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L'ingénieur officier mécanicien François TILLY (1910-1983), commença et termina la guerre au Port du Havre... Tour à tour Marin, Espion, Aviateur, Cavalier et Commando, son parcours exceptionnel fut distingué par la Croix de la Libération.Ordre de la LibérationNé à Morlaix (29) le 4 juillet 1910, François TILLY embrasse, à 17 ans, la carrière maritime dans la marine marchande.Elève mécanicien en 1927 il embarque successivement sur le Ponty, sur L'Asie et sur le Winipeg en 1930. Assistant mécanicien en 1934 il sert sur le Normandie, puis sur le Vendémiaire en 1937.Nommé chef mécanicien en 1938, François Tilly participe à d'autres embarquements où ses connaissances en propulsion le font apprécier de ses chefs. Ingénieur mécanicien de 3e classe, il sert, d'octobre 1939 à mars 1940, sur le pétrolier Saintonge.Il fut affecté à la défense littorale du Havre et il se porte volontaire lors de l'évacuation de la population civile de la ville, le 12 juin 1940, pour assurer jusqu'au dernier moment le départ des retardataires.Resté seul à son poste avec deux matelots, il détruit un cargo allié abandonné et engage le feu avec des motocyclistes allemands arrivés en avant-garde.Il réussit, en quittant le port investi par les Allemands, à prendre à bord de sa vedette une centaine de fantassins. Il évacue de la même façon, à partir de Paimpol, 70 élèves de l’école de navigation.ll s’engage dans les Forces navales françaises libres le 1er juillet 1940, d'abord affecté, jusqu'à fin novembre 1940, dans les services secrets britanniques. effectue des missions secrètes sur les côtes françaises.. À l’automne, il est capturé par les Allemands.Au cours de son transfert vers le peloton d’exécution, il se saisit du pistolet de l’un de ses deux gardiens et les abat tous les deux. Il parvient à regagner la côte et il est récupéré par une vedette anglaise.Du 23 novembre 1940 au 1er février 1941, il sert sur le cuirassé Courbet à Portsmouth, comme ingénieur mécanicien de 2e classe adjoint au chef du service des machines.En février 1941, il est chargé de former les mécaniciens sur les avisos Amiens, Arras et Epinal..En avril, il est affecté au 4e Bureau de l'armée de l'air et se voit chargé spécialement de la réparation des avions français en Grande-Bretagne. Il est aussi breveté officier mécanicien de la Royal Air Force.Il crée, d’avril à novembre, une école de mécaniciens et de chauffeurs pour l’armement des corvettes et embarque le 23 novembre 1941 sur la corvette Renoncule. Il est promu ingénieur mécanicien de 1re classe le 1er janvier 1942.La Renoncule prise dans les glacesLe 1er mars 1942, il est affecté, dans l'aéronavale, au Groupe de chasse Ile-de-France des Forces aériennes françaises libres comme chef du service moteur et de la cellule armement. Il se distingue de nouveau par son sens de l'initiative et en se portant volontaire pour des missions dangereuses. Il exécute avec succès trois missions spéciales dans des conditions particulièrement périlleuses.Le 1er janvier 1943, il est chargé de l'école technique d'Emsworth pour la préparation des candidats aux divers brevets de l'aéronautique. Puis il est envoyé aux Etats-Unis, à Jacksonville, pour l'instruction technique du personnel français des futurs PBY Catalina de la flottille 6 FE ; il assure 772 heures de vol dont 67 heures de nuit.PBY CatalinaSur sa demande, il rejoint à Bizerte (Italie) le 18 avril 1944, le 1er Régiment de Fusiliers marins (1er RFM) de la 1ère DFL. Commandant en second du 4e escadron du Régiment, il se distingue le 24 mai 1944 à Monte Leucio avant d'être blessé le 6 juin 1944 par éclat d'obus à Tivoli. De retour au combat, il remplace le 18 juin un commandant de peloton tué à l'ennemi et enraye une contre-attaque allemande en réussissant à conserver le carrefour stratégique de Madonna delle Vigne. Puis, après le débarquement de Provence à Cavalaire en août 1944, il prend part à la libération du territoire national et se distingue particulièrement en Alsace.Les 24 et 26 novembre 1944, commandant d'un sous-groupement blindé, il participe activement à la prise du Ballon d'Alsace malgré des contusions multiples occasionnées par l'explosion d'une mine sautant sous lui.
Au Ballon d'Alsace
Le 28 novembre 1944, son commandant ayant été évacué, il prend le commandement du groupement blindé et libère, malgré une violente défense ennemie d'antichars et d'armes automatiques, les villages de Wegscheid Kirchberg en faisant de nombreux prisonniers.Le 29 novembre, à la tête du groupement, il prend Langenfeld et Sickert, nettoyant ainsi complètement la Vallée de la Doller jusqu'à Masevaux. François Tilly reste à la tête de son groupement blindés jusqu'à la victoire.Alors que le régiment est envoyé sur la frontière italienne en mars 1945, François Tilly est envoyé à Lorient, où subsiste une poche de résistance allemande, où il prend le commandement d’un commando.En 1945, il est envoyé au Havre dans les derniers jours de la guerre où il participe au déminage du port.Quittant ensuite l'armée, il repasse dans la Marine marchande et termine sa carrière comme ingénieur mécanicien principalIl fut maire de Jumilhac-le-Grand en Dordogne.Distinctions : Commandeur de la Légion d’Honneur (1969) - Compagnon de la Libération (1945) - Médaille de la Résistance avec rosette. Titulaire de neuf citations dont six à l’ordre de l’Armée.François TILLY est décédé le 16 avril 1983 à Limoges (87). La préparation militaire marine de Brive porte son nom.Guy Crissin - Fort Monbarey
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"Il n’est jamais assez rappelé que Résistants et Français libres furent des volontaires. S’ils furent mobilisés, ce ne fut que par leur conscience. Ils étaient boulanger, mère au foyer, militaire, prêtre, secrétaire, instituteur… Ils débutaient leurs études ou avaient déjà vécu l’enfer des tranchées. Ils n’avaient souvent rien en commun, sauf le principal : le refus de l’inacceptable. Ils se sont donc dressés contre l’Occupant et ses complices de Vichy. Dès 1940 pour beaucoup. Et quand bien même cela fut plus tard, qui oserait le leur reprocher Jean-Christophe Notin esquisse le portrait de 500 d’entre eux suivant le même principe que celui qui a fait le succès de son compte Twitter Paroles de Combattants de la Libération (récemment adapté par France-Télévision) : une photo, une légende très courte évoquant un ralliement, une évasion, la dernière lettre avant l’exécution…" Taillandier.
(Le livre est organisé selon la chronologie des évènements auxquels se réfèrent les portraits).
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Une formidable chaine de la mémoire : aux côtés de centaines de participants, le Blog de la Fondation BM 24 Obenheim a modestement participé à l'identification de certains portraits présentés.
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(Photo Compagnon de la Libération)* 30 août 1914 - Rennes (35000 ILLE-ET-VILAINE FRANCE)
+ 02 octobre 1944 - Forêt de Chérimont (70 HAUTE-SAONE FRANCE)
Biographie
Fils de cheminot, Lucien Bernier est né le 30 août 1914 à Rennes (Ille-et-Vilaine).
Il s'engage dans la Marine en 1934.
Quartier maître de 2e classe mécanicien à la 4e Escadre de sous-marins de Brest. Il gagne l'Angleterre et rallie la France libre dès juin 1940.
Engagé dans les Forces navales françaises libres, il est affecté, dès sa création en juillet 1940, au 1er Bataillon de Fusiliers marins (1er BFM).
Il participe à l'opération de Dakar en septembre 1940, puis à la campagne de ralliement du Gabon en novembre et aux opérations de Syrie (juin 1941).
Fin 1941, il est engagé en Libye au sein de la Brigade française libre du général Koenig.
Promu second maître en avril 1942, chef de pièce de DCA, il est l'un des meilleurs défenseurs du ciel de Bir-Hakeim du 27 mai au 11 juin 1942. Il combat également à El Alamein en octobre 1942 puis en Tunisie en 1943.
En 1944 en Italie, au sein de la 1ère Division française libre, toujours avec son unité devenue le 1er Régiment de fusiliers marins (1er RFM), Lucien Bernier se distingue comme chef de patrouille à la poursuite de l'ennemi dans la Vallée de Liri. Blessé à Pontecorvo le 20 mai 1944, il regroupe tous ses éléments en défense avant de se faire évacuer.
Après le débarquement de Provence, il assure, le 19 août 1944, au début de la campagne de France, une mission importante de déminage de la route, sous un violent feu antichar et d'armes automatiques à Pierrefeu, dans le Var. Cette action lui vaut de recevoir la Médaille Militaire.
Promu maître fusilier le 1er septembre 1944, il reçoit une nouvelle citation pour sa participation à l'investissement de la ville d'Autun une semaine plus tard.
Toujours à l'avant, pendant les opérations devant Belfort, il est tué d'une balle en pleine poitrine le 2 octobre 1944, au débouché de la Forêt de Chérimont près de Champagney, lors de la campagne des Vosges. Lucien Bernier est inhumé dans la Nécropole nationale de Rougemont dans le Doubs.
Nécropole nationale de Rougemont
Compagnon de la Libération, titulaire de la médaille militaire et de la Croix de guerre 1939-1945, Lucien Bernier a donné son nom à une compagnie de fusiliers marins située à Lanvéoc-Poulmic.
(Photo Marine Nationale)
• Compagnon de la Libération - décret du 26 septembre 1945
• Médaille Militaire
• Croix de Guerre 1939-45 (3 citations)
• Médaille de la Résistance française
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Jean Adde
Fils de Eugène Adde et de Odette Morel, jean Alexandre ADDE est né au Havre le 29 janvier 1920. Ses parents seront ensuite domiciliés à Bolbec où son père était facteurs des Postes.
De formation mécanicien, Jean Adde est militaire engagé volontaire le 10 septembre 1938 à l’Intendance militaire du Havre au titre du 1er Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc. Il est dirigé sur le 1er R.I.C.M. le 12 septembre 1938 en tant que soldat de 2e classe.
Il est affecté au 1er Bataillon de marche au Levant le 19 juillet 1939 et embarque à Marseille le 27 juillet sur le S/S Cap Vaulla à destination du Levant. Il débarque à Beyrouth le 4 août. Il est présent au 1er B.M.L. stationné en Syrie à Tripoli le 6 août. Le 23 octobre 1939, le premier B.M.L. devient le 2e R.I.C.
Le 27 juin 1940, le Capitaine Raphaël Folliot refuse l’Armistice et passe la frontière de Palestine avec 80 hommes dont Jean Adde, et ils rallient les Forces françaises Libres en formation à Haïfa.
Avec la 1ère D.F.L.
Jean Adde est affecté au 1er Bataillon d’Infanterie de Marine le 17 juillet 1940, 1ere Compagnie Le 19 juillet, son bataillon fait mouvement par voie de terre et passe la frontière égyptienne. Il est engagé avec son unité contre les Forces de l’Axe à Sidi Barrani puis en en Libye en décembre 1940.
Promu caporal le 25 janvier 1941, Il est ensuite affecté sur sa demande à la 1ere Cie de Chars de Combat des F.F.L. stationnée au Caire en avril 1941 et fait mouvement par voie de terre avec son unité au Camp de Qastina (Palestine).
Volontaire pour combattre en Syrie, il passe la frontière de Transjordanie et participe aux opérations à partir du 8 juin 1941.
En septembre 1941, il rejoint le service du matériel de l’Etat-major 4e bureau, de la 1ere Division Française Libre en formation à Beyrouth (Liban) puis fait mouvement avec la Division sur la Palestine, l’Egypte puis la Libye.
Nommé sergent le 25 juillet 1942, il est promu sergent-chef le 15 septembre, affecté au service du matériel de l’Etat-major du général de Larminat le 18 décembre 1942.
Il est affecté à l’Atelier Lourd n° 3 de la 1ère D.F.L. le 24 janvier 1943 et est nommé chef du service de matériel. Le 14 avril 1943, L’A.L. 3 fait mouvement sur la Tripolitaine et stationne dans la région de Tripoli. Il fait mouvement sur le Maroc le 12 août 1943 et parvient à Casablanca le 26.
Avec la 2e Division Blindée
Le 10 novembre 1943, l’A.L. 3 devient l’E.R.2 du 2e groupe de réparation de la 2e D.B. Il est nommé adjudant le 1er janvier 1944 ; il fait mouvement avec son unité sur Oran le 9 mai 1944.
Le 20 mai 1944, il embarque sur le S//S Empire Cameroun et débarque le 6 juin à Hull en Angleterre.
Il embarque à Bournemouth sur le L.S.T 90 à destination de la France et débarque le 30 juillet 1944 sur les plages du Débarquement du Cotentin dans la région de Sainte Mère l’Eglise.
Le 1er octobre 1944, il est nommé Adjudant-Chef au titre de l’Infanterie puis sous-lieutenant le 25 décembre.
Il sert la 2e D.B. jusqu’à la fin des hostilités, le 8 mai 1945.
Il se marie le 11 juillet 1945 à Mademoiselle H. à Casablanca, ils auront un enfant.
Il termine la guerre avec le grade de Capitaine.
Jean Adde a été homologué FFL.
Citation à l’Ordre de la Brigade : ordre général du Cdt de la 2e D.B. en date du 1er novembre 1944 : « Excellent technicien d’une haute valeur professionnelle et militaire, chef de peloton impeccable, a obtenu de ses hommes par son exemple et son dévouement le maximum et remis en état dans le moindre délai, dans des conditions difficiles, un grand nombre d’engins blindés ».
Distinctions : Chevalier de la Légion d'Honneur (1960) - Médaille de la Résistance française (1947) – Croix de Guerre 39-45 avec étoile de bronze – Médaille coloniale – Médaille commémorative 39-45 avec barrettes Afrique. A droit au port de l’insigne américain de la « Presidential Unit Citation ».
Jean Adde est décédé le 20 juin 2021 à La Valette-du-Var (Var).
Délégation le Havre de la Fondation de la France Libre/ Collectif Havrais en Résistance
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Mr Michel Magnaldi , Délégué Var de la Fondation de la France Libre, a la tristesse d'annoncer la disparition de Charles ALLAL"J'ai la triste nouvelle au côté de sa famille ses enfants Guy et Philippe... , Habiba sa fidèle cuisinière et amis et de la France libre de vous informer de la disparition de Charles Allal (Toulonnais originaire de Tunisie, centenaire et libérateur de Toulon) ce mercredi 28 septembre 2022 à 9 heures.Nous avions fêté le 29 janvier 2022 ses cent ans et le mois suivant l'artiste peintre Jean-Claude Cure ( ancien combattant) lui remettrait lors d'un repas tunisien, le vendredi 25 février 2022, en petit comité FFL , une aquarelle estampillée 1ère DFL .Avec Pierre Welsch (vétéran des commandos d'Afrique du Débarquement et de la Libération de La Provence qui fut longtemps Toulonnais qui sera prochainement inhumé), c'est un vétéran Toulonnais Débarquement et de la Libération de La Provence de la 1ère DFL des forces françaises libres qui le rejoint là haut !Un grand regret que notre centenaire n'ait pas reçu la Médaille de la Légion d'Honneur pour le 80ème Anniversaire des combats épiques de Bir-Hakeim en Lybie le 02 07 2022 à Hyères les Palmiers au Mémorial national de la 1ère DFL !La famille indiquera en fin de journée les horaires de la cérémonie au cimetière de La Goubran .Salutations très attristées !Michel Magnaldi[ Photos collection Fondation de la France Libre-Délégation du Var]------------------------Rappel du parcours de Charles Allal synthétisé par Néo Verriest [lycéen Toulonnais passionné d'histoire étudiant en prépa à Champollion (Grenoble, septembre 2022).Témoignage rédigé par Néo VERRIEST, suite à son entretien avec Monsieur Charles ALLAL, le 11 décembre 2019.Charles Allal,Engagé volontaire au sein de la 8ème Armée Anglaise et de la 1ère Division Française Libre (DFL), vétéran des campagnes de Libye, de Tunisie, d'Italie, de Monte Cassino, du débarquement en Provence.« Je suis né le 29 janvier 1922 à Moknime, en Tunisie.En 1942, année de mes vingt ans, je suis appelé aux Chantiers de la Jeunesse Française, versTabarka. Ces chantiers de jeunesse, reconnus par le Régime de Vichy n'existent qu'en zone sud et en Afrique Française du Nord, ils servent de substitut à l'absence de service militaire obligatoire, sous forme d’une organisation paramilitaire. Une fois libéré, sans chercher à être rappelé, je cherche à tout prix à rejoindre la France Libre, quels que soient les moyens ! Je croise un jour sur mon chemin un camion italien partant pour Tripoli. Je l'aide à charge de la marchandise. Il parle un peu le français, on sympathise rapidement.Arrivée l'heure du départ, je lui demande si je peux l’accompagner « pour vous aider à descendre les marchandises ! ». Il accepte et une fois en Tripolitaine, en Libye, je chercher à trouver des bureaux pour s'engager. Je m'engage dans les Forces Françaises Libres juste après la victoire de Bir Hakeim, avec la particularité d'intégrer la 8ème Armée Anglaise. Après la campagne de Libye qui finit avec l'éprouvante victoire d'El-Alamein, nous partons pour la campagne de Tunisie. Toujours face aux troupes italiennes et allemandes dirigées par Rommel. On y rencontre Leclerc et ses troupes qui nous rejoignent. Les Allemands et les Italiens, pris en tenaille dans ces batailles de désert, se retrouvent pris en souricière sur le Cap Bon.Plusieurs milliers de prisonniers sont faits, une très grande victoire pour mes camarades de cette 8ème Armée Anglaise ! Une victoire qui pour moi, comme quelques autres signe le départ de cette glorieuse formation anglaise pour l'une des plus grandes, des plus belles unités de notre France Libre. La 1ère Division Française Libre, qui n'a cessé de combattre l'ennemi depuis trois ans maintenant.Certains camarades me conteront avoir eu, aux soldats de l'armée vichyste, dite « Armée d’Armistice », une fois prisonniers, à leur demander de faire un choix : rentrer en France ou suivre la France Libre en acceptant le statut de prisonniers, avant une incorporation progressive. Nous n’avons jamais apprécié de nous battre contre d'autres Français. Certains ont décidé de nous suivre et, après un instant d'inattention, derrière le dos de mes compagnons, ces traîtres se sont mis à tirer, à quelques mètres !Plusieurs de mes camarades sont morts ainsi, à cause de ces fidèles du « Maréchal », refusant de se rendre à des « dissidents » !Pourtant, Stalingrad et Bir-Hakeim annoncent le déclin à venir de l'Allemagne. La 2ème DFL part au Maroc puis en Angleterre et prend le nom de « 2 ème Division Blindée ». Entre temps, les accords entre les Généraux Giraud et de Gaulle marquent l'union de toutes nos troupes, tous ceux qui s'engageront pour la France Libre ne seront plus considérés comme « Français Libres ».Le 4 avril 1944, je débarque en Italie et direction pour la 1ère Division Française Libre vers Monte Cassino, à l'approche de la troisième bataille, qui sera la nôtre. Des camarades tombant devant nos yeux, beaucoup de corps, des lignes impénétrables, des explosions et des cris... L'artillerie est tellement puissante et en quantité que je me retrouve plusieurs fois par terre. Tout est allé tellement rapidement pour moi comme pour tous, mais la vaillance des Marocains et des Polonais permet la victoire finale et la destruction de la ligne Gustave.Rétrospective historique : initialement, le plan prévoit que le Corps Expéditionnaire Français opère une attaque de diversion visant à déborder Cassino par la montagne, au nord-est, en atteignant Atina par le mont Santa Croce et le Carella ; tandis que le 2ème corps américain, avec une partie de la 1ère division de chars, marche sur les villes de Cassino et de Sant'Angelo, et que le 10ème corps britannique progresse vers Minturno. Lors de la première phase de la réalisation des opérations, le 10ème corps britannique du général McCreery parvient à franchir le fleuve Garigliano, près de son embouchure. Il arrive le 19 janvier près de Castelforte. À partir du 20 janvier, les Allemands lancent des contre-attaques qui sont repoussées au bout de douze jours. Dans une seconde phase, le 2ème corps américain du général Keyes lance la 36ème division contre Sant'Angelo, appuyée par la 34.Arrivés près de Pise, l’on nous demande de descendre de la botte italienne. Nous sommes regroupés à Albanova, petit village italien, départ pour le sud de la botte de l'Italie. À Tarente, pendant lanuit du 12 août, à minuit, on embarque sur Le Volendam, portant le nom d'une ville des Pays Bas, vers une destination encore inconnue pour nous.Après dix-sept jours en mer, nous entendons par la radio un discours du Général. Il prononce quelques mots d’une intense teneur : « Bientôt, très bientôt, une armée française combattra en France ! ». Une euphorie généralisée ! Quelle joie !Nous sommes tous pris dans cet élan de bonheur : bien que nous ne sachions pas encore s'il s'agit de nous, il y a de grandes chances que ce soit le cas ! Certains vont découvrir pour la première fois le sol de France...Le 16 août, nous nous apprêtons à poser nos pieds sur le sol de Cavalaire et de la Croix-Valmer. Les bateaux forment un cercle et sur chacun d'eux des ballons métalliques tenus par des fils métalliques pour nous défendre de l’aviation ennemie qui ne peut plus piquer vers nous. Dès l'approche de deux avions allemands, automatiquement, ordre nous est donné de rentrer à l'intérieur du bateau. Malgré tout, nous ne pouvons plus tenir ! Personne ne veut rentrer à l'intérieur ! Certains veulent se jeter à l'eau tellement ils sont impatients d'arriver en France ! Un des deux avions est abattu, l'autre part. On nous fait monter sur le bateau du débarquement et un cinéaste, le frère de Jean-Pierre Aumont, nous filme. Les premiers pas sont très émouvants, beaucoup prennent dans leur main une poignée de sable et l'embrasse.Après ces intenses instants, départ pour le combat, nous faisons rapidement et facilement des prisonniers, certains dorment encore dans leurs tentes. Départ pour Hyères où l'une des plus grandes batailles de la Libération des villesméditerranéennes a lieu, au Golf Hôtel. Nous sommes appuyés par l'artillerie de la marine, les flottes anglaises et franco-anglaises : beaucoup de pertes d'un côté comme de l'autre, mais nous faisons beaucoup de prisonniers, ce 21 août 1944. Nous poursuivons la Libération de la côte : le Pradet, la Garde...Du côté de la Seyne, il y a eu beaucoup de combats et, à Toulon, nous sommes regroupés avec d'autres en vu de continuer le « nettoyage » du secteur. Après beaucoup de bagarres, les Allemands se sentent pris au dépourvus, il ne leur reste qu'une solution : se sauver.Parmi nos divisions, trois souhaitent partir en premier, avoir cet honneur, le prestige que d'aller les premiers libérer le territoire : la Demi-Brigade, dite de la Légion Étrangère, les Fusiliers Marins et le bataillon de Marche Nord-Africain.Moi, étant au Génie, je rejoins le 1er Bataillon de Transmissions Divisionnaires (BTD). Nous prenons tous la route du Rhône, parmi les armées alliées, j'y rencontre beaucoup de Français, dont d'autres Tunisiens, des zouaves, des tirailleurs sénégalais... Tous forment une équipe très soudée.À Lyon, nous apprenons que les Américains nous coupent les vivres ! Nous allons trop vite selon eux. Puisque certains se trouvent encore à Monaco ! Ils enragent de nous savoir plus rapides qu'eux ! Nous sommes contraints d'attendre sur place, ce sont mes quinze premiers jours de pause, à Saint-Etienne. C'est par ailleurs la seule permission que l'on aura.Nous repartons en faisant la remontée du reste du territoire, jusqu'en Alsace. Le Général nous donne pour ordre d'occuper la poche de Royan, nous approchons alors Noël et puis, contre-ordre, il faut descendre sur Strasbourg qui subit une contre-attaque allemande.Nous combattons sur la glace, très épuisés, d'autant plus qu’une triste nouvelle se fait connaître : « notre » Général Brosset était mort accidentellement le 20 novembre, en voiture. Son aide de camp, Jean-Pierre Aumont, s'en sort vivant.Je participe pendant ce froid automne à la libération de Strasbourg, Leclerc nous dira : « Moi, j'ai libéré Strasbourg et la 1ère DFL l'a défendu ». Certains de mes camarades lorrains et alsaciens, tellement contents de retrouver leur terre natale, souhaitent visiter leur famille. Parmi eux, l'un de mes amis, sans autorisation, prend une Jeep et fonce vers Colmar pour revoir ses parents. Je le reverrai après la fin de la campagne d'Alsace, avec deux jambes en moins, il venait de sauter sur une mine.Nous continuons la bataille et, alors que l’ensemble de la Première Armée Française a le prestige de rentrer en Allemagne, à l’approche de la traversée du Rhin, le Général de Gaulle nous demande de retourner sur nos pas pour libérer quelques villes encore occupées par l'ennemi, à la frontière franco-italienne. Nous avons de très grosses pertes dans les Alpes, la bataille de l’Authion est très cruelle : l'ennemi est bien protégé dans les montagnes, ce sont les derniers et ils sont pris d'une haine, qui ne leur permet heureusement pas de vaincre. Le 8 mai 1945, nous apprenons la victoire.Rétrospective historique : le 15 mars 1945, la 1ère DFL relève une brigade américaine dans la région de Menton. Elle recevra pour mission d’atteindre la frontière italienne par la montagne et de s’emparer du Massif de l’Authion. Le 10 avril 1945, la 1ère Division Française Libre attaque : les soldats se battront au lance-flammes, pour libérer des forts à la frontière franco-italienne, à deux mille mètres d’altitude. Successivement, ces fortifications tomberont entre les mains de la 1ère Division Française Libre. L’armée allemande d’Italie capitule le 28 avril 1945.Le 18 juin 1945, nous sommes dans Paris, à l’occasion du « défilé de la Victoire », cinq ans après l’Appel du Général de Gaulle. Nous devons initialement partir pour l'Indochine, mais le Général de Gaullerefusera fermement : notre engagement s'arrête à la fin de la guerre, plus trois mois. Je rentre en Tunisie rejoindre mes parents, la vie reprend son cours après trois années particulièrement denses. Bien après la guerre, je reverrai chaque année mes camarades de la 1ère Division Française Libre, notamment au sein de l’Amicale. Les combattants disparaissent, mais le souvenir doit perdurer. J'ai notamment eu l'honneur d'accompagner le Général sur les tombes, à Takrouna. Si notre engagement officiel prend fin en 1945, celui de la mémoire de mes camarades disparus me suivra toute ma vie.Moi, jeune tunisien de vingt ans et pourtant tellement français, je me suis engagé pour sauver la France ».Charles
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