• Publié avec l'aimable autorisation de Bernard GUINARD, neveu de Roger GUINARD

    "Quoi que l’on puisse dire ou penser de certaines personnes, on ignore souvent le passé de certains, amis ou membres de la famille, que l’on croyait pourtant bien connaître. C’est ainsi que j’ai découvert par hasard le glorieux passé de mon oncle lors de la Libération… Cet article est donc une façon de rendre hommage à l’un des innombrables héros méconnus qui ont libéré notre sol du joug hitlérien. Bien que très incomplet sur le parcours de mon oncle, il sera assez difficile de combler ces lacunes, mon oncle n’étant plus de ce monde. Je dédie cet article à ma cousine, en ayant une pensée pour son frère, qui n’est plus parmi nous lui non plus mais qui, j’espère,  aurait apprécié" B. Guinard

     

    * Hommage à mon oncle Roger Guinard, ancien de la 1ère DFL et libérateur de l'Alsace

    Roger Marie Victor GUINARD est né le 31 mars 1926 à Lyon (1er), sur les pentes de la Croix- Rousse ce qui fait de lui un « gône », comme disent les lyonnais. Il est fils de Victor François René GUINARD et de Marcelle Marie Jeanne Madeleine GRAS (qui vivra jusqu’à presque 109 ans et sera la doyenne du département de l’Ain), qui habitaient alors Lyon. Roger est baptisé à Saint-Etienne (42) en la paroisse Saint-Polycarpe, le 5 avril 1926, et son parrain fut son grand-père Victor GUINARD. Il fera une partie de ses études au collège Saint-Michel de Saint-Etienne.

    Lorsque la guerre éclate, Roger Guinard n’est âgé que de 13 ans, et subi comme les autres les dures réalités de la guerre en zone libre. Puisse ce sont celles de l’occupation, après le 11 novembre 1942, époque où Roger n'a que 16 ans.

    En 1944, lorsque les alliés débarquent en Normandie, puis en Provence, Roger a à peine plus de 18 ans. Mais cela ne l’empêchait pas de fournir déjà des renseignements à la Résistance et,  après la libération de Lyon le 3 septembre, il s’engage le 8 octobre 1944, au titre du 21ème Groupe Antillais de Défense Contre les Avions (GADCA.). Il portera le numéro de matricule 34559, comme l'indique son état signalétique et des services.

    En 1943 avaient été créées des forces terrestres antiaériennes (FTA) pour la défense contre les avions (DCA). En octobre 1942, 500 volontaires évadés de la Guadeloupe et de la Martinique, pour s’enrôler dans les Forces Françaises Libres, formaient le 1er Bataillon des ANTILLES  à la Dominique, unité qui sera instruite à partir de juin 1943 à Fort Dix, au New jersey, avant de débarquer à Casablanca, au Maroc, le 12 octobre 1943. Le 16 janvier 1944, l’unité est intégrée à la 1ère Division de la France Libre (DFL), et devient le 21ème Groupe Antillais de DCA (GADCA).

    * Hommage à mon oncle Roger Guinard, ancien de la 1ère DFL (21GA DCA et RFM)  et libérateur de l'Alsace


    Après plusieurs mois d’instruction, l’unité débarque en Italie en mai 1944. Sa mission était d’assurer la protection aérienne des itinéraires, des terrains de Piper-club, et de participer au transport. Le GADCA débarque à Cavalaire, dans le Var, dans la nuit du 16 au 17 août 1944, et participe à la libération de Toulon le 25 août, puis franchit le Rhône le 31 août. On retrouve l’unité à Lyon le 6 septembre 1944.

    Ensuite, la 1ère DFL participe à la libération d’Autun, du 8 au 10 septembre. Puis le 12 septembre, on assiste à la jonction d’un peloton du 1er Régiment de Marche des Spahis Marocains (RMSM), le régiment de reconnaissance de la 2ème DB, avec les fusiliers-marins de la 1ère DFL. Cette rencontre a lieu à Nod-sur-Seine, en Côte-d’Or. Puis la 1ère DFL est engagée dans la Bataille des Vosges à partir du 20 septembre, et participe à la prise de Belfort.

    Dans les Vosges, malgré le froid (températures de -25 à -30 degrés), la neige, et l’humidité, le GADCA assure la protection aérienne dans la zone où est déployée l’Artillerie. L’unité est pour cela équipée de canons Bofors de 40 mm. Ses véhicules sont en outre utilisés pour le transport des troupes d’infanterie vers les zones de combat, des zones de combat vers celles de repos.
    Après les Vosges, la 1ère DFL est employée sur le front de l’Atlantique, afin de réduire de la poche de Royan en Charente-Maritime.

    Puis la division est rappelée en urgence pour l’Alsace, et le GADCA y assure la défense aérienne, mais aussi la défense contre les blindés du 7 au 11 janvier 1945. Dans les jours qui suivent, le GADCA repousse toutes les attaques ennemies à Benfeld et, dans la nuit du 22 au 23 janvier 1945, part à l’attaque de la poche de Colmar. Malgré la neige, le froid, les obstacles posés par l’ennemi, et malgré la farouche défense allemande, le Rhin est atteint à la fin du mois de janvier. Du 19 février au 7 mars, le GADCA assure la garde du Rhin dans la région de Diebolsheim, avant de faire mouvement le 9 mars vers le front des Alpes.


    Le 7 septembre 1945, le GADCA fut cité à l’ordre de la Division par le général Garbay, commandant de la 1ère DFL :


    Groupe Antillais d'élite, sous l'impulsion du Chef d'Escadron de KEONIGSWARTER, commandant les F.T.A Divisionnaires, et le commandement énergique du Chef de Bataillon LANLO, a toujours fait preuve des plus belles qualités militaires.
    Après avoir participé à la Campagne d'Italie, a été utilisé à maintes reprises pendant la Campagne de France comme unité antichars ou d'Infanterie.
    Premier groupe de F.T.A débarqué à Cavalaire, a pris une part active dans la réduction des Forts de TOULON, faisant de nombreux prisonniers.
    A tenu, au prix de lourds sacrifices, un front étendu de position d'Infanterie devant GIROMAGNY.
    A montré une belle ardeur combative pendant la défense d'HERBSHEIM, où un fort détachement du Groupe est resté encerclé pendant trois jours, résistant sans défaillance malgré la perte de plusieurs de ses pièces atteintes de coups directs de char et la mort de la plupart de ses officiers et chefs de section.
    A BENFELD, les jours suivants, a repoussé toutes les attaques de l'Ennemi, détruisant des chars et faisant des prisonniers
    .

    Le 16 février 1945, Roger Guinard est affecté au 1er régiment de Fusiliers-Marins (RFM). Mais il semblerait qu’il combattait depuis un certain temps déjà avec cette unité, au 3ème escadron, au moins en Alsace, si l’on en croit les annotations qu’il à faite sur certains documents personnels.

    * Hommage à mon oncle Roger Guinard, ancien de la 1ère DFL (21GA DCA et RFM)  et libérateur de l'Alsace

    Le 1er RFM, commandé par le capitaine de corvette de Morsier, était l’unité de reconnaissance de la 1ère DFL. Après les combats de la Vallée du Rhône, de la Haute-Saône et de la poche de Royan, le 1er RFM se distingue en Alsace à partir de janvier 1945, plus particulièrement à Herbsheim et Rossfeld. Les fusiliers-Marins atteignent le Rhin le 1er février 1945 devant Sasbach. Pour le récit de la bataille pour la poche de Colmar (voir le site de la 1ère DFL  ).

     

    * Hommage à mon oncle Roger Guinard, ancien de la 1ère DFL et libérateur de l'Alsace

     

    Le 1er RFM participe aux combats de l’Authion (voir le récit sur le site de la 1ère DFL ), dans l’arrière-pays niçois, à partir du 15 mars 1945, où la 1ère DFL relève les américains. La frontière entre la France et l’Italie dans les Alpes-Maritimes, est fortement tenue par la 34ème division d’Infanterie (DI) allemande. Une opération d’attaque française, portant le nom de code «canard» est lancée le 10 avril, et son but est de s’emparer du massif de l’Authion, situé à plus de 2000 mètres d’altitude, et clef de voûte de la défense allemande. Les forces en présence sont la 34ème DI et une partie de la 5ème division alpine côté allemand, la 1ère DFL, le 3ème régiment de Tirailleurs Sénégalais, le Bataillon d’Infanterie du Pacifique et les chars du 1er RFM côté français.
    Pour le 1er RFM, le premier exploit de cette bataille fut de faire grimper à cette altitude ses chars légers de type Stuarts, ce qui paraissait impossible aux Etat-majors militaires. Une épave d’un de ces chars a d’ailleurs été laissée à Cabanes-Vieilles afin de rappeler ce fait d’arme.
    Roger Guinard est blessé par balle à la cuisse droite, le 13 avril 1945, à Giagiabella, sur le mont Ventabren, et est évacué le même jour sur l’hôpital chirurgical mobile n° 3.

    Les Formations Chirurgicales Mobiles étaient essentiellement constituées de personnel technique, ce qui permettait d’effectuer les interventions d’extrême urgence. C’était en effet de petites unités chirurgicales qui étaient implantées le plus près possible des lieux de combat. La 3ème FCM avait été débarquée à Fréjus le 30 août 1944, et a suivi la 1ère DFL.

    Roger quitte la 3ème FCM 2 jours plus tard, le 15 avril.

     

    Le 1er RFM défilera à Nice le 8 mai 1945 lors du Défilé de la Victoire, puis aux Champs-Elysées le 18 juin, et verra ce jour-là son drapeau décoré de la Croix de la Libération par le général De Gaulle (décret du 12 juin 1945), sur la place de la Concorde.

    Roger est démobilisé le 2 novembre 1945, puis classé en service armé, avec dispense de service actif, par décision du 25 mars 1946. Il était décoré de la Médaille Commémorative 39-45, avec barrette «engagé volontaire» et l’insigne des «blessés de guerre», et de la Croix du Combattant Volontaire 39-45, n° de diplôme n°47089, par décision ministérielle n° 2965 du 31 juillet 1968.

    L’insigne des Blessés de Guerre a été créé par une loi du 11 décembre 1916. Cet insigne représente une étoile émaillée de couleur rouge portée sur la médaille commémorative du conflit au cours duquel la blessure a été reçue.

    Roger effectue une «période verticale» au 1/7ème régiment d’Artillerie Coloniale du 16 au 29 septembre 1952, puis une période d’instruction, dans la même unité, du 10 au 26 septembre 1954, avant d’être libéré définitivement de toute obligation militaire, par ordonnance n° 59-147 du 7 janvier 1959.

    Roger se marie à Rabat (Maroc), le 16 août 1954, avec Pierrette PIGNEUX, originaire de Bourges (18). Ils auront deux enfants.

    Roger avait tant apprécié l’accueil alsacien, qu’il reviendra s’installer comme chef d’atelier en électronique, et habitera à Horbourg-Wihr (68), où il décède le 17 décembre 1983.

    Source : Site web Bernard GUINARD


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  • Capitaine de Vaisseau Jean DES MOUTIS (1911-1965) PROMOTION PMM de TOURS  2015-2016

    * Jean de MOUTIS, 1er Bataillon de Fusiliers Marins à l'honneur - PMM de Tours

    Le Capitaine de vaisseau Jean des MOUTIS succéda en 1941 au capitaine de Corvette Roger DETROYAT à la tête du 1er B.F.M. Compagnon de la Libération LIEN

     

    CEREMONIE DE PARRAINAGE PMM DE TOURS, LE  15 FEVRIER 2016

    Ce lundi 15 février 2016 au matin s’est tenue la cérémonie de parrainage par la compagnie de fusiliers marins (CIFUSIL) de Lann-Bihoué de la Préparation militaire marine (PMM) de Tours, baptisée « capitaine de corvette DETROYAT », d’après le célèbre officier de marine qui s’est illustré pendant la Seconde Guerre Mondiale, au commande du chasseur 5 puis à la tête du 1er bataillon de fusiliers marins.

    Les PMM permettent à des jeunes, âgés de 16 à 23 ans, de découvrir la Marine nationale et ses métiers. Il existe environ 70 centres de PMM en France. Le parrainage d’une PMM avec une unité d’active comme ici la CIFUSIL de Lann-Bihoué permet d’établir un partenariat privilégié pour que les jeunes stagiaires de la PMM suivent une partie de leurs activités avec la CIFUSIL. En terme de chiffres, la Préparation Militaire Marine de Tours c'est 25 jeunes, 8 filles, 17 garçons âgés de 16 à 18 ans, ainsi que 4 cadres instructeurs.

    Lundi matin, lors de la cérémonie, qui était présidée par le contre-amiral Thierry Rousseau, Commandant la Marine à Paris, la PMM a reçu son fanion et sa promotion 2015-2016 a été baptisée « capitaine de vaisseau Jean DES MOUTIS », d’après l’officier qui a succédé au capitaine de corvette DETROYAT à la tête du 1er bataillon de fusiliers marins.

    Le commandant de la CIFUSIL et celui de la PMM ont ensuite signé la charte de parrainage qui les uni.

    Page Facebook FUSCO Marine (Marine nationale) 

     

    Crédit photos : F.Ledoux / Marine nationale

     

    * Les créateurs du 1er Bataillon de Fusiliers Marins à l'honneur - PMM de Tours

    Portrait d'un élève de la Préparation Militaire Marine (PMM) de Tours pendant la cérémonie de remise de fanion et de parrainage de la PMM à Lann-Bihoué le 15 février 2016.

    * Les créateurs du 1er Bataillon de Fusiliers Marins à l'honneur - PMM de Tours

    Le pistard de la Préparation Militaire Marine de Tours, rend hommage au capitaine de vaisseau Jean des Moutis, lors de la cérémonie de remise de fanion et de parrainage de la PMM à Lann-Bihoué le 15 février 2016

    * Les créateurs du 1er Bataillon de Fusiliers Marins à l'honneur - PMM de Tours

    Le piquet d'honneur, lors de la Cérémonie de remise de fanion et de parrainage de la PMM Tours à Lann-Bihoué le 15 février 2016

    * Les créateurs du 1er Bataillon de Fusiliers Marins à l'honneur - PMM de Tours

    La Préparation Militaire Marine (PMM) de Tours vient de reçevoir son fanion lors de la cérémonie à Lann-Bihoué le 15 février 2016.

     

    * Les créateurs du 1er Bataillon de Fusiliers Marins à l'honneur - PMM de Tours

    L'Enseigne de Vaisseau de 1ère classe Josien, chef de centre de la Préparation Militaire Marine de Tours, signe la charte de parrainage, lors de la cérémonie de remise de fanion et de parrainage du centre de Préparation Militaire Marine de Tours, à Lann-Bihoué le 15 février 2016

    * Les créateurs du 1er Bataillon de Fusiliers Marins à l'honneur - PMM de Tours

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    * Jean des MOUTIS, 1er Bataillon de Fusiliers Marins à l'honneur - PMM de Tours

    * Jean des MOUTIS, 1er Bataillon de Fusiliers Marins à l'honneur - PMM de Tours

    * Jean des MOUTIS, 1er Bataillon de Fusiliers Marins à l'honneur - PMM de Tours


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  • Remerciements à M. Carlos MANN pour cette très belle photographie,  ainsi que le document reproduit  et son témoignage sur son grand-père René GENESTIER, ayant rejoint la 1ère Division française Libre depuis le CHILI et fait preuve de son courage jusqu'au bout, en s'évadant d'Allemagne pour rejoindre sa Division, après Obenheim.

     

    * Mémoire de René GENESTIER (BM 24) par son petit-fils, Carlos MANN

    "Je voudrais témoigner sur mon grand-père, qui a rejoint l'AFDL comme chauffeur de pionniers de la 4e -brigade - BM 24. René Genestier était né le 3 Aout 1924 à Santiago du Chili. Embarqué de Buenos Aires sur un cargo Anglais, il est arrivé à Alger le 20/12/43 , de là, dirigé sur Tunis, et ensuite Nabeul où il a rejoint la C.B.

    Il embarque à Bizerte le 15/04/44 pour la Campagne d’Italie. Débarqué a Naples, cantonné a San Marcelino, René GENESTIER prend part aux opérations du Garigliano, San Andrea, San Ambrosio, San Giorgio, Pontecorvo, etc. jusqu’au 21 Juin 1944.

    Le 27 Juin la Division est dirigée sur Tarento et Brindisi en vue de son embarquement pour la campagne de France. Débarqué à Cavalaire le 16/08/44, il prend part aux opérations de Hyères, Toulon, Lyon, Dijon, Belfort, etc. Participe a la prise de Ronchamp, le 2/10/44, mais aussi Champagnay, Giromagny.

    En position a Obenheim le 1er janvier 1945 le bataillon est attaqué et après de durs combats. La position tombe le 11 janvier vers 11 heures du matin. Fait prisonnier, il est transporté en Allemagne, interné dans différent camps de triage pour aboutir a celui du Stalag XIII D a Nuremberg.

    Il a écrit sur son évasion : “Sous la poussée du Front Russe, nous sommes évacués en chemin de fer ; à la gare de Furth nous sommes bombardés par l’aviation alliée. Trois d’entre nous en profitons pour nous évader. Après 6 jours nous rejoignons les premières lignes Américaines près de Bamberg. Rentrons à Strasbourg et de là rejoignons notre Division a Nice

    Carlos MANN

    * Mémoire de René GENESTIER (BM 24) par son petit-fils, Carlos MANN

    * Mémoire de René GENESTIER (BM 24) par son petit-fils, Carlos MANN

    Document transcrit par Mme Dominique Woerther, Fondation BM 24 -Obenheim

     

    St Jean de Luz, 7 mai 1945

    Querido, Papa

    Il doit te tarder d’avoir de mes nouvelles et de savoir ce que je suis devenu depuis le mois de janvier. Après mon câble, j’espérais en recevoir un de toi mais comme je ne vois rien venir je me suis décidé à écrire. Gérald m’a envoyé ta lettre datée du début janvier bien que les nouvelles aient été un peu vieilles, elles m’ont fait bien plaisir. Je voudrais bien que tu me dises si Bernard et toi se sont embarqués pour venir s’engager. Je crois que maintenant il serait un peu tard, car j’espère que lorsque cette lettre te parviendra la guerre sera terminée depuis longtemps, d’ailleurs nous nous préparons à  la fête dignement… avec les moyens du bord.

    Je suppose que tu as envie de connaître quelques détails sur mon équipe. Après nous être battus pendant 4 jours nous avons été pris le 11 janvier au matin en Alsace. Fouillés puis dirigés vers le royaume des teutons, le 3ème Reich. Après quelques jours à Waldkirch, camp de triage, nous avons été dirigés sur Ludwigsbourg près de Stuttgart. J’y suis resté un mois menant une vie à peu près potable bien qu’il y fasse très froid. De là nous avons été dirigés en wagons à bestiaux sur Nüremberg. En cours de route nous avons subi un mitraillage de l’aviation alliée. Arrivés à Nüremberg commença la vie de bagnard. ... 5 à 6 h de travail jusqu’à 2 h de l‘après-midi dans la neige et le froid. Nous creusions des fosses communes pour enterrer les maccab. boches des bombardements de la ville. A 2 h nous rentrions au camp où on nous servait un copieux repas : eau de vaisselle + 20 g de pain avec la grosse quantité de 25 g de margarine et… c’était tout jusqu’au lendemain 2 h. Après un mois et demi de ce régime je suis parti avec d’autres camarades dans un « Kommando » de travail en forêt, la vie était un peu meilleure. Nous devions abattre (...) et débiter du bois de chauffage et du bois destiné à la fabrication du papier,  2 m3 par équipe de 2 et par jour bien que ces messieurs en demandent davantage.  Nous y sommes restés 3 semaines puis sous la menace de l’avancée alliée ils nous ont « évacués » vers une destination inconnue. Après une nuit de  voyage toujours en 1ère classe, le train étant en gare vers 2 h de l’après-midi nous avons été bombardés. Comme on nous avait ouvert les portes quelques minutes avant, nous avons tous cherché à nous éloigner de la gare tant bien que mal. Une fois avoir ressenti l’air de la liberté, nous avons pensé avec deux de mes camarades que nous pouvions profiter de l’occasion pour mettre les bouts. Nous avons rejoint une forêt où la providence nous fit tomber sur 2 pilotes américains également évadés quelques jours avant qui nous ont donné une copie de carte de la région qui nous fut de grande utilité. Et nous sommes partis marchant la nuit et le petit jour, nous cachant la journée ayant pour tout vivre les restes d’un colis de la Croix Rouge anglaise : quelques biscuits, 1 boîte de lait, 1 de porridge et une de légumes. Nous avons vécu 6 jours en forêt parcourant environ 60 km. Le 15 avril nous avons rejoint les troupes américaines « Enfin Libre ». Chocolat, biscuits, cigarettes et tout le reste nous fut offert à profusion. Ils ont été bien chics et nous ont faciliténotre retour vers la France. J’ai retrouvé mon unité à Nice où j’ai obtenu une permission de 30 jours et je suis parti pour St Jean de Luz où je me repose. Dès mon arrivée tante Nenette m’a amené chez le docteur, il m’a trouvé une bronchite déjà disparue grâce aux bons soins de toutes mes infirmières. Tante Nenette va me prendre en photo que je t’enverrai dans ma prochaine lettre. Jeannot le fils de Mme Bernard est avec la division Leclerc sans doute en Allemagne. A mon retour Gérald était en permission. Par conséquent je n’ai pas pu le voir il est actuellement avec ma division sur la Côte d’Azur. J’espère que vous êtes tous en bonne santé. Il me tarde d’avoir de vos nouvelles. Tu embrasseras bien fort pour moi Mame et Grand Père ainsi que Suzanne. A toi, mon cher Papa, je t’embrasse très fort.

    Ton fils qui t’aime bien

    René.

    Nous sommes très heureuses d’avoir René auprès de nous. Arrivé un peu fatigué, il est actuellement très bien et a un excellent appétit. Il a grand hâte d’avoir de vos nouvelles. Vous seriez bien aimable de dire à tante et tonton, qu’à part leur câble, nous n’avons encore rien reçu d’eux. Embrassez-les de notre part. Nous sommes tous très bien et n’aspirons qu’à la fin de cette guerre qui amènera le retour tant attendu de nos soldats. Soyez sans inquiétude pour René. Nous ne le laisserons s’envoler que tout à fait remis sur pied. Grand-Mère et Maman se joignent à moi pour vous transmettre leurs amitiés. Embrassez Suzanne. Meilleur souvenir à M. et Mme Genestier.

    Marcelle Bernard.


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  •  

    Roger Buquin, délégué de la Fondation France Libre en Haute-Savoie, a fait part à la Fondation  du décès de Pierre BEILIN,  ancien du 1er RA de la 1ère DFL, le 5 février 2016 à Saint-Jorioz (74).

    Pierre BEILIN, évadé par l'Espagne en Janvier 1943, s'était engagé dans les FFL en mai 1943.

    Nous adressons toutes nos condoléances à sa famille et à la délégation FL 74.

     

    * Disparition de Pierre BEILIN, Ancien du 1er RA

    1944 juin - En permission à Rome , de gauche à droite :

    Pierre Curutchet, André Pelte, Pierre BEILIN, Pierre Gauthier

    Coll. Pierre Gauthier 

    Source : Livre d'Or des Français Libres - Laurent Laloup Lien

     

    Signe du destin ? nous publiions hier les Mémoires de son camarade de combat Pierre GAUTHIER qui explique les circonstances dans lesquelles fut prise leur photographie de Rome en Juin 1944... (page 26)

     

    * Disparition de Pierre BEILIN, Français Libre, Ancien du 1er RA

     

     


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  • Publication proposée par Florence Roumeguère, avec l'aimable autorisation de Monsieur Pierre GAUTHIER ce 14 février 2016.

    Nous lui adressons nos vifs remerciements et l'expression de toute notre amitié.

    ^* Mémoires de Guerre 1940-1945. Une réponse à l'Appel du 18 Juin 1940. de Pierre GAUTHIER, Résistant et Ancien du 1er RA

    TELECHARGER LES MEMOIRES DE Pierre GAUTHIER LIEN

    * Mémoires de Guerre 1940-1945. Une réponse à l'Appel du 18 Juin 1940. de Pierre GAUTHIER, Résistant et Ancien du 1er RA

     

    * Mémoires de Guerre 1940-1945. Une réponse à l'Appel du 18 Juin 1940. de Pierre GAUTHIER, Résistant et Ancien du 1er RA

     

    • Biographie extraite de l'ouvrage

    "Né le 3 novembre 1921 à Alger où mon père était en fonctions au Crédit Lyonnais ; il a changé de banque en 1924 et nous sommes partis à Marseille, et puis successivement à Tours en1934, à Montpellier en 1937, et à Saint-Etienne en 1939.

    Mes études secondaires se sont terminées en juin 1940 au collège de l'Enclos Saint-François à Montpellier. C'est de la ville de Saint-Etienne que je suis allé à Marseille pour embarquer en novembre 1940 sur le Lamoricière et rejoindre l'Afrique du Nord. J'ai commencé alors mes études de droit à la Faculté d'Alger où j'ai connu le professeur René Capitant et adhéré au réseau de Résistance (Combat d'outre-mer) qu'il avait créé clandestinement en attendant le débarquement allié en novembre 1942 ; à ce titre II avait organisé l'accueil du général de Gaulle à Alger le 30 mai 1943.

    J'ai pu alors partir en Tunisie pour être engagé volontaire, comme je le souhaitais, dans les Forces françaises libres pour participer à la Libération de la France. Mes actions militaires pendant la seconde guerre mondiale m'ont permis de participer aux campagnes de Tripolitaine, d'Italie et, après le débarquement du  15 août 1944 en Provence sur la plage de Cavalaire, aux combats de la Libération.

    Après avoir été démobilisé au mois d'août 1945 j'ai pu terminer mes études de droit à Alger pour pouvoir entrer dans la magistrature. J'ai exercé des fonctions judiciaires dans des juridictions des départements d'Oran, d'Alger et de Constantine en affrontant les dangers des événements pendant la période des rebellions algériennes de 1954 à 1962, date de l'Indépendance de l'Algérie.

    Pour assurer la sécurité de ma famille j'avais sollicité ma mutation en métropole et j'ai été nommé en novembre 1962 Procureur de la république à Orléans.

    Ma carrière s'est poursuivie à partir du mois de juillet 1964 au tribunal de grande instance à Paris dans la section financière de cette juridiction (Parquet, 11 "chambre) Au cours des graves événements du mois de mai 1968 à Paris j'ai été rappelé en qualité d'officier réserviste de la Gendarmerie à la compagnie de Corbeil Essonne. Entre temps, René Capitant nommé Garde des sceaux, ministre de la justice par le général de Gaulle m'avait convoqué pour faire partie de son cabinet. Dès l'annonce du départ du général de Gaulle le 28 avril 1969 il donna sa démission et reprit ses cours à La Sorbonne

    Le 10 avril 1969, j'avais été promu substitut du procureur général près la Cour d'appel de Paris.

    Le 19 septembre 1969, procureur général près la Cour d'appel de Bourges et détaché à la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur.

    Le 24 avril 1978, accession à la Cour de Cassation, en qualité d'Avocat général à la chambre sociale.

    Le 26 janvier 1983, désigné par l'assemblée générale de la Cour de Cassation pour exercer les fonctions d'Avocat général près la Haute cour de justice dite "de la Libération". Retraite à compter du 2 janvier 1990, maintenu en activité et cessation de fonctions à compter du 1er octobre 1990.

    Dans mon dossier professionnel, Pierre Arpaillange Garde des Sceaux, ministre de la Justice m'a rendu le 6 juillet 1990, " l'hommage qui est incontestablement dû, non seulement, à un magistrat d'une grande qualité humaine et professionnelle, mais aussi au courage exemplaire du soldat qui, avec courage et abnégation, a consacré glorieusement une partie de sa jeunesse à l'avenir de son pays.".

    Parallèlement à mon cursus de magistrat, j'ai dispensé pendant une vingtaine d'années, un enseignement de " Droit Pénal des Affaires " à l'INTEC (Institut national des techniques économiques et comptables) qui forme une bonne part des experts comptables français ; cours ayant donné lieu à publication d'un manuel de même titre en 1987, avec comme co-auteur Me Bianca de Catheu-Lauret avocate à la Cour d'appel de Paris. (Editions Economica)".

     

    DECORATIONS ET DISTINCTIONS HONORIFIQUES

    • Commandeur de la Légion d'Honneur
    • Commandeur de l'Ordre national du Mérite
    • Médaille Militaire
    • Croix de guerre
    • Médaille des services volontaires dans la France libre
    • Officier de la Grande Croix de Malte des " Vétérans of Foreign Wars of thé United States " en reconnaissance pour les éminents services rendus à la cause alliée au cours de la seconde guerre mondiale et pour l'amitié manifestée envers les Etats-Unis et son peuple.
    • Citoyen d'Honneur de la ville de la Nouvelle Orléans (USA)
    • Auditeur de la XXIVème session 1971-1972 de l'Institut des Hautes Études de Défense Nationale

     


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