-
Par authion le 31 Août 2019 à 19:37
(Photo : Musée de l'ordre de la libération)
Biographie (Musée de l'ordre de la libération)
Issu d'une longue lignée de nobles provençaux, Honoré d'Estienne d'Orves est né le 5 juin 1901 à Verrières le Buisson (Essonne). Son père, directeur de Société, meurt en 1926.
Après de bonnes études à Saint-Louis de Gonzague et à Louis-le-Grand, il choisit de préparer le concours d'entrée à l'Ecole Polytechnique qu'il réussit en 1921.
Sorti de Polytechnique en 1923, il intègre l'Ecole navale.
Enseigne de vaisseau de 2e classe en octobre 1923, il embarque comme élève sur la Jeanne d'Arc. Il est ensuite affecté au cuirassé Provence puis à différents bâtiments de la Royale.
Promu lieutenant de vaisseau en 1930 et chevalier de la Légion d'Honneur en 1935, il entre à l'Ecole de Guerre navale pour un an en décembre 1936.
Au moment où la guerre est déclarée en 1939, Honoré d'Estienne d'Orves sert à bord du Jaguar où il remplit les fonctions de sous-chef d'Etat-major de la 2e Flottille de torpilleurs en Méditerranée. En décembre 1939, il est officier d'ordonnance à bord du Duquesne, dans la Force "X" , de l'Amiral Godfroy.
L'armistice de juin 1940 le surprend à Alexandrie.
Ne pouvant se faire à l'idée que sa patrie vaincue accepte la défaite, il constitue un groupe de marins et d'officiers, parmi lesquels Roger Barberot et André Patou, déterminés comme lui à continuer la lutte, prend le nom de "Chateauvieux" (du nom de l'une de ses aïeules) et entre en contact avec les autorités de la France libre.
Il quitte Aden avec son groupe et après un interminable voyage de deux mois autour de l'Afrique, rejoint le général de Gaulle à Londres le 27 septembre 1940.
Sur place, il rencontre l'amiral Muselier mais ne trouve pas d'emploi convenant à l'activité dont il déborde. Promu capitaine de corvette le 1er octobre 1940, le poste de chef du 2e Bureau de l'état-major des Forces navales françaises libres (FNFL) lui est offert ; il l'accepte et remplace le commandant Passy à la tête du SR de la France Libre en attendant mieux ; mais il ne tarde pas à solliciter la faveur de passer en France pour y organiser un réseau de renseignements.
Ayant convaincu le général de Gaulle, d'abord réticent, de monter une liaison avec la France et de développer et coordonner le réseau embryonnaire qui a pour nom de code Nemrod et qui a vu le jour à l'initiative de Jan Doornik et Maurice Barlierdès septembre 1940, il est affecté dans ce but à l'Amirauté britannique à partir du 15 décembre 1940.
Il embarque, à Newlyn, le 21 décembre 1940, sous le pseudonyme de "Jean-Pierre Girard", avec un radio télégraphiste, Georges Marty, sur un bateau de pêche, la Marie-Louise, à destination de Plogoff. Installé chez les Clément, à Chantenay-sur-Loire près de Nantes, parfaitement aidé dans ses déplacements par Maurice Barlier, il rayonne à travers toute la Bretagne et ne tarde pas à mettre sur pied l'organisation précise du réseau. Il transmet en outre des renseignements capitaux sur les défenses côtières allemandes, les sous-marins, les aérodromes et les dépôts d'essence de la région nantaise.
Du 6 au 19 janvier, il se rend à Paris pour organiser un second réseau. Il rencontre Jan Doornik et de nombreuses personnalités. De retour à Nantes, le 20 janvier, il se réinstalle chez les Clément. Ceux-ci ont mis leur maison à son entière disposition, et lui font part de leur inquiétude au sujet du comportement suspect de Marty. Honoré d'Estienne d'Orves décide alors de renvoyer son radio à l'occasion du prochain voyage à Londres. Mais il est déjà trop tard. Le 22, les Allemands envahissent la demeure. Après avoir résisté, d'Estienne d'Orves, le visage en sang, est menotté et conduit avec ses compagnons à Angers.
La trahison de Marty permet également aux Allemands d'arrêter Barlier, Doornik et l'ensemble du réseau, au total 26 personnes. Le 24 janvier, les inculpés sont dirigés sur Berlin puis brusquement ramenés à Paris, à la prison du Cherche-Midi. D'Estienne d'Orves, mis au cachot, est soumis à un régime particulièrement rigoureux. Son moral ne s'en ressent pas. Il trouve même le moyen de galvaniser l'énergie de ses compagnons.
Le procès commence le 13 mai. Prenant sur lui toute la responsabilité, il défend ses co-inculpés. Le 23, la Cour martiale rend son jugement. Le capitaine de frégate d'Estienne d'Orves et huit de ses camarades sont condamnés à mort et transférés à Fresnes.
Le conseiller juridique allemand Keyser prend sur lui d'aller à Berlin demander la grâce des condamnés. Vaine démarche. Le 28 août au soir arrive l'ordre de passer par les armes, dès le lendemain, les trois principaux responsables : d'Estienne d'Orves, Barlier et Doornik, les six autres bénéficiant de remises de peines.
L'exécution a lieu le lendemain, 29 août à l'aube, au Mont Valérien. Honoré d'Estienne d'Orves a été inhumé à Verrières le Buisson.
(Photo Wikipédia)
29 août 1941
Exécution d'Honoré d'Estienne d'Orves
Capturé par les Allemands lors d'une mission d'espionnage sur le sol français, Honoré d'Estienne d'Orves est fusillé le 29 août 1941 au mont Valérien aux côtés de deux compagnons de combat.
Cette exécution d'un officier patriote et chrétien marque la fin d'une cohabitation plutôt paisible entre l'armée d'occupation allemande et la population française.
André Larané
Vocation militaire
Descendant par son père Marc d'une lignée de comtes d'origine provençale, le « premier martyr de la France libre » est né le 5 juin 1901 à Verrières-le-Buisson, au sud de Paris. La famille de sa mère, Élisabeth de Vilmorin, est propriétaire d'une entreprise prospère de graines... qui existe encore sous le nom de Vilmorin.
Très pieux, le couple élève ses enfants dans la foi catholique mais éveille aussi leur sens patriotique. Pendant la Grande Guerre de 1914-1918, Honoré, poursuit de bonnes études au lycée Louis-le-Grand. Il entre à l'École Polytechnique.
Le jeune homme fréquente un groupe d'amis dans lequel figurent un cousin éloigné qui a nom... Antoine de Saint-Exupéry et sa cousine germaine Louise de Vilmorin. Cette dernière, personnalité exubérante et passionnée, connaîtra deux mariages ratés avant de se révéler dans l'écriture romanesque et de devenir bien plus tard la compagne d'André Malraux !
Au terme de ses études, en 1923, Honoré d'Estienne d'Orves choisit d'entrer dans la Marine. En 1929, c'est le mariage avec Éliane de Lorgeril. Ils auront cinq enfants. En 1940, quand éclate la guerre, le lieutenant de vaisseau est au mouillage à Alexandrie, en Égypte.
Après l'armistice du 22 juin, il prend le parti de déserter et, sur un cargo, avec quelques compagnons, contourne l'Afrique pour rejoindre l'Angleterre et poursuivre la guerre contre l'Allemagne.
Clandestinité et trahisonÀ son retour en Bretagne, ses adjoints et ses hôtes lui font part de leurs inquiétudes relativement à la conduite du radio Alfred Gaessler. Celui-ci traîne dans les bars et converse imprudemment avec les soldats allemands.
D'Estienne d'Orves, par excès de confiance, commet la faute de ne pas le renvoyer immédiatement Angleterre et lui laisse une deuxième chance.
Quelques jours plus tard, Gaessler, humilié et peut-être déçu par la vie d'espion, qu'il espérait plus palpitante et plus fastueuse, se rend dans les locaux de l'armée allemande à Nantes. Il déballe tout. Et dans la nuit du 21 au 22 janvier 1941, les Allemands cueillent les membres du réseau Nemrod à leur domicile.
D'Estienne d'Orves résiste autant qu'il peut aux hommes qui ont fait irruption dans sa chambre. Roué de coups, il est jeté en cellule ainsi que ses compagnons.
Les bureaux de Londres, ignorants du drame, vont être intoxiqués pendant plusieurs semaines encore par des faux messages radio du traître Gaessler, provoquant de la sorte l'arrestation d'autres agents (Gaessler sera finalement évacué par les Allemands en Autriche et disparaîtra dans la tourmente en 1945).
Procès et dénouement
Le 1er avril 1941, Honoré d'Estienne d'Orves et ses compagnons d'infortune sont incarcérés à Paris dans la prison de la rue du Cherche-Midi. En prison, soutenu par sa foi, le lieutenant de vaisseau manifeste une exceptionnelle force d'âme dont témoigne l'aumônier allemand, l'abbé Franz Stock.Devant le tribunal militaire allemand, son courage lui vaut l'admiration de ses juges, lesquels vont le condamner à mort ainsi que huit de ses compagnons, mais également demander leur grâce au Führer !
L'invasion de l'URSS par la Wehrmacht, le 22 juin 1941, fait basculer les communistes français dans la résistance. Le 21 août, un militant communiste de 22 ans, Pierre Georges, futur « colonel Fabien », se rend au métro Barbès et abat le premier Allemand qu'il croise sur le quai, l'aspirant Moser.
En France, la répression se durcit aussitôt. Dans le réseau Nemrod, six condamnations à mort sont commuées en peines de prison mais trois condamnations sont confirmées...
À l'aube du 29 août 1941, un autocar escorté de camions vert-de-gris quitte la prison de Fresnes pour le fort du mont Valérien, à l'ouest de Paris. À l'intérieur de l'autocar, Maurice Barlier, Yann Doornick et Honoré d'Estienne d'Orves, assis sur leurs cercueils, sous la garde des soldats allemands qui vont quelques instants plus tard les fusiller.
Devant les murailles du fort, d'Estienne d'Orves et ses adjoints demandent à ne pas avoir les yeux bandés ni les poignets entravés. Accordé. Ils reçoivent à genoux la bénédiction des mains de l'aumônier Stock.
D'Estienne d'Orves s'approche du président Keyser, le magistrat qui l'a condamné à mort et lui déclare : « Monsieur, vous êtes officier allemand. Je suis officier français. Nous avons fait tous les deux notre devoir. Permettez-moi de vous embrasser ».
Quelques instants plus tard, les condamnés meurent criblés de balles et dès le lendemain, un communiqué et une affiche diffusent la nouvelle. Leur mort courageuse frappe les consciences. Beaucoup de jeunes gens vont basculer dans la Résistance pour se montrer dignes de leur exemple.
Une ombre entache la grandeur du drame : la radio de la France libre, à Londres, diffuse de bonne foi une information erronée des services secrets de Carlton Gardens selon laquelle les trois résistants auraient été exécutés par des soldats français aux ordres du gouvernement collaborationniste de Vichy.
• Chevalier de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 30 octobre 1944
• Officier du Ouissam Alaouite
• Officier de l'ordre "Pour la couronne" de Roumanie
• Officier du Mérite Militaire Bulgare
• Chevalier de l'Epi d'Or de ChineFondation B.M.24 Obenheim
votre commentaire -
Par authion le 30 Août 2019 à 20:02
(Publicité littéraire)
"Nous saurons aimer d'une même ardeur les joies de l'esprit et celles du corps, l'action et la méditation, mener la vie comme dans le rêve, ne plus sacrifier les femmes aux philosophes que les mathématiques à la bonne chair, comprendre Einstein, mais aussi un chef berbère, Stendhal, Freud et un Toucouleur, pénétrer Mozart ou Bach, et conduire sa troupe au combat, mener du même cœur son cheval, un flirt, sa voiture, son savoir, et son esprit critique, s'apprendre à courir, à nager, à comprendre l'Angleterre, l'URSS, la Chine, la chasse à la baleine, la théorie des quanta ; en bref, saisir la vie, posséder Dieu, ne pas craindre, certes de mourir mais moins encore, mais moins surtout, de vivre ! " (Le général Diégo Brosset, cité par son ami l'écrivain Jean Bruller dit "Vercors", dans la préface que celui-ci écrivit en 1946 pour une nouvelle édition de Un Homme sans Occident, écrit par le général, alors capitaine, sous le nom de plume de "Charles Diego" en 1935)
Pour lire l'article dans son intégralité, Cliquez ici
Cet extrait de l'article de Bernard Edinger figure dans sa version intégrale dans le hors série "14-18 : La France au combat" publié par l'ASAF et disponible à la boutique du site.
Fondation B.M.24 Obenheim
votre commentaire -
Par authion le 30 Août 2019 à 19:33
(Photo Ordre de la Libération)
Joseph Pécro Né à Arras (Pas-de-Calais), le 27 avril 1918, il est confié à sa naissance à l'assistance publique. À cause de la guerre, il est transféré à Dol-de-Bretagne et placé dans une famille de La Gouesnière, (Ille-et-Vilaine). (confié à l'âge de 11 mois à Madame Legrand, une habitante de la commune).
(Photo : Francaislibre Overblog)
A la fin de ses études primaires, il devient cultivateur jusqu'à son appel sous les drapeaux en 1938.
Volontaire pour la Syrie en août 1939, Joseph Pécro débarque au Levant le 24 août 1939 et il est envoyé à l'Ile de Chypre le 17 juin 1940 avec son unité, le 24e Régiment d'Infanterie Coloniale.
Servant au 3e Bataillon sous les ordres du capitaine Lorotte qui souhaite continuer le combat auprès des Britanniques, Joseph Pécro fait partie des 350 hommes qui refusent de retourner au Levant.
L'unité passe en Egypte le 24 juillet 1940 et prend le nom de 1er Bataillon d'Infanterie de Marine (1er BIM). Alors affecté à la 3e Compagnie du BIM, Joseph Pécro et son unité doivent patienter faute d'équipement et de véhicules pendant que les 2 premières compagnies combattent les Italiens en Libye.
Finalement, sous les ordres du capitaine Savey, la 3e Compagnie remonte le Nil en bateau, passe au Soudan anglo-égyptien et gagne l'Erythrée où elle prend part aux combats de Keren et de Massaouah en avril 1941.
Le parcours de Joseph Pécro se confond ensuite avec celui du 1er Bataillon d'Infanterie de Marine (1er BIM) puis avec celui du Bataillon d'Infanterie de Marine et du Pacifique (BIMP).
Après un rassemblement en Palestine, à Qastina, en mai 1941, il participe aux opérations de Syrie.
Stationné après la campagne de Syrie pendant plusieurs mois au Levant, Joseph Pécro prend part à la campagne de Libye et notamment aux combats de Bir-Hakeim en mai et juin 1942, en tant que pointeur de 75 antichars. D'un calme et d'un sang-froid remarquables, il contribue, par un pointage précis de son arme, à la destruction de 5 chars, 1 auto-mitrailleuse, 6 voitures et 1 mitrailleuse lourde, et permet la capture de 15 prisonniers.
Après Bir-Hakeim, le 1er BIM et le Bataillon du Pacifique (BP 1) fusionnent pour former le BIMP et Joseph Pécro combat de nouveau au sein de cette nouvelle unité en octobre 1942, lors de l'offensive alliée d'El Alamein puis lors des opérations de Tripolitaine avec la 8e Armée britannique.
De février à mai 1943, il prend part aux opérations en Tunisie avant de participer à la campagne d'Italie avec la 1re Division Française Libre au sein du corps expéditionnaire français d'avril à juin 1944.
En août 1944, il débarque en Provence et participe aux combats pour la libération du territoire (Toulon, Lyon, Belfort, Bordeaux, Colmar). Il se distingue lors des combats de Hyères dans le Var où, le 21 août 1944, au cours de l'attaque du Golf Hôtel, il conduit son groupe à l'attaque avec audace et énergie, inculquant son sang-froid à tous ses hommes et contribuant à la conquête de la position.
Après la campagne d'Alsace, la 1re DFL est envoyée dans le sud des Alpes pour réduire les dernières résistances allemandes.
Le 9 avril à Nice, le général de Gaulle inspecte la Division et, lors de la remise de la Croix de la Libération au BIMP, épingle la décoration sur le calot du caporal Pécro, tenant lieu pour l'occasion de fanion.
Le lendemain, le caporal Pécro commande le groupe de gauche de la section de tête de sa compagnie, section qui a pour mission de s'emparer du piton de la cote 2068 sur le massif de l'Authion. Dès la prise de ce piton, son chef de section pousse le caporal Pécro à environ 100 mètres au nord du point coté en appui de la section de gauche qui, progressant à son tour, doit s'emparer d'un piton situé 200 mètres au Nord-Nord-est du précédent. Il engage une partie de son groupe dans un boyau conduisant vers la crête dont la contre-pente est occupée par des positions allemandes solidement organisées. Au moment de franchir la crête, il est violemment pris à partie par les grenades et le feu des armes individuelles allemandes et tombe mortellement blessé.
Joseph Pécro a été inhumé au cimetière de l'Escarène dans les Alpes-Maritimes.
Le 1er mars 1949, son corps est transféré au cimetière de la Gouesnière.
(Photos : Cimetières de France)
Le caporal Joseph Pecro est titulaire des décorations suivantes :
• Chevalier de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 17 novembre 1945
• Médaille Militaire
• Croix de Guerre 39/45 (3 citations)
• Médaille Commémorative des Services Volontaires dans la France Libre
• Military Medal (GB)(Photo : blog de France Fougères)
Fondation B.M.24 Obenheim
votre commentaire -
Par authion le 29 Août 2019 à 19:49
Témoignage du soldat de 1ere classe Robert MELLON,
ancien du BM 11 de la 1ère DFL(Crédit photos Amicale du 1er RIC/1er RIMa)
Formé à Brazzaville le 29 août 1940, le bataillon de marche n° 1 se composait du renfort n° 4 du régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad, de combattants africains d’AOF ralliés et de jeunes volontaires français. Le 1er octobre 1941, en Syrie, il se dédoubla pour constituer le bataillon de marche n° 11, sous les ordres du capitaine Xavier Langlois.
Après plusieurs mois d’entraînement, le BM 11 partit pour la Libye en avril 1942. Avec la 23e compagnie nord-africaine, la 5e batterie d’artillerie, une section du génie, des éléments du groupe sanitaire et du groupe de réparations, ainsi que des Britanniques, il forma un groupement sous le commandement du chef de bataillon Georges Bavière. Celui-ci fut chargé d’occuper l’oasis de Djaraboub, aux confins égypto-libyens, au nord du grand erg libyque. Manœuvrant en jock column, le groupement lançait des patrouilles vers le nord et l’ouest.
Le 24 mai 1942, devant la menace d’une offensive de Rommel, le groupement, renforcé d’automitrailleuses hindoues et d’artillerie française, se vit confier une mission de diversion et de camouflage vers Djalo. Toutefois, de retour à Djaraboub, après quinze jours dans le désert, après Bir Hakeim, il reçut l’ordre, le 17 juin, de rejoindre le Caire.
Les Allemands coupant la route côtière, 250 véhicules, chargés à bloc en hommes, armement, munitions, fûts d’eau et d’essence, quittèrent Djaraboub le 26 juin et traversèrent la dépression de Qattara, réputée infranchissable. La colonne arriva au Caire le 5 juillet, après un périple de 800 kilomètres dans le désert, sans piste, à la boussole et au compas, avec l’ensemble de ses hommes et de son matériel, hormis quatre véhicules.En octobre 1942, le BM 11 prit part à la bataille décisive d’El Alamein, où il fit face au groupement parachutiste Huebner.
Fin novembre, les deux brigades françaises libres furent cantonnées à Gambut, où fut créée la 1ère division française libre, le 1er février 1943. Au mois d’avril, la division rejoignit la Tunisie et combattit à Takrouna, où l’avant-garde du BM 11 fit sa jonction avec les Goums marocains.Complètement réorganisée et dotée de matériel américain, la 1ère DFL gagna l’Italie, où elle fut engagée dans l’offensive du Garigliano le 10 mai 1944. Le 17, le bataillon releva le BIMP, au nord du secteur de la 2e brigade. Progressant le long du Liri jusqu’au mont Santa Maria, il traversa le rio Forma Quesa et occupa les faubourgs sud, dans la journée du 21.
Après la percée des lignes Gustav et Hitler, les Alliés foncèrent vers Rome. Tandis que le reste du corps expéditionnaire français progressait vers le nord-ouest, la 2e brigade obliqua vers l’est. Le BM 11 culbuta les Allemands, repoussés vers les Apennins, dans la plaine à l’ouest de Tivoli.Par la suite, à la tête de l’avant-garde du corps français lancé à la poursuite des Allemands en retraite, le BM 11 traversa Rome, puis Viterbe et prit part à la prise de Montfiascone, à l’est du lac Bolsena, le 9 juin, ainsi qu’aux durs combats au nord du bourg, sur les routes menant vers la Toscane.
Retiré du front, le BM 11 rejoignit Naples, où la division fut regroupée et embarqua le 12 août à Tarente. Le 16, il débarqua à Cavalaire, en Provence, parmi les premiers éléments de la division, avant de pousser vers Toulon. Le BM 11 mena de durs combats à droite du dispositif de la division, du 19 au 24 août, perçant les deux lignes de défense établies par les Allemands et pénétrant dans les faubourgs est de la ville.Après la remontée de la vallée du Rhône, la 1ère DFL participa aux combats dans les Vosges, où le BM 11 libéra plusieurs villages sur la route de Belfort (Mignafans, Mignavilliers, Lomontot), avant que le front ne se fige. Puis, avec l’arrivée de la pluie et du froid, les tirailleurs sénégalais du bataillon furent retirés du front et remplacés par de jeunes Français volontaires.
En novembre, le bataillon participa à l’attaque contre Belfort, au nord de la place forte. Refoulant l’ennemi à l’est du Ballon d’Alsace, il descendit dans la vallée de la Doller, où il libéra les villages de Sewen, Dolleren et Oberbuck. Lors de l’opération, le commandant Langlois fut tué le 23 novembre.Envoyée dans la région de Bordeaux pour participer à l’attaque contre la poche de Royan, la 1ère DFL fut rappelée d’urgence en Alsace lors de l’offensive allemande dans les Ardennes. Lors de l’attaque ennemie contre Strasbourg, le BM 11 tenta par deux fois de rallier le BM 24, isolé dans Obenheim, les 8 et 9 janvier 1945. Puis, du 10 au 22 janvier, il interdit le passage de l’Ill aux Allemands, défendant Benfeld, Sand et les villages avoisinants.
Puis, participant à la réduction de la poche de Colmar, il mena, du 23 au 31 janvier, des combats difficiles dans les bois au nord de la ville, dans la boue et la neige, progressant vers l’est devant un ennemi qui résistait farouchement.
En février, la division fut affectée sur le front des Alpes. Chargé, avec le BIMP, de l’attaque frontale contre le massif de l’Authion, le BM 11, sous les ordres du capitaine Brisbarre, combattit sans arrêt du 9 au 15 avril, s’emparant de plusieurs fortifications, avant d’être le relevé.Le 25 avril, le bataillon prit part à la poursuite de l’ennemi, qui avait décroché. Traversant les Alpes, il parvint, le 28 avril, à Borgo San Dalmazzo, où il reçut l’ordre de s’arrêter le lendemain.
Au cours de ses différents engagements, le BM 11 eut 195 tués, dont 9 officiers et 49 sous-officiers.
Le bataillon fut élevé à l’ordre de l’armée le 16 septembre 1945 pour sa participation à la conquête de l’Authion. Outre les citations individuelles, la 5e compagnie fut élevée à l’ordre de la division pour son engagement dans les combats sur le Garigliano et à l’ordre de l’armée pour son action depuis la formation de l’unité en 1941, et plus particulièrement l’attaque des défenses allemandes autour de Toulon. De même, la section de Pionniers fut citée à l’ordre de la division pour ses actions lors des combats du Garigliano.Formé à Brazzaville le 29 août 1940, le bataillon de marche n° 1 se composait du renfort n° 4 du régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad, de combattants africains d’AOF ralliés et de jeunes volontaires français. Le 1er octobre 1941, en Syrie, il se dédoubla pour constituer le bataillon de marche n° 11, sous les ordres du capitaine Xavier Langlois.Après plusieurs mois d’entraînement, le BM 11 partit pour la Libye en avril 1942. Avec la 23e compagnie nord-africaine, la 5e batterie d’artillerie, une section du génie, des éléments du groupe sanitaire et du groupe de réparations, ainsi que des Britanniques, il forma un groupement sous le commandement du chef de bataillon Georges Bavière. Celui-ci fut chargé d’occuper l’oasis de Djaraboub, aux confins égypto-libyens, au nord du grand erg libyque. Manœuvrant en jock column, le groupement lançait des patrouilles vers le nord et l’ouest.
Le 24 mai 1942, devant la menace d’une offensive de Rommel, le groupement, renforcé d’automitrailleuses hindoues et d’artillerie française, se vit confier une mission de diversion et de camouflage vers Djalo. Toutefois, de retour à Djaraboub, après quinze jours dans le désert, après Bir Hakeim, il reçut l’ordre, le 17 juin, de rejoindre le Caire.
Les Allemands coupant la route côtière, 250 véhicules, chargés à bloc en hommes, armement, munitions, fûts d’eau et d’essence, quittèrent Djaraboub le 26 juin et traversèrent la dépression de Qattara, réputée infranchissable. La colonne arriva au Caire le 5 juillet, après un périple de 800 kilomètres dans le désert, sans piste, à la boussole et au compas, avec l’ensemble de ses hommes et de son matériel, hormis quatre véhicules.En octobre 1942, le BM 11 prit part à la bataille décisive d’El Alamein, où il fit face au groupement parachutiste Huebner.
Fin novembre, les deux brigades françaises libres furent cantonnées à Gambut, où fut créée la 1ère division française libre, le 1er février 1943. Au mois d’avril, la division rejoignit la Tunisie et combattit à Takrouna, où l’avant-garde du BM 11 fit sa jonction avec les Goums marocains.Complètement réorganisée et dotée de matériel américain, la 1ère DFL gagna l’Italie, où elle fut engagée dans l’offensive du Garigliano le 10 mai 1944. Le 17, le bataillon releva le BIMP, au nord du secteur de la 2e brigade. Progressant le long du Liri jusqu’au mont Santa Maria, il traversa le rio Forma Quesa et occupa les faubourgs sud, dans la journée du 21.
Après la percée des lignes Gustav et Hitler, les Alliés foncèrent vers Rome. Tandis que le reste du corps expéditionnaire français progressait vers le nord-ouest, la 2e brigade obliqua vers l’est. Le BM 11 culbuta les Allemands, repoussés vers les Apennins, dans la plaine à l’ouest de Tivoli.Par la suite, à la tête de l’avant-garde du corps français lancé à la poursuite des Allemands en retraite, le BM 11 traversa Rome, puis Viterbe et prit part à la prise de Montfiascone, à l’est du lac Bolsena, le 9 juin, ainsi qu’aux durs combats au nord du bourg, sur les routes menant vers la Toscane.
Retiré du front, le BM 11 rejoignit Naples, où la division fut regroupée et embarqua le 12 août à Tarente. Le 16, il débarqua à Cavalaire, en Provence, parmi les premiers éléments de la division, avant de pousser vers Toulon. Le BM 11 mena de durs combats à droite du dispositif de la division, du 19 au 24 août, perçant les deux lignes de défense établies par les Allemands et pénétrant dans les faubourgs est de la ville.
Après la remontée de la vallée du Rhône, la 1ère DFL participa aux combats dans les Vosges, où le BM 11 libéra plusieurs villages sur la route de Belfort (Mignafans, Mignavilliers, Lomontot), avant que le front ne se fige. Puis, avec l’arrivée de la pluie et du froid, les tirailleurs sénégalais du bataillon furent retirés du front et remplacés par de jeunes Français volontaires.
En novembre, le bataillon participa à l’attaque contre Belfort, au nord de la place forte. Refoulant l’ennemi à l’est du Ballon d’Alsace, il descendit dans la vallée de la Doller, où il libéra les villages de Sewen, Dolleren et Oberbuck. Lors de l’opération, le commandant Langlois fut tué le 23 novembre.Envoyée dans la région de Bordeaux pour participer à l’attaque contre la poche de Royan, la 1ère DFL fut rappelée d’urgence en Alsace lors de l’offensive allemande dans les Ardennes. Lors de l’attaque ennemie contre Strasbourg, le BM 11 tenta par deux fois de rallier le BM 24, isolé dans Obenheim, les 8 et 9 janvier 1945. Puis, du 10 au 22 janvier, il interdit le passage de l’Ill aux Allemands, défendant Benfeld, Sand et les villages avoisinants.
Puis, participant à la réduction de la poche de Colmar, il mena, du 23 au 31 janvier, des combats difficiles dans les bois au nord de la ville, dans la boue et la neige, progressant vers l’est devant un ennemi qui résistait farouchement.
En février, la division fut affectée sur le front des Alpes. Chargé, avec le BIMP, de l’attaque frontale contre le massif de l’Authion, le BM 11, sous les ordres du capitaine Brisbarre, combattit sans arrêt du 9 au 15 avril, s’emparant de plusieurs fortifications, avant d’être relevé.Le 25 avril, le bataillon prit part à la poursuite de l’ennemi, qui avait décroché. Traversant les Alpes, il parvint, le 28 avril, à Borgo San Dalmazzo, où il reçut l’ordre de s’arrêter le lendemain.
Au cours de ses différents engagements, le BM 11 eut 195 tués, dont 9 officiers et 49 sous-officiers.
Le bataillon fut élevé à l’ordre de l’armée le 16 septembre 1945 pour sa participation à la conquête de l’Authion. Outre les citations individuelles, la 5e compagnie fut élevée à l’ordre de la division pour son engagement dans les combats sur le Garigliano et à l’ordre de l’armée pour son action depuis la formation de l’unité en 1941, et plus particulièrement l’attaque des défenses allemandes autour de Toulon. De même, la section de Pionniers fut citée à l’ordre de la division pour ses actions lors des combats du Garigliano.
Texte et photos :Fondation B.M.24 Obenheim
votre commentaire -
Par authion le 28 Août 2019 à 18:22
Publication dans le groupe DZ 39/45
- DOUARNENEZ ET SA RÉGION - DEVOIR DE MÉMOIREDans le cadre des commémorations du 75eme anniversaire des opérations du débarquement de Provence, je partage aujourd'hui la prise d'un point clé près de Toulon, le Mont Redon. LIEN
Dans la journée du 19 août la 1ère D.F.L. a dépassé le 7e R.I américain et les Commandos d'Afrique, à hauteur de Mauvannes. Sa manœuvre consiste en une attaque directe sur la route côtière et le débordement des résistances allemandes par le Nord, cette manœuvre portant le B.M. 11 et le B.M. 5 sur les pentes de la vallée du Real Martin.
Après une forte préparation d'artillerie sur les casemates tenues par l'ennemi, le B.M. 5 franchit le Real Martin et donne l'assaut au Mont Redon sous un déluge d'obus déclenché par la réaction de l'artillerie allemande.
Des soldats du Bataillon de Marche n° 5 de la 1 ère Division Française Libre enterrant leurs morts au pied du Mont Redon - Crédit photo NARA
Les "Camerounais" tiennent fermement au prix de 21 morts et une soixantaine de blessés. Cette résistance héroïque, sans vivre et sans eau, motivera en partie, en novembre 1944, la 2e citation du B.M. 5 "à l'Ordre de l'Armée".
Ci-après figure le témoignage incroyable d'un participant à cet assaut, celui de Marcel Prudhomme de la 1ere Compagnie du Bataillon de Marche 5 ....
" Trois heures du matin, chef de groupe de FV, je suis désigné par le capitaine CHRETIEN , mon commandant de compagnie, pour protéger les sapeurs chargés de détecter les mines possibles, il faut créer un débouché pour la 1e Compagnie du BM 5, la mienne, qui doit attaquer le Mont REDON , appuyée par le BM 11 sur notre droite.
Il n’y a pas de mines. Quel silence après le vacarme de tout à l’heure où des milliers de pruneaux de 105 ont plu sur ceux d’en face. Ils sont certainement morts ou ils ont déguerpi. Eux qui nous avaient copieusement arrosés de mortiers la veille !
Quand, à 5 heures, le bruissement des feuilles traînées m’annoncera la compagnie, je devrai rejoindre ma section... les voilà... Vite, où est la 2e section ? Rien alors, suivons la 3e. Incorporons-nous, on verra après.
En avant ! Tout de suite, nous débouchons dans la ferme... les Boches se taisent. L’atmosphère est chargée de menace. Passée la ferme, nous empruntons l’allée des gros platanes. Voici la route. Nous nous espaçons : je bondis, franchissant les fossés semés de barbelés, entraînant mes tirailleurs. Et brusquement, le fracas, l’enfer.
Ça crépite de tous côtés. À droite la 20 mm de protection arrose au jugé la base du Mont Redon, à 2 m du sol.
Le temps de situer le rideau métallique qui se tisse au-dessus de ma tête, je me plaque au pied d’un cep. Derrière le cap, des balles se fichent en groupe à 50 cm. Debout ! Un bond ! ... Oh ! Je pose le pied au beau milieu de six Tellermines... surpris, je suis heureux de n’avoir pas sauté.
Allons ! Suivez ! En avant ! En avant ! À 25 mètres, un tirailleur géant est frappé à la tête par une balle de 20. Il voltige les bras en croix pour ne plus se relever.
Les oreilles et la tête sont remplies de craquements, de crépitements, d’arrachements, la bouche est pleine de crachement, d’aboiements rauques, du goût de la poudre et du sang.
Nous arpentons à grands coups de jarret la vigne, le pré, la pente. Sans répit, nous assaillons cette pente.
Un réseau de barbelés nous arrête. THERRY le coupe et nous franchissons sous le feu l’étroit passage ; ça crache de plus près. Quelques ombres vert-de-gris se défilent sous les arbres ébranchés.
Est-ce une impression, ils ont l’air de décrocher ? ... alors accrochons ! En vingt enjambées, nous atteignons le ressaut. Des bruyères sèches se profilent et nous cachent le premier plateau. Qu’y a-t-il derrière ? ...
Au fait, combien sommes-nous ? Un, deux, trois, six blancs : le lieutenant CHAPPERON, l’adjudant POUTEAU, les sergents VUITTON, THERRY CORONA et moi... puis une vingtaine de tirailleurs et gradés noirs. Ça va bien ! chut ! des voix !
Je me dresse vivement : à 5-6 mètres de notre groupe d’essoufflés : des frizous, c’est le moment ! ... Une furia de gueules rouges et de faces noires déferle dans les bruyères, assaille les tranchées. La Wehrmacht est là, qui levant les bras, les mouchoirs, qui bondissant sous les arbres pour fuir...
Ceux qui ont fini la guerre lèvent leurs bras, jettent casques, armes, harnais bourrés de grenades. Un tirailleur les amène à l’arrière... et déjà, notre groupe s’échelonne dans ses bonds sur le plateau non couvert. La liaison est difficilement assurée. Et les 88 pleuvent autour de nous.
Le commandant allemand nous sait arrivés au premier piton. Aïe ! M... ! Touché j’enlève ma chaussure : une balle l’a creusée en travers... Mais bah ! Pas d’os brisés. Sulfamides, pansement. J’ai eu chaud ! ... ma godasse lacérée, lacée tant bien que mal, je repars en avant, le groupe en bon ordre.
Un bond, deux bonds... tr... Je sens un choc brutal à la jambe droite. La vache ! ... il m’a repéré. Du piton, il continue à me mitrailler.
Couché, je me roule derrière un tertre et, en hâte, avec l’aide de mon caporal KAYABA BAMOGO , je fais un pansement.
Que faire ? blessé aux deux jambes, je ne puis plus avancer normalement. Je confie à KABAYA le commandement du groupe et, piteux, rageur, je rampe vers l’arrière, entouré longtemps par les points d’impact de cette saleté de mitrailleuse.
CORONA passe à côté de moi, un grand trou rouge au bas du visage, un tablier de sang sur la poitrine.
Pauvre vieux ! C’est tout ce que je puis lui dire. Il marche en titubant vers l’arrière..."N'oublions jamais le courage de ces braves...
Fondation B.M.24 Obenheim
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique