Ouest-France-Normandie
Benoît Hopquin, journaliste, a longuement rencontré ces hommes qui ont tous combattu dès 1940 après l'appel du 18 juin. Parmi eux, le Caennais, Jacques Hébert, qui fut député-maire de Cherbourg.
Jacques Hébert est l'un des quatorze Compagnons de la Libération, rencontrés par Benoît Hopquin. | Archives Ouest-France/Jean-Yves Desfoux
Entretien
Pourquoi un livre « d'admiration », dites-vous, sur les Compagnons de la Libération ?
Comme enfant de la Manche, j'ai été élevé dans le culte du Débarquement, des libérateurs. Comme grand reporter au journal Le Monde, j'avais rencontré plusieurs Compagnons. Sur 1 038, ils ne sont plus qu'une petite vingtaine. Pendant trois ans, j'ai mené une véritable enquête de police et passé des dizaines d'heures à les écouter...
Avec passion...
Tous m'ont fasciné. En pleine débâcle, ces jeunes gens de 17 à 20 ans ont le cran de dire non. Leur engagement se fait tôt, avant fin 1940 pour les trois-quarts. C'est cet engagement précoce que De Gaulle souligne en créant l'ordre de la Libération dès novembre 1940. La plupart n'ont pas entendu l'appel du 18 juin 1940. Mais tous ont entendu le discours du Pétain du 17 juin, demandant d'arrêter le combat. Eux disent non.
Vous avez rencontré quatorze compagnons. L'un d'eux vous a-t-il marqué ?
Les trajectoires des frères HEBERT, Jacques et Bernard, deux Caennais, épousent toutes les grandes dates de la France libre. Ils embarquent pour l'Angleterre à Saint-Jean-de-Luz à bord du Batory, où se trouve également, François Jacob, futur prix Nobel de médecine.
Londres, expédition de Dakar, campagne de Syrie, combats de l'Afrique du Nord... Jacques Hébert vit tout cela avant de débarquer à Utah Beach le 1er août 44 et de se retrouver au coeur de la libération de Paris, le 25 août.
Ancien député-maire de Cherbourg, gaulliste de gauche, Jacques Hébert est un homme étonnant. Sa modestie frappe ses interlocuteurs.
La modestie, un trait commun de ces hommes ?
Ces héros fonctionnent à l'humilité. Tous m'ont dit : « Nous n'avons fait que notre devoir ». Originaire de Château-Renault en Indre-et-Loire, André VERRIER mena un extraordinaire parcours de combattant puis reprit son emploi à l'usine Rousselot. Tous ces vieux messieurs, plus gaulliens par esprit que gaullistes par politique, nous donnent un formidable bain de jouvence et d'espoir.
Nous n'étions pas des héros, les Compagnons de la Libération racontent leur épopée par Benoît Hopquin, 332 pages, 18,50 €, éditions Calmann-Lévy.
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