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* FNFL - Hommage au courage du Lieutenant britannique Edward WALTON, unique rescapé du Chasseur 8 Rennes
Mis à jour le 20 Avril 2018
Témoignage adressé au groupe Facebook l'Odyssée France Libre du Havre par le fils du Lieutenant Walton, Michael.
Lieutenant E. Walton
Le témoignage que nous délivre aujourd'hui Michael Walton, sur le parcours de son père, le Lieutenant Edward WALTON (Royal Naval Volunteer Reserve), officier de liaison auprès des FNFL sur le Chasseur de sous-marins 8 Rennes, force notre admiration et notre respect.
Michael Walton :
"My father, Edward Walton, then a Lieutenant in the RNVR serving as British Liaison Officer, was the sole survivor of the sinking of Chasseur 8, F.S. Rennes on 13th July 1942.He was in the water for 19 hours and survived because he was wearing a 'life saving suit'.
My father was a lawyer and after the war moved to Norfolk. He was married in February 1943 and I was born later that year. I attach a photo taken at the time he was in the Isle of Wight and the report that he made describing the Sinking of Chasseur 8. I also attach a copy of the citation relating to the Croix de Guerre that he was awarded. He died in September 1978.
My father always spoke warmly of his experience serving with the Free French Navy and no doubt his wartime experience marked him, although he, like many who served in the war, did not speak frequently about the war."
Le Lieutenant Walton fut l'unique survivant parmi les 27 membres d'équipage disparus.
Sa citation à l'ordre du Groupe des Chasseurs par le contre-amiral Amiral Auboyneau lui conféra la Croix de Guerre avec étoile de bronze :
" officier consciencieux, calme et modeste, a été pour son Commandant* un auxiliaire précieux et entièrement dévoué au cours de nombeuses missions d'escorte et de patrouille en Manche. Le 13 Juillet 1942, après la perte de son bâtiment par action de l'ennemi, a tenté au risque de se propre vie, de sauver son Commandant, au prix d'efforts soutenus, pendant plus de douze heures sur une mer agitée".
* Le Commandant Guy Perrault était âgé de 26 ans.Le Lieutenant Walton rédigea une poignante relation de la tragédie du 13 Juillet 1942
Traduction par Estelle Vallois (Le Havre)
Comment le chasseur 8 a coulé.
Récit de l’officier de liaison anglais :
Copie
J’espère que vous m’excuserez si je fais le compte-rendu informel de la perte du chasseur 8, je suis alité et n’ai pas d’installation pour faire un rapport en due forme.
A peu près à 19:04 le 13 juillet furent repérés à l’aide du faisceau bâbord 2 engins motorisés venant directement vers nous à une direction de 3 miles (5.5 kilomètres). Des ordres furent donnés aux hommes en veille sur le pont de se tenir près de leurs armes. Les avions n’étaient pas reconnus comme hostiles et l’on ne sonna pas le branle-bas de combat.
A environ 1000 yards (900 mètres), les avions qui s’étaient approchés à 200 pieds (60 mètres) prirent soudainement de l’altitude pour créer l’impression qu’ils étaient amicaux, qu’ils nous avaient juste vus et qu’ils s’en allaient. La visibilité n’était que de 5 miles (9 kilomètres). Ils replongèrent immédiatement tout droit vers nous. Le commandant donna l’ordre d’ouvrir le feu. Nous ouvrîmes le feu au même moment où les avions ouvrirent le feu avec leurs mitrailleuses.
Je pouvais entendre les balles frapper le navire et je vis des traceurs toucher le pont de la timonerie. Je crois que le premier maître Guillemet prit ou se tint à proximité de la mitraillette. Il était de veille mais donna la responsabilité du navire au Commandant qui fit immédiatement feu. Le feu était si intense que je me rappelais seulement que je regardais le Commandant au cas où il aurait eu besoin d’aide, pensant que les avions visaient haut, probablement la timonerie. Après quelques secondes, il y eu une explosion à l’avant. J’ai clairement vu l’explosion, les flammes faisaient 16 pieds de haut (plus d’un mètre) et je crois que la bombe qui causa les explosions tomba dans le mess du Quartier-Maître. L'explosion n'a pas réduit en miettes le navire et je n'ai pas senti non plus de choc en timonerie. Cependant, immédiatement après l'explosion, le navire se coupa en deux juste à l'avant de la cheminée. En moins de 5 secondes, j'avais de l'eau jusqu'à la taille et on me tira par ma ceinture de sauvetage sur le pont. La proue se souleva et j'échappais de justesse le fait d'être emprisonné par le devant de la timonerie arrivant sur ma tête. Je passai par-dessus tribord et le Commandant, à bâbord d'où il rejoignit un bateau de secours qui dérivait là. Le navire coula presque avant que je me sois dégagé, c'est à dire 5 secondes avant l'explosion. Il était évident que personne sur le pont du mess n'avait pu s'échapper. En fait, je pense que personne en dessous des ponts ne pouvait s'être échappé. Ensuite, les avions sont revenus immédiatement, très bas et à une vitesse lente. A ma surprise, ils n'ont pas mitraillé les survivants mais sont passés et ont pris la direction du sud, sans dommages apparents de notre riposte.
La mer n'était pas calme. Les vagues étaient de 4 5 pieds (1,2 mètres) avec de temps en temps des vagues qui déferlaient. Je pouvais voir à peu près 8 personnes à 50 mètres de moi dans l'eau, quelques-unes visiblement blessées et qui criaient. Je n'ai pas reconnu de personnes car tous étaient recouverts d'huile, pourtant j'ai cru voir le télégraphiste anglais RIAN. J'avais trouvé un petit débris de navire et pensant que cela pourrait aider un blessé, je nageai avec. Le courant était trop fort pour nager mais à la fin, je vis le Commandant dans le bateau de secours qui coulait (l'embarcation avait été gravement endommagée) et je réussis à aller vers lui et à le prendre sur mon débris de navire. Il avait passé un sale quart d'heure et apparemment, il avait passé un bout de temps dans l'eau. Les autres hommes avaient entre temps dérivé et ne furent plus revus.
Le Commandant et moi restèrent sur le débris de navire qui nous maintenait le haut du corps, mais qui pouvait facilement se retourner. Le matin nous entendîmes le bruit d'un moteur, que nous pensions être celui d'un bateau. Je fis un SOS et d'autres choses de mon sifflet et nous criâmes.
Rien ne se passa. A à peu près 8 heures, le Commandant fut pris de délire et perdit conscience à peu près une heure après. En posant mon bras autour de lui, il fut facile de le maintenir à flot. La visibilité était mauvaise et on ne pouvait voir terre. Il n'y avait ni bateaux ni avions. J'essayais en vain de redonner vie au Commandant et je ne savais pas s'il était mort ou inconscient. Vers 11.00 une vague le retourna et il coula. J'ai essayé de le retourner mais je n'ai pas pu et il a coulé si rapidement. Il avait une ceinture et moi, un gilet de sauvetage qui m'empêchait de plonger. Après plusieurs tentatives pour attirer les avions, je fus recueilli par un MGB à 14.00. J'étais à 6 miles du naufrage du navire.
La vitesse du navire au moment de l'attaque était de 10 miles. Le navire n'a pas dévié pendant l'attaque. Aucun signal MAYDAY n'a été lancé car le temps de s'apercevoir que l'avion était hostile, le temps a manqué.
Je m'excuse du caractère personnel de ce rapport mais les choses sont arrivées si rapidement que je n'ai pu avoir qu'un sentiment personnel de ce qui est arrivé.
Lieutenant Walton, RNVR (réserviste de la Royal Navy et engagé volontaire)
Du quartier des malades de la Royal Navy.
Trois britanniques figuraient dans la liste des 27 membres d'équipage. Le Lieutant Walton, et, selon les information reçues de son fils Michael :
The two missing members of the crew of Chasseur 8 are English sailors - Bert K. Payne who was the son of Bert and Florence Payne of Okehampton Devon and Signalman Arthur Michael Ryan the son of Michael James Ryan and Rose Alice Ryan and husband of Jeanie D. Ryan of Locks Heath, Hampshire. They are both commemorated on Panel 66 Column 3 of the Portsmouth Naval Memorial.
Les 24 Français disparus étaient dans leur majorité de jeunes marins âgés d'une vingtaine d'années
Liste Jacques Ghemard (Livre d'or des FFL) le 16 avril 2018 LIEN
Amadu ( Jean ) MPF 1915-1942
Ansquer ( Jean Yves Marie ) MPF 1920-1942
Bertron ( Auguste René ) MPF 1915-1942
Bouvret ( Albert Marcel Louis ou Ernest ) MPF 1922-1942
Dauster ( Raymond Jean ) MPF 1921-1942
Debree ( Robert Marcel ) MPF 1920-1942
Fontaine ( Eugène Jean Baptiste ) MPF 1907-1942
Grados ( Jean Raymond ) MPF 1920-1942
Guillemet ( Yves Maurice Edouard ) MPF 1912-1942
Heusey ( Raymond Gilbert ) 1920-1942
Hollande (Francis Maurice ) MPF 1918-1942
Houssais ( Raymond Armand Louis Marie ) MPF 1922-1942
Ladrat ( Baptiste Pierre ) MPF 1918-1942
Le Doussal ( Marcel Louis Marie ) MPF 1923-1942
Le Gall ( Léonce Pierre ) MPF 1921-1942
Lecuyer (Roger Fernand ) MPF 1922-1942
Mette (Roger Marcel ) MPF 1923-1942
Perrault (Guy Robert ) MPF 1916-1942
Podeur ( Louis Victor René ) MPF 1922-1942
Rapalli ( Gaston Victor ) MPF 1921-1942
Sivassier ( Pierre André ) MPF 1921-1942
Spinec ( Jean Pierre ) MPF 1922-1942
Torteval ( Georges Jean Joseph ) MPF 1920-1942
Villard (Jean Edmond Eugène ) MPF 1914-1942
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