• Publié sur le site de la Fondation de la France Libre 

    Colloque international au Château de Vincennes (13-14 juin 2018) Service historique de la Défense/Sciences Po

    Le Service historique de la Défense et le Centre d’histoire de Sciences Po organisent, au Château de Vincennes, les mercredi et jeudi 13 et 14 juin 2018 un colloque international consacré aux Militaires en résistances en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale.
    Ce colloque a pour ambition d’interroger la spécificité des militaires engagés en résistances, en partant des tensions et des conflits de valeurs entre « résister », obéir aux ordres reçus et se conformer à un éthos valorisant le fait de ne pas se rendre. À première vue, le fait d’être militaire constitue donc un obstacle au passage à l’acte contre l’occupant et ses auxiliaires. Mais la formation militaire peut aussi devenir une ressource inestimable dans la lutte armée – clandestine ou non. Loin de se cantonner uniquement à la France, l’objectif de ce colloque est d’évaluer la singularité de cas nationaux, de repérer des circulations de théories et de pratiques combattantes à l’échelle européenne, et d’établir de possibles comparaisons.
    Ce sujet s’inscrit ainsi au croisement de deux historiographies actuellement en plein renouvellement, celle du fait militaire d’une part, et celle des résistances pendant la Seconde Guerre mondiale d’autre part, qu’il a pour ambition d’enrichir.
    Ce colloque propose, tout d’abord, de contribuer à l’histoire des résistances en Europe, qui désormais n’est pas exclusivement cantonnée à l’étude des résistances intérieures, mais élargit l’analyse aux résistances extérieures dans leurs diversités, ainsi qu’aux liens entretenus entre ces différentes formes de résistances. Au-delà des mythes résistantialistes sur lesquels se sont fondées bien des mémoires nationales après la guerre, les historiennes et les historiens explorent désormais les zones grises entre la collaboration et la résistance, zones dans lesquelles viennent se situer de nombreux parcours individuels et collectifs, au vrai rarement linéaires, qu’il s’agisse de militaires ou non. Les interrogations portent aussi sur les liens étroits entre « Résistance-organisation », constituée de groupes structurés et organisés, et « Résistance-mouvement », phénomène social beaucoup plus vaste, de même que sur l’articulation entre résistance civile et résistance armée. Elles questionnent également les rapports entre résistances nationales et guerre mondiale.
    Le renouvellement de l’histoire du fait guerrier, dont se sont emparé les historiennes et les historiens de la Grande Guerre et plus tardivement celles et ceux de la Seconde Guerre mondiale, a placé la focale sur les combats eux-mêmes et sur l’expérience combattante bien davantage que sur l’analyse des opérations militaires stricto sensu. Des réflexions sont ainsi conduites sur les formes de la guerre contemporaine, en interrogeant notamment la nature des combats menés « au ras du sol », à leurs formes, aux armes utilisées et à leurs effets physiques comme psychologiques sur les combattants, aux identités militaires complexes et à leurs évolutions. D’autres travaux portent sur les sorties de guerre et les processus de démobilisation des soldats comme des sociétés impliquées pleinement dans les conflits contemporains.
    Les organisateurs du colloque attachent une attention toute particulière à la question des sources, pour déterminer s’il y a une spécificité militaire dans leur production, leur conservation et leur valorisation.


    Les projets soumis s’inscriront prioritairement, mais sans exclusive, dans les axes ci-dessous :

    1) Mondes militaires et passages à l’acte résistant 
    L’enjeu est de contribuer à l’écriture d’une histoire sociale et politique fine des engagements militaires dans les résistances. Dans quelle mesure la culture militaire « traditionnelle » empêche-t-elle, ou au contraire facilite-t-elle le passage à l’acte ? Certes, l’injonction à l’obéissance peut constituer un frein à la décision de résister. Mais elle peut aussi dans certains cas produire l’effet inverse. Surtout, l’existence de réseaux professionnels qui créent des liens de solidarité, les valeurs portées par les institutions militaires comme le patriotisme, la fidélité, l’honneur ou encore l’esprit de corps peuvent constituer autant de facteurs susceptibles de faciliter l’entrée en résistances. Autrement dit, il s’agira d’évaluer la part de la variable militaire dans le passage à l’acte par rapport à d’autres déterminants (sociologiques, géographiques, familiaux, politiques, nationaux etc.). Il s’agira également d’interroger le rôle des expériences militaires antérieures, de l’épreuve du feu – et de leur mémoire (Grande Guerre, guerre d’Espagne, guerres de colonisation, campagne de 1939- 1940, etc.) – dans les représentations, les cheminements et les parcours individuels comme collectifs. 
    L’objectif de ce colloque est également d’explorer la diversité des groupes et des individus qui forment les mondes militaires, diversité hiérarchique (des officiers généraux aux soldats du rang), diversité des armées (armée de terre, marine, armée de l’air et gendarmerie), diversité de statuts (citoyens, étrangers, colonisés), diversité des lieux (métropole ou espaces impériaux), enfin des modalités de recrutement (volontariat, conscription, enrôlement forcé, engagement dans l’active ou dans la réserve). Quels groupes s’engagent davantage, ou au contraire moins, pourquoi, et dans quelles formes de résistances ? Quels rôles jouent – ou non – les hiérarchies et les statuts ante-résistance une fois l’engagement accompli ? 
    Il s’agira enfin de réinterroger la chronologie et la géographie de l’entrée en résistance. À quels moments privilégiés, et dans quels contextes ont lieu les éventuels basculements ? Les passages à l’acte se produisent-ils dans le prolongement direct d’une campagne perdue, et parce que les chaînes hiérarchiques traditionnelles sont rompues par le déroulement des opérations ? Ont-ils lieu du fait de l’évolution des représentations que les militaires se font du déroulement du conflit mondial et de ses répercussions à l’échelle nationale ? Quelle est l’influence des systèmes socio-politiques et des régimes d’occupations sur les entrées des militaires européens en résistances ?

    2) À la guerre régulière, à la guerre irrégulière ? Pratiques militaires dans les résistances 
    Ce colloque propose par ailleurs de réfléchir à l’expérience de guerre – combattante ou non – des militaires dans les résistances, en insistant sur la diversité des champs de bataille – en Europe et dans les empires. 
    Certains militaires rejoignent, souvent au sein de coalitions alliées, des armées régulières qui combattent en Afrique, en Asie et en Europe, sur mer et dans les airs comme sur terre. Comment les contacts et liens avec des institutions militaires étrangères s’opèrent-ils, et avec quels éventuels transferts de compétences ? Il s’agira aussi de questionner au plus près les expériences – individuelles comme collectives – de cet exil combattant. Comment les Alliés – britanniques, américains, soviétiques – envisagent-ils l’utilisation de ces militaires issus de résistances extérieures nationales ? Réciproquement, comment ces derniers appréhendent-ils une telle guerre de coalition ? 
    D’autres militaires organisent ou rejoignent des maquis dans les territoires occupés. Comment ces professionnels s’adaptent-ils aux formes de la guerre irrégulière, aux côtés de femmes et d’hommes qui n’ont pas leur formation ? Peut-on observer des phénomènes d’acculturation réciproque ? En d’autres termes, comment des civils, dont certains se voient volontiers comme des citoyens en armes, deviennent-ils, dans les maquis ou ailleurs, des quasi-militaires ? À cet égard, la Seconde Guerre mondiale constitue un moment de réajustement des relations de genre, et une étape dans le processus de militarisation des femmes, dont la spécificité, les réalisations et les limites doivent être questionnées. 
    Enfin, certains s’engagent dans des organisations de résistance non strictement militaire. Comment s’adaptent-ils ? Quelles ressources déploient-ils et quelles relations entretiennent-ils avec les civils ? On sera également attentif à la possible circulation de ces militaires d’un terrain d’action à un autre, et aux pratiques d’adaptation qu’ils mettent alors en oeuvre. Les modalités de la fusion ou de l’union – réussie ou non – des forces régulières et irrégulières seront également interrogées.

    3) Sorties de guerre, parcours militaires et transformation des armées nationales 
    L’expérience collective et individuelle des militaires en résistances ne prend pas fin au terme officiel des hostilités. Si l’objectif des résistants était, avant tout, la libération du territoire national, beaucoup aspiraient, à la faveur de la fin de la guerre, à une rénovation profonde des structures socio-politiques des sociétés auxquelles ils appartenaient. Peut-on observer de tels projets – et avec quelles réalisations – chez les militaires en résistances ? Constate-t-on une transformation de la culture militaire régulière par l’expérience de la guerre irrégulière, ou, au contraire, une forme de régularisation des pratiques maquisardes ? La compétence professionnelle régulière l’emporte-t-elle sur l’objectif de rénovation – voire de révolution – des institutions militaires ? 
    À l’échelle individuelle, on s’interrogera aussi sur les parcours de démobilisation – ou non – de ces militaires en résistances. En particulier, l’expérience de la résistance joue-t-elle un rôle dans les choix individuels et collectifs opérés par les militaires pendant les guerres de décolonisation ? Comment par la suite ces hommes et femmes, ayant choisi ou étant contraints de rester ou de quitter l’institution mettent-ils en récit tout à la fois leur action résistante et l’obéissance militaire ? Quelle fut la part – et l’éventuelle spécificité – des militaires ayant appartenu aux résistances dans la construction des mémoires nationales et européennes ? Quelles relations les associations de militaires résistants ont-elles tissées avec les autres organisations de même nature ?

    Modalités pratiques :
    Les langues de travail du colloque seront le français et l’anglais, pour une communication de 20 minutes.

    Les contributions (500 mots) ainsi qu’une courte biographie académique sont à envoyer en français ou en anglais, avant le 15 mars 2018 à l’adresse suivante : shd-vincennes.communication.fct@intradef.gouv.fr
    Les auteurs des contributions retenues par le conseil scientifique seront avertis avant le 1er avril 2018.
    Les organisateurs du colloque prennent en charge :
    – Les frais de transport, d’hébergement et de restauration pour les intervenants et intervenantes ne résidant pas en région parisienne.
    – Les repas du midi des 13 et 14 juin.

    Direction scientifique :
    – Jean Bourcart (SHD)
    – Robert Gildea (Oxford)
    – Claire Miot (SHD)
    – Guillaume Piketty (Sciences Po)
    – Thomas Vaisset (SHD)

    Coordination scientifique : Morgane Barey (SHD)


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  • * Obenheim s'est souvenu du sacrifice du B.M.24


    Aujourd'hui, jeudi 11 janvier 2018, Obenheim a rendu hommage au B.M.24 
    qui s'est sacrifié pour sa libération et l'ultime défense de Strasbourg, en janvier 1945.

    * Obenheim s'est souvenu

     

    La cérémonie a été marquée par la présence de Mr Grimm, Mme Yvonne Saulnier, Mme Solange Grandfond, Mr Schenk, maire et president, Mr Gerard Grandfond.

     

    * Obenheim s'est souvenu du sacrifice du B.M.24

    La stèle du B.M.24 


    Historique du B.M.24

    En 1939, le 12e Régiment de Tirailleurs Sénégalais forme un bataillon qui doit renforcer le dispositif de défense de la Côte Française des Somalis. En janvier 1943, le Bataillon de Tirailleurs Sénégalais n°4 de la Côte Française des Somalis devient le B.T.S. 4 des Forces Françaises Libres. Le 15 février 1943, le B.T.S.4 F.F.L. arrive au camp de Tahaq et devient le B.M. 24. Éloignés de leur pays Mossi depuis quatre ans, les Tirailleurs Sénégalais cédaient la place au groupe nomade du Tchad.


                            JANVIER 1945 LA DÉFENSE DE STRASBOURG

    Le 31 décembre 1944, le maréchal allemand von Rundstedt déclenche l’opération Nordwind en attaquant par les Ardennes. Cette opération a pour but de mobiliser les troupes alliées du Nord – Est de la France. La 2e Division Blindée est rappelée de toute urgence en Lorraine, elle est relevée par la 1ère D.F.L. qui installe sa ligne de défense derrière l’Ill. Obenheim, à 25 km au Sud de Strasbourg est son réduit principal. Boofzheim, Rhinau et Friesenheim sont ses avant - postes. Le 7 janvier 1945, Obenheim est tenu par le B.M.24. et quelques autres unités de la 1ère D.F.L.. On a remplacé les chars par des hommes.

     

    BATAILLE POUR OBENHEIM
    LE SACRIFICE DU BATAILLON DE MARCHE N° 24 


    Les défenseurs d’Obenheim venaient de loin, d’Afrique du Nord, de Djibouti, du Caire… Et ils ont déjà combattu à Hyères, Toulon puis dans les Vosges, avant d’arriver à Obenheim. Au soir du 10 janvier, la ligne de l’Ill était renforcée et la ville de Strasbourg sauvée. Tout cela, grâce au sacrifice du BM24 à Obenheim.

                                                                                  Pierre Messmer

     

    (Crédit Photos : Emile Pefferkorn)

     

    Fondation B.M.24 Obenheim   

    * Obenheim s'est souvenu du sacrifice du B. M. 24

     


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  • Chers Amis

    Merci à M. Durand, à Pascal Vanotti et à Jupiter d’avoir pris le temps de répondre à notre enquête.

    Il n’est pas trop tard pour nous adresser librement vos réflexions en commentaires, car notre lectorat (qui confirme encore sa progression depuis Noël !) attise notre désir de mieux vous connaître.

    L’évolution du Blog

    Le Blog a été créé en 2014 pour faire connaître les combats de la 1ère DFL pour la Libération de la France, qui, comme le remarquait P. Vanotti, demeuraient encore largement méconnus. C’est  donc avec une grande satisfaction qu’aujourd’hui nous voyons nos articles ou archives photographiques repris par d’autres acteurs  individuels ou associatifs de la mémoire.

    Grâce à l’impulsion de notre regrettée Brigitte Pefferkorn, le blog a progressivement élargi ses sujets à « la France Libre » de manière générale. C’est l’occasion de mieux comprendre le contexte dans lequel s'est inscrit l'action de la 1ère DFL, de tisser un réseau entre acteurs de la mémoire et, pour vous lecteurs, de découvrir les nombreuses initiatives qui fleurissent sur la Toile.

    La mémoire de la 1ère DFL demeure cependant bien au cœur de notre blog. 

    Voici quelques perspectives à ce sujet, dont certaines en réponse à vos commentaires :

    Continuer de transmettre

    Révéler la 1ère DFL à travers l'évocation de ses Anciens (connus ou anonymes) et les hommages qui leur sont rendus, reste notre principale mission.

    De nombreux descendants nous y ont déjà aidé et des contacts sont en cours qui verront de nouveaux "Trésors d'Archives" publiés courant 2018.

    Mais à l’heure où les derniers témoins disparaissent, et où,  par ignorance,  certaines archives dormantes  des successions finissent hélas dans des "déchetteries", la transmission doit être encouragée et amplifiée.

    L’un de vos Ainés a-t-il servi la DFL ? Si vous êtes dans l’ignorance, si vous avez un doute, consultez l’Annuaire des Anciens de la DFL. Faites- nous part de vos découvertes… Et surtout, conservez, transmettez- nous les documents, photographies, éléments de connaissance en votre possession. Nous prévoyons prochainement  une accroche permanente sur le Blog et le lancement d' une campagne d’information en ce sens à travers les réseaux sociaux.

    L’Annuaire des Anciens

    La dernière mise à jour diffusée date de septembre 2016. Cependant, un gros travail d’actualisation  est en cours, notamment sur les Fusiliers Marins du 1er RFM et la correction de liens rompus. Notre ami Pascal Vanotti a repris la maintenance, l'évolution et le toilettage de cet outil, dont la mise à jour  sera prochainement publiée.

    Mieux comprendre

    Délivrer un schéma pour mieux comprendre le parcours historique de la DFL et s’y retrouver dans les appellations successives dont elle a fait l’objet depuis 1940 jusqu’à la Victoire… : un  organigramme spécifique sera prochainement publié.

    Mieux relier les sujets

    Corréler les articles de commémorations aux articles-mémoire des combats est une demande réitérée dans vos commentaires. Nous y étions déjà attentifs, mais nous chercherons à le systématiser.  

    Vos recherches à la LOUPE

    Les articles font l’objet d’une indexation par mots clés. Aussi, si vous souhaitez effectuer une recherche dans tout le blog ou retrouver un article en particulier, utilisez LA LOUPE (menu de droite) et entrez un nom (lieu, personne,...).

    Les résultats s’affichent alors dans une nouvelle page.

     

    En vous remerciant pour vos observations et contributions présentes et futures,

     

    L’Equipe du Blog Chemins de la DFL

    Fondation BM 24-Obenheim


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    * Notre fidèle amie Servanda Martin Picuira nous a quittés

    Servanda Martin Picuira est décédée le 5 Janvier, et la cérémonie de ses funérailles aura lieu le Jeudi 11 Janvier 2018  à 11 h en l'Eglise Sainte-Marguerite au Vésinet (78).

    Celle que ses amis appelaient affectueusement Tita était l'épouse de Wladislas Picuira (Résistant, Ancien du BM XI, Chevalier  de la Légion d'Honneur).

    D'origine espagnole, Servanda était  attachée à ses racines familiales et à sa langue natale. Sa famille avait dû se réfugier en France aux heures sombres de la Guerre civile... Mais, c'est au creux de ces heures sombres que surgit la lumière : ensemble, Tita et Wladislas vont partager 72 ans d'union et d'amour. 

    J'ai eu la chance de faire la connaissance de Tita en 2011 lors d'une grande rencontre de l'Amicale des Anciens de la DFL. J'ai découvert son attachement à l'histoire et aux Anciens de la 1ère DFL, en miroir de celui de son époux, qui fut Président de l'Amicale du BM XI.

    Servanda Picuira a toujours répondu présente lorsqu'il s'agissait de transmettre l'histoire  du parcours de Wladislas, et la mémoire de son Bataillon. Tous deux ont notamment participé au projet de mémoire à l'origine de ce Blog. 

    Servanda  a connu et partagé la joie de son époux en Avril 2017, lorsque Wladislas Picuira a été distingué de la Légion d'Honneur.  

    * Notre amie Servanda Martin Picuira vient de nous quitter

    Nous rendons hommage à une grande Dame et  à une amie discrète, bienveillante et fidèle qui restera dans nos coeurs.

    A son époux Wladislas, à son fils Alain, et à ses petits-enfants, la Fondation BM 24 ainsi que ses amis adressent toutes leurs pensées de soutien et leur affection en cette pénible épreuve.

    F.R.

    * Notre fidèle amie Servanda Martin Picuira nous a quittés

    "Nulle autre, amour, ne dormira avec mes rêves.
    Tu iras, nous irons, sur l’eau du temps, ensemble.
    Et dans l’ombre avec moi nulle autre voyageuse
    que toi, lune et soleil, toujours mon immortelle."

    Pablo Neruda 

    *******************************************************************

    Wladislas et Servanda Picuira lors de la cérémonie de remise de la Légion d'Honneur en Avril 2017  LIEN


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  • Le Point Pop Cinéma

    Mais pourquoi le cinéma français boude-t-il le général de Gaulle ? 

    PAR PHILIPPE GUEDJ Publié le 04/01/2018 | Le Point.fr

     

    * "Mais pourquoi le cinéma français boude-t-il le général de Gaulle ? un article de Philippe Guedj, Le Point.fr

     

    De gauche à droite, le général Henri Giraud, le président américain Franklin Delano Roosevelt, le général Charles de Gaulle et le Premier ministre britannique Winston Churchill lors de la conférence de Casablanca, en janvier 1943. © AFP

    Alors que les productions anglo-saxonnes sur Churchill pullulent, comme en témoigne Les Heures sombres, le grand Charles reste quasi absent de nos écrans.

    Les chiffres font mal : depuis 1935, une soixantaine d'acteurs ont incarné le plus célèbre homme d'État britannique contemporain, au cinéma ou à la télévision. Rien qu'entre 2016 et 2017, trois fictions auront fait de sir Winston le héros de leur récit – le téléfilm britannique Churchill's Secret(avec Michael « Dumbledore » Gambon dans le rôle-titre), ainsi que les films Churchill (Brian Cox) et Les Heures sombres(Gary Oldman). Sans parler de ses multiples apparitions en tant que personnage secondaire de premier plan, comme dans la série vedette de Netflix, The Crown. En face, le bilan de notre Charles de Gaulle national parait bien maigre : quatre téléfilms (Moi, général de Gaulle en 1990 sur TF1, Le Grand Charles en 2006 sur France 2, Adieu de Gaulle, adieu en 2009 sur Canal+, L'Appel du 18 juin en 2010 sur France 2) et... aucun film. Au cinéma, c'est tout juste si on l'aperçoit, le temps d'apparitions quasi spectrales, dans Mission spéciale (1946), La Carapate(1978), Paris brûle-t-il (1966), Martin Soldat (1966) ou encore L'Armée des ombres(1969).

    Pourquoi une telle pudeur des producteurs et créateurs tricolores sur la plus grande figure historique française du XXe siècle alors que, de l'autre côté de la Manche, Churchill crève régulièrement l'écran depuis si longtemps ? « Les raisons sont tout d'abord cinématographiques : la difficulté de trouver un acteur suffisamment crédible pour l'incarner. Mais aussi politiques : le poids du Parti communiste, opposé au Général, au sein du cinéma français de l'époque. Voire philosophiques : dans l'immédiat après-guerre, la vision de la Résistance privilégie le groupe contre l'individu. Cela change un peu quand de Gaulle revient au pouvoir en 1958. Mais de nombreux réalisateurs restent réticents », expliquait l'historienne Sylvie Lindeperg, interviewée en 2009 par Télérama. Et l'universitaire de rappeler cette célèbre phrase de René Clément, réalisateur de Paris brûle-t-il, qui déclarait « pouvoir représenter le diable mais pas le Bon Dieu » (dans son film, Hitler est incarné par l'acteur Billy Frick, tandis que de Gaulle n'est présent que via des images d'archives).

    De Gaulle semblait programmé pour sauver la France. Cette figure de saint est moins inspirante pour le cinéma.

    Producteur du téléfilm en deux parties Le Grand Charles (où Bernard Farcy interprète le Général), Jean-Pierre Guérin confirme ce tabou autour du premier président de la Ve république. « Lorsque j'étais journaliste à l'ORTF, à la fin des années 60, on se demandait souvent quel acteur pourrait incarner de Gaulle au cinéma, tout en se disant que c'était impensable. C'était une figure trop sacrée. Mais j'ai toujours été fasciné par son histoire et j'ai dû me battre pour imposer l'idée d'un téléfilm sur lui. J'ai mis quatre ans à monter Le Grand Charles et ai essuyé beaucoup de refus, au prétexte que représenter de Gaulle dans une fiction, ça ne se fait pas. J'ai dû ensuite batailler pour imposer Bernard Farcy dans le rôle, après le refus de Jean Reno. Sans le soutien actif du directeur général de France 2 à l'époque, on n'y serait pas arrivé. »

    « Ça ne se fait pas… » De Gaulle, divinité dont l'incarnation serait frappée d'interdits religieux ? Réalisateur de L'Odyssée (biopic sur Cousteau sorti en décembre 2016), Jérôme Salle estime en tout cas que cette perception d'un de Gaulle au-dessus des hommes constitue un frein pour les créateurs : « Il y a chez Churchill, qui était un has-been de la politique et un alcoolique avant de redevenir un héros de guerre, un côté challenger qu'on perçoit moins chez de Gaulle. On a l'impression que de Gaulle semblait programmé pour sauver la France depuis son enfance alors que l'on sent davantage les tares et faiblesses de sir Winston. Cette figure de saint est peut-être moins inspirante pour le cinéma, d'autant que de Gaulle est présent dans nos vies depuis toujours, entre les cours d'histoire et les documentaires. Le public a l'impression de le connaître par cœur et a moins d'appétit – c'est ce qui a desservi, je pense, le récent biopic sur Mandela. Mais les générations suivantes seront peut-être plus curieuses. » De son point de vue de cinéaste, Salle ajoute malicieusement que « filmer en cinémascope un acteur de 2 mètres, c'est un vrai casse-tête ».

    Entre légende et tabou

    Le journaliste et historien politique Eric Roussel, auteur d'une biographie de référence sur le géant de Colombey, justifie lui aussi la victoire par K.-O. de Churchill à l'écran. « Quand il est nommé Premier ministre en 1940, l'Angleterre est toujours debout, tout ne s'est pas effondré. De Gaulle, lui, a dû relever une France totalement anéantie par le désastre de juin 1940, il est parti de rien. Il a une dimension légendaire, sacrée, une singularité qui le rend plus difficile à représenter en fiction », assure-t-il, contredisant le réalisateur des Heures sombres Joe Wright. Ce dernier nous confiait qu'à son avis les Français rechignent à traiter le sujet parce que « de Gaulle a davantage divisé l'opinion que Churchill ». Il est vrai que le chef d'État britannique quitta le pouvoir plus tôt que le Général, alors qu'il était encore très populaire. De Gaulle, lui, dut affronter les dossiers houleux des années 60.

    « Sa baisse de popularité après Mai 68 ne me semble pas peser très lourd face à son aura globale », rétorque Éric Roussel, qui reconnaît tout de même que « le gros point noir de son histoire reste sa gestion de la guerre d'Algérie et son coût humain ». « Mais, du coup, on est à nouveau dans un tabou. » Dernier obstacle, enfin, selon lui : « De Gaulle se prête plus facilement à la caricature que Churchill, c'est plus risqué. »

    Quand Hollywood préférait Staline à de Gaulle

    Des tentatives ont pourtant bien eu lieu. À l'occasion des 120 ans du cinéma, en 2015, la bibliothèque de Radio France avait ainsi exhumé le scénario d'un film jamais tourné : De Gaulle par… l'écrivain William Faulkner, familier de Hollywood dès les années 30. L'incroyable histoire du projet nous apprend que l'auteur de Sanctuaire et Le Bruit et la Fureur avait été missionné en 1942 par les studios Warner pour honorer une commande du président Roosevelt en personne, l'écriture d'un long-métrage de propagande destiné à promouvoir l'image de De Gaulle aux États-Unis. Le récit s'attardait sur la figure (déjà) christique du leader de la France libre, au moment de l'appel du 18 juin 1940. Mais la difficulté de trouver un acteur au physique adéquat et, surtout, les tensions grandissantes entre de Gaulle et Churchill finiront par torpiller l'initiative. Pour ne pas se fâcher avec son allié britannique, la Maison-Blanche lâchera le De Gaulle de Faulkner pour encourager à la place la production de Mission à Moscoude Michael Curtiz (1943), film de propagande pro-soviétique, Staline étant devenu entre-temps le bon élève de la coalition alliée contre Hitler.

    Moi, général De Gaulle, l'un des rares téléfilms consacré au géant de Colombey-Les-Deux-Églises, diffusé sur TF1 en 1990

    Quarante ans plus tard, le script avorté du romancier sera publié aux États-Unis, puis traduit en France chez Gallimard en 1989, avant d'être réinterprété l'année suivante chez le même éditeur par Bertrand Poirot-Delpech dans un ouvrage intitulé Moi, général de Gaulle qui servira de modèle au téléfilm diffusé sur TF1 en 1990. Ce n'est pas tout : Pierre Schoendoerffer, le réalisateur du Crabe-tambour (1977) et de Diên Biên Phu(1993), a lui aussi nourri l'idée d'un film sur de Gaulle. « On tournait Diên Biên Phu à Hanoi et un soir, après quatre ou cinq verres, on discute de ce que pourrait être notre projet suivant. On en est venus naturellement à de Gaulle, se souvient le producteur Jacques Kirsner. Pierre envisageait d'aborder la guerre d'Algérie et je lui ai dit qu'un film sur de Gaulle contre l'OAS (Organisation armée secrète, l'organisation clandestine d'extrême droite militant pour l'Algérie française, NDLR), ça serait formidable. Mais il est parti sur d'autres projets qu'il n'a pas pu monter et ensuite le temps avait trop passé. » À noter qu'en 1973 le génial thriller américain Chacal de Fred Zinnemann (tiré d'un roman de Frederick Forsyth) relatait déjà un complot d'assassinat contre de Gaulle par trois dirigeants de l'OAS, dans la foulée de l'attentat raté du Petit-Clamart. Le président français, là encore une silhouette fugace et muette, était incarné par l'acteur français Adrien Cayla-Legrand, véritable « spécialiste » du rôle puisqu'il « l'interpréta » à six reprises.

    Monter un film sur de Gaulle serait d'une extrême difficulté, ce qui en dit long sur l'inculture et la bêtise de nos décideurs audiovisuels

    À la tête de JEM Productions, Jacques Kirsner a produit à la fois pour le cinéma et la télévision des œuvres centrées sur de grandes figures historiques françaises, du héros Clemenceau aux sulfureux Céline et Drumont, en passant par l'homme d'affaires Marcel Dassault. Féru d'histoire et se décrivant lui-même de culture marxiste, il se dit scandalisé que l'audiovisuel français (et le service public en particulier) n'ait pas davantage embrassé le mythe Charles de Gaulle : « Si un grand cinéaste, avec un vrai souffle et un vrai regard sur le personnage, m'appelle en me disant qu'il veut faire un film sur de Gaulle, je lui dis oui tout de suite. Ou un film sur l'antagonisme de Gaulle-Churchill ! Mais le monter serait d'une extrême difficulté, ce qui en dit long sur l'inculture et la bêtise de nos décideurs. Je n'arrive déjà pas à monter un film sur Pierre Laval, que France Télévisions me refuse au prétexte que le public n'aime pas les films français historiques. Hormis les comédies, il n'y a plus que les films ou séries policières qui les intéressent. Le service public est devenu le plus grand commissariat de France, Macron a eu mille fois raison de parler de honte de la nation. »

    Jean-Pierre Guérin fantasme lui aussi sur un de Gaulle sur grand écran, dans un récit qui relaterait son combat pour « relever la France » dans l'immédiat après-guerre, après les discours de Bayeux en 1944 et 1946. Mais il affirme à son tour : « Les films historiques français ne marchent pas en salle, le public préfère les productions anglo-saxonnes dans le genre. Du coup, les diffuseurs et autres organismes de financement type Sofica ont peur. Un film sur la vie entière du général de Gaulle, c'est impossible, trop cher. Il faudrait se concentrer sur un angle précis, mais, même là, ce serait une fresque à plus de 10 millions d'euros. »

    Mais il y a peut-être un espoir, car l'air du temps pourrait, croit-il, désinhiber les financiers : « De Gaulle est un grand personnage de notre histoire et, dans certains de ses discours, Emmanuel Macron incarne cette volonté de redonner confiance à la France. Le souffle formidable de ce que de Gaulle a fait pour notre République mériterait d'être raconté par des créateurs français. »

    Et Jacques Kirsner d'ajouter : « Plus ça va, plus je pense que Charles de Gaulle sera de nouveau d'actualité. L'époque redevient difficile et il était par définition l'homme des difficultés. »

    Ce sera peut-être pour 2020, année du 50e anniversaire de la mort du Général (et des 130 ans de sa naissance) : France 2 diffusera alors un nouveau documentaire inédit de deux heures sur de Gaulle, préparé par Éric Roussel et Patrice Duhamel. L'occasion pour le cinéma français de s'y mettre enfin ?

     

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    Notre commentaire

    2020...?  un nouveau documentaire sur le Général ? C'est bien mais cela n'a toujours rien à voir avec le cinéma... donc la question reste entière et pour notre part, nous ajouterions aussi celle de la France Libre....

    Pouvez vous citer un seul FILM français qui retrace l'épopée de la France Libre autrement que de manière anecdotique ? 

    Et pourtant, le(s) scenario(s) en ont été écrits depuis plus de 70 ans... car ses "acteurs" se comptent par centaines de témoins... qu'ils soient illustres ou inconnus. Et pourtant leur confiance,  leur engagement et leurs victoires, résonneraient comme un formidable hymne à l'espoir... 

    Messieurs les Français, encore un effort...


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