• * Autour du film « Abbé Pierre » -  Henri GROUES, François GARBIT et LUCIE COUTAZ, l’Amitié en partage

     

    * Autour du film « L’Abbé Pierre » -   Henri GROUES, François GARBIT ET LUCIE COUTAZ, l’Amitié en partage.

     

    Le film « Abbé Pierre » de Benjamin Lavernhe qui vient de sortir sur les écrans, retrace brillamment la personnalité et la vie d’engagements de Henri GROUES, alias Abbé Pierre dans la Résistance.

    Très tôt dans l’histoire, avant la guerre, intervient un dialogue avec son meilleur ami « François », dont on apprend beaucoup plus tard dans le film qu’il s’agit de François GARBIT, Saint-cyrien, devenu entre-temps en août 1940 officier des Forces Françaises Libres (B.M. 3), interprété par Antoine Laurent.

    Le film est traversé par l’évocation de cette amitié d’enfance et de jeunesse, malgré - ou en raison de - la disparition de François en Syrie en 1941 à l’âge de 31 ans.

     

    DE HENRI GROUES A L’ABBE PIERRE : LUCIE COUTAZ

    L’année suivante, en 1942, Henri Grouès, alors vicaire à la cathédrale de Grenoble, cache des enfants juifs et fait passer des juifs en Suisse. En novembre 1943, il confie au réseau de l’abbé Marius Jolivet, curé de Collonges-sous-Salève, le plus jeune frère du général de Gaulle, Jacques, ainsi que son épouse. Il participe ensuite à la création de maquis dont il est un des chefs dans le massif du Vercors et le massif de la Chartreuse.

    Entré dans la résistance dans le maquis du Vercors, alors qu’il est recherché, il rencontre à Lyon une autre grande figure révélée par le film, Lucie COUTAZ (interprétée par Emmanuelle Bercot). Née le 9 mai 1899 à La Trinité, contrairement à Henri Grouès, elle grandit dans la pauvreté. Sténodactylo, elle est d'abord à la tête des syndicats chrétiens de la ville de Grenoble. Lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclate, elle devient officiellement assistante sociale, chargée d'épauler les familles les plus modestes et elle soutient la Résistance.

    Lorsqu’il la rencontre, Henri Grouès a besoin de faux papiers : c'est elle qui lui confectionne la fausse carte d'identité sur laquelle elle propose d'inscrire le pseudonyme d’Abbé Pierre qui ne le  quittera plus. Elle non plus : elle deviendra cofondatrice en 1949 du mouvement Emmaüs et fut sa secrétaire particulière jusqu’à sa mort en 1982.

     

     

    « Sans elle, Emmaüs n’existerait pas » dira l'abbé Pierre et : "Pour quiconque a connu son tempérament, et ses dons de chef - qui lui valurent, soit dit en passant, la Croix de guerre avec citation, pour son courage dans le soutien secret à l’Armée du Vercors -, il est évident qu’il lui fallut un véritable héroïsme quotidien pour, pendant 39 années, et jusqu’aux labeurs de ses dernières journées de vie, n’être toujours agissante que dans l’ombre d’un autre".

     

     

    * Autour du film « L’Abbé Pierre » -   Henri GROUES, François GARBIT ET LUCIE COUTAZ, l’Amitié en partage.

    Communauté Emmaus - collection Roger Dick

    Fin 1943, l’abbé Pierre est dénoncé. Le maquis de Malleval est découvert et anéanti par les Allemands fin janvier 1944. Ceux-ci traquent sans relâche les résistants, et parmi eux celui qu’ils connaissent désormais sous le nom de « l’abbé Pierre ». Nombre de ses amis sont arrêtés et torturés. Il accepte pourtant de faire passer des fuyards en Espagne. C’est au cours d’une de ces missions qu’il est arrêté à Combo les Bains. Mais il est relâché, passe en Espagne et gagne l’ambassade de France à Madrid. De là, il s’envole clandestinement dans un avion américain vers Alger, et rejoint le général de Gaulle. À la libération, l’abbé Pierre était l’aumônier du Jean Bart, un cuirassé de la Marine en poste à Casablanca. D’autres combats allaient bientôt commencer.

     

    L’AMITIE AVEC FRANCOIS GARBIT

     

    Marie Joseph Henry Grouès (1912-2007) naît le 5 août 1912 à Lyon, issu d'une famille bourgeoise aisée et pieuse de négociants en soie. Il rencontre très tôt François Garbit, alors qu’ils sont élèves des jésuites à l’institution Saint-Joseph à Lyon, puis membres des Scouts de France.

     

    * Autour du film « L’Abbé Pierre » -   Henri GROUES, François GARBIT ET LUCIE COUTAZ, l’Amitié en partage.

    « François Garbit est un enfant brillant qui va être très précieux pour le jeune Henri, car ce dernier traverse durant son adolescence une grosse peine de cœur qui va l'anéantir. François va l'aider à traverser cette phase difficile » écrira Pierre Lunel.

     

    François, à qui Henri avait confié vouloir mourir, l'avait, alors, vertement rabroué :  "A 15 ans, lorsque la vie éblouissante te tend les bras, toi tu songes à la mort !" 

    Extraits d'une lettre de François Garbit à Henri Groués, février 1928 :

     

     

    « Bien sûr qu'il y a sur terre des vilenies... Mais je ne comprends pas comment cela peut te faire trouver la vie mauvaise (...) chacun fait ce qu'il veut de la vie. Les uns la traînent dans la boue. En quoi salissent-ils la nôtre ? Ils nous montrent comment on peut la rendre ignoble. Profitons de la leçon, et faisons-la splendide !

    La vie est par elle-même splendide. C'est la plus belle création de Dieu : il l'a donnée à l'homme. On ne peut pas la rendre plus belle qu'elle n'est déjà. Mais on peut l'accomplir si pleinement qu'au jour de la mort on la rende telle qu'on l'a reçue !

    Pour la voir si belle, c'est-à-dire telle qu'elle est, il faut être pur et avoir de l'idéal. Voilà deux qualités qui ne te manquent pas. Alors, il ne te manque que de la regarder, de l'interroger, de lui chercher un sens.

    Tu te rends compte, toi-même, que ce rêve te fait nourrir des sentiments vains, paralyse toute ton activité, arrête tes élans d'idéal.. (…)

    ... la vie qui est bien plus vaste que tous les rêves que l'on peut faire !

    ... À notre âge, nous cherchons le sens de la vie ; nous cherchons ce qu'est notre vie. Et cela, c'est l'avenir. Quant au présent, eh bien, c'est le travail, le scoutisme, c'est tout le bien que l'on peut faire à sa famille, à ses camarades, à ses scouts.

    La vie, c'est la gaieté que nous faisons rayonner autour de nous. C'est la lutte perpétuelle contre nous-mêmes. La vie à quinze ans, c'est le grand combat de la pureté (où nous sommes si souvent vaincus, mais on se relève). La vie, mais nous sommes en train de la préparer. De cette préparation, elle dépend tout entière...

    La vie, nous la faisons maintenant. Plus tard, nous la vivrons chacun à notre manière, et d'autant mieux que nous l'aurons mieux préparée.

    Tu me parles quelque part d'années vides... Le mot m'a fait sursauter. Vides, les années de quinze à vingt-cinq ans ? Mais non, remplies, débordantes de toute la vie qui monte en nous et qui veut s'épancher de toute part, qui monte en nous comme la sève au printemps qui ne portera les fruits que l'été. La tâche est sublime si on la comprend.

    Quelle belle chose de penser que nous préparons notre vie inconsciemment, tout doucement. Comme le plus simple geste prend une signification grandiose !... »

     

     

     * Autour du film « L’Abbé Pierre » -   Henri GROUES, François GARBIT ET LUCIE COUTAZ, l’Amitié en partage.

    Antoine Laurent interprète François Garbit

     

    Henri part, à 19 ans, chez les Capucins à Crest, dans la Drôme. Une formation rude de sept ans, où il deviendra frère Philippe.

     

     

    PARCOURS DE FRANCOIS GARBIT (22 février 1910, Marseille – 7 décembre 1941, hôpital de Damas)

     

    Il est le fils du général de division Garbit, mort des suites de blessures reçues durant la Grande Guerre. Profondément catholique, il étudie à l’externat Saint-Joseph à Lyon, où il se lie d’amitié avec Henri Groues, puis à l’externat des Pères jésuites, avant d’entrer à Saint-Cyr (1929-1931).

     

    Il opte pour l’infanterie coloniale, et part en mai 1932 pour la Mauritanie, où il commande le poste de Nouakchott, puis est affecté, avec le grade de lieutenant, au poste de Fort-Gouraud, avant de rejoindre le groupe nomade d’Idjil, avec lequel il participe, en avril 1934, à la première liaison entre les troupes des confins algéro-marocains et de Mauritanie à Bel Gardane.

     

    Il réalise également des travaux topographiques et la première étude géographique de la Kedia d’Idjil, montagne du nord de la Mauritanie. Après un passage par le Service géographique de l’armée à Paris, il prend en 1936 le commandement du groupe nomade de l’Ennedi, au Tchad.
    Promu capitaine en septembre 1939, il est rapatriable.

     

    Muté à un détachement de tirailleurs, recrutés au Tchad pour renforcer les armées françaises en métropole, il est dirigé en mars 1940 vers Brazzaville puis Pointe-Noire.

     

    Là, il rallie le général de Gaulle avec l’Afrique équatoriale française (26-28 août 1940) et prend le commandement de la 2e compagnie du bataillon de marche n° 3 (BM3).

    Engagé dans la campagne d’Érythrée contre les Italiens, il combat à Kub-Kub (20 février 1941) et Keren (26 mars 1941).

     

    Son courage et son talent manœuvrier lui valent d’être fait compagnon de la Libération par le général de Gaulle par décret du 23 juin 1941.

     

    Passé en Palestine, il participe, en juin 1941, à la campagne de Syrie, où s’affrontent Forces françaises libres et Vichystes. Blessé grièvement par balle à l’épaule et à la jambe lors de son entrée en Syrie avec une compagnie australienne, le 8 juin, il rejoint son bataillon à l’automne dans le Djebel Druze, où il mène des missions de contact avec la population.

     

    Epuisé par cinq années d'un dur séjour outre-mer, il contracte la typhoïde. Il meurt à l’hôpital de Damas, à l’âge de 31 ans.

     

    Il ne connaitra donc jamais le destin de son ami Henri qui allait devenir quelques années plus tard « l’Abbé Pierre ».

    Inhumé en Syrie dans un premier temps, son corps fut rapatrié en France en octobre 1954

     

    Après la mort de Garbit à l’hôpital de Damas, le Père Hirleman, aumônier du BM3 et son exécuteur testamentaire, trouve dans sa cantine un dossier contenant les lettres qu’il écrivait à sa mère, régulièrement, en général le dimanche, entre le 23 juin 1940, à Pointe-Noire, et le 15 août 1941, à Soueïda (Syrie), mais qui n’ont pas été postées. Il confie ce dossier au Père Margot, recteur au collège des jésuites au Caire, qui assure lune première édition de ces lettres, précédées d’un avant-propos de sa main, sous le titre « Un témoignage ».

    Au début de juin 1945, la veuve du chef de bataillon Xavier Langlois, commandant du bataillon de marche n° 11, tué le 23 novembre 1944 près de Giromagny, que Garbit avait connu au Tchad, apporte à Paris vingt-cinq exemplaires de l’ouvrage avec les lettres autographes de l’auteur et son fanion. Elle les confie à l’abbé Pierre qui a repris contact avec la mère de celui-ci et qui occupe alors les fonctions d’aumônier de la Maison de la Marine depuis janvier 1945.

     

    En 1962, les lettres de François Garbit sont publiées aux Éditions du Soleil Levant et préfacées par l'Abbé Pierre : « Vers le plus grand amour : lettres de François Garbit ».

     

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    Abbé Pierre : « Le général de Gaulle a dit un jour que l’histoire était faite de longues périodes de discipline et de rares indisciplines illustres. Il faut savoir choisir le temps et le sujet de l’indiscipline. (…) Pour venir en aide à un humain sans toit, sans pain, sans soins, il faut savoir braver les lois ».

     

    « Le Mouvement Emmaüs, qui rassemble aujourd’hui plus de 30 000 personnes (bénévoles, compagnes et compagnons, salariés et salariés en insertion) dans toute la France, est également présent dans 37 pays du monde. En constante évolution, il est une fabrique d’innovations sociales tout comme un front engagé qui milite en faveur d’une société plus juste et plus écologique grâce à son activité historique de collecte, de réemploi et de revente d’objets ».

     

    L'abbé Pierre et Lucie Coutaz, sont inhumés dans le village d'Esteville, en Seine-Maritime. François Garbit repose au cimetière de Mornant dans le Rhône.

     

    Biographie de l’Abbé Pierre (Grand-croix de la Légion d’honneur; Croix de guerre 1939-1945 avec palme ; Médaille de la Résistance ; Médaille des Evadés - Médaille de la Résistance belge. https://fr.wikipedia.org/wiki/Abb%C3%A9_Pierre

     

    Biographie de Lucie Coutaz (Croix de Guerre, Médaille de la Résistance) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lucie_Coutaz

     

    Mouvement Emmaus : https://emmaus-france.org/qui-sommes-nous/ 

     

    Parcours de François Garbit (Compagnon de la Libération) : https://www.ordredelaliberation.fr/fr/compagnons/francois-garbit

     

    François Garbit dans l'Episode 4 de la Campagne d'Erythrée raconté sur le Blog  : 

    http://divisionfrancaiselibre.eklablog.com/80e-anniversaire-de-la-campagne-d-erythree-fevrier-avril-1941-4-le-bat-a207333260 

     

    Horrifiques chroniques de l’Est du Pays de Tchad en la guerre de ERYTHREE contées par Messire François BARBEROUSSE Grand rêveur de songes-creux et abstracteur de quinte-essence Conte écrit par le Lieutenant GARBIT, blessé en Syrie, mort à Damas en septembre 1941

    https://1dfl.fr/un-conte-de-francois-garbit-bm-3-horrifiques-chroniques-de-l-est-du-pays-de-tchad-en-la-guerre-de-erythree/

     

     

     

     


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