• * La Délégation FFL du Var en deuil après la disparition de Charles ALLAL (Génie de la 1ère DFL)

     
     

    * La Délégation FFL du Var en deuil après la disparition de Charles ALLAL (Génie de la 1ère DFL

    Mr Michel Magnaldi , Délégué Var de la Fondation de la France Libre, a la tristesse d'annoncer la disparition de Charles ALLAL
     
    "J'ai la triste nouvelle au côté de sa famille ses enfants Guy et Philippe... , Habiba sa fidèle cuisinière et amis et de la France libre de vous informer de la disparition de Charles Allal (Toulonnais originaire de Tunisie, centenaire et libérateur de Toulon) ce mercredi 28 septembre 2022 à 9 heures.
    Nous avions fêté le 29  janvier 2022 ses cent ans  et le mois suivant l'artiste peintre Jean-Claude Cure ( ancien combattant) lui remettrait lors d'un repas tunisien, le vendredi 25 février 2022, en petit comité FFL , une aquarelle estampillée 1ère DFL .
    Avec Pierre Welsch (vétéran des commandos d'Afrique du Débarquement et de la Libération de La Provence qui fut longtemps Toulonnais qui sera prochainement inhumé), c'est un vétéran Toulonnais Débarquement et de la Libération de La Provence de la 1ère DFL des forces françaises libres qui le rejoint là haut !
    Un grand regret que notre centenaire  n'ait pas reçu la Médaille de la Légion d'Honneur pour le  80ème Anniversaire des combats épiques de Bir-Hakeim en Lybie le 02 07 2022 à Hyères les Palmiers au Mémorial national de la 1ère DFL !
    La famille indiquera en fin de journée les horaires de la cérémonie  au cimetière de La Goubran .
     
    Salutations très attristées !
    Michel Magnaldi 
    [ Photos collection Fondation de la France Libre-Délégation du Var]
     

    * La Délégation FFL du Var en deuil après la disparition de Charles ALLAL (Génie de la 1ère DFL

    * La Délégation FFL du Var en deuil après la disparition de Charles ALLAL (Génie de la 1ère DFL 

    * La Délégation FFL du Var en deuil après la disparition de Charles ALLAL (Génie de la 1ère DFL

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    Rappel du parcours de Charles Allal synthétisé par Néo Verriest [lycéen Toulonnais passionné d'histoire étudiant en prépa à Champollion (Grenoble, septembre 2022). 
    Témoignage rédigé par Néo VERRIEST, suite à  son entretien avec Monsieur Charles ALLAL, le 11 décembre 2019.
     
    Charles Allal, 
    Engagé volontaire au sein de la 8ème Armée Anglaise et de la 1ère Division Française Libre (DFL), vétéran des  campagnes de Libye, de Tunisie, d'Italie, de Monte Cassino, du débarquement en Provence.
     
    * La Délégation FFL du Var en deuil après la disparition de Charles ALLAL (Génie de la 1ère DFL 
     
    « Je suis né le 29 janvier 1922 à Moknime, en Tunisie.
    En 1942, année de mes vingt ans, je suis appelé aux Chantiers de la Jeunesse Française, vers
    Tabarka. Ces chantiers de jeunesse, reconnus par le Régime de Vichy n'existent qu'en zone sud et en Afrique Française du Nord, ils servent de substitut à l'absence de service militaire obligatoire, sous forme d’une organisation paramilitaire. Une fois libéré, sans chercher à être rappelé, je cherche à tout prix à rejoindre la France Libre, quels que soient les moyens ! Je croise un jour sur mon chemin un camion italien partant pour Tripoli. Je l'aide à charge de la marchandise. Il parle un peu le français, on sympathise rapidement.
    Arrivée l'heure du départ, je lui demande si je peux l’accompagner « pour vous aider à descendre les marchandises ! ». Il accepte et une fois en Tripolitaine, en Libye, je chercher à trouver des bureaux pour s'engager. Je m'engage dans les Forces Françaises Libres juste après la victoire de Bir Hakeim, avec la particularité d'intégrer la 8ème Armée Anglaise. Après la campagne de Libye qui finit avec l'éprouvante victoire d'El-Alamein, nous partons pour la campagne de Tunisie. Toujours face aux troupes italiennes et allemandes dirigées par Rommel. On y rencontre Leclerc et ses troupes qui nous rejoignent. Les Allemands et les Italiens, pris en tenaille dans ces batailles de désert, se retrouvent pris en souricière sur le Cap Bon.
    Plusieurs milliers de prisonniers sont faits, une très grande victoire pour mes camarades de cette 8ème Armée Anglaise ! Une victoire qui pour moi, comme quelques autres signe le départ de cette glorieuse formation anglaise pour l'une des plus grandes, des plus belles unités de notre France Libre. La 1ère Division Française Libre, qui n'a cessé de combattre l'ennemi depuis trois ans maintenant.
    Certains camarades me conteront avoir eu, aux soldats de l'armée vichyste, dite « Armée d’Armistice », une fois prisonniers, à leur demander de faire un choix : rentrer en France ou suivre la France Libre en acceptant le statut de prisonniers, avant une incorporation progressive. Nous n’avons jamais apprécié de nous battre contre d'autres Français. Certains ont décidé de nous suivre et, après un instant d'inattention, derrière le dos de mes compagnons, ces traîtres se sont mis à tirer, à quelques mètres !
    Plusieurs de mes camarades sont morts ainsi, à cause de ces fidèles du « Maréchal », refusant de se rendre à des « dissidents » !
    Pourtant, Stalingrad et Bir-Hakeim annoncent le déclin à venir de l'Allemagne. La 2ème DFL part au Maroc puis en Angleterre et prend le nom de « 2 ème Division Blindée ». Entre temps, les accords entre les Généraux Giraud et de Gaulle marquent l'union de toutes nos troupes, tous ceux qui s'engageront pour la France Libre ne seront plus considérés comme « Français Libres ».
     
     Le 4 avril 1944, je débarque en Italie et direction pour la 1ère Division Française Libre vers Monte Cassino, à l'approche de la troisième bataille, qui sera la nôtre. Des camarades tombant devant nos yeux, beaucoup de corps, des lignes impénétrables, des explosions et des cris... L'artillerie est tellement puissante et en quantité que je me retrouve plusieurs fois par terre. Tout est allé tellement rapidement pour moi comme pour tous, mais la vaillance des Marocains et des Polonais permet la victoire finale et la destruction de la ligne Gustave.
    Rétrospective historique : initialement, le plan prévoit que le Corps Expéditionnaire Français opère une attaque de diversion visant à déborder Cassino par la montagne, au nord-est, en atteignant Atina par le mont Santa Croce et le Carella ; tandis que le 2ème corps américain, avec une partie de la 1ère division de chars, marche sur les villes de Cassino et de Sant'Angelo, et que le 10ème corps britannique progresse vers Minturno. Lors de la première phase de la réalisation des opérations, le 10ème corps britannique du général McCreery parvient à franchir le fleuve Garigliano, près de son embouchure. Il arrive le 19 janvier près de Castelforte. À partir du 20 janvier, les Allemands lancent des contre-attaques qui sont repoussées au bout de douze jours. Dans une seconde phase, le 2ème corps américain du général Keyes lance la 36ème division contre Sant'Angelo, appuyée par la 34.
     
    Arrivés près de Pise, l’on nous demande de descendre de la botte italienne. Nous sommes regroupés à Albanova, petit village italien, départ pour le sud de la botte de l'Italie. À Tarente, pendant lanuit du 12 août, à minuit, on embarque sur Le Volendam, portant le nom d'une ville des Pays Bas, vers une destination encore inconnue pour nous.
    Après dix-sept jours en mer, nous entendons par la radio un discours du Général. Il prononce quelques mots d’une intense teneur : « Bientôt, très bientôt, une armée française combattra en France ! ». Une euphorie généralisée ! Quelle joie !
    Nous sommes tous pris dans cet élan de bonheur : bien que nous ne sachions pas encore s'il s'agit de nous, il y a de grandes chances que ce soit le cas ! Certains vont découvrir pour la première fois le sol de France...
    Le 16 août, nous nous apprêtons à poser nos pieds sur le sol de Cavalaire et de la Croix-Valmer. Les bateaux forment un cercle et sur chacun d'eux des ballons métalliques tenus par des fils métalliques pour nous défendre de l’aviation ennemie qui ne peut plus piquer vers nous. Dès l'approche de deux avions allemands, automatiquement, ordre nous est donné de rentrer à l'intérieur du bateau. Malgré tout, nous ne pouvons plus tenir ! Personne ne veut rentrer à l'intérieur ! Certains veulent se jeter à l'eau tellement ils sont impatients d'arriver en France ! Un des deux avions est abattu, l'autre part. On nous fait monter sur le  bateau du débarquement et un cinéaste, le frère de Jean-Pierre Aumont, nous filme. Les premiers pas sont très émouvants, beaucoup prennent dans leur main une poignée de sable et l'embrasse. 
    Après ces intenses instants, départ pour le combat, nous faisons rapidement et facilement des prisonniers, certains dorment encore dans leurs tentes. Départ pour Hyères où l'une des plus grandes batailles de la Libération des villes
    méditerranéennes a lieu, au Golf Hôtel. Nous sommes appuyés par l'artillerie de la marine, les flottes anglaises et franco-anglaises : beaucoup de pertes d'un côté comme de l'autre, mais nous faisons beaucoup de prisonniers, ce 21 août 1944. Nous poursuivons la Libération de la côte : le Pradet, la Garde...
    Du côté de la Seyne, il y a eu beaucoup de combats et, à Toulon, nous sommes regroupés avec d'autres en vu de continuer le « nettoyage » du secteur. Après beaucoup de bagarres, les Allemands se sentent pris au dépourvus, il ne leur reste qu'une solution : se sauver. 
    Parmi nos divisions, trois souhaitent partir en premier, avoir cet honneur, le prestige que d'aller les premiers libérer le territoire : la Demi-Brigade, dite de la Légion Étrangère, les Fusiliers Marins et le bataillon de Marche Nord-Africain.
    Moi, étant au Génie, je rejoins le 1er Bataillon de Transmissions Divisionnaires (BTD). Nous prenons tous la route du Rhône, parmi les armées alliées, j'y rencontre beaucoup de Français, dont d'autres Tunisiens, des zouaves, des tirailleurs sénégalais... Tous forment une équipe très soudée.
    À Lyon, nous apprenons que les Américains nous coupent les vivres ! Nous allons trop vite selon eux. Puisque certains se trouvent encore à Monaco ! Ils enragent de nous savoir plus rapides qu'eux ! Nous sommes contraints d'attendre sur place, ce sont mes quinze premiers jours de pause, à Saint-Etienne. C'est par ailleurs la seule permission que l'on aura.
    Nous repartons en faisant la remontée du reste du territoire, jusqu'en Alsace. Le Général nous donne pour ordre d'occuper la poche de Royan, nous approchons alors Noël et puis, contre-ordre, il faut descendre sur Strasbourg qui subit une contre-attaque allemande.
    Nous combattons sur la glace, très épuisés, d'autant plus qu’une triste nouvelle se fait connaître : « notre » Général Brosset était mort accidentellement le 20 novembre, en voiture. Son aide de camp, Jean-Pierre Aumont, s'en sort vivant.
    Je participe pendant ce froid automne à la libération de Strasbourg, Leclerc nous dira : « Moi, j'ai libéré Strasbourg et la 1ère DFL l'a défendu ». Certains de mes camarades lorrains et alsaciens, tellement contents de retrouver leur terre natale, souhaitent visiter leur famille. Parmi eux, l'un de mes amis, sans autorisation, prend une Jeep et fonce vers Colmar pour revoir ses parents. Je le reverrai après la fin de la campagne d'Alsace, avec deux jambes en moins, il venait de sauter sur une mine.
    Nous continuons la bataille et, alors que l’ensemble de la Première Armée Française a le prestige de rentrer en Allemagne, à l’approche de la traversée du Rhin, le Général de Gaulle nous demande de retourner sur nos pas pour libérer quelques villes encore occupées par l'ennemi, à la frontière franco-italienne. Nous avons de très grosses pertes dans les Alpes, la bataille de l’Authion est très cruelle : l'ennemi est bien protégé dans les montagnes, ce sont les derniers et ils sont pris d'une haine, qui ne leur permet heureusement pas de vaincre. Le 8 mai 1945, nous apprenons la victoire.
     
    Rétrospective historique : le 15 mars 1945, la 1ère DFL relève une brigade américaine dans la région de Menton. Elle recevra pour mission d’atteindre la frontière italienne par la montagne et de s’emparer du Massif de l’Authion. Le 10 avril 1945, la 1ère Division Française Libre attaque : les soldats se battront au lance-flammes, pour libérer des forts à la frontière franco-italienne, à deux mille mètres d’altitude. Successivement, ces fortifications tomberont entre les mains de la 1ère Division Française Libre. L’armée allemande d’Italie capitule le 28 avril 1945.
    Le 18 juin 1945, nous sommes dans Paris, à l’occasion du « défilé de la Victoire », cinq ans après l’Appel du Général de Gaulle. Nous devons initialement partir pour l'Indochine, mais le Général de Gaulle
    refusera fermement : notre engagement s'arrête à la fin de la guerre, plus trois mois. Je rentre en Tunisie rejoindre mes parents, la vie reprend son cours après trois années particulièrement denses. Bien après la guerre, je reverrai chaque année mes camarades de la 1ère Division Française Libre, notamment au sein de l’Amicale. Les combattants disparaissent, mais le souvenir doit perdurer. J'ai notamment eu l'honneur d'accompagner le Général sur les tombes, à Takrouna. Si notre engagement officiel prend fin en 1945, celui de la mémoire de mes camarades disparus me suivra toute ma vie.
    Moi, jeune tunisien de vingt ans et pourtant tellement français, je me suis engagé pour sauver la France ».
    Charles 
     

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  • Commentaires

    1
    Durand
    Mercredi 28 Septembre 2022 à 19:00

    honneur respect profonde sympathie merci a notre heroique liberateur, sincere condoleance;

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