• Publié sur "Amicale-Pasteurs.com" et relayé sur le Groupe Forces Françaises Libres de Laurent Laloup

     

    Nous étions au Lesotho (Afrique Australe) où notre père Ernest Baccuet était pasteur missionnaire, avec notre mère, Marguerite née Atger, quand la guerre de 1940 éclata.

    A l’appel du général de Gaulle (18 juin 1940), il s’engagea immédiatement pour la France Libre, avec d’autres français vivant au Lesotho et en Afrique du Sud. Ayant 4 enfants il n’était pas mobilisable. Son ami, Henri Mabille, également pasteur missionnaire au Lesotho, père de quatre enfants aussi, s’engagea également. D’autres collègues missionnaires, durent regagner la France, laissant au Lesotho femmes et enfants, René Muller, Freddy Pithon et Georges Mabille.

    Nous, les Baccuet, étions quatre enfants âgés de 7 ans à quelques mois. On appelait les épouses restant au Lesotho : « les veuves joyeuses ». Elles s’entre-aidaient beaucoup. Les enfants, inconscients de ce qui se passait, se retrouvaient souvent ensemble pour jouer. Il était très difficile d’avoir des nouvelles de la France. Le courrier marchait mal, et les lettres mettaient longtemps à venir. Nos parents s’étaient mis d’accord pour un système de code – dans leurs lettres, par lequel maman savait toujours où était papa. Et cela pendant ses 5 ans et quelques d’absence. Elle avait une grande carte où elle épinglait des petits drapeaux pour signaler l’endroit approximatif.

    Le pasteur Ernest Baccuet présidant un culte pour les soldats africains, dans le désert de Lybie

    Papa partit en décembre 1940 de Johannesburg. Avec d’autres ils devaient conduire des ambulances données par les amis sud-africains de la France Libre, et les amener jusqu’à Brazzaville, en Afrique Equatoriale. De là, ils furent envoyés par mer, au Moyen Orient. Pendant quelque temps à la censure militaire en Syrie (pour la France Libre), papa fut ensuite nommé aumônier des FFL (Forces Françaises Libre) et rattaché à une ambulance chirurgicale qui devait desservir les lieux de combat en Syrie, Egypte, Libye, et ailleurs – pendant deux ans.

    Avec ce service médical, il vécut de très près en 1942, les combats qui firent rage à El Alamein, Bir Hakeim et Tobrouk en Libye. Allemands et italiens commandés par Rommel, s’opposant aux britanniques et aux français de la France Libre. En janvier 1943 il est détaché dans « les troupes noires britanniques », comme aumônier protestant des Basotho, dont il parlait la langue. Le Lesotho était protectorat britannique à l’époque. Ayant reçu cette affectation avec joie, il se plaisait à dire qu’il était un français déguisé en officier britannique ! A ce titre il devait sillonner pendant trois ans (1943 à 1946) avec les troupes Basotho (qui n’étaient pas des combattants, mais servaient en logistique, transports, etc) : la Libye, la Tunisie, Malte même, l’Egypte, la Palestine, la Syrie et le Liban. C’est ainsi qu’il passa ces 5 années de guerre, jusqu’en 1946, au Moyen Orient, loin des siens.

    Démobilisé par les anglais à Durban (Afrique du Sud) en février 1946, avec de nombreux Basotho, il rentra enfin au Lesotho. Ce fut une immense joie de retrouver les siens, après tant d’années de séparation. Nous les enfants, nous étions très impressionnés par ce militaire en uniforme. Les militaires gardaient leurs uniformes jusqu’au retour à leurs foyers.

    Par la suite papa fut nommé président de la mission protestante au Lesotho (de la Société des Missions Evangéliques de Paris), et de l’Église. Mais il a fallu à nos parents, réfléchir pour savoir à quelle période retourner en France pour une année de repos et de conférences dans les paroisses. Pour ne pas perturber notre parcours scolaire en Afrique du Sud, nos parents décidaient d’attendre que Guy et Alain terminent la fin de leurs études secondaires, pour prendre un congé en France. Ce n’est donc qu’en 1952 que les parents, et nous les quatre enfants, prirent le bateau pour rejoindre la France. Le dernier séjour-congé en France avait été en 1938-39. Cela faisait treize années qu’ils n’étaient pas revenus en France où leurs familles les attendaient. C’est pendant cette période que la mère de papa mourait à Marseille.

    Nos parents retournèrent au Lesotho en 1953, entrecoupés de deux congés. Ils prirent leur retraite en 1970, s’installant définitivement en France, rejoignant les deux filles, Eliane et Arlette, entre temps rentrées aussi en France, après études en Afrique du Sud..

    Guy Baccuet
    juin 2021

    (Notre père a écrit ses mémoires de guerre en deux volumes (photocopiés). Déposés au Défap à Paris ; et les 2 volumes transmis aussi au professeur Muracciole à Montpellier pour des recherches historiques).

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    Ernest BACCUET sur le Livre ouvert des Français Libres

     


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  • Merci à Laurent Laloup, Groupe Facebook des Forces Françaises Libres 

    * Décès le 22 janvier 2023 de Jean Louis RENIER (Bataillon des Antilles de la DFL) 

    Crédit photo commune de Chevrières 

    Jean Louis Renier vient de nous quitter.... Etait-il à 106 ans le dernier des dissidents Antillais de la 1ère DFL ? Oise Hebdo revient sur son parcours et nous rappelons ensuite l'histoire de ce glorieux Bataillon.

    " Il était le doyen de Chevrières, où il avait reçu la médaille de la commune pour son parcours militaire. Jean-Louis Rénier est décédé à l’âge de 106 ans. Ses obsèques ont lieu mercredi 25 janvier à 14h30 en l’église de Chevrières.

    Né en Guadeloupe ( le 8 février 1917 à Trois-Rivières) , Jean-Louis Rénier a combattu en Alsace. Il a été fait prisonnier en juin 1940 en Argonne. Un an après jour pour jour, il s’évade miraculeusement de sa prison de Bar-le-Duc en 1941, en compagnie d’un autre prisonnier qui sera tué sur l’Origan.

    Il embarque à Marseille pour Casablanca, d’où il a rejoint la Guadeloupe, puis l’île de la Dominique, pour former des combattants pour les FFL (Forces françaises libres) auprès du chef de Bataillon Dreanno, le 8 juin 1942. On lui confie l’entraînement de 200 Antillais, au sein du Bataillon de Marche des Antilles, où il devient caporal-chef.

    Puis il quitte les Etats-Unis à bord du Johnson, pour rejoindre l’Afrique du Nord en octobre 1943, puis le Maroc et la Tunisie. Il participe à la bataille du Garigliano  en Italie.

    A l’issue de sa démobilisation à l’automne 1945, il reprend son métier de mécanicien à Paris. Il finira commercial dans le secteur de l’édition".

    Oise Hebdo

    * Décès le 22 janvier 2023 de Jean Louis RENIER (Bataillon des Antilles de la DFL)

     Historique du Bataillon des Antilles – 21e Groupe Antillais de D.C.A.

    En octobre 1942, devant l’afflux de jeunes gens évadés de la Martinique et de la Guadeloupe, pour s’enrôler dans les Forces Françaises Libres, fut créé le Bataillon des Antilles. Il comprenait à l’origine environ 500 volontaires, encadrés par quelques gradés français évadés des Antilles ou recrutés dans divers pays du continent américain.

    Après quelques mois d’instruction à la Nouvelle-Orléans, l’unité rejoignit le camp de Fort Dix, et le chef de Bataillon Dreanno, venu de Londres avec quelques officiers et sous-officiers, fut placé à sa tête.

     

    * Disparition le 22 janvier 2023 de Jean Louis RENIER (Bataillon des Antilles de la 1ere DFL)

    Le Bataillon à la Nouvelle-Orléans

    En août 1943, le Bataillon atteignait le chiffre d’environ 1700 hommes, la plupart sans aucune instruction militaire. Les Américains acceptèrent de lui fournir un armement moderne et mirent à sa disposition des stocks de munition d’instruction et les différents champs de tir. Le 13 septembre 1943, l’unité, rebaptisée du titre de Bataillon de marche des Antilles n°1 et constituée sur le type américain, avec une compagnie supplémentaire pour lui servir de dépôt et de réservoir d’hommes, quittait le camp Fort Dix pour rejoindre l’Afrique du Nord, où elle devait recevoir des armes et des cadres.

    Débarqué à Casablanca le 12 octobre 1943, le Bataillon acheva son instruction au camp d’El-Hajeb, avec un armement français individuel et quelques armes automatiques. 

    Envoyé en décembre 1943 à Sousse et Kairouan, en Tunisie, le BMA n°1 reçut de l’armement collectif anglais, quelques véhicules et quelques radios.

    Le 18 janvier 1944, il fut intégré à la 1re DFL et prit le nom de 21e Groupe Antillais de DCA.

    Après plusieurs mois d’instruction et le remplacement du chef de Bataillon Dreanno par le chef de Bataillon Lanlo, l’unité, équipée de matériel américain, débarqua en Italie en mai 1944.

    Le 31 mai, le Groupe reçut l’ordre de rejoindre la Division à Ponte-Corvo. Il assura la protection antiaérienne des itinéraires, des terrains de Piper-Cub et participa aux opérations de transport.

    Positionné autour de Montefiascone, à partir du 12 juin, il fut soumis à des tirs de mortiers, le soir même, puis à une attaque aérienne, la nuit suivante. Les pertes s’élevèrent au total à 5 morts et 10 blessés.

    Le 25 juin, le Groupe laissa Montefiascone pour Aversa, dans le sud de l’Italie. Les hommes quittaient la rade de Tarente à bord de paquebots le 12 août, deux jours après le matériel, embarqué à Brindisi.

    Dans la nuit du 16 au 17 août, le Groupe débarqua sur la plage de Cavalaire et se rassembla à la Croix Valmer. Devant la faiblesse du danger aérien, les véhicules de la 4e batterie aidèrent aux transports de la Division, tandis que les 2e et 3e batteries assuraient la protection aérienne.

    Le 20 août, une section, devenue infanterie, opéra dans la vallée de Valbonne. Les 22 et 23 août, les camions du Groupe menaient quelques 200 prisonniers vers l’arrière, à la caserne d’Hyères, tandis que la 3e batterie assurait la protection aérienne et que la 2e prenait position à La Valette.

    Dans les Vosges, le Groupe de DCA assura la protection antiaérienne dans la zone de déploiement de l’artillerie malgré le froid, l’humidité et la neige. Ses véhicules étaient prêtés pour acheminer rapidement l’infanterie vers la zone de combat ou de la zone de combat vers une zone de repos.

    * Disparition le 22 janvier 2023 de Jean Louis RENIER (Bataillon des Antilles de la 1ere DFL)

    Du 10 octobre au 30 novembre, une compagnie d’infanterie occupa dans les montagnes de Fresse trois points d’appui, à plus de 800 mètres d’altitude, en pleine forêt et dans la neige. Le 21 novembre 1944, enfin, les Antillais participèrent à l’attaque menée par le BM 4 et le 22e BMNA.

    Le 11 novembre 1944, le commandant Lanlo avait adressé le message suivant à ses hommes : « Vous avez l’honneur d’être les Français de couleur à quitter les derniers le front de combat de l’infanterie. Ceux d’entre vous qui, pour remonter en ligne, ont caché aux médecins leurs souffrances, m’ont donné la plus grande joie des chefs ; la vue d’hommes qui servent ennoblis par l’abnégation et le sacrifice. »

    Envoyé ensuite sur le front de l’Atlantique, comme l’ensemble de la 1re DFL, le Groupe assura la protection aérienne du terrain d’aviation de Cognac, entre le 16 et le 27 décembre 1944, sans subir aucune attaque aérienne.

    En Alsace, où la Division avait été rappelée d’urgence, les missions de DCA du Groupe se doublèrent de missions de défense contre les blindés.

    La 1re batterie était installée dans la région de Benfeld, la 2e batterie à Val de Ville et Thannenkirch ; une section se tenait aux avant-postes, à Herbsheim. Du 7 au 11 janvier 1945, à Herbsheim*, Sand et Benfeld, les batteries subirent des bombardements violents et des tirs de harcèlement.

    Le 7 janvier, une section composée d’éléments des 2e et 4e batteries recevait l’ordre de prendre position, le lendemain matin, dans Herbsheim.

    Soumis à de violents bombardements et à des tirs de harcèlement, le village restait encerclé pendant quatre jours. Le 11, en début de matinée, la section décrochait. Les jours suivants, à Benfeld, le Groupe repoussait toutes les attaques de l’ennemi, détruisant plusieurs chars. Le groupe comptait de nombreux tués, dont deux officiers, et les chefs des deux demi-sections de Herbsheim.

    Dans la nuit du 22 au 23 janvier 1945, la Division partait à l’attaque de la poche de Colmar. Malgré la neige, les obstacles posés par l’ennemi et l’opiniâtreté de la défense allemande, le Rhin était atteint dans les derniers jours du mois. Puis, du 19 février au 7 mars, le Groupe participait à la garde du Rhin avec une compagnie d’infanterie et une batterie en défense contre les blindés, dans la région de Diebolsheim. Le 9 mars, le Groupe faisait mouvement vers le front des Alpes.

    Arrivé vers le 15 mars 1945, il fut placé en défense côtière de Nice à Menton, avec une partie du 1er RFM. Il prêta au train ses GMC et ses chauffeurs.

    Le 7 septembre 1945, le 21e Groupe antillais de DCA fut cité à l’ordre de la Division par le général Garbay, commandant la 1ere DFL. 

     

    * Disparition le 22 janvier 2023 de Jean Louis RENIER (Bataillon des Antilles de la 1ere DFL)

     

    * Le colonel Florent raconte l'engagement du 21e GA DCA dans la défense d'Herbsheim  (Pages 14 et 15) - Parcours de la DFL n° 36

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    Consulter l'Album photos du 21e Groupe Antillais de  DCA sur ce site 

    Cérémonie à Paris en 2014

    * Disparition le 22 janvier 2023 de Jean Louis RENIER (Bataillon des Antilles de la 1ere DFL)

     

    * Disparition le 22 janvier 2023 de Jean Louis RENIER (Bataillon des Antilles de la 1ere DFL)

    Avec Madame Euzhan Palcy, fille de William Palcy

    * Décès le 22 janvier 2023 de Jean Louis RENIER (Bataillon des Antilles de la DFL)

     


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    Avec tous nos remerciements à Jacques CALERO pour ces nouvelles transmissions.....

     

    * Quelques portraits de Compagnons de la Libération dans les archives de l'Ecpad

    Constant COLMAY, 1er RFM

    * Quelques portraits de Compagnons de la Libération dans les archives de l'Ecpad

    Constant COLMAY, 1er RFM 

     

    * Quelques portraits de Compagnons de la Libération dans les archives de l'Ecpad

    René MILLET, 1er RFM

     

    * Quelques portraits de Compagnons de la Libération de la DFL dans les archives de l'Ecpad

    KOENIG et Hubert GERMAIN 13 DBLE

     

    * Quelques portraits de Compagnons de la Libération de la DFL dans les archives de l'Ecpad

    Hubert GERMAIN  et KOENIG 13 DBLE

     

    * Quelques portraits de Compagnons de la Libération de la DFL dans les archives de l'Ecpad

    Cérémonie au Mont Valérien

    Derrière le général de GAULLE,  le général DE LARMINAT

     

    * Quelques portraits de Compagnons de la Libération de la DFL dans les archives de l'Ecpad

    Jacques ROUMEGUERE, 1er R.A.

     


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  • Voici trois jou:rs, Roland DAHAN a partagé sur sa page Facebook les photographies et la carte d'Anniversaire préparée par son ami Maxime pour son le 109 e Anniversaire de Marcel BARBARY  LIEN

     

    Maxime Leblond-Bourgeois est auprès de son ami Marcel BARBARY pour son anniversaire 109 ans.

    Longue vie et bonheur à Marcel.

     

    " Très Joyeux anniversaire à notre ami Marcel Barbary 109 ans.
     
    C'est dans l'intimité familiale (enfants et petits enfants) de Marcel Barbary qu'ils fêtent leur héros centenaire. Seul est admis dans le groupe Maxime Leblond-Bourgeois, grand ami de Marcel qu'il aurait aimé avoir pour grand père.
    De nombreuses autorités civiles et militaires de la région Bordelaise apportent leurs témoignages d'affection et de reconnaissance à Marcel Barbary, héros de la 2ème guerre  mondiale en signant et apportant une appréciation sur la carte grand format dont Maxime Leblond est à l'origine.
     
    Un retour dans le passé ... Marcel Barbary est né le 22 janvier 1914 à Bordeaux. A la seconde guerre mondiale, il est mobilisé en 1939, il rejoint la ligne Maginot à Forbach. Il est fait prisonnier et envoyé en Allemagne d'où il va tenter de s'évader à deux reprises. En 1941 il parvient à s'en échapper rejoint Bordeaux puis l'Espagne, le Portugal avant de s'engager en 1943 dans la 1ère division Libre. Il a combattu en Tunisie puis en Italie avant de débarquer en août 1944 dans le sud de la France et de remonter vers l'Alsace.
    Toute sa vie il a participé aux cérémonies officielles et commémorations patriotiques de tous les conflits comme porte drapeau jusqu'à l'âge de 105 ans devenant ainsi le plus vieux porte-drapeau de France.
    Il est Officier de la Légion d'honneur, Croix de guerre avec palme 39-45 et bien d'autres décorations élogieuses .
    Longue vie à notre ami Marcel Barbary, nous croisons les doigts pour lui souhaiter son 110 ème anniversaire l'année prochaine".
     
    Roland Dahan


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  • A gauche, Joseph DIAZ (compagnon d'évasion de Ernest Bach), Rossi, Pothin, Heitzmann, Bartoli et Lalou... (photo postée  par Laurent Laloup sur le Livre ouvert)

     

    " Tout récemment je suis tombé sur un cahier écrit par mon père lorsqu’il était au LEVANT de 1939 à 1945, ce journal de marche rédigé par un simple soldat, un jeune homme de 22 ans, Spahi Marocain dormait dans un fond de tiroir depuis plus de 75 ans.

    Dans son journal il décrit sa fuite de PALMYRE en SYRIE le 15 juillet 1940 pour rejoindre avec 4 autres soldats et 3 autos-mitrailleuses les britanniques en PALESTINE après une course folle de 750 km la nuit dans le désert syrien.
    Il raconte avec moult détails son adhésion au BIM du Capitaine Raphaël FOLLIOT puis celle aux Spahis Marocains du Capitaine Paul JOURDIER, sa campagne en ERYTHREE contre les italiens puis sa campagne fratricide en SYRIE, il rejoint la COTE FRANCAISE DE SOMALIE plus précisément DJIBOUTI après que cette colonie se soit ralliée aux FFL, il décrit l’ambiance délétère entre français à DJIBOUTI sous un climat hostile puis son retour en FRANCE.


    C’est le récit de tous les jours, au jour le jour, d’un simple soldat, avec une vision et le ressenti d’un jeune homme de 22 ans. Il n’y a pas de plan de bataille ni de stratégie militaire, il raconte simplement ce qu’il fait et ce qu’il voit, il cite de nombreux camarades et son commentaire est daté".

    Patrick BACH, 21 janvier 2023



    JOURNAL DE MARCHE DU SOLDAT ERNEST MARCEL BACH.
    EVASION de PALMYRE en SYRIE pour la PALESTINE le 15 juillet 1940


    En écoutant les nouvelles des radios sur la capitulation de la FRANCE et après avoir entendu parler de l’appel de LONDRES du Général de GAULLE, mes camarades et moi décidons de nous rallier aux Forces Françaises Libres, de nous évader par nos propres moyens en PALESTINE et nous placer à la disposition des autorités britanniques.
    Nous fixons le jour du départ au 15 juillet 1940 à minuit.

    Dans la soirée du 15 juillet nous armons nos 3 autos-mitrailleuses respectivement la CHENARD N°1311 et les HOTCHKISS N°1349 et 1350, nous prenons également 2 fusils mitrailleurs et 6000 cartouches.
    Restaient dans le garage 3 autres autos-mitrailleuses identiques, pour les immobiliser nous démontons les réservoirs d’essence et les allumages delco, ce sabotage était nécessaire pour éviter tout risque de poursuite. Restait la voiture du capitaine, mais cette dernière se trouvait malheureusement en ville à son domicile, nous ne pouvions donc pas en disposer.
     

    23h30, Albert MATHIOUX, Aldo FORMENTO, Joseph DIAZ, Gaston GILLIS et moi même attendons dans le garage. Je consulte une dernière fois les cartes, jusqu’au Djebel Druze le parcours était de 180 km, ce point était situé au Sud-ouest de PALMYRE, l’IRAK se trouvant à l’Est et la TRANSJORDANIE au Sud, nous avons pris comme point de repère la station de pompage H4 située sur le pipeline anglais en TRANSJORDANIE à 60 km à vol d’oiseau du Djebel Druze.
    A minuit nous envoyons GILLIS avec pour consigne de se présenter comme « ronde officier » à la sentinelle de la porte arrière du quartier afin d’ouvrir cette dernière.
    Nous autres nous nous tenions au volant de nos autos-mitrailleuses prêts à démarrer au signal convenu. 10 minutes se sont écoulées lorsque nous entendons enfin le coup de sifflet de GILLIS, la voie est libre, nous actionnons nos démarreurs et les 3 autos-mitrailleuses sortent et roulent rapidement, FORMENTO prend au passage GILLIS, mais nous avions oublié une chose importante, c’est qu’après la porte du quartier il y avait un réseau de fils de fer barbelé, nous n’avons pas le temps de couper les fils de fer, nous devons manœuvrer pour rouler dessus car l’alerte vient d’être donnée.

    Nous fonçons à toute vitesse en traversant PALMYRE endormi mais hélas, 10 km après PALMYRE nous devons nous arrêter car il y avait des morceaux de fils de fer barbelé enroulés autour des câbles de frein ce qui a eu pour conséquence de rayer les tambours.
    Il nous a fallu un quart d’heure pour cisailler les fils de fer barbelé avec des pinces universelles. Le capitaine, immédiatement averti bénéficiant de cette perte de temps nous poursuivait à présent avec sa voiture, nous voyons pointer les phares au loin.
    Enfin nous repartons et roulons à une vitesse folle dans le désert en pleine nuit, les compteurs oscillaient entre 70 et 100 km/h, la voiture du capitaine avait du mal à réduire la distance avec nous, ils devaient être certainement 4 à l’intérieur, le capitaine, notre propre chef de peloton l’Adjudant-chef BOLLUCCI, son adjoint le Sergent-chef GAILLOUX et probablement le chauffeur Ahmed.


    Après plus de deux heures de poursuite nous arrivons enfin au Djebel Druze les phares de nos poursuivants toujours en vue. De cet endroit il nous restait 60 km à parcourir pour rejoindre le poste H4, mais en pleine nuit dans le désert sans point de repère nous avions beaucoup plus de difficultés pour poursuivre notre route. Nous décidons quand même de continuer pendant une dizaine de kilomètres virevoltant de gauche à droite avant de nous arrêter derrière une dune de sable lumières éteintes et moteurs arrêtés.


    Dès le lever du jour nous reprenons notre route vers H4 et, afin de repérer plus facilement la station de pompage, je fais placer les 3 autos-mitrailleuses en ligne de bataille avec une distance d’environ 500 mètres entre chaque véhicule.
    Au bout d’une demi-heure le véhicule qui se trouve sur ma gauche disparait d’un seul coup, intrigué, j’oblique sur ma gauche en faisant signe au véhicule se trouvant à ma droite de me suivre. Catastrophe, l’automitrailleuse n°1350 est tombée dans un ravin peu profond reposant sur ses 4 roues, les occupants MATHIOUX et DIAZ heureusement sains et saufs. En inspectant le véhicule nous constatons que la barre d’accouplement est tordue et l’essieu avant faussé. Nous sommes dans l’obligation d’abandonner l’automitrailleuse après avoir déchargé armes, munitions, essence, le peu d’effets personnels et après avoir retiré le delco.
    MATHIOUX et DIAZ montent dans mon véhicule et nous voilà repartis vers H4, il devait nous rester encore 20 km à parcourir avant de l’atteindre. Nous avons perdu beaucoup de temps avec l’accident pour récupérer le matériel et à présent avec l’arrivée du jour les importantes traces de nos véhicules laissées dans le sable devenaient clairement visibles.
    C’est GILLIS qui a donné l’alerte le premier en voyant apparaître au loin la voiture du capitaine encore à notre poursuite, nous nous méfions aussi des avions basés à PALMYRE, les POTEZ 63 et 25 qui auraient pu aussi être alertés mais nous étions fermement décidés à tout.


    Nous roulions à vive allure lorsque mon « eschouster » se met à flancher, j’engage mon deuxième réservoir sans résultat, ma vitesse chute de 50 km/h, je demande à la deuxième automitrailleuse de se tenir à 100 mètres à ma droite et de ne tirer que dans les pneus de nos poursuivants ne voulant pas d’effusion de sang, le capitaine a toujours été pour nous un vrai père. La voiture du capitaine était à peine à une centaine de mètres de nous lorsque DIAZ a ouvert le feu, un chargeur entier y est passé avant de voir la voiture faire un grand cercle pour finalement rebrousser chemin. Nos poursuivants ignoraient certainement que nous étions armés.
    Encore quelques kilomètres avant d’atteindre la station de pompage H4 en TRANSJORDANIE et constater enfin une nette amélioration de la vitesse de mon automitrailleuse. Nous étions sauvés.


    Nous sommes immédiatement repartis sur H5 en roulant sur la piste longeant le pipeline anglais, environ 150 km à parcourir avant d’arriver le midi du 16 juillet sur la station de pompage H5. Nous faisons halte devant un caboulot arabe le temps de prendre une tasse de thé, transvaser l’essence des réservoirs pris à PALMYRE dans nos propres réservoirs et de se débarrasser des vides qui à présent nous encombraient, nous voilà repartis sur H6, maintenant nous roulons sur une route goudronnée très praticable mais toujours dans la crainte d’être poursuivi par l’aviation de PALMYRE.

    Après 100 km de route nous nous arrêtons pour déjeuner car depuis la veille au soir nous n’avions pratiquement rien pris. A peine sommes nous installés dans un petit ravin de sable à droite de la route que nous entendons le vrombissement d’un moteur d’avion. Nous plaçons immédiatement nos fusils-mitrailleurs en position DCA mais heureusement c’est un avion britannique probablement attaché au contrôle du pipeline anglais. (Plus tard nous apprendrons que l’avion britannique en question nous cherchait bel et bien car nous avions été signalés par télégraphe d’un poste de « l’Arabe Légion Anglaise » au passage de H4).

    Nous reprenons la route bitumée puis un quart d’heure après nous sommes de nouveau stoppés par une camionnette avec un groupe d’individus équipés de tenues hétéroclites que nous prenions pour des bandits, je réussis à passer mais la deuxième automitrailleuse se fait coincer et doit s’arrêter, je m’arrête aussitôt un peu plus loin, en fait c’était un groupe de Méharistes de « l’Arabe Légion Anglaise » qui venait à notre rencontre, avec mon peu de connaissance en arabe j’arrive à comprendre qu’ils veulent nous désarmer pour nous conduire au poste et nous confronter à leur lieutenant anglais qui les commandait. Nous suivons la camionnette pendant 80 km en nous demandant ce qui allait bien nous arriver, devrons nous retourner en SYRIE ? Vont-ils nous laisser continuer notre route jusqu’en PALESTINE ?


    Arrivés au poste, le lieutenant anglais nous reçoit correctement, nous propose de nous doucher et de nous restaurer, il y avait aussi un civil provenant de H6 parlant un français impeccable qui nous servait d’interprète.
     

    Nous reprenons la route accompagnés par des anglais sur une centaine de kilomètres pour arriver vers 5 h du soir à un poste d’autos-mitrailleuses légères du désert (un peu comme chez nous à PALMYRE), nous sommes reçus par un capitaine avec un sous-lieutenant et son épouse, on nous offre à boire du whisky et à manger des biscuits, après avoir signalé au capitaine l’endroit sur la carte de l’abandon d’une de nos autos-mitrailleuses suite à une chute dans un ravin, ce dernier nous fait la promesse de faire son possible pour la récupérer, (plus tard nous apprendrons qu’un avion de reconnaissance anglais est allé immédiatement sur la zone que nous avions indiquée mais qu’il a vu nos camarades de PALMYRE déjà autour du véhicule pour chercher à le remorquer).


    On nous restitue nos armes avant de repartir précédés par une automitrailleuse anglaise, car nous allions pénétrer dans le territoire palestinien, nous devions parcourir environ 100 km pour rejoindre le grand camp militaire de SOUAC en passant par le lac de TIBERIADE puis NAZARETH.


    Au camp anglais de SOUAC ou résidait déjà une brigade de soldats polonais, nous sommes arrivés vers 9 h du soir, rompus, épuisés, fatigués par notre course folle de 750 km dans le désert entre PALMYRE et SOUAC tout cela en 24 heures et en étant en permanence sur le qui-vive.
    Nous avons rendu une nouvelle fois nos armes et munitions à un officier anglais avant que l’on nous emmène sous une tente dans laquelle des lits avaient été dressés puis l’on nous a offert un excellent diner avant de nous questionner encore une fois sur notre épisode de ralliement.

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    " Cette évasion de SYRIE organisée par 5 soldats est tout à fait exceptionnelle au moins pour 4 raisons :
    - Ce sont de simples soldats, il n’y avait pas de sous-officier et encore moins d’officier pour les commander et organiser cette fuite avec autos-mitrailleuses et armes.
    - Cette évasion s’est produite après le 3 juillet 1940 c'est-à-dire après l’attaque de la flotte française par la flotte anglaise à MERS-el-KEBIR, cette agression anglaise tuant 1297 français a refroidi les forces militaires du LEVANT encore hésitantes à rejoindre le Général de GAULLE.
    - Ils sont partis de nuit à travers le désert munis d’une simple carte et d’une boussole avec pour point de repère le Djebel Druze sous le très faible éclairage de leur automitrailleuse.
    - Ces 5 soldats partis de nuit de la base militaire de PALMYRE, cette base était très éloignée de la frontière palestinienne, ils prenaient énormément de risques de partir de si loin.


    Qui étaient ces 5 soldats ?
    - Albert MATHIOUX né le 23/09/1914 à PARIS disparu le 11/06/1942 à la bataille de BIR HAKEIM.
    - Aldo FORMENTO né le 26/12/1915 à TURIN en ITALIE.
    - Joseph DIAZ chauffeur mécanicien de nationalité espagnole né le 18/09/1913 à PALOMOS en ESPAGNE.
    - Gaston GILLIS né le 15/06/1913 à CHARLEROI en BELGIQUE disparu le 05/07/1941 à BEYROUTH au LIBAN (d’après le journal de campagne de Ernest Marcel BACH)
    - Ernest Marcel BACH chauffeur mécanicien né le 11/03/1918 à KUNHEIM décédé le 05/01/1962 à BOIS D’ARCY.

    Patrick BACH, 21 janvier 2023

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    Sources : Livre ouvert des Français Libres

    Ernest BACH  Lien 

    Joseph DIAZ Lien 

     

     


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