• * Page souvenir - Jean Jestin - Ancien du B.M.5 de la 1ere DFL -Compagnon de la Libération
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    JEAN-LOUIS JESTIN

     

    * Page souvenir - Jean Jestin - Ancien du B.M.5 de la 1ere DFL -Compagnon de la Libération

     * 30 Avril 1920 - St pierre quilbignon (29200)

    + 23 août 1944 - Lacrau le thouar (83260)

    (Photo et texte Ordre de la Libération)

    Biographie

    Jean-Louis Jestin est né le 30 avril 1920 à Saint-Pierre Quilbignon dans le Finistère dans une famille d'agriculteurs.

    Titulaire du certificat d'études, il aide ses parents à la ferme.

    Trop jeune pour être mobilisé, il est un des premiers à répondre à l'appel du général de Gaulle et, dès le 19 juin 1940, quitte sa Bretagne natale en embarquant au Conquet sur un bateau qui gagne l'Angleterre.

    Engagé dans les Forces françaises libres, il fait ses classes en Grande-Bretagne de juillet 1940 à mars 1941 au Bataillon de Chasseurs de Camberley.

    Muté en AEF il débarque au Cameroun en juin 1941 et est affecté au Bataillon de Marche n° 5 (BM 5) alors en formation au camp d'Ornano. Nommé sergent, il est affecté à la 3e Compagnie qu'il contribue à entraîner.

    A l'été 1942, le BM 5 intègre la 2e Brigade française libre et se voit chargé pendant trois mois de tenir des positions défensives à proximité du delta du Nil. Fin octobre, le sergent Jestin et son bataillon reçoivent le baptême du feu lors de la bataille d'El Alamein en Egypte. Blessé le 2 novembre 1942 par une mine antipersonnelle alors qu'il rentre d'une patrouille, il perd un œil.

    Hospitalisé à Beyrouth, il refuse d'être réformé et, à peine convalescent, rejoint son unité pour participer aux dernières opérations de la campagne de Tunisie et combat à Takrouna.

    Jean-Louis Jestin prend part à la campagne d'Italie avec le BM 5 et, alors qu'il est blessé de nouveau, à l'épaule par la projection d'une pierre lors de l'attaque du 20 mai 1944 au Monte Morrone, il continue de remplir ses fonctions et à maintenir en bon ordre, malgré son handicap, deux groupes de sa section sous le feu de l'artillerie ennemie. Son chef de section ayant été blessé et évacué, il le remplace jusqu'à la fin de la campagne alors qu'il se distingue de nouveau dans les combats du Tivoli et de Bolsena en juin 1944.

    Le sergent-chef Jestin débarque en Provence le 16 août 1944 avec la 1ère Division française libre. Il se comporte magnifiquement au cours des engagements du Mesclan et du Mont Redon. Le 22 août, il est chargé de conduire la progression de son groupe en avant-garde sur l'axe La Crau - Le Touar près de La Garde. Au cours de la dernière phase de ces opérations, il est atteint par deux balles, à l'attaque de la cote 76,3.

    Il décède des suites de ses blessures, le 23 août 1944. Il est inhumé au cimetière de Saint-Pierre Quilbignon à Brest.

    • Chevalier de la Légion d'Honneur
    • Compagnon de la Libération - décret du 20 novembre 1944
    • Croix de Guerre 39/45 (2 citations)
    • Médaille de la Résistance
    • Médaille des Blessés
    • Médaille Coloniale avec agrafe "Libye"
    • Médaille des Services Volontaires dans la France Libre

    Jean Jestin a donné son nom à la 174ème Promotion de l'école nationale des sous-officiers d'active (ENSOA) de Saint Maixent 

     

    PRISE DU MONT REDON ET FIN DES COMBATS POUR LA PRISE DE TOULON PAR ALEXIS LE GALL (BM 5)

    Le 20 (aout), branle-bas de bonne heure avec la nouvelle que nous allons attaquer. Nous regardons avec appréhension la colline d’en face. Elle n’a rien d’une colline, c’est une vraie montagne escarpée dont le sommet pointe tout là-haut et qui a pour nom le Mont Redon.

    Nous avançons jusque dans une ferme, genre petit manoir où nous nous mettons en batterie, chargés de protéger l’attaque que vont mener les voltigeurs et avec pour mission de tirer sur toutes les défenses qui se démasquent. Nous y recevons plusieurs tirs d’artillerie et je me souviens entre autre que c’est l’un d’eux qui blessa le lieutenant Kapferer, un des officiers de notre compagnie.

    Devant nous les tirailleurs escaladent d’autant plus difficilement la pente abrupte qu’on leur balance d’en face des grenades et des tirs de mitrailleuses. Nous faisons de notre mieux pour les protéger mais ce n’est pas suffisant. Nombreux sont ceux qui restent sur le terrain, les autres continuant, sous les encouragements de leurs chefs qui les précèdent.

    Que d’héroïsme il a fallu à nos camarades pour venir à bout de cette escalade !

    L’autre section de mitrailleuses, celle du lieutenant LE BASTARD , accompagne les attaquants, tout en traînant pièces et munitions. Pour cette fois nous avons la meilleure place. Est-ce dû au manque d’expérience de notre nouveau chef Monacelli ? Peut-être, mais nous ne nous en plaignons pas.

    La bataille pour le Mont Redon dure toute la matinée. Notre artillerie arrose tant qu’elle le peut le sommet et les pentes encore tenues par l’ennemi. Au fur et à mesure de leur montée les nôtres laissent des corps sur le terrain. Certains sont morts, d’autres pas encore et d’autres moins atteints. Les brancardiers et infirmiers essaient d’en évacuer avec les difficultés que l’on imagine dans ce terrain et sous le feu des gens d’en face.

    C’est le soir que nous avons appris le détail des pertes. Beaucoup de nos camarades sont blessés.

    Parmi les morts le Lieutenant BOURGEOIS , un nouvel arrivé, quatre autres gradés blancs et surtout l’ami JAFFRET qui, cette fois, n’a plus eu l’occasion de crier A boire, Jaffret qui avait abrégé sa convalescence pour pouvoir nous suivre dans ce débarquement, Jaffret que l’on n’entendra plus nous appeler la coterie mais lui il a eu au moins la joie de revoir le pays qu’il avait quitté en Juin 40.

    Chez les tirailleurs les pertes sont très importantes.

    Enfin le sommet est atteint. Est-ce le soulagement définitif ? Nous partons à notre tour pour l’escalade qui nous fait beaucoup souffrir alors que nous n’avons pas à combattre ni à subir ou éviter les coups adverses. Vraiment nos camarades viennent de réaliser un exploit...

    Et brusquement le sommet s’anime à nouveau : tirs, grenades, artillerie. Le combat vient de reprendre par la classique contre-attaque allemande. C’est un de leurs procédés habituels. Quand leur adversaire a conquis leur position et s’y repose, satisfait et soulagé, ils lancent une violente contre-attaque destinée à le surprendre, le déstabiliser et le repousser.

    Très souvent cela réussit. Mais, grâce à Dieu et aussi au Commandant GARDET, dont nous avions pourtant pendant très longtemps critiqué cette manie, nous connaissions parfaitement cette habitude car, dans tous nos exercices, la prise de l’objectif était automatiquement suivie d’une mise en place et de mesures contre cette probable contre attaque. Elle ne nous a donc pas surpris ici et nous avons réagi comme il le fallait et l’avons enrayée. Elle a malheureusement encore augmenté nos pertes.

    Quand nous avons enfin rejoint nos camarades au sommet, ils s’en remettaient et je me souviens que MORTEL mettait en boite l’ex-adjudant VIGNERON désormais sous-lieutenant, dit La Tonne à cause de ses rondeurs, qui, dans l’affaire, s’était fait tailler la peau des fesses par une rafale de mitraillette, lesquelles fesses se détachaient par rapport à celles de ses voisins allongés près de lui.

    D’autres avaient eu moins de chance, comme cet officier de marine anglais qui nous accompagnait en tant qu’officier de tir d’un navire anglais mis à notre disposition pour appuyer l’action du B.M. 5 et qui, des abords de la presqu’île de Gien, nous soutenait de ses tirs depuis le matin. 150

    Pour enrayer la contre-attaque allemande, cet officier avait tellement fait raccourcir le tir qu’au moment du corps à corps final dont nous allions finalement sortir vainqueur, il fut lui-même atteint par ses obus et très grièvement, peut-être même mortellement, atteint.

    Nous prenons pied au sommet, complètement épuisés par cette escalade et y trouvons une troupe soulagée d’avoir résisté et repoussé le dernier rush ennemi mais encore sous le choc et dont de nombreux éléments gardent le ; traces de la lutte avec chacun qui une écorchure, qui une blessure tandis que d’autres gisent sur le sol.

    Dans l’après-midi l’avance se poursuit. Nous plongeons sur l’autre pente et nous y installons.

    Nous attendons des nouvelles des autres secteurs du front mais elles ne sont, hélas, pas brillantes. À notre gauche le B.I.M., chargé d’occuper les hauteurs d’Hyères, a échoué dans son attaque du Golf Hôtel, le P.C. Allemand de notre secteur, transformé en forteresse, et sur notre droite, le B.M. 11 s’est laissé surprendre par la classique contre-attaque et a été repoussé. Seul notre B.M. 5 tient son objectif et occupe le centre du dispositif.

    La nuit arrive et nous allons donc la passer sur ce plateau qui prolonge le Mont Redon, côté Toulon. Les guetteurs sont en place et protègent le sommeil des survivants, sous le contrôle des sous-officiers qui se relayent dans cette veille. Au cours de mon quart, au milieu de la nuit, je fais, par prudence, la tournée de nos deux guetteurs et tombe sur l’un des deux qui dort du sommeil du juste, au risque de laisser pénétrer une patrouille ennemie susceptible de nous bousiller tous.

    Il s’agit là d’une faute excessivement grave, dont il ne réalise pas l’importance. Je le réveille en chuchotant mais à grands coups de pied dans le derrière. Il ne s’agit heureusement pas d’un de mes Camerounais mais d’un des Sénégalais arrivés en renfort pendant l’Italie. Il a une première envie de se rebiffer mais finalement se contient Par principe nous ne frappons jamais nos tirailleurs, ce qui serait une atteinte à leur dignité et les autoriseraient presque à répondre. Mais ici la faute est trop grave et il faut qu’il le comprenne. Je lui explique que, par sa faute nous risquions tous, lui le premier, de nous faire couper le cou.

    Si je signale toi dormir pendant tu es sentinelle, peut-être toi fusillé. Cette fois je dis rien mais, si toi recommencer alors pas de pardon. Compris ? Enfin il réalise, me regarde de ses grands yeux et approuve : Oui, Chef . Je refais une tournée peu après et, cette fois, il est bien aux aguets.

    C’est la seule fois où nous avons constaté ce manquement. Fatigue, inconscience ? Je ne sais mais la leçon a porté car le tirailleur est fier et ne tient pas à voir étaler sa faute et à être publiquement déshonoré et condamné par un tribunal. D’autres à ma place auraient sévi et auraient probablement eu raison, mais moi j’estimais qu’il vaut mieux une discipline consentie et basée sur la complicité et la compréhension qu’imposée par la force et sanctionnée d’une punition.

    Le lendemain 21 nous sommes relevés par le B.M. 4 pendant qu’à gauche et à droite B.I.M. et B.M. 11 doivent se relancer à l’attaque des objectifs qui leur ont échappés la veille.

    Le 20 dans notre attaque et contre-attaque du Redon nous avons perdu une centaine d’hommes.

    Les autres avec leur double attaque des 20 et 21 ne s’en sortent pas mieux.

    Notre repos est de courte durée (et même nul pour certains de nos amis voltigeurs qui sont chargés de divers coups de main) car le 22 l’avance a repris. Nous obliquons à gauche, derrière la ville d’Hyères, tombée la veille sous les coups conjugués du B.I.M., du B.M. 4 et du B.M. 2I, en direction de La Garde, nouvelle ligne de repli allemand.

    Et, à l’entrée de la ville, ce n’est pas du gâteau. Nous sommes coincés, près d’un pont de chemin de fer, par des tirs de mitrailleuses et de 88 anti-chars. Des half-tracks des fusiliers marins qui nous accompagnent sont touchés. Néanmoins et malgré leurs pertes ils arrivent à reprendre le dessus. Nos tirailleurs font décrocher le 88 qui nous bloquait et l’avance reprend.

    Après le pont, le bataillon repart en obliquant sur la droite, vers La Garde et, au-delà, vers la colline du Touar, siège principal de la défense ennemie. Notre section est en flanc-garde gauche, dans un secteur plus calme. Nous protégeons le côté du bataillon en liaison éventuelle avec nos camarades de la 4e Brigade qui, avec la 1e Brigade (Légion Étrangère) se partage le secteur d’Hyères à la mer.

    Du sol nous ne voyons pas grand-chose mais Mona repère une hauteur, genre de petit piton, sur laquelle trône une chapelle. De là-haut, dit-il, nous aurons une meilleure vue et serons plus efficaces. Nous grimpons le raidillon et aboutissons à une plate-forme, devant la chapelle, où l’on peut mettre en batterie mes deux mitrailleuses.

    Effectivement nous dominons tout le paysage et parvenons à tirer quelques rafales d’appui mais apparemment les combats se déplacent vers le nord et les contreforts du Touar, bien trop éloignés, qui se couvrent d’impacts d’obus et d’où nous parviennent des rafales d’armes automatiques.

    Tout à coup, surprise, débouchent, derrière nous, trois ou quatre maquisards. Ce sont les premiers et ce seront les seuls que nous verrons au cours de nos combats de Toulon. Viennent-ils nous aider ? Loin de là. D’ailleurs leur armement se limite à des mitraillettes rustiques, qu’ils nomment sten ou à des pistolets. Le combat, ils s’en désintéressent. Ils viennent simplement nous dire : Dites, les gars, vous voulez pas tirer un coup ? On a avec nous une tondue, une collabo. Alors celui qui veut en profiter n’a qu’à y aller.

    Je suis un peu suffoqué devant cette attitude et cette proposition. Pendant que les nôtres se font tuer sous leurs yeux pour les délivrer, voilà à quoi ils s’occupent, se venger. Hyères est libre ; pour eux la guerre est finie et le temps de la répression commence, le temps de la vengeance aveugle. Autour de moi la désapprobation est générale et seul l’un des nôtres, qui a l’excuse d’avoir vécu l’occupation et nous a rejoint par l’Espagne, se laisse tenter.

    Il revient bien vite, affaire faite, pas très fier de lui. Devant le peu de succès de leurs propositions, les F.F.I. s’en vont vers d’autres amusements... ou sauvageries. Ainsi, c’est ça, les F.F.I. ? Ce premier contact n’est pas une réussite : aucun ne s’est proposé pour nous aider et aucun ne s’est renseigné sur les conditions d’engagement chez nous. Au contraire, pendant que nos copains meurent partout aux alentours, pendant que nous peinons et luttons pour les libérer, ils s’amusent derrière notre dos et imposent par les armes la loi du plus fort. Souhaitons qu’il y en ait d’autres plus purs et plus patriotes.

    Nous tenons la position jusqu’en fin d’après-midi puis rejoignons nos camarades dans la plaine. Les combats tournent à notre avantage et l’ennemi semble à nouveau lâcher pied

    Le soir un bruit court : Jean JESTIN serait mort, mon copain de toujours, cette force de la nature au caractère si bien trempé. Nous n’entendrons plus sa belle voix nous chanter Noël en mer ou la complainte du Père Yvon . Ainsi chacun à son jour. C’était aujourd’hui le sien, c’était avant-hier celui de Jaffret. À quand le nôtre ? Faudra-t-il qu’ainsi nous nous en allions un à un pour qu’un jour notre pays soit libre ? Faut-il continuer à souffrir et se sacrifier pour des gens qui préfèrent quémander cigarettes ou chocolats (que nous n’avons pas) que de nous remercier, pour des "héros" qui préfèrent violer les filles que de venir nous soutenir et nous soulager. Il y a des soirs comme cela où la victoire n’est pas belle et où le moral est prêt à flancher.

    Le lendemain il a fallu reprendre, comme si de rien n’était et deux jours plus tard nous atteignions Toulon, Toulon dont l’agglomération s’étend devant nous, dominée sur notre droite par l’impressionnant Mont Faron, citadelle apparemment imprenable, où l’on continue à se battre.

    Entre temps ce sont surtout les 2 autres brigades qui ont œuvré entre nous et la mer, se heurtant à une succession de casemates, forts ou défenses organisées.

    Nous sommes le 24 Août et atteignons déjà les faubourgs quand arrive un ordre inimaginable et qui nous rend furieux. D’un ordre du général De Lattre, qui entre temps s’est débarrassé du général de Larminat, responsable du front Est de l’attaque sur Toulon et évidemment favorable à la 1e D.F.L. qu’il a longtemps commandée, notre Division doit s’arrêter sur place et laisser la 9e D.I.C., que nous précédions, prendre Toulon à notre place.

    C’est absolument injuste et très mal reçu et les oreilles de De Lattre ont dû tinter bien fort en ce jour du 24 Août.

    Je me souviens que nous sommes sur le bord de la rue, le long des trottoirs et déjà, bien entendu, entrés dans Toulon et que nous voyons défiler devant nous, entrant dans le centre-ville, les G.M.C. de la 9e D.I.C. chargés de tirailleurs africains, dont on ne sait pas très bien d’où ils sortent et ce qu’ils ont fait jusque-là.

    De ce jour-là datera notre premier grief contre de Lattre. Mais il y en aura malheureusement plusieurs autres à suivre.

    Nous allons passer quelques jours sur place, nouveaux jours de repos et de récupération. Je loge avec Tanguy chez un ménage d’Audiernais, dont le mari est fonctionnaire de la Marine, en service ici. Ils me donnent de vagues nouvelles du pays, où l’occupation n’aurait pas été féroce mais où stationne toujours un très fort contingent allemand.

    Sur place, les nouvelles sont bonnes : les forts capitulent les uns après les autres et l’occupation du port est en cours. La plus surprenante annonce est celle de la prise de Marseille, presque simultanée a la prise de Toulon. Nous la devons à la 3e D.I.A., notre ancienne collègue d’Italie, qui a réussi l’exploit d’investir Toulon par l’Ouest juste avant d’entrer dans Marseille par le Nord.

    Quant à nous, qui avons tant fait pour surpasser la défense Est de Toulon, la plus difficile du secteur de l’avis général, et faire chuter la ville, nous ne resterons même pas pour l’histoire les vainqueurs de Toulon. Et notre centaine de gars tombés au Mont Redon, et tous ceux de La Garde et du Mont Touar, et Jaffret, et Jestin, ce sont pourtant bien eux les vainqueurs de Toulon !

    Y a pas de justice...

     

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    Octave Herpin a combattu l'Allemagne nazie 

    Proposition de Olivier RAULT,

    correspondant local de presse (Ouest-France) à Cesson-Sévigné

    (Article du journal Ouest-France

    Publié le 23/09/2016)

     

    * Page souvenir - Octave Herpin - ouvrier agricole - ancien du B.M.5 de la la 1re Division française libre

    (Photo Journal ouest-France)

    À 20 ans, le Cessonnais, ouvrier agricole, a incorporé la 1re Division française libre. Il a participé à la victoire des Alliés sur l'Allemagne, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale.

     

    Les gens d'ici

    Été 1944, Octave Herpin a 20 ans. Les Alliés viennent de libérer une partie de la région. Ouvrier agricole, il a déjà croisé sa future épouse, mais elle devra l'attendre. La guerre n'est pas finie.

    « Incorporé à l'automne, j'ai rejoint, à Mélizey (Haute-Saône), la 1re Division française libre (DFL), se souvient Octave Herpin. Nous avons eu peu de formation. Si nous étions bien habillés, l'armement manquait. J'ai été affecté au bataillon de marche n° 5. En route pour l'Alsace, nous avons perdu notre chef, le général Brosset, tombé dans un torrent avec sa Jeep. »

    « Nous n'avons pas fêté la victoire »

     

    Ensuite, direction le Territoire de Belfort : « Nous nous sommes déployés à Giromagny et avons participé à l'attaque sur Belfort. Pendant dix jours, les combats ont été très durs, il pleuvait et neigeait. »

    Fin novembre, c'est un bataillon épuisé qui est relevé et envoyé à Bordeaux, pour participer à la réduction de la poche de Royan. « Mais la pause fut courte. À peine arrivés, nous avons dû repartir d'urgence vers l'Est. »

    En effet, le 16 décembre, les Allemands ont lancé une dernière offensive dans les Ardennes. Les Alliés perdent du terrain. « Nous avons participé à la bataille de Colmar. Il y a eu de gros bombardements et tout a été détruit en face de nous. En mars 1945, nous avons été envoyés sur la frontière italienne. »

    Le 8 mai 1945 marque la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe : « Nous n'avons pas fêté la victoire. Deux camarades voulaient la célébrer en tirant au mortier et ils se sont tués accidentellement. »

    C'est la fin de la guerre. « Je n'avais qu'une hâte, c'était de rentrer chez moi. »

    Renvoyé dans ses foyers en 1946, Octave Herpin va se marier en 1950. Depuis, il refuse toute décoration. « Beaucoup en ont eu et ils ne la méritaient pas. Les Rennais partis avec moi ne sont pas revenus. »

    À 92 ans, il coule une retraite paisible avec son épouse, dans leur ferme du Bas-Jussé. Ils ont sept enfants, 15 petits-enfants et 14 arrière-petits-enfants.

    Octave Herpin, mis à l'honneur et décoré de La Croix de guerre 

    Le samedi 11 novembre 2017 les cérémonies commémoratives ont été l'occasion, de récompenser un Cessonnais particulièrement méritant,
    Octave Herpin.

    (Publié le 14/11/2017)
     

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    (Photo Journal ouest-France)

    Octave Herpin s'est engagé en 1944 à l'âge de 20 ans. Incorporé à la première Division française libre (DFL), Bataillon de marche (BM) n° 5, il s'est battu vers Belfort, dans des conditions très difficiles. « Il y avait la pluie et la neige, mais aussi la résistance très forte en face de nous. Le BM 4, à notre droite, a été décimé. » C'était pendant la dernière contre-offensive des Ardennes et la bataille de Colmar.

    Ce seront ensuite, en avril 1945, d'autres combats à la frontière italienne, dans les Alpes du Sud. La 1re DFL est citée à l'ordre de l'armée pour avoir, « après trois jours de combats acharnés, enlevé le massif fortifié de l'Authion, franchi les cols des Alpes et débouché dans la plaine du Pô, tout en rétablissant, en quatre jours, une piste praticable aux camions, à 2 300 m d'altitude. » Ce qui lui vaut de recevoir la Croix de guerre avec palme.


    Une journée citoyenne pour les scolaires

     

    (Publié le 11/05/2017)

     

    À une date aussi proche que possible du
    8 Mai, une journée particulière a été initiée par la municipalité, mardi, au profit des jeunes Cessonnais.
     

     

    À partir de 9 h 30, les élèves des écoles élémentaires ont bénéficié de trois ateliers proposés par la Ville, l'association locale de l'Union nationale des
    combattants (UNC) et l'association Cesson mémoire et patrimoine.

     

    Prise d'armes

    L'après-midi, une prise d'armes a eu lieu, présidée par le général Serge Maurice. Le tout, aux côtés du commandant des Systèmes d'information et de communication (SIC), du maire, Albert Plouhinec ; de l'inspectrice de l'Éducation nationale, Valérie Nogue-Hubert ; du président de l'UNC locale,
    Bernard Colleu, et d'Yvan de Portzamparc, adjoint au maire de Chantepie.
    La cérémonie s'est déroulée place du Marché, devant le monument aux morts.


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     (Photo internet)

    Toutes les écoles représentées

    Des écoliers, collégiens et lycéens de tous les établissements de la commune, mais aussi de l'école maternelle des Deux-Ruisseaux de Chantepie, ont été mis à contribution. Ils ont entrepris des lectures, des dépôts de fleurs, des chants et des lâchers de pigeons.
    Les lycéens, (tout en restant sous leur contrôle bienveillant), ont oeuvré en lieu et place des vingt-deux porte-drapeaux.

    Trois pelotons de cadres et stagiaires du commandement des SIC (Comsic) étaient sur les rangs, avec le drapeau et sa garde. Revue des troupes,
    honneurs au drapeau, lecture du message officiel, hommage aux victimes de la commune et dépôt de gerbes, ont ponctué une cérémonie brillamment
    rehaussée par la musique de l'Artillerie.

     

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                                                   Les civils décorés

    Neuf décorés (Militaires)

    Des décorations ont été remises : la médaille militaire, au major Jean-Marc Jonnet et aux adjudant-chefs Claude Grimaud et Fabrice Joulain ; l'ordre
    national du Mérite, au lieutenant-colonel Patrick Dousselaere ; la Croix du combattant, à Octave Herpin (1939-1945) et Maxime Le Goff (AFN) ; la
    médaille d'or de la défense nationale, à la sergente-chef Laëtitia Delestre ; la médaille de la reconnaissance de la Nation, à Jean Guibert (AFN) et la
    médaille des blessés de guerre, à Michel Turmel.

    La remise, par les autorités, de certificats de citoyenneté aux enfants, a clôturé cette belle journée.

     

     

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    Fondation B.M.24 Obenheim     

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    Page souvenir -  Jacques BALLEYGUIER 43/45 : Itinéraire d’un jeune résistant et engagé. De la Côte d’Or à la Côte d’Azur.

     

    Page souvenir -  Jacques BALLEYGUIER 43/45 : Itinéraire d’un jeune résistant et engagé. De la Côte d’Or à la Côte d’Azur.

    Jacques BALLEYGUIER

    Jacques est né le 18 mai 1923 à Paris.
    Décédé le 28 décembre 1987 à Paris

    (Crédit photo  J-M Balleyguier)

    Citation à l'ordre de l'Armée

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    En octobre 1943, la 1ère DFL devient 1ère DMI et passe sur l’organisation US pour être engagée en Europe. Personne, jusqu’à la dissolution le 15 aout 1945, ne veut entendre d’autre appellation que 1ère DFL. 

      

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     (Crédit photo  J-M Balleyguier)

    Je pense que les pages qui suivent vous apprendront autant de choses qu’à moi-même lors de leur rédaction. Elles racontent simplement la vie d’un jeune homme de 20 ans en 1943 qui refuse l’oppression et décide de participer à la libération de son pays. Non, il n’était pas un héros. Simple maquisard, puis soldat de seconde classe il combattit afin d’être en accord avec ses convictions chrétiennes, de paix, de justice et de liberté des peuples. Convictions qu’il affirmera quelques années plus tard, en 1949, et qui le guideront sa vie durant.


                                                              J-M Balleyguier. 1er mars 2009.

    Mise à jour 

    M. Jean-Marie Balleyguier, fils de Jacques Balleyguier jeune resistant et engagé au sien du BIMP (Bataillon d'Infanterie de Marine et du Pacifique), a retrouvé très récemment et par hasard deux photos, concernant le BIMP.

    La première photo, est une photo de la 1ère compagnie du BIMP à laquelle mon père appartenait, prise devant "l'Hôtel Splendide" de Juan-les-pins. La photo date du mois de mars 1945.

     

    * Page souvenir -  Jacques BALLEYGUIER 43/45 : Itinéraire d’un jeune résistant et engagé. De la Côte d’Or à la Côte d’Azur. (BIMP)

     (Crédit photo  J-M Balleyguier)

     Sur ce second cliché, 27 soldats et officiers du BIMP posent pour le photographe. Je pense qu'il a été réalisé également à Juan-les-pins au mois de mars 1945. Mon père est au centre de la photo, à genoux, veste claire.

    * Page souvenir -  Jacques BALLEYGUIER 43/45 : Itinéraire d’un jeune résistant et engagé. De la Côte d’Or à la Côte d’Azur. (BIMP)

      (Crédit photo  J-M Balleyguier)

     
    Sur ce troisième cliché vous pourrez lire les noms de quelques hommes de la seconde photo. Ces noms correspondent aux hommes debout sur la photo. Malheureusement, l'écriture est de mauvaise qualité et certains noms sont peu lisibles.

    * Page souvenir -  Jacques BALLEYGUIER 43/45 : Itinéraire d’un jeune résistant et engagé. De la Côte d’Or à la Côte d’Azur. (BIMP)

       (Crédit photo  J-M Balleyguier)

     

     

     Lecture en mode livre


    * Page souvenir -  Jacques BALLEYGUIER 43/45 : Itinéraire d’un jeune résistant et engagé. De la Côte d’Or à la Côte d’Azur. (BIMP)

     

    Page souvenir -  Jacques BALLEYGUIER 43/45 : Itinéraire d’un jeune résistant et engagé. De la Côte d’Or à la Côte d’Azur.

     

    "Ce qu'a su faire, pour la France, la 1ère Division française Libre, Ce qu'elle a su faire par le cœur, le corps, les armes, de ceux qui en étaient, Ce qu'elle a su faire avec ses Chefs, KOENIG, BROSSET, GARBAY, ses officiers et ses soldats, C'est un des plus beaux morceaux de notre grande Histoire, C'est un rocher que les vagues du temps ne pourront détruire jamais. C'est, pour toujours, un défi lancé à ceux qui doutent de la France".

                                                          Charles De Gaulle - 27 février 1946

     

    Fondation B.M.24 Obenheim   

    Page souvenir -  Jacques BALLEYGUIER 43/45 : Itinéraire d’un jeune résistant et engagé. De la Côte d’Or à la Côte d’Azur.

     

     

     


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    * Anniversaire - Ce jour 19 avril 2020 Edgard Tupët Thomé, Compagnon de la Libération, qui vient d’avoir 100 ans !


    * Anniversaire - Ce jour 19 avril 2020 Edgard Tupët Thomé, Compagnon de la Libération, qui vient d’avoir 100 ans !

    Aujourd'hui 19 avril 2020 
    M.  Edgard Tupët Thomé fête ses 100 ans.

    (Crédit photo Michel Pourny)

    Article du journal 

    * Anniversaire - Ce jour 19 avril 2020 Edgard Tupët Thomé, Compagnon de la Libération, vient d’avoir 100 ans !

     

    En janvier, 2020 Edgar Tupët-Thomé, libérateur de Landerneau et Daoulas (Finistère) en août 1944, vient d’être élevé à la dignité de Grand-Croix de la Légion d’honneur.

    Jusqu’à ces dernières années à Binic (Côtes-d’Armor), où il habite depuis une cinquantaine d’années, on le voyait toujours fidèle aux cérémonies patriotiques, coiffé de son béret rouge de parachutiste. Mais pour des raisons de santé, il vit désormais aux Invalides, à Paris.

    En août 1944, à 24 ans, commandant en second du 3e régiment de chasseurs parachutistes, il attaque avec une douzaine d’hommes la Kommandantur de Daoulas qui compte soixante soldats. Il tue douze Allemands et fait quarante prisonniers.

    Modeste et discret

    Dans la foulée, Edgar Tupët-Thomé et ses hommes participent à la libération de Landerneau de l’occupation allemande. Puis de Clerval, dans le Doubs.

    Cet Ardennais d’origine a presque tout vécu de la Seconde Guerre mondiale. Fait prisonnier à Dunkerque, il s’évade pour rejoindre la Résistance et la France Libre. Chargé de mission du général de Gaulle, il intègre le SAS (Spécial air service) et s’entraîne avec ces commandos en Grande-Bretagne.

    Dernier SAS de l’Ouest, il a été décoré de nombreuses fois, notamment en Angleterre, de la King’s medal for courage in the cause of Freedom. Au Royaume-Uni, il a même été reçu par la reine mère. La plus grande fierté de ce Compagnon de la Libération« Avoir eu peu de pertes et ne pas avoir causé de dégâts aux civils. »



    Edgar Tupët-Thomé et son épouse Geneviéve dans son bureau chargé de souvenirs, à Binic, il y a quelques années. | ARCHIVES


    Edgar Tupët-Thomé a écrit ses souvenirs dans plusieurs ouvrages, dont Special air service.

    Bernard Le Néel, un Binicais qui le connaît bien, témoigne de la modestie et de la grande discrétion du militaire à propos de ses exploits : « Il ne voulait pas être considéré comme un héros. Il disait : « C’est le hasard, et puis, quand nous nous battions, nous avions l’avantage d’être des professionnels bien formés. »

    Edgar Tupët-Thomé fêtera ses 100 ans le 19 avril 2020.

     

    La Fondation B.M.24 Obenheim 

    présente à M. Edgard Tupët Thomé
    toutes ses félicitations pour son grand âge.

     

    Fondation B.m.24 Obenheim       

    * Anniversaire - Ce jour 19 avril 2020 Edgard Tupët Thomé, Compagnon de la Libération, vient d’avoir 100 ans !

     

     

     


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    * 2020 - l'année commémorative de Charles de Gaulle - L’appel du 18 juin 1940 a-t-il été entendu à Tahiti ?


    En partenariat avec la Maison de la culture
    dans la rubrique "La culture vient à vous" et son accompagnement aux commémorations des 80 ans du ralliement des EFO à la France libre.


    Onze articles avec des biographies sont programmés à raison d'un article par semaine jusqu'au 18 juin 2020. En cette lourde période de confinement, merci encore à la Maison de la culture pour son accompagnement correspondant… Bonne lecture et surtout restez confinés.

                                                                                          Cordialement.

                                                            

                                                               Jean-Christophe Teva SHIGETOMI

     

    * 2020 - l'année commémorative de Charles de Gaulle - L’appel du 18 juin 1940 a-t-il été entendu à Tahiti ?

     

    Article N°1

    L’appel du 18 juin 1940 a-t-il été entendu à Tahiti ?

     

    Le 10 mai 1940, les Allemands envahissent la Belgique et la Hollande. Le 13 mai, les troupes françaises sont bousculées à Sedan. L’armée belge capitule le 18 mai. L’éventualité d’une cessation des combats flotte au sein du cabinet de Paul Reynaud, président du Conseil. Certains des membres de son cabinet prônent la poursuite de la guerre comme le sous-secrétaire d’État à la guerre, d’autres évoquent un armistice auquel va se rallier le maréchal Pétain.

    Le 18 juin 1940, un général français au nom encore inconnu invite sur les ondes de la BBC la poursuite de la guerre aux côtés des Alliés : (…) Je convie tous les  Français où qu’ils se trouvent, à s’unir à moi dans l’action, dans le sacrifice et dans l’espérance. Notre patrie est en péril de mort. Luttons tous pour la sauver !

    L’appel du 18 juin a été très peu entendu en France. Il ne peut avoir été entendu à cette date à Tahiti, lointaine colonie du Pacifique. Quel discours a donc motivé les habitants des Établissements français d’Océanie à se ranger dans la France combattante ?

    L’appel historique du 18 juin 1940 n’a fait l’objet d’aucun enregistrement. Il est publié le jour suivant dans le Time et le Daily express.

    Le gouvernement qui est réfugié à Bordeaux confirme par télégramme du 25 juin 1940 au gouverneur des Établissements français d’Océanie la cessation des hostilités sur tous les fronts vis-vis de l’Allemagne et l’Italie. L’annonce de l’armistice tombe à Tahiti comme un couperet.

    Le 22 juin, jour de l’armistice, un second appel est cette fois-ci enregistré à Londres.

    Le 2 juillet 1940, le discours fait l’objet d’une version filmée et l’affiche de l’appel est publiée le 5 août 1940. Le texte de l’affiche est différent de celui du discours. L’affiche de l’appel n’est placardée que courant octobre 1940, dans les diverses officines publiques de la ville de Papeete, comme à l’entrée de l’ancienne Poste en bois de Papeete où les nouvelles brèves du front seront par la suite communément affichées.

    Ce sont donc des enregistrements postérieurs à l’appel du 18 juin qui ont été entendu par les populations de l’Océanie française, et relégués a posteriori sur les ondes de radio Fidji et dans les émissions en langue française en provenance de San Francisco, d’Auckland et de Sydney. Il est impensable que les deux seules émissions quotidiennes de la station de TSF de Papeete assurant sous l’autorité du Gouverneur Chastenet de Gery  l’information des  populations tahitiennes aient diffusé le message d’un Général félon appelant à la désobéissance civile.

    Le médecin-capitaine Marcel Henric en poste à Taravao témoigne Charles Lehartel m’informe vers la fin du mois de juin qu’un général français dont il n’a pu saisir le nom a parlé à la BBC de Londres pour inviter les Français hors de métropole à se joindre à lui pour continuer la lutte aux côtés des Anglais. Ce n’est que quatre ou cinq jours plus tard qu’il me livre le nom de ce Général : Charles de Gaulle.

    Le général de Gaulle reste un inconnu en atteste la réflexion de Mama Ani, une grand-mère tahitienne qui lors du plébiscite avait dit avec fermeté : (…)  …vau e metua tane peretane to’u, e ma’iti vau a Te Gaulle (moi, j’ai un père anglais, je vote Te Gaulle).

    A Tahiti, les témoignages sont donc unanimes. Peu d’entre eux ont entendu, les appels du général de Gaulle, d’autant qu’à Tahiti et ses districts comme dans  les îles, les postes récepteurs de radio sont rares. Peter Roau Brothers dit Tamu  n’a pas entendu l’appel du général de Gaulle.  Son frère d’armes, Maxime Aubry âgé aujourd’hui de 102 ans le confirme Il n’y avait pas beaucoup de postes de radio à Tahiti, j’ai entendu l’appel en ville.

     


    Maxime Aubry est aujourd’hui âgé de 102 ans. Avec Star Teriitahi et Mathew Turner Chapman domicilié aux Etats Unis, il est le dernier des marins tahitiens de la France libre Fond Maxime Aubry

     

    Adram Gobraith, gérant  du garage Tiare organise notamment  à son domicile de la rue Tepano Jaussen, des écoutes publiques au moyen d’une radio à lampes de marque Philco. Ses auditeurs sont assis en début de soirée sur la chaussée.

    A Moorea, Jeanne Lasserre  pionnière du tourisme tahitien raconte que depuis l’annonce de la déclaration de guerre, une partie de la population de la vallée a pris l’habitude de venir tous les soirs vers dix-sept heures, s’asseoir sur leur véranda pour écouter les nouvelles diffusées en tahitien à la radio. La langue tahitienne est prépondérante pour les populations locales, le français est peu maitrisé. Emile de Curton confère dans son livre Tahiti 40 que cette rupture linguistique maintient un certain déséquilibre social.

    C’est le bouche à oreille qui provoque l’effervescence des populations locales. Jean Tracqui: Je n’ai pas entendu l’appel du Général de Gaulle, mais la rumeur publique qu’un chef de guerre appelait à la poursuite de la lutte a été plus porteuse que l’appel  lui-même à Tahiti.

    Les Tahitiens étant friands de deus ex machina de cet ordre,  une certaine ébullition agite rapidement Papeete et les îles.

    Le commerçant Robert Hervé : En ville, il y avait des rassemblements, des conversations. L’appel avait suscité l’enthousiasme  (…) L’entrée des Allemands dans Paris : quelle consternation. Nous écoutions la radio en permanence. C’était l’écrasement de la France. Ma volonté de partir déjà très forte depuis 1939 a été décuplée. J’ai entendu l’appel du 18 juin : c’est ça que j’attendais.

    Des rassemblements s’organisent, des déclarations solennelles sont faites : les popaa ont perdu la guerre. Nous ne sommes pas battus, nous maoris, proclament les chefferies locales.

    A Papenoo, Teriieroo a Teriierooiterai  clame : Aujourd’hui, toute la terre tahitienne s’anime, les esprits de la vallée et les esprits de la mer sont à nos côtés pour la lutte et les dieux farouches qui hantent les sommets de l’Aorai et de l’Orohena sont descendus vers nous pour nous soutenir dans la grande bataille. Le vent qui se lève, c’est le grand vent de la guerre des maoris. Jusqu’à la victoire, il soufflera et chassera la brise parfumée de nos soirées heureuses. Jusqu’à la victoire, nous ne penserons plus qu’à la guerre. 

     


    Teriieroo a Teriierooiterai, Chef de Papenoo sera fait compagnon de la libération.  

     LIEN


    Fond Jean-Claude Teriieorooiterai

     

    Le mot d’ordre est désormais donné pour s’engager aux côtes de la France libre : Les purutia n’ont pas encore vaincu tous les territoires français si vastes que le soleil ne s’y couche jamais. Ils n’ont pas vaincu les maoris. Les ignorants et les lâches meurent et disparaissent de ce monde. Nous ne sommes pas des lâches, nous ne sommes pas des ignorants, nous ne sommes pas des captifs.

     Portrait : Teriieroo a Teriierooiterai

    Teriieroo est né le 31 octobre 1875 à Punaauia.

    Il suit une instruction primaire chez les Frères de Ploërmel à Papeete puis en 1892, il entre comme facteur à l’Office des Postes avant de devenir instituteur dans le district de Papenoo. En 1900, le gouverneur des Établissements français d’Océanie Edouard Petit le nomme chef du district de Papenoo.

    Teriieroo favorise le développement des productions agricoles de son district pour lui permettre en 1912 d’accéder à la Chambre d’Agriculture puis en 1937 à l’Assemblée des Délégations économiques et financières. Il est aussi conseiller privé suppléant.

    Teriieroo est l’un des artisans du ralliement des Établissements français d’Océanie à la France libre, habile orateur il saura fortement influer sur les populations locales pour rallier la France libre.

    Le 28 mai 1943, le général de Gaulle le fait Compagnon de la libération.

    Teriieroo a Teriierooiterai se retire de la vie publique en 1946.

    Teriieroo a Teriierooiterai décède le 20 août 1952 à Papenoo où il est inhumé.

     

    Jean-Christophe SHIGETOMI

     

     Fondation B.M.24 Obenheim      

    * 2020 - l'année commémorative de Charles de Gaulle - L’appel du 18 juin 1940 a-t-il été entendu à Tahiti ?

     

     

     


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