilbert ) 1920-1942
Hollande (Francis Maurice ) MPF 1918-1942
Houssais ( Raymond Armand Louis Marie ) MPF 1922-1942
Ladrat ( Baptiste Pierre ) MPF 1918-1942
Le Doussal ( Marcel Louis Marie ) MPF 1923-1942
Le Gall ( Léonce Pierre ) MPF 1921-1942
Lecuyer (Roger Fernand ) MPF 1922-1942
Mette (Roger Marcel ) MPF 1923-1942
Perrault (Guy Robert ) MPF 1916-1942
Podeur ( Louis Victor René ) MPF 1922-1942
Rapalli ( Gaston Victor ) MPF 1921-1942
Sivassier ( Pierre André ) MPF 1921-1942
Spinec ( Jean Pierre ) MPF 1922-1942
Torteval ( Georges Jean Joseph ) MPF 1920-1942
Villard (Jean Edmond Eugène ) MPF 1914-1942
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votre commentaire -
Par authion le 13 Avril 2018 à 01:12
Publié le 13 Avril 2018, date anniversaire du début du carnet de route...
Maurice MEHAUT 1ère DFL / BIMP / CA
CARNET DE ROUTE du GIROFANO à L’AUTHION
Départ de Tunisie pour la Campagne d'Italie...
13 Avril 1944
Nous quittons NABEUL avec toute la division équipée nouvellement avec du matériel américain. Nous brûlons notre ancien matériel anglais (tenues, chaussures, toiles de tentes etc..)
14 Avril
Nous arrivons à BONE (Algérie) et nous installons dans la nature à quelques Kms de la ville. BONE, ville d'Espagnols, quelques bagarres avec les civils qui sont anti-gaullistes.
18 Avril
Embarquons sur un navire hollandais libre. Des prisonniers Italiens chargent le matériel. Le sac marin est lourd et j'ai bien du mal à m'en tirer. Bateau impeccablement propre.
19-20 Avril
En mer - rien à signaler. Nous sortons compagnie par compagnie, chacune une heure sur le pont, par jour.
ITALIE
21 Avril 1944
Nous débarquons à NAPLES. Ce sont les Américains qui s'occupent du débarquement, on a plutôt l'impression qu'ils débarquent des cacahuètes, car le matériel en prend un coup. Déjà les Italiens sont sur nous, pleurnicheurs, pour obtenir des boites de conserves.
22 Avril
Nous nous installons à TRENTOLA, petit village à 22 Kms de NAPLES. La section occupe une ferme, nous logeons dans une grange. Paye 2500 lires.
23 Avril
Je visite NAPLES avec RUFF. Nous sommes ahuris par l'ampleur incroyable de la prostitution des femmes et même des enfants ! La ville grouille de soldats américains, anglais, français. Où es-tu MUSSOLINI !
24 Avril
La compagnie toute entière part en camions visiter POMPEI et le VESUVE. Nous grimpons jusqu'au cratère, exercice de marche en montagne pas déplaisant
4 Mai 1944
1 heure du matin, nous quittons TRENTOLA sans regrets. Nous roulons toute la nuit.
5 Mai
Nous arrivons dans l'après-midi au village de CAMPO, qui se trouve à 7 Kms derrière les lignes. Quelques tirs d'artillerie, des "départs", mais pas « d'arrivées ».
6 Mai
Très bonne nuit, même pas réveillé par les tirs d'artillerie. Journée lourde de travail, ravitaillement, munitions etc...
7 Mai
Nuit calme. grande préparation. Distribution de balles, grenades, pansements. moral très bon. Effervescence. Nous touchons des rations K et C, et les cigarettes sont quelquefois moisies. Vu avion piper-cub (reconnaissance) passe de temps en temps au ras du sol. C'est un français, et c'est suffisant pour que le moral soit "au poil de grenouille coupé en douze" expression courante du bataillon. Dans la nuit, nous partons à pied, et nous marchons pendant 9 heures dont 6 en montagne, à la queue leu leu. Défense de fumer. Je m'arrête un instant avec RUFFIO, Français de chine, qui comme moi est complètement claqué. Malheureusement il y a tellement de va-et-vient et de sentiers, que nous nous égarons tous deux.
8 Mai
RUFFIO et moi, avons tourné en rond pendant 8 heures. Il est dix heures quand non sans peine, nous rejoignions le bataillon, mourant de soif et pas d'eau. Nous avons relevé le 4ème tirailleurs marocains. Etant aux mortiers, nous installons nos pièces dans le roc et nous envoyons quelques "casse-croûte" aux boches à titre d'essai.
Quelques arrivées, mon petit trou n'étant pas profond, 15 cm environ, je file dans celui d’HENRY qui est une véritable caverne.
Heureusement, car un morceau de roc d'une dizaine de KG, projeté en l'air par l'arrivée d'un 88, retombe dans mon trou. Je pense à mes reins si j'étais resté. Du coup, je transforme mon petit trou en château-fort et fais des remparts, de morceaux de rocs, dignes de Vauban.
Ne tirons pas beaucoup. Un peu d'eau.
9 Mai
Les boches attaquent dans l'après-midi. Ils sont repoussés, mais nous recevons une pluie de mortiers. FLESCH est grièvement blessé, nous ne pensons pas qu'il s'en sorte, l'éclat lui a traversé la poitrine. Dans la nuit à onze heures, nouvelle attaque boche. 1/2 heures de bagarre. Repoussés.
10 Mai
Pas d'eau et il faut aller la chercher à 4 Kms, pas lavé depuis quatre jours. Pas de vin, pas de pain - Rations C. Pas de bagarre. Calme étrange.
11 Mai
Réveil en sursaut de l'artillerie française - toutes les pièces concentrées avec des renforts lourds américains donnent sans arrêt. On ne s'entend pas à 20 cm, il faut se crier dans l'oreille pour se faire comprendre. Impression au poil, inoubliable. Et ça dure.... la nuit on voit clair dans une lumière bleue et rouge, produite par les tirs d'artillerie. Nos mortiers donnent à fond, les tubes en sont moitié rouges, et les liens de cuir en brûlent.
Onze heures, c'est l'attaque après avoir bu un bon coup. Progression de quelques centaines de mètres à flanc de piton pendant deux heures. Ca barde. Le bataillon est obligé de se replier. C'est un vrai carnage. Nous prenons une belle raclée, les boches que nous supposions anéantis étaient toujours là et solides au poste. La 1ère compagnie revient avec 90 hommes sur 140. Beaucoup de camarades blessés. Mon copain de ST-MIHIEL devenu subitement fou se fait tuer. Avalanche de mortiers et de 88, BIGOT devenu aveugle. La bagarre se calme. On nous récupère pour servir de brancardiers, ceux-ci étant débordés. Faute de brancards, en nombre trop limité, nous ramenons les blessés dans des couvertures, il fait noir comme dans un tunnel et c'est la montagne. On se casse la g.... sans arrêt, les blessés crient et appellent de partout, mais nous ne pouvons pas les ramener tous à la fois. Cela durera jusqu'au petit jour. Nuit d'enfer. Je pense à ma famille à Verdun.
La 4ème compagnie s'est battue à la baïonnette, et a mitraillé ses prisonniers ne pouvant pas s'occuper d'eux. On sent la poudre, on a tous des grands yeux et des faces de brutes. La 3ème compagnie s'est repliée avant d'avoir pu prendre contact, ils sont décimés par les mortiers dans les ravins. Un sergent reste blessé 15 heures entre les lignes. Son groupe va le rechercher. PORCHERON descend ses sept prisonniers. Le GIROFANO est vraiment un drôle "d'os".
12 Mai
Nous nous remettons de nos émotions. Transport des blessés à dos d'ânes jusque sur la route à 4 Kms plus bas. Corvée d'eau. Rares cigarettes. Agent de liaison toute la nuit entre le P.C. et la compagnie. Ereintant.
13 Mai
De retour à la compagnie vers huit heures. Nous touchons le ravito. Les sénégalais du BM XI arrivés en renfort prennent d’assaut à eux seuls, les pitons 709 et 739 ainsi que le mont GIROFANO où le B.I.M.P. a échoué. Les fusiliers-marins de leur côté gagnent la plaine et prennent deux villages. Beaucoup de prisonniers, beaucoup d'espoir. L'artillerie française (75-105-155 et les pièces lourdes) fait un travail de précision extraordinaire. Elle envoie en moyenne : 140 obus par 200 mètres en 3 minutes (d'après le Capitaine d'artillerie).
Chaud le jour, froid la nuit.
Aménagement d'un cimetière pour les morts du bataillon.
Il se trouve que le Commandant de compagnie de la 3ème est maintenant un adjudant. Le Capitaine, le Lieutenant, le sous-lieutenant et l'Aspirant sont tués ou gravement blessés. Il ne faut pas longtemps pour faire des vides dans les conditions actuelles.
A la nuit tombante, le bataillon attaque de nouveau. Avançons de 5 à 6 kms. Artillerie sans arrêt des deux côtés. Nous sommes au pied de CASSINO. Les Polonais s'en occupent à cette heure-ci, ça barde partout, à gauche ou à droite. Le long de l'avance ce n'est que cadavres allemands et français. Interrogeons les prisonniers la plupart très jeunes. Les chars devant nous progressent, c'est la plaine. Nous suivons. Prise de SAN ANDREA et VALONA. Pas d'appétit, impossible de manger, mais possible de boire.
14 Mai
Au petit matin, nous redescendons des lignes. J'ai passé toute la nuit à 50 cm d'un sénégalais déchiqueté qui puait énormément. Il avait les entrailles à l'air. Quel plaisir ! Beaucoup de feux follets. Quelques instants de repos. Rassemblement du bataillon. Minute de silence pour les absents. Nous rejoignons nos camions qui nous attendent. Embarquons et partons à 5 Kms plus loin sur un terrain pris la veille à côté de SAN ANDREA. La division fait jonction avec la 8th British Army, l'ancienne armée de la 1ère Division Française Libre. Sommes joyeux malgré les pertes. Nous apercevons quelques tanks de nos fusiliers-marins brûlés sur le côté de la route ou dans les champs.
15 Mai
Nous partons à 3 heures du matin à pied. Nous suivons les chars et relevons le 22ème Bataillon de Marche Nord Africain qui a 400 hommes hors de combat, les survivants sont très durs avec les prisonniers. Pluie de katiouchas, ces engins russes font un drôle d'effet en émettant un sifflement de locomotive. Notre camarade CHATENAY, français d'Australie, est blessé. TETUERA, Tahitien est tué. Deux Français qui combattaient avec les boches et prisonniers sont fusillés.
Les chars américains opérant dans le secteur sont commandés par le Colonel Français BAVIERE .
16 Mai
Toujours en suivant les chars, nous progressons lentement en bagarrant. Le soir nous tombons sur une ligne fortifiée. Bagarre serrée. Nous nous trouvons durant plusieurs heures en mauvaise position devant les chars. Les mitrailleuses crachent dans tous les coins. Cafouillage, ça siffle de partout devant, derrière, quel méli-mélo. Ils sont à 150 mètres. 10 heures du soir, on remet ça. Le Commandant MAGNY Chef de Bataillon, se fait tuer avec 7 bonshommes, par surprise et par le même boche ! Le Capitaine, Commandant la Compagnie, COURAN est évacué blessé aux yeux. Nous formons une pointe dans le secteur, et nous avons les Allemands à gauche et à droite. Risquons l'encerclement. Copains amochés. Je termine la nuit dans un petit trou sans pouvoir bouger car nous sommes repérés. Quel cauchemar ! La nuit est claire. Toujours pas une égratignure.
17 Mai
A l'aube, nous sommes relevés par le BM XI (Bataillon de marche n°XI) composé de Sénégalais d'A.E.F., et dirigés 1 km en arrière. J'ai oublié de dire hier, la prise de SAN GEORGIO, village complètement en ruine, comme tous ceux que nous passons d'ailleurs. On rencontre, par moment, quelques civils Italiens, pieds nus, qui viennent nous demander de quoi manger. On se demande comment ils sont sortis de cette fournaise, mais on, s'en f.... chacun son tour.
Presque tous les officiers sont morts ou blessés, les effectifs sont réduits d'un tiers. JOUANY s'aperçoit aujourd'hui seulement qu’il a son calot bleu troué (nous portons rarement le casque).
SOLAIR, évadé par l'Espagne en 1943, est tué. Le Général BROSSET en képi, encourageait les soldats, au milieu de la bagarre, il en a aujourd'hui une extinction de voix. Quel Chef ! Pendant les répits il distribue des cigarettes. Nous sommes vraiment fiers de nos officiers.
Relève - Nous allons en repos près de l'artillerie, près des grosses pièces, à 20 mètres. Impossible de se reposer, chaque départ nous soulève de terre et nous brise les reins sur notre douillet matelas de petits cailloux. Quel Tintamarre.
Nous avons des stocks de vivres à n'en savoir que faire, si nous pouvions les donner à nos familles restées en France ! La pluie - je suis trempé jusqu'aux os et vais m'abriter sous un camion de munitions avec RUFF. Nous y restons jusqu'au café. Au menu du midi, nous avons du lapin.
18 Mai
La section est désignée pour aller enterrer le Commandant MAGNY et ses sept compagnons. Nous lui faisons une croix avec deux morceaux de bois, y accrochons un casque anglais et un bouquet de fleurs tricolore improvisé. De temps en temps un obus égaré tombe dans les parages.
19 Mai
Aujourd'hui nous mangeons vraiment bien à la française. Nous avons pour cela, "récupéré" un mouton dans une ferme des parages et des pommes de terre. Ca change l'ordinaire. Nous sommes donc bien en forme pour recevoir DE GAULLE en inspection près de SAN GEORGIO. Temps splendide, eau à volonté.
20 Mai
Après une nuit de repos complet, nous quittons notre emplacement et nous nous installons en face de la ligne HITLER, en deuxième ligne. Rien à signaler, si ce n'est quelques arrivées de mortiers et de 88. Nuit calme.
21 Mai
Beau temps, bonne cuisine, ce coup-ci, c'est un veau que nous avons "récupéré". Sur la piste pas mal de macchabées Français et Sénégalais. Un commandant et un lieutenant allemands égarés sont fait prisonnier, ils déclarent rechercher des blessés. La nuit est troublée par des tirs plus violents que d'habitude.
22 Mai
Journée sans histoires, pour nous, car devant nous c'est la Légion qui attaque. Le résultat est excellent. Les Allemands ont contre-attaqué avec chars mais ont été repoussés. Quand à nous, nous nous reposons sans nous en préoccuper. Nous prenons même le premier bain de rivière de l'année. L'eau est glacée. La végétation est abondante dans le pays. La pluie revient, mauvaise nuit.
23 Mai
Déménagement. Nous nous plaçons à flanc de piton, toujours en deuxième ligne. Distribution du journal du Corps Expéditionnaire Français : "La Patrie", ça remonte le moral. Pluie et soleil. Quelques arrivées de 88. A une heure du matin, nous sommes visités par l'aviation Fritz qui nous pilonne et nous mitraille. Pas de dégâts chez nous, par contre, derrière, les artilleurs dégustent.
24 Mai
Assistons en spectateurs à la prise de PONTECORVO par les Canadiens français. Quand à nous, c'est encore calme. Un mulet se casse les côtes dans un ravin juste à côte de nous, nous l'achevons en quelques secondes, malgré les grands cris de son conducteur marocain. C'est fameux. J'en mange 5 à 6 tranches, mais ma gourmandise ne me réussit pas, car dans la nuit je vomis.
Mon camarade RUFF, lui en a mangé onze il n'est même pas indisposé ! Nous allons porter un quartier de mulet aux Canadiens, en leur disant que c'est du boeuf que nous avons touché par le ravitaillement. Trouvant notre geste très beau, ils nous remplissent les poches de cigarettes....
25 Mai
Je ne suis pas encore bien remis de mon indigestion, et ce damné mulet me reste sur l'estomac. La journée est calme. Nous profitons pour aller fraterniser avec les Canadiens qui parlent le vieux français.
26 Mai
Partons en repos. Nous touchons la N.A.A.F.I. (cigarettes anglaises, jambon fumé, alcool, chocolat, boites de fruits etc...) le C.E.F. progresse toujours, nous sommes maintenant à une vingtaine de Kms du front. Nous apprenons la jonction avec ANZIO. Faute de blancs, qui préfèrent rester chez eux les pieds dans leurs chaussons, nous recevons une Compagnie de Sénégalais pour remplacer les morts et les blessés du bataillon. Ils sont très satisfaits d'être versés chez nous, car de ce fait, ils ont droit au vin.... Regroupement. Nouvelle formation du bataillon. Nuit tranquille. De garde. L'appétit n'est pas encore revenu.
27 Mai
Je me réveille de très bonne humeur, nous avons bien dormi sur une bonne herbe, sur le flanc d'une colline. Le breakfast est avalé avec un appétit féroce. Inspection d'armes. Toute la journée sur la route en bas, il passe des convois interminables, chars, artillerie.
28 Mai
Excellente nuit. A 10 heures revue par le Général BROSSET. Baignade. Je casse mes lunettes en m'asseyant dessus, c'est la sixième paire depuis 1 an. Une citerne d'essence prend feu sur la route, belle gerbe de flammes !
29 Mai
LUIGI (corse) qui rentre de sa permission après 4 ans d'absence. Il bavardera toute la nuit avec HIRABOURE (Basque) qui est aussi bavard que lui.
Lecture de "La Patrie" et du "Combattant".
Les Alliés et le C.E.F. sont à 30 Kms de ROME.
Nous touchons la cantine.
30 Mai
Toujours en repos. Au bain, je me blesse à la cuisse et au ventre, m'arrachant la peau en plongeant (spectaculairement avec élan pour les copains) un corse de la 2ème Cie m'avait dit qu'il y avait deux mètres d'eau, alors qu'il n'y en avait que 50 centimètres.... Je lui souhaite de ne jamais me rencontrer, et les camarades du groupe, RUFF le premier, s'en donnent à coeur joie. Je suis la risée de toute la Cie. RUFF a de quoi rire pour trois jours avec cette histoire là. C'est un bon copain, de Strasbourg, il a dix sept ans et s'est évadé des jeunesses hitlériennes où il avait été incorporé de force. Passé par l'Espagne. Il connaît à fond les armes allemandes et nous est d'un grand secours pour interroger les prisonniers. C’est aussi un tireur d'élite.
1er Juin 1944
En mouvement. Stationnons à CECCANO. Les convois se croisent dans des nuages de poussières. Les civils meurent de faim, ici, la troupe les nourrit. Paye : 2040 Lires, mais nous ne savons pas où les dépenser.
2 Juin
Toujours à CECCANO. Les civils d'ici sont antifascistes et francophiles (!?!?)... C'est tout juste s'ils ne se mettent pas à genoux devant nous. Qu'ils sont plats ! Tous marchent pieds nus et comme dans les autres villages, les femmes se prostituent pour une boîte de "Beans".
3 Juin
Nous laissons CECCANO. Dans la poussière pour ne pas changer nous arrivons à PALESTRINA, démolie elle aussi. Nous passons un peu plus loin, pour nous installer dans un village sur une hauteur : CASTEL SAN-PIETRO. Sur notre droite, il existe encore un noeud de résistance sur les pitons.
Nous apprenons la prise de ROME. Nous sommes contents et mécontents. Car ayant dégagé le terrain depuis CASSINO jusqu'à 30 Kms de ROME, nous aurions bien voulu rester 2 jours de plus et entrer dans ROME les premiers. Manque de pot. Les civils du pays nous accueillent par des applaudissements ! Nous devinons vite... C'est parce qu'ils n'ont plus rien à manger.
Ils nous crient "à ROME", je crois que nous en prenons le chemin, ou que ça ne tardera pas. Il y a quatre ans presque jour pour jour l'ITALIE, l’héroïque, nous déclarait la guerre. Nous ne sommes pas près de l'oublier et si les Allemands leur ont pris presque tout, nous, nous prenons ce qui reste. Mauvaise nuit, matelas de cailloux.
4 Juin
Un détachement part pour ROME pour défiler.
Les troupes du BIMP défilent dans Rome, juin 1944 (OFIC, coll. Bongrand Saint Hillier)
Nous restons en rade sur la même position, et nous nous reposons. La veillée, comme d'habitude au repos se passe en longues discussions et surtout en musique. Les Tahitiens ne quittent jamais leurs guitares, elles suivent toujours dans les camions avec les munitions et le ravitaillement. Il y en a bien une centaine, et quelques yukuleles. Ce sont souvent les mêmes chansons qui reviennent et nous finissons par savoir chanter en Tahitien, j'apprends à gratter un peu de guitare avec NERI un as du style hawaïen.
5 Juin
Nous déménageons et partons à pied 3 Kms plus loin armes à la bretelle, le coin n'étant pas dangereux.
6 Juin 1944
Débarquement de Normandie ! C’est une explosion de joie au bataillon. Nous regrettons de point en être et voir d'autres têtes que celles des environs. Progression tranquille en montagne. Rencontre de 2 Anglais et 6 Russes prisonniers évadés. Jonction avec un groupe de partisans serbes ayant avec eux quelques italiens.
7 Juin Mouvement arrière. Nous repassons à PALESTRINA. Nous passons devant une église détruite par notre artillerie. Tous les civils qui s'y étaient réfugiés furent tués. Ca sent bigrement mauvais. Nous campons dans la nature, près d'un village en ruine : VALMONTONE. L'Italienne aux boites de conserves.
8 Juin
Repos - lessive - baignade - musique.
9 Juin
Comme hier. Fraternisons avec des Américains WILKES est notre interprète.
10 Juin
Courte permission pour visiter ROME. La Basilique est magnifique, nous n'avions jamais rien vu de si beau. Le Colisée d'où parlait MUSSOLINI. Le Tibre, le Forum, le Château St-Angelo, l'Arc de Triomphe de l'Empereur Constantin.
Nous déjeunons bien dans un restaurant. Beaucoup de Français permissionnaires. Je me fais couper les cheveux.
La ville n'est pas moderne, loin de là. Une femme nous fait courir LADUS et moi,... pour rien. J'achète une autre paire de lunettes. RENE sable le champagne avec l'Ambassadrice de Suède à qui il a l'air de plaire.
13 Juin Départ de VALMONTONE. Nous touchons des tenues neuves. Nous perdons le convoi avant ROME, ce qui nous permet de visiter la ville à nouveau mais rapidement en dodge. Malheureusement pour le sergent-chef ERI, une jerrican de vin tombe sur lui et se vide à moitié ; il est en tenue crème d'été. Il est donc obligé de rester aplati dans le camion tout le temps de la traversée. Ce n'est pas la vision qu'il regrette, c'est le pinard gâché ! LADUS n'est pas près de passer caporal !
Anniversaire de l'Appel du GENERAL DE GAULLE. Nous sommes contents d'être là, Bon moral.
Repérés avec nos camions, nous essuyons une douche par leur artillerie.
Le capitaine BLANCHET (de Shanghai) et son chauffeur JEAN-MARIE (de Pondichéry) sont tués, notre lieutenant, le Lt. ZUINGHEDAU (de Brazzaville) l'adjudant LAMY et ROUILLE sont bien amochés.
WILKES est légèrement blessé. Ca chauffe dans le coin. Mortiers. Nous grimpons sur le flanc d'un petit piton, il pleut à torrent et ça glisse. Nous tombons bien une centaine de fois avant d'arriver en haut. Pris à partie par les mitrailleuses et même l'artillerie une nouvelle fois. Sale quart d’heure. J'ai eu chaud, très chaud, encore cette fois -ci. Un pruneau tombé tout près, ne m'a pas touché, mais m'a fait faire un vol plané mémorable.
Ils sont à moins de 200 mètres et une de leurs mitrailleuses avancées à une centaine de mètres nous en fait voir, elle sera difficile à faire taire. Deux chars français (des Shermans) sont en bas des pitons. Ils bousillent 2 Tigres. Je me replie vers les camions, en bas derrière. J'apprends que mes copains le sergent CHERI et PAUL-MARIE (de Pondichéry) sont tués.
Que de vides dans le bataillon. Il pleut encore toute la nuit. De l'eau et des mortiers. Patrouilles - Les Allemands décrochent au petit jour.
19 Juin
Retardés par les mines et les ponts sautés, on fait du tout terrain, c'est de l'acrobatie, et le matériel est vraiment solide. Juste devant nous, un de nos chars saute, aucun blessé. Je reçois un gros morceau de caoutchouc dans le nez, et ça à beau être du caoutchouc, on le sent passer, mais il va de soi que je bénis tous les saints que ce ne soit pas un morceau d'acier. Les troupes du Génie déminent à la baïonnette, leurs appareils ne pouvant plus déceler les nouvelles mines. Travail ingrat, il y en a quelques dizaines qui sautent tous les jours chez eux.
20 Juin
Progressons d'un km environ et prenons position en creusant nos trous Combien de trous avons nous creusés ? A peine installés, nous sommes pris sous un bel arrosage d'artillerie. HIRABOURE le grand bavard est blessé par un 88. COUILLAUD, un ancien de 40, est tué. TOUBA et PIEDFORT sont évacués aussi. Notre camion camouflé un peu derrière nous est transformé en passoire.
Nous renforçons la 3ème Cie qui est tombé sur un "os". Ca chauffe. Progression.
21 Juin
Relevés à l'aube, rejoignons la route. Remorqués par une chenille allemande, nous nous arrêtons à 5 ou 6 Kms et installons nos tentes dans une belle prairie. Puis nous faisons un "commando" c'est à dire que nous allons à 6 ou 7 "récupérer" quelque chose. Aujourd'hui ce sera un beau cochon.
Je ne sais pas quel crétin qui, après l'avoir ramené, l'avait accroché à un arbre avec une ficelle... mais notre cochon a cassé sa ficelle en un clin d'oeil et a pris la poudre d'escampette.
Quelle partie pour le rattraper ! Je n'ai jamais tant couru, impossible de lui mettre la main dessus, CASIMIR, notre cuistot, ne voulant pas qu'on le tue à la mitraillette. En désespoir de cause, nous avons fait un deuxième "commando" et ramené un de ses frères, qui lui, n'eut pas le temps de s'échapper.
Nous trouvons de l'eau, nous n'étions pas lavés depuis 6 jours.
22 Juin
Nous partons près du lac BOLSENA et MONTEFIASCONE. Le pays est bien. CHABRIER monte sa tente avec moi aujourd'hui, d'habitude c'est RUFF. En effet nous n'avons chacun qu'une demie tente USA, ce qui nous met dans l'obligation de trouver un partenaire pour monter la tente complète. Cela va bien quand nous sommes en nombres pairs.....
Aujourd'hui nous avons l’électricité sous notre tente et pour la première fois JULOT (petit lapin mascotte) couche avec nous.
3ème anniversaire de la déclaration de guerre de l'Allemagne à l'URSS.
23 Juin
Repos complet. Lessive et baignade dans le lac BOLSENA.
24 Juin
Comme hier et... quelques Italiennes.
25 Juin
Paye. En mouvement, nous sommes transportés par des GMC conduits par des noirs américains. Ils nous emmènent à vive allure jusqu'à ANZIO. Nous embarquons aussitôt sur le S/S"ANDREW MOORE", Liberty Ship USA. Nous échangeons quelques souvenirs avec les marins du bord.
26 Juin
Traversée calme. Mais j'ai dormi sur le pont arrière et je suis transformé en ramoneur de cheminée par la fumée de mazout. Il y a grande effervescence chez les marins américains, ils ont appris qu'un des nôtres, CARRERE, possède un fanion de Cie allemand, pris en combat. C'est les enchères.... un marin offre 50 cartouches de cigarettes, mais CARRERE tient bon et ne le lâchera pas.
27 Juin
Nous apercevons NAPLES au lever du jour. Nous ne sommes pas mécontents de revoir NAPLES et le VESUVE. C'est d'ailleurs plus joli à voir en pleine mer que quand on y est.
28 Juin
Détour à nos anciens emplacements de TRENTOLA. C'est là que nous nous rendons compte du changement, des vides, des copains manquants, cela nous rend moroses. Lessive.
29 Juin Nouvelle formation de la Cie.
Regrettable accident dans la grange. Le Sergent GUILLERM à traversle plancher pourri et se casse les reins 6 mètres en dessous, sur le ciment. Pour ma part, je reçois un paquet de tuiles rouges sur le crâne, pendant un somme.
30 Juin
L'inévitable : théorie sur le fusil-mitrailleur U.S. (que nous connaissons par coeur), sur une fausse manoeuvre du lieutenant, une balle part et blesse grièvement CHABRIER et continuant sa trajectoire blesse légèrement deux copains, un à la cuisse, l'autre à la main.
1er Juillet 1944
Repos, mon empoisonnement revient et je suis évacué à l’hôpital complémentaire de NAPLES. Jambes infectées par réaction des piqûres. 10 jours à l’hôpital, très bien tenu, mais les infirmières françaises ne valent pas les infirmières anglaises, pour être bien soigné il faut être beau gosse, et comme je n'ai pas cette prétention...
10 Juillet
Retour à la Cie. Pas grand chose à faire, si ce n'est d'écouter les chants tahitiens que nous aimons beaucoup.
14 Juillet
Permission à NAPLES. Je vais au théâtre avec une italienne, mais je n'ai rien compris. J’achète une petite guitare.
15 Juillet 1944
A TRENTOLA : Théorie inspection d'armes.
16 Juillet
De permission à NAPLES avec RUFF, nous faisons un repas pantagruélique dans un petit restaurant. RENE et la vieille bonne femme avec sa canne, elle avait au moins 70 ans et voulait se prostituer, je n'ai jamais vu RUFF courir si vite.....
17 Juillet
De service Military-Police à NAPLES. C'est une bonne corvée car on peut se promener partout, à n'importe quelle heure et manger à prix réduits. (Les restaurateurs tremblent quand ils voient les casques blancs et les brassards).
18 Juillet
Comme hier. J'ai flanqué une bonne fessée à un gosse que j'ai surpris en train de mettre notre Jeep à sac.
29 Juillet
Nous quittons définitivement TRENTOLA et chose bizarre, nous prenons le train à NAPLES. 4 jours de train, mais en wagon voyageurs, bon voyage, il fait très chaud.
3 Août 1944
Nous descendons à TARENTE. Ca commence mal, nous tamponnons un autre train en gare de TARENTE. Les wagons en bois sont complètement tordus sauf ceux de queue. Quelques blessés légers seulement. Ma guitare est brisée. Le mécanicien et le chauffeur se font sérieusement "corriger".
4 Août
Sous les tentes à 8 Kms de TARENTE dans un pays désertique. Presque pas d'eau. Vents de sable avec tourbillons qui soulèvent les guitounes sur leurs passages. Poussière - chaleur intense.
On se croirait plutôt en Afrique du Nord. Nous touchons du savon à ne savoir qu'en faire. La cuisine est faite par les Anglais..... mais leur porridge est excellent, pour ma part j'adore le porridge. Le Capitaine anglais nous fait tourner en rond pendant une heure, attendant le silence, car au coup de clairon, sa cuisine en plein air était encerclée par 600 bonshommes affamés.... le soir, tout se passera en ordre et calme.9 Août
Matériel embarqué... ça sent le débarquement et nous sommes impatients. Des partisans italiens perchés sur les montagnes environnantes nous envoient quelques mortiers et balayent le camp avec une mitrailleuse. Ils agissent de même à 6 Kms plus loin au camp des ambulancières françaises. Les Anglais se chargent de les réprimer.
10 Août
Nous embarquons sur un bateau Norvégien libre. Grande propreté, nous devons même laver au savon les dessous de table. Nous mourons de chaleur dans les cales et sommes deux mille. Distribution rapide de la soupe ; exercices d'alertes.
11 Août
Nous touchons du ravitaillement pour le débarquement, plaque de chocolat vitaminés à l'extrême, comprimés de vitamine, 2 pilules représentent un repas.... tout tient dans une poche, car nous devons être équipés le plus légèrement possible, sac à dos ne devant peser plus d'un kg. Par contre les munitions ne manquent pas.
12 au 15 Août 1944
En mer - exercices d'alertes une fois par jour. Nous couchons dans des hamacs. Nourriture abondante, mais nous maigrissons par la chaleur suffocante, même torses nus, nos serviettes sont trempées. Nous passons 1/2 heure par jour sur le pont, à gauche, à droite, à perte de vue, ce n'est que des bateaux, marchant dans un ordre impeccable. Les hommes tombant à la mer ne sont pas recueillis.
Noms cités :
Georges Bavière - Jacques Bigot - Pierre Blanchet - René Carrère - André Chabrier - Alfred Chatenay - Marcel Couillaud - Maurice Couran - Gilbert Denby Wilkes - Jean Guillerm - Michel Henry - Joseph Hiraboure - Jean Jouany - Georges Ladus - Maurice Lamy - Casimir Lichota - Henry Magny - Octave Neri - René Piedfort - Charles Porcheron - Emile Rouille - René Ruff - Atera Tetuira (Tetuera*) - Daniel Touba - René Zuinghedau
Cheri, Jean-Marie, Luigi, Flesch, Paul Marie et Solair n'ont pu être identifiés précisément.
* identifié par Jean-Christophe Teva Shigetomi
A SUIVRE : troisième et dernier volet du carnet de route, à paraître la semaine prochaine...
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1 commentaire -
Par authion le 9 Avril 2018 à 19:29
Faire-part annoncé sur le Groupe Facebook Maquisards et pionniers du Vercors , complété des "Souvenirs" de Georges Carpentier.
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Nous avons eu la tristesse d'apprendre le décès de deux anciens maquisards du Vercors.
Georges CARPENTIER, 11e Cuir, BM 24, BM 21
Georges Carpentier (photo) fut le plus jeune maquisard du Vercors.
Né le 17 décembre 1928 à Louviers (Eure), inquiété par la Feldgendarmerie qui recherche son frère, il le rejoint dans l'Isère.
Le 5 juin 1944, il rejoint le maquis du Vercors et est affecté au camp 11.
Après les combats du Vercors, il s'engage au 11ème régiment de Cuirassiers puis est muté le 7 novembre 1944 au bataillon de marche 24 puis au bataillon de marche 21 le 11 avril 1945.
Il participe aux campagnes des Vosges et d'Alsace.
Il est cité à l’ordre de la brigade : « Jeune volontaire de seize ans. A l’attaque de Tain-Tournon, le 27 août 1944, est allé prendre position avec son FM sous le feu des mitrailleuses allemandes, et réussit à mettre hors d’usage quatre camions ennemis. Ne s’est replié qu’après en avoir reçu trois fois l’ordre, faisant preuve du plus grand mépris du danger ».****
En hommage à Georges CARPENTIER, Sur les chemins de la 1ère DFL publie le récit de ses souvenirs de maquisard du Vercors et à la 1ère DFL
"Je suis né le 17 décembre 1928. Le jour de la déclaration de la guerre, le 3 septembre 1939, j'avais 10 ans, 8 mois et 17 jours.
Je me souviens très bien de la grande tristesse qui régnait dans la famille ce jour-là. Il ne faut pas oublier que nos anciens sortaient de faire 14-18 et qu'ils savaient très bien ce que le mot « guerre » signifie. Mon père, mes oncles étaient de ceux-là. De plus, mon père, dans l'artillerie de forteresse, avait été fait prisonnier au « Fort de Vaux » près de Verdun vers 1915, pour ensuite passer 52 mois de captivité en Allemagne.
Nous, les enfants de cette époque, avons eu notre jeunesse bercée par les récits de guerre des hommes de notre famille, car c'était devenu leur principal sujet de conversation après cette terrible épopée de 14-18. Ces hommes étaient marqués à jamais, et nous, les enfants, ne les comprenions pas toujours ; aussi les avons-nous souvent trouvés ridicules de nous raconter sans cesse les mêmes histoires, souvent terribles, parfois drôles.
Ma pensée va souvent vers ces anciens, surtout quand je me surprends moi-même, après 50 années passées, à raconter ce que fut pour moi la période de guerre 39-45.
Habitant à Louviers en Normandie, nous avons effectué l'exode de 1940 jusque dans les « Deux-Sèvres », fuyant devant l'avance des allemands dans un désordre général, avant de faire demi-tour et de retrouver notre ville en ruines, quasi rasée comme bien d'autres villes que nous avions traversées. Ces ruines et la présence allemande, symbolisée par les immenses drapeaux à croix gammée qui flottaient sur les immeubles qu'ils occupaient, me firent prendre conscience de ce que pouvait être cette guerre. Ma période d'occupation s'est écoulée en Normandie, avec cette présence allemande jusque dans le lycée et avec toutes les privations qui découlaient de cette situation : rationnements de toutes sortes, manque de distractions et de liberté.
A part la discipline et le couvre-feu imposés par les Allemands, je n'ai pas eu à souffrir réellement de la brutalité des troupes d'occupation, jusqu'au moment où mon frère, mon aîné de trois ans, préféra prendre le chemin de la clandestinité à celui du STO en Allemagne. Cette situation nous mit dans l'insécurité. Dès cet instant, tout début 1944, la Feldgendarmerie allemande fût très présente à notre domicile, espérant certainement le retour de mon frère pour le « cueillir ». Après plusieurs visites et quelques interrogatoires à domicile, mes parents prirent peur que je sois emmené en Allemagne, à la place du frère.
A mon tour, ce fut pour moi le départ pour la clandestinité. Le train pour Paris, puis pour Lyon, en passant pour ma part la ligne de démarcation à Maçon, sans dommage. Je me suis retrouvé à Cordéac (Isère), au-dessus de Grenoble, dans une centrale électrique en construction. Mon frère y était déjà avec beaucoup de Normands. Quelques jours après mon arrivée, ils sont presque tous partis pour le « Maquis du Vercors » car les Allemands venaient pour recenser le personnel du chantier. Il faut dire que la plupart était des réfractaires au STO. Pour ma part, n'ayant pas de papiers d'identité, pas d'argent et mesurant plus de 1,70 mètres... la situation était critique. Avec deux camarades normands, dont plus tard l'un est mort au « Champ d'Honneur » (Guy Bossard, dit « Tête d'Oeuf ») et l'autre fait prisonnier à Obenheim (André Lavoine, dit « Gribouille ») nous étions décidés de monter à notre tour au « Maquis », car la radio laissait entendre que de grands événements allaient se produire.
Après plusieurs jours de marche à pied, par le « Col de la Croix Haute », nous avons gagné le « Col du Roussel » au sud du Vercors. C'était le 6 juin 1944. Nous venions d'arriver au Cil.
J'y retrouvais mon frère (Jean Carpentier, dit « Cartouche »). Pour ma part, sans tarder, je fus baptisé « La Fraise ». En guise de bienvenue, le Chef du Cil (Gaston Cathala dit « Grange ») me dit : « Ici nous sommes tous des apprentis cadavres... Vu ton âge, si tu veux, tu peux rentrer chez toi... ». A 800 kilomètres de chez moi, étant donné les événements... je suis resté. Notre intégration dans ce camp s'est effectuée en douceur mais avec discipline, car la plupart de ses responsables étaient des militaires de carrière. Cela fit que, dès que les effectifs se mirent à grossir en juin, l'organisation du camp ressembla à celle d'une caserne ; manoeuvres, maniement d'armes, exercice de tir, patrouilles, même escrime à la baïonnette... sans oublier les tours de garde, les corvées de bois, celles de « patates », de nettoyage, de lessive, etc. nous n'étions pas désoeuvrés.
Dans ce site magnifique où nous étions, la guerre aurait pu nous paraître lointaine, mais les allemands attaquèrent le « Plateau du Vercors » à Saint Nizier-du-Moucherotte, juste au-dessus de Grenoble, le 13 juin 1944, ce qui fit une vingtaine de morts parmi les résistants et une dizaine chez eux.
Le Cl 1 participa effectivement à cette bataille. Je fus pour ma part versé dans les patrouilles de nettoyage de secteur, dès que le combat cessa. Les Allemands n'allèrent pas plus loin... et la vie reprit son cours dans les différents camps.
Le 14 juillet 1944, 36 forteresses volantes sont venues larguer au-dessus de Vassieux-en-Vercors, 432 containers de matériels. Juste le temps d'admirer le parachutage et nous descendons à Die (Drôme), pour effectuer une « Prise d'Armes », que l'aviation allemande vient perturber en nous mitraillant.
Ces manifestations, à la barbe et au nez des Allemands, nous forgeaient un moral d'acier. De plus, nous attendions un renfort des troupes régulières qui, venant d'Alger, devaient se poser sur le terrain d'aviation de Vassieux que nous avions préparé à cet effet. Nous ne pouvions plus craindre personne... hélas, ces renforts, tant attendus, ne sont jamais venus.
Lorsque nous avons appris que nous étions encerclés, vers le 18 juillet, nous nous sommes préparés à combattre. Avec un autre normand (Jacques Renoux dit « La Douille ») et deux autres copains, j'ai été affecté à la garde d'un « Pas » dans le sud du Vercors. De là, le 21 juillet au matin, nous avons vu arriver les planeurs allemands tirés par des avions. Nous n'avions aucun moyen de communication pour prévenir nos camarades. Ce fut très rapide... détachés, les planeurs ont plongé sur Vassieux et les avions ont commencé à bombarder en tournant en rond, aidés de leur aviation de chasse.
Pour les civils et les résistants du Vercors, l'inimaginable ne faisait que commencer... un carnage sans nom, qui fit 460 et quelques victimes parmi les civils et les résistants et environ 90 allemands morts.
J'ai pu sortir de cette souricière grâce à l'aide de mon Chef et à celle de camarades qui connaissaient la région, en passant par le « Pas de Chabrinel » et l'« Abbaye de Valcroissant »... de nuit, heureusement sans clair de lune, mais pas sans Allemands. Nous avons aussi essayé de nous déplacer en plein jour, ce qui un jour nous valut d'être bloqués un certain temps sous un petit pont, près de Aix-en-Diois, alors que dessus, allant vers Die, les Allemands passaient en convoi.
La Drôme traversée et après des kilomètres et des kilomètres de marche en montagne, puis l'aide d'un vieux camion à gazogène, nous avons pu rejoindre la ville de Buis-les-Baronnies près du Vaucluse. Là, nous avons été pris en charge par les résistants du coin qui nous assurèrent notre subsistance, contre quelques missions de surveillance des axes routiers dans la région de Mirabel-aux-Baronnies. A cette occasion, j'ai été nommé « tireur au FM » de mon groupe ; j'avais 15 ans et demi.
Nous avons regagné le Vercors à la Beaune d'Hostun, en camion et par la route, passant par Crest et Chabeuil. J'avais installé mon FM sur la cabine du camion. Cette ville, près de Valence, était occupée par les Allemands d'un camp d'aviation et nous sommes passés devant la porte de ce camp, un grand drapeau français flottant sur le camion. Stupeur des Allemands !
Résultat : un mort et un prisonnier allemands... et nous, reprenant la route du Vercors de toute la vitesse de notre gazogène.
La forêt de la Beaune d'Hostun était le lieu de regroupement du Maquis du Vercors. Nous y avons retrouvé les survivants du Cil. Sous le commandement de notre chef (Gaston Cathéla dit « Grange »), nous sommes retournés à l'intérieur du Vercors effectuer des missions de reconnaissance, afin de savoir si les Allemands étaient encore sur place et récupérer des armes. Moi et mon FM, nous étions de toutes les sorties. J'ai pu ainsi revoir le « Col du Roussel » et son refuge de montagne, lieu de cantonnement duCll.
Le 21 août 1944, nous avons poussé plus loin la sortie, jusqu'à aller attaquer les allemands sur la Nationale 7 au bord du Rhône en amont de Tain-1'Hermitage à hauteur de Chantemerle-les-Blés. Nous étions environ 25 maquisards pour nous en prendre à une centaine de camions remplis de soldats allemands. Bénéficiant de l'effet de surprise, nos 5 FM et les fusils des camarades présents ont pu, pendant un temps, venger un peu nos « Morts du Vercors ».
J'ai personnellement reçu, à cette occasion, la « Croix de Guerre » à l'Ordre de la Brigade.
Mon unité, le Cil, a ensuite participé à la libération de Romans (Drôme) en nous faisant effectuer des missions dans la ville et dans la campagne alentour, allant un jour avec un autre tireur au FM (Francis Dourdou dit « Figaro »), jusqu'à attaquer de front un char allemand qui nous fit faire demi-tour en nous envoyant ses obus... par bonheur dans le sable. Nous avons ainsi vu arriver les premiers américains. Puis vint le moment où les troupes régulières sont passées devant nous.
Nous sommes ensuite remontés sur Lyon, où nous avons dû subir essentiellement les tireurs isolés sur les toits et les étages supérieurs des maisons. Belles cibles que nous formions, au beau milieu de la cour de la « Caserne La Part-Dieu , où nous étions consignés plus que cantonnés, après avoir été stationnés à la « Gare des Brotteaux ».
Nous avons dû aussi subir les quolibets de l'Armée régulière, sur notre tenue peu reluisante, sur notre manque de métier, sur nos faits d'armes douteux ; sans parler des galons de nos gradés, ce qui avait l'air de devenir une franche rigolade... Pourtant nos coeurs étaient tranquilles et nos morts, qui se joignaient à leurs morts, étaient là pour témoigner que nous avions fait tout notre possible pour leur ouvrir la route jusqu'à Lyon et plus loin encore.
Nous étions à la Prise d'Armes, place Bellecourt le 6 septembre, avec nos tenues « bizarres » et nous ne fûmes pas moins applaudis pour autant, car la population de Lyon savait d'où nous venions et reconnaissait, parmi nous, bon nombre des siens.
C'est vers cette époque que nous sommes devenus 11e Cuirassiers et que nous avons marché aux côtés de la 1ère DFL.
Les batailles, auxquelles nous avons participé alors, nous semblaient être d'une autre guerre, telles Malbouhans, Melisey, Presse et autres... ça ne ressemblait pas aux « coups-de-mains », mais nous faisions tous nos efforts, avec ce que nous avions pour nous battre. Nous n'avons pas dû être ridicules puisque vers la fin octobre début novembre, nous avons été incorporés au BM 24 de la 1ère DFL. Nous étions à Ronchamp (Haute-Saône).
Dès cet instant, nous avons tous vécu les mêmes événements et je ne relaterai que quelques anecdotes de mon parcours personnel.
Affecté tout d'abord à la 2ème Compagnie avec mes camarades du Vercors, je me suis retrouvé muté, presque d'office, au bureau de l'Officier des Détails, du Lieutenant Bonaldi. Il cherchait, paraît-il, un dactylo... ça tombait bien, je ne savais pour ainsi dire pas taper à la machine... ou si peu. De plus, l'Adjt. Lever, aux « Effectifs », devait faire face tous les jours aux mouvements d'hommes, causés par le départ des troupes noires et l'arrivée des FFI que nous étions.
Je fus « adopté » dans ce Service, plus à cause de mon jeune âge que pour mes compétences réelles, à ce moment-là.
Je garde un excellent souvenir du Lt Bonaldi, des Adj. Lever, Gabarros, Letertre, du Caporal Jean Colonna, du Vaguemestre, du chauffeur « Jojo » et de ceux qui formaient l'équipe de l'« O.D. » et dont j'ai aujourd'hui oublié les noms. Qu'ils me pardonnent.
Pas facile de « troquer » le FM contre une machine à écrire. Contrairement à ce que j'aurais pu croire, le bureau de l'O.D. n'a jamais été bien loin à l'arrière des lignes de combat. Que ce soit à Ronchamp, à Giromagny, à Sand, je retrouvais toujours pas bien loin mes « copains du maquis ». Il faut dire que dans ce bureau de l'O.D., je me retrouvais très souvent dans la jeep de l'agent de liaison (Claude Diot), pour porter des papiers ou autres, dans tous les secteurs du BM 24. C'est ainsi que je me suis trouvé sur le pont du Rahin au moment où les gars du Génie cherchaient dans l'eau le Général Brosset qui venait d'avoir son accident mortel.
Nous avions nous-mêmes failli basculer dans ce même Rahin, en arrivant la veille et de nuit devant le pont de Plancher-Bas, qui avait sauté. Sans le savoir, nous avions également roulé sur cette route truffée de mines, que les gars du Génie étaient en train de retirer.
Une des étapes du bureau de l'OD fut un baraquement dans la Caserne de Giromagny dès la prise de cette ville. Je ne sais pas qui a décrété à ce moment-là que je savais conduire, mais je fus envoyé de nuit avec un chauffeur et un camion, pour récupérer des véhicules qui étaient en panne vers Auxelles-Bas. Le passage du petit pont coupé avant Giromagny s'effectuait sur deux poutrelles, que les gars du Génie ajustaient selon l'empattement des véhicules. De nuit, ne sachant pas bien conduire, j'ai réussi à déclencher les hurlements d'un gradé qui s'efforçait de régler la circulation sur cet étroit passage... mission réussie malgré tout, saluée à notre retour à la caserne par un obus allemand arrivant dans la cour.
Encore quelques missions... dont certaines allèrent au-delà du fossé antichars que l'on franchissait sur un remblai de terre glaise très glissante, avec la trouille d'aller à l'eau...
Entre temps, le service des Effectifs de l'Adjudant Lever était mon port d'attache et nous devions y tenir à jour les fiches de tous les hommes du BM 24. Arrivés, départs, hospitalisations et aussi les morts.
Début décembre, la mission de la 1ère DFL semble remplie et nous ne tardons pas à nous retrouver près de Vesoul, en regroupement, avant de partir pour la « Côte de l'Atlantique ».
Pour gagner le cantonnement près de Vesoul, nous avons effectué le trajet en colonne et de nuit. Juste derrière le camion dans lequel je me trouvais avec le chauffeur, il y avait un autre camion plein d'obus de mortier et de munitions qui fermait la marche et qui était conduit par le Vaguemestre. Or, ce camion ne figurait pas à l'arrivée... Après un peu d'attente, inquiet, le Lt. Bonaldi nous demande, au chauffeur et à moi, de retourner au devant du retardataire... que nous trouvons arrêté au bord d'un fossé. Dans la nuit, ce camion a percuté un GMC qui s'est renversé en travers de la route. Ni explosion, ni blessé... Ce soir-là, les Dieux, dont Bacchus, devaient être avec nous, car le GMC transportait de la Bénédictine et du Cointreau. Vu le nombre de bouteilles déjà cassées, quelques bouteilles de moins, ça ne se voyait plus... fiesta au bureau de l'O.D.
Nous, anciens FFI, savons que nous sommes maintenant intégrés à la 1ère DFL et que le BM 24 dont nous constituons la plus grande partie, est un Bataillon respecté de la plupart des cadres FFL. Arrivés par le train dans la région de Blaye (Gironde), le bureau de l'O.D. cantonna dans la maison du Maire de Saint-Genest-de-Blaye. Des vacances ou presque... avec un accueil très chaleureux de la part des habitants du pays. Heureux qui aime boire du vin ! Au bureau des effectifs, nous enregistrons pas mal d'engagements volontaires, sans penser à l'avenir, sauf au repas de Noël pour lequel nous sommes invités chez un viticulteur. Nous avions déjà été invités chez ce viticulteur le 17 décembre pour fêter joyeusement et « sans modération » mes 16 ans.
Le 24 décembre : « état d'alerte ».
Juste le temps d'avaler le repas du réveillon et nous partons dès l'aube pour remonter en Alsace. Pour ma part, j'ai effectué le voyage en « traction avant » avec le Lieutenant Bonaldi (O.D.) et son chauffeur. Privilège de l'âge...
En trois jours et quelques, nous sommes de retour dans l'est et nous retrouvons le froid et l'ambiance de guerre que l'on avait commencé à oublier.
Pour le nouvel an, je ne souviens que nous avons reçu des cigarettes anglaises, à l'effigie de la Reine. Nous étions très touchés de cette façon courtoise de nous présenter ses voeux de bonne année. (...)
8 Mai 1945
"Tous, nous pensons que la « Grande aventure de la libération » est maintenant terminée, mais nous ne pouvons encore imaginer ce que sera l’« Aventure de l'après-guerre ». J'allais en avoir rapidement un aperçu car une «permission de détente» me permettait de me rendre chez moi en Normandie... Déjà, nous nous entendions dire que « Si nous ne trouvions pas de place à notre retour, il ne faudrait pas nous plaindre, car personne ne nous avait demandé de nous engager dans le "Maquis". Jolie perspective... ».
Georges Carpentier
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Nous déplorons également le décès de Louis PINET.
Né en mai 1924 à Lyon, il entre dans la Résistance en février 1942.
Le 4 juin 1944, il rejoint le maquis du Vercors et est affecté au groupe de soutien du 11ème régiment de Cuirassiers à Saint-Agnan.
Après les combats du Vercors, il participe au sein de ce régiment aux campagnes des Vosges et d'Alsace de la 1ère Division Française Libre.
Il est cité à l'ordre de la brigade : "Jeune engagé volontaire de 20 ans, père de famille. Le 21 novembre 1944, lors de l'attaque d'Auxelles de Bas, a été blessé alors qu'il venait de faire plusieurs prisonniers".Nous présentons nos sincères condoléances à leurs familles et à leurs proches.
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Album photos du 11e Cuirassiers
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Par authion le 9 Avril 2018 à 12:26
Préface
Commandant Ivan Cadeau[1]
[1] Officier et docteur en histoire, spécialiste des guerres d’Indochine et de Corée, auteur de Dien Bien Phu, la Guerre de Corée, la Guerre d’Indochine, de l’Indochine française aux adieux à Saigon 1940- 1956.
Après deux premiers volumes consacrés à l’engagement des Tahitiens au cours des conflits mondiaux qu’a connus le XXe siècle, Jean-Christophe Shigetomi rend ici hommage aux Tamari’i qui se sont illustrés au sein du corps expéditionnaire français d’Extrême-Orient entre 1945 et 1954 et à ceux, moins nombreux, qui ont servi au sein du Bataillon français de l’ONU en Corée de 1950 à 1953. Avec rigueur et clarté, mêlant les ouvrages de référence aux archives de l’époque et enrichissant son texte de témoignages de vétérans, Jean-Christophe Shigetomi raconte le combat singulier de cette centaine d’hommes issus de ce que l’on nommait autrefois les Établissements français de l’Océanie. Les motivations de ces volontaires sont diverses : attrait pour l’aventure, attachement à la France, mais également goût du métier des armes et de la camaraderie militaire que certains ont découvert au cours de la Seconde Guerre mondiale. Au fil des pages, le lecteur découvre le parcours personnel de ces enfants de Tahiti, qu’ils soient parachutistes, fantassins, ou encore marins affectés aux unités fluviales qui patrouillent sur les fleuves et canaux du Vietnam. Les Tahitiens dans les guerres d’Indochine et de Corée est également l’occasion d’aborder certains aspects méconnus de ces conflits. Ainsi, à travers l’histoire de quelques fortes têtes, Jean-Christophe Shigetomi lève le voile sur les Sections spéciales, des formations disciplinaires qui œuvrent dans la partie sud du Vietnam - l’ancienne Cochinchine - à partir de 1947 et qui n’ont jusque-là jamais été développées.
Les deux premiers opus de Jean-Christophe Shigetomi avaient pour objet de rappeler la participation et le rôle des Tahitiens lors des deux guerres mondiales. Le présent ouvrage, l’auteur le rappelle, se propose de retracer l’histoire méconnue des Tahitiens qui se sont illustrés sur les théâtres d’opérations de l’Indochine et de la Corée. Le nécessaire travail d’histoire, conduit avec succès par Jean-Christophe Shigetomi, il convient de le souligner, doit désormais servir de base à un devoir de mémoire, afin que les générations futures n’oublient pas. C’est pour elles autant que pour la vingtaine de soldats tahitiens qui sont tombés, là-bas, en Extrême-Orient, que Jean-Christophe Shigetomi a rédigé ce livre. Qu’il en soit remercié.
[1] Officier et docteur en histoire, spécialiste des guerres d’Indochine et de Corée, auteur de Dien Bien Phu, la Guerre de Corée, la Guerre d’Indochine, de l’Indochine française aux adieux à Saigon 1940- 1956.
Quatre générations du feu de Tamari’i Tahiti sont rassemblées. A droite, le drapeau est porté par Teremai a Putoa, Poilu tahitien de l’Armée d’Orient et Volontaire du Bataillon du Pacifique, Abel Teore et Paul Moe anciens Tamari’i Volontaires sont derrière Charles Aromaiterai, Salmon en treillis, parachutiste grièvement blessé en Algérie et à sa droite Jules Tatarata, ancien soldat du Corps expéditionnaire français d’Extrême Orient.
Lorsque les Tamari’i Volontaires retrouvent leur terre tahitienne, ils sont accueillis par les soldats de la compagnie autonome d’infanterie coloniale de Tahiti (C.A.I.C.T) du second corps expéditionnaire tahitien qui n’est pas parti et qui leur rendent les honneurs.
Beaucoup de ces soldats du second contingent sont donc amers d’avoir été privés des titres de gloire que porte le fanion du glorieux Bataillon du Pacifique : des campagnes de Libye, de Tripolitaine, de Tunisie à l’Italie, la Provence et Belfort. La seconde guerre mondiale s’estompe que d’autres conflits en Afrique et en Asie du sud-est se profilent déjà. La crise indochinoise va donc offrir à certains de ces anciens Français libres, l’opportunité de se porter volontaires à nouveau pour le métier des armes. Ils feront partie du corps expéditionnaire français en Extrême Orient, volontaires ou désignés pour servir en Indo-Chine et en Corée où ils retrouveront quelques soldats du Bataillon du Pacifique qui ont directement rempilés de France.
Or, aujourd’hui, les engagements de ces Tamari’i Tahiti restent totalement absents de la mémoire collective polynésienne. Pire, ils sont occultés ou délibérément oubliés au motif que la sale Guerre d’Indochine a été une guerre coloniale avec le constat amer d’une guerre pour rien, un soubresaut d’Empire engagé dans une guerre inéluctablement perdue d’avance. Cette guerre d’Indochine fut effectivement une sale guerre particulièrement cruelle quelques soient les camps. Avec Poilus tahitiens et Tamari’i Volontaires, les épopées des soldats tahitiens de la Guerre d’Indochine toutes autant faites de courage, de sacrifices et de souffrances méritaient aussi d’être racontées. Si, ce livre n’a pas l’ambition de raconter la guerre d’Indochine et de Corée, qui débute avec le coup de force japonais du 9 mars 1945 pour se conclure avec la guerre américaine du Vietnam, il en dresse une chronologie particulièrement fidèle et ouvre certains pans inédits.
Charles Aromaiterai, Ariivaihoa Salmon, fils de Mairai, Tearii, charles, James (usuel) dit Rico né à Tikehau le 10 février 1899, décédé le 10 mai 1941 à Makatea et d’Ohimata née Reid. Charles Salmon est né à Papeete le 26 septembre 1933. Parachutiste il est grièvement blessé par balle à la tête dans une opération en haute Kabylie après avoir mis hors de combat onze rebelles. Il est décédé le 5 août 1961.
Contact :
jctevshige@yahoo.fr
https://www.facebook.com/lestahitiensdanslaguerredindochine/
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