• * Hommage à mon oncle Roger GUINARD, ancien de la 1ère DFL (21GA DCA et RFM) et libérateur de l'Alsace

    Publié avec l'aimable autorisation de Bernard GUINARD, neveu de Roger GUINARD

    "Quoi que l’on puisse dire ou penser de certaines personnes, on ignore souvent le passé de certains, amis ou membres de la famille, que l’on croyait pourtant bien connaître. C’est ainsi que j’ai découvert par hasard le glorieux passé de mon oncle lors de la Libération… Cet article est donc une façon de rendre hommage à l’un des innombrables héros méconnus qui ont libéré notre sol du joug hitlérien. Bien que très incomplet sur le parcours de mon oncle, il sera assez difficile de combler ces lacunes, mon oncle n’étant plus de ce monde. Je dédie cet article à ma cousine, en ayant une pensée pour son frère, qui n’est plus parmi nous lui non plus mais qui, j’espère,  aurait apprécié" B. Guinard

     

    * Hommage à mon oncle Roger Guinard, ancien de la 1ère DFL et libérateur de l'Alsace

    Roger Marie Victor GUINARD est né le 31 mars 1926 à Lyon (1er), sur les pentes de la Croix- Rousse ce qui fait de lui un « gône », comme disent les lyonnais. Il est fils de Victor François René GUINARD et de Marcelle Marie Jeanne Madeleine GRAS (qui vivra jusqu’à presque 109 ans et sera la doyenne du département de l’Ain), qui habitaient alors Lyon. Roger est baptisé à Saint-Etienne (42) en la paroisse Saint-Polycarpe, le 5 avril 1926, et son parrain fut son grand-père Victor GUINARD. Il fera une partie de ses études au collège Saint-Michel de Saint-Etienne.

    Lorsque la guerre éclate, Roger Guinard n’est âgé que de 13 ans, et subi comme les autres les dures réalités de la guerre en zone libre. Puisse ce sont celles de l’occupation, après le 11 novembre 1942, époque où Roger n'a que 16 ans.

    En 1944, lorsque les alliés débarquent en Normandie, puis en Provence, Roger a à peine plus de 18 ans. Mais cela ne l’empêchait pas de fournir déjà des renseignements à la Résistance et,  après la libération de Lyon le 3 septembre, il s’engage le 8 octobre 1944, au titre du 21ème Groupe Antillais de Défense Contre les Avions (GADCA.). Il portera le numéro de matricule 34559, comme l'indique son état signalétique et des services.

    En 1943 avaient été créées des forces terrestres antiaériennes (FTA) pour la défense contre les avions (DCA). En octobre 1942, 500 volontaires évadés de la Guadeloupe et de la Martinique, pour s’enrôler dans les Forces Françaises Libres, formaient le 1er Bataillon des ANTILLES  à la Dominique, unité qui sera instruite à partir de juin 1943 à Fort Dix, au New jersey, avant de débarquer à Casablanca, au Maroc, le 12 octobre 1943. Le 16 janvier 1944, l’unité est intégrée à la 1ère Division de la France Libre (DFL), et devient le 21ème Groupe Antillais de DCA (GADCA).

    * Hommage à mon oncle Roger Guinard, ancien de la 1ère DFL (21GA DCA et RFM)  et libérateur de l'Alsace


    Après plusieurs mois d’instruction, l’unité débarque en Italie en mai 1944. Sa mission était d’assurer la protection aérienne des itinéraires, des terrains de Piper-club, et de participer au transport. Le GADCA débarque à Cavalaire, dans le Var, dans la nuit du 16 au 17 août 1944, et participe à la libération de Toulon le 25 août, puis franchit le Rhône le 31 août. On retrouve l’unité à Lyon le 6 septembre 1944.

    Ensuite, la 1ère DFL participe à la libération d’Autun, du 8 au 10 septembre. Puis le 12 septembre, on assiste à la jonction d’un peloton du 1er Régiment de Marche des Spahis Marocains (RMSM), le régiment de reconnaissance de la 2ème DB, avec les fusiliers-marins de la 1ère DFL. Cette rencontre a lieu à Nod-sur-Seine, en Côte-d’Or. Puis la 1ère DFL est engagée dans la Bataille des Vosges à partir du 20 septembre, et participe à la prise de Belfort.

    Dans les Vosges, malgré le froid (températures de -25 à -30 degrés), la neige, et l’humidité, le GADCA assure la protection aérienne dans la zone où est déployée l’Artillerie. L’unité est pour cela équipée de canons Bofors de 40 mm. Ses véhicules sont en outre utilisés pour le transport des troupes d’infanterie vers les zones de combat, des zones de combat vers celles de repos.
    Après les Vosges, la 1ère DFL est employée sur le front de l’Atlantique, afin de réduire de la poche de Royan en Charente-Maritime.

    Puis la division est rappelée en urgence pour l’Alsace, et le GADCA y assure la défense aérienne, mais aussi la défense contre les blindés du 7 au 11 janvier 1945. Dans les jours qui suivent, le GADCA repousse toutes les attaques ennemies à Benfeld et, dans la nuit du 22 au 23 janvier 1945, part à l’attaque de la poche de Colmar. Malgré la neige, le froid, les obstacles posés par l’ennemi, et malgré la farouche défense allemande, le Rhin est atteint à la fin du mois de janvier. Du 19 février au 7 mars, le GADCA assure la garde du Rhin dans la région de Diebolsheim, avant de faire mouvement le 9 mars vers le front des Alpes.


    Le 7 septembre 1945, le GADCA fut cité à l’ordre de la Division par le général Garbay, commandant de la 1ère DFL :


    Groupe Antillais d'élite, sous l'impulsion du Chef d'Escadron de KEONIGSWARTER, commandant les F.T.A Divisionnaires, et le commandement énergique du Chef de Bataillon LANLO, a toujours fait preuve des plus belles qualités militaires.
    Après avoir participé à la Campagne d'Italie, a été utilisé à maintes reprises pendant la Campagne de France comme unité antichars ou d'Infanterie.
    Premier groupe de F.T.A débarqué à Cavalaire, a pris une part active dans la réduction des Forts de TOULON, faisant de nombreux prisonniers.
    A tenu, au prix de lourds sacrifices, un front étendu de position d'Infanterie devant GIROMAGNY.
    A montré une belle ardeur combative pendant la défense d'HERBSHEIM, où un fort détachement du Groupe est resté encerclé pendant trois jours, résistant sans défaillance malgré la perte de plusieurs de ses pièces atteintes de coups directs de char et la mort de la plupart de ses officiers et chefs de section.
    A BENFELD, les jours suivants, a repoussé toutes les attaques de l'Ennemi, détruisant des chars et faisant des prisonniers
    .

    Le 16 février 1945, Roger Guinard est affecté au 1er régiment de Fusiliers-Marins (RFM). Mais il semblerait qu’il combattait depuis un certain temps déjà avec cette unité, au 3ème escadron, au moins en Alsace, si l’on en croit les annotations qu’il à faite sur certains documents personnels.

    * Hommage à mon oncle Roger Guinard, ancien de la 1ère DFL (21GA DCA et RFM)  et libérateur de l'Alsace

    Le 1er RFM, commandé par le capitaine de corvette de Morsier, était l’unité de reconnaissance de la 1ère DFL. Après les combats de la Vallée du Rhône, de la Haute-Saône et de la poche de Royan, le 1er RFM se distingue en Alsace à partir de janvier 1945, plus particulièrement à Herbsheim et Rossfeld. Les fusiliers-Marins atteignent le Rhin le 1er février 1945 devant Sasbach. Pour le récit de la bataille pour la poche de Colmar (voir le site de la 1ère DFL  ).

     

    * Hommage à mon oncle Roger Guinard, ancien de la 1ère DFL et libérateur de l'Alsace

     

    Le 1er RFM participe aux combats de l’Authion (voir le récit sur le site de la 1ère DFL ), dans l’arrière-pays niçois, à partir du 15 mars 1945, où la 1ère DFL relève les américains. La frontière entre la France et l’Italie dans les Alpes-Maritimes, est fortement tenue par la 34ème division d’Infanterie (DI) allemande. Une opération d’attaque française, portant le nom de code «canard» est lancée le 10 avril, et son but est de s’emparer du massif de l’Authion, situé à plus de 2000 mètres d’altitude, et clef de voûte de la défense allemande. Les forces en présence sont la 34ème DI et une partie de la 5ème division alpine côté allemand, la 1ère DFL, le 3ème régiment de Tirailleurs Sénégalais, le Bataillon d’Infanterie du Pacifique et les chars du 1er RFM côté français.
    Pour le 1er RFM, le premier exploit de cette bataille fut de faire grimper à cette altitude ses chars légers de type Stuarts, ce qui paraissait impossible aux Etat-majors militaires. Une épave d’un de ces chars a d’ailleurs été laissée à Cabanes-Vieilles afin de rappeler ce fait d’arme.
    Roger Guinard est blessé par balle à la cuisse droite, le 13 avril 1945, à Giagiabella, sur le mont Ventabren, et est évacué le même jour sur l’hôpital chirurgical mobile n° 3.

    Les Formations Chirurgicales Mobiles étaient essentiellement constituées de personnel technique, ce qui permettait d’effectuer les interventions d’extrême urgence. C’était en effet de petites unités chirurgicales qui étaient implantées le plus près possible des lieux de combat. La 3ème FCM avait été débarquée à Fréjus le 30 août 1944, et a suivi la 1ère DFL.

    Roger quitte la 3ème FCM 2 jours plus tard, le 15 avril.

     

    Le 1er RFM défilera à Nice le 8 mai 1945 lors du Défilé de la Victoire, puis aux Champs-Elysées le 18 juin, et verra ce jour-là son drapeau décoré de la Croix de la Libération par le général De Gaulle (décret du 12 juin 1945), sur la place de la Concorde.

    Roger est démobilisé le 2 novembre 1945, puis classé en service armé, avec dispense de service actif, par décision du 25 mars 1946. Il était décoré de la Médaille Commémorative 39-45, avec barrette «engagé volontaire» et l’insigne des «blessés de guerre», et de la Croix du Combattant Volontaire 39-45, n° de diplôme n°47089, par décision ministérielle n° 2965 du 31 juillet 1968.

    L’insigne des Blessés de Guerre a été créé par une loi du 11 décembre 1916. Cet insigne représente une étoile émaillée de couleur rouge portée sur la médaille commémorative du conflit au cours duquel la blessure a été reçue.

    Roger effectue une «période verticale» au 1/7ème régiment d’Artillerie Coloniale du 16 au 29 septembre 1952, puis une période d’instruction, dans la même unité, du 10 au 26 septembre 1954, avant d’être libéré définitivement de toute obligation militaire, par ordonnance n° 59-147 du 7 janvier 1959.

    Roger se marie à Rabat (Maroc), le 16 août 1954, avec Pierrette PIGNEUX, originaire de Bourges (18). Ils auront deux enfants.

    Roger avait tant apprécié l’accueil alsacien, qu’il reviendra s’installer comme chef d’atelier en électronique, et habitera à Horbourg-Wihr (68), où il décède le 17 décembre 1983.

    Source : Site web Bernard GUINARD


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  • Commentaires

    1
    Dimanche 21 Février 2016 à 11:50

    Un grand merci pour cette publication.

    Bien que votre site soit déjà noté en source, je vais mettre un lien vers cette page sur mon site. Ce sera fais avec la mise à jour du mois de mars.

    Et pas de soucis je vous tiens au courant des prochaines mises à jour avec l'exploitation des documents numérisées à Vincennes.

    Bien cordialement

    B. Guinard

    www..bernard-guinard.com

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    2
    Christian Martel
    Lundi 29 Février 2016 à 16:52

    Voila encore un bel hommage pour ces hommes qui ont cru en la liberté

    et qui sont revenus à la vie civile en gardant secret cette période

    Merci pour cette publication

    Christian Martel

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