• * Trésors d'archives des FNFL : l'officier mécanicien Auguste CATHERINE à bord du Capo Olmo et de l'Indochinois

    * Trésors d'archives des FNFL : l'officier mécanicien Auguste CATHERINE à bord du Capo Olmo et de l'Indochinois

    La Délégation "Souvenir des Marins de la France Libre" (Fondation de la France Libre) est au travail depuis son voyage mémoire sur les traces des FNFL en Angleterre en septembre 2017.

    Ses membres, descendants et amis des FNFL, ont entrepris d'inventorier et de classer les archives des personnels FNFL qui furent membres de l'Amicale des Français Libres.

    Ils ont ainsi retrouvé, et mis à la disposition de la Délégation 76 Le Havre, quatre courriers que l'officier mécanicien Auguste CATHERINE adressait en 1989 au Commandant Pierre SANTARELLI,  ce dernier l'ayant invité à témoigner de son parcours dans la Marine Marchande entre 1940 et 1945.

    Le ralliement du Capo Olmo, détourné vers Gibraltar le 25 Juin 1940 puis acheminé vers l'Angleterre par le  Commandant Vuillemin, Pierre Messmer, Jean Simon et des membres de l'équipage - dont Auguste Catherine, est bien connu dans l'histoire des FNFL.

    Ce que Auguste Catherine  relate dans ses courriers l'est beaucoup moins : il témoigne des conditions les plus rudes dans lesquelles naviguaient les navires marchands FNFL, sur des navires aussi vétustes que le Capo Olmo, et sillonnant les mers, seuls ou en convois,  comme l'Indochinois, à la merci des sous-marins allemands au plus fort de  la Bataille de l'Atlantique (1940-1944).

    Ce n'est pas sans fierté qu'Auguste CATHERINE raconte le système D bien français qui lui permit de  réparer et faire tourner le Capo Olmo...

    Capo Olmo :le voyage Liverpool-Douala

    « à notre arrivée à Liverpool, début juillet 1940, j’ai été le seul homme à rester à bord tout le temps des opérations de débarquement de sa cargaison, au quai Alexandra Dock, et là, à côté, il y avait l’aviso Le Volontaire, de la marine nationale. Donc, j’ai été inscrit à bord, après le déchargement de la cargaison du Capo Olmo ; nous avons changé de quai, nous avons accosté à côté de Pier Hed. (excusez les noms anglais). Après un certain temps est embarqué à bord Monsieur Marcel CARON, second capitaine. Nous étions tous les deux pour la sécurité du navire pendant les bombardements ; les ouvriers anglais ont transformé le navire en transport de troupes ; toutes les cales à marchandise n’étaient rien que des couchettes superposées.

    Le commandant et le chef mécanicien M. Desnot.  Le commandant Vuillemin refait son nouveau équipage pour partir à destination de Douala. Nous avions dans les cales les équipages pour les navires restés en Afrique et les militaires de la 2ème DFL. Commandant Thulot.

    Départ de Liverpool en convois pour le voyage : une dizaine de navires en sortant du détroit pour contourner l’Irlande par le Nord ; nous sommes pris par le mauvais temps et laissons le convoi car on ne pouvait pas suivre. Une fois tout seul, on continuait la route. Un avion anglais est venu faire des signaux pour indiquer que le convoi était retourné à Glasgow. On a refait demi-tour, arrivés à Glasgow, le convoi était reparti. On est repartis..

    Le commandant Vuillemin risque le tout pour le tout ; on continue. Mais le mauvais temps ne prenait pas fin. Par les emballements de la machine, l’écrou de la tige de la pompe à air s’est desserré et le fond de la (…)   a été en morceaux. Il a fallu démonter tout l’attelage, sortir la tige et refaire le filetage de l’écrou. Alors pour refaire le fond de la pompe à air, j’ai découpé une plaque de parquet, pour découper une rondelle ; percé l’axe étant (…) en place, mis une cheville à travers l’écrou pour ne pas qu’il se desserre et nous sommes repartis en pleine mer pour être arrêté en face ou à la hauteur de Freetown par trois croiseurs Anglais ; après avoir arraisonné le Capo Olmo avec un (tir ?)  au-dessus de la cheminée du Capo Olmo , 1 des croiseurs s’est mis devant, 1 sur le côté et l’autre derrière ; une chaloupe est venue contrôler le navire car le nom était resté sur la coque**.

    Et nous sommes repartis jusqu’à Douala, après avoir continué notre route alimentés par les chaudières à l’eau de mer car la réserve d’eau potable ne servait que pour la nourriture. Nous avons eu le feu sur les tentes qui étaient tendues pour l’abri du soleil : elles ont pris feu avec les étincelles de ramonage.

    La nuit, à l’arrivée à Douala, tout le monde a débarqué : commandant, chef mécanicien et les équipages et militaires. Je suis resté avec le second Capitaine et trois chauffeurs sénégalais qui avaient été embarqués à Marseille avec moi. Nous avons fait ce qu’il fallait pour remettre le navire et en état de marche après un mois, sur notre volonté de ne pas abandonner le navire.

    J’ai fait un an à bord comme second mécanicien et à mon arrivée à Londres, j’ai eu quelques jours de congé et ai réembarqué sur l’Indochinois car il fallait des « motorisés » à cette époque. Les première classe étaient remplacés par des petits brevets.

    Enfin, c’est du passé, mais nous avons gagné notre épopée ».

    ** Le nom du cargo étant italien, les croiseurs Anglais ne l'avaient pas reconnu comme l'un de leurs Alliés...

    Et ce n'est pas sans malice qu'Auguste CATHERINE évoque dans un autre courrier l'esprit  frondeur dont faisait preuve le Commandant de l'Indochinois...

    * Trésors d'archives des FNFL : l'officier mécanicien Auguste CATHERINE à bord du Capo Olmo et de l'Indochinois

    Exploit et frondes de l'Indochinois

    « Embarqué en Juillet 1941. Nous faisions la ligne Liverpool-le Canada. Notre port était New-Brunswick. On chargeait de la viande et des munitions pour l’Angleterre. En cours de route en août 1941, nous avons reçu l’ordre de ravitailler la défense de l’île (de Malte).

    Seul navire à pénétrer à la Valette, nous y sommes restés environ 40 heures, car la nuit, il n’y avait pas de lumière pour la question bombardements**.

    Cela fait 50 années, il faut de la mémoire assez bonne pour se rappeler de cette époque. Nous sommes revenus par Alexandrie et nous avons été reçus à coups de jets d’eau.

    En 1943, nous sommes rentrés dans une montagne en y laissant notre éperon du cochonnet qui était à l’avant de l’étrave, il est resté dans la montagne. Ne pouvant pas sortir seuls, on a eu recours à un remorqueur de haute mer, Canadien, avec la marée haute. Ils nous ont balancé d’un bord sur l’autre afin de sortir de notre échouage ; nous avons rallié Montréal où l’on a été sur un dock flottant en réparation.

    En 1944, nous sortions du Saint-Laurent et on a eu un message que 4 sous-marins allemands étaient sur notre route, car le navire était repéré pour ses nombreux voyages ; et, marchant seul à 17 nœuds, de la sortie du Saint-Laurent, nous avons été sur Halifax, nous y sommes restés 4 heures en attendant les ordres du Commandor anglais qui devait partir vers minuit en convoi d’une cinquantaine de navires marchands. Le commandant de l’Indochinois a répondu « je repars de suite », on a eu un avion qui nous a fait des signaux en disant que nous n’étions pas sur notre route. A chaque voyage le commandant recevait un blâme par l’Amirauté anglaise, car on naviguait toujours en dehors de la route indiquée par les conférences avant le départ de chaque navire".

    **L'INDOCHINOIS qui perça le blocus de Malte (en ravitaillant de 1 millier de tonnes de viande sa population qui en éait privée depuis 10 mois) fut cité à l'ordre du Corps d'armée.

     

    Auguste Catherine est décédé au Havre en 1992 et est inhumé au cimetière Sainte-Marie.

    Sa biographie complète peut être consultée sur le site " Les Compagnons de la Libération et la  France Libre du Havre" LIEN

     

    * Trésors d'archives des FNFL : l'officier mécanicien Auguste CATHERINE à bord du Capo Olmo et de l'Indochinois

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  • Commentaires

    1
    durand
    Mercredi 7 Février 2018 à 08:39

    honneur et respect aux Francais Libres---

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