• * Survivant de Bir Hakeim, par Domingo LOPEZ - 4 - De la Sortie de Bir Hakeim à El Alamein (1942)

    * Survivant de Bir Hakeim, par Domingo LOPEZ  - 4 - La Sortie de Bir Hakeim et El Alamein (1942)

     

    Le 9 Juin, bien que l'ennemi ne soit pas parvenu à réaliser ses desseins étroits, l'anneau de fer menaçait encore plus de nous étouffer. Une section de notre infanterie avait été faite prisonnière, laissant échapper bien peu d'hommes. De ce fait, le combat commença dans les limites de notre terrain, avec des grenades et des mitrailleuses, mais notre pavillon flottait encore gaillardement.

    Le 10, une troisième attaque allemande eut lieu au même endroit que le 8 et le 9, les surhommes subirent une autre déroute par ceux qui furent appelés plus tard « les aventuriers qui se défendaient avec l'énergie du désespoir ». Eux, les aryens purs, la race supérieure, avec toute la force de leur potentiel de guerre ne purent faire reculer le pavillon français avec la croix de Lorraine, qui jusqu'au coucher du soleil le 10 juin 1942, projeta son ombre glorieuse et gigantesque sur la tête de ses soldats.

     

    * Survivant de Bir Hakeim, par Domingo LOPEZ  - 4 - de la Sortie de Bir Hakeim à El Alamein (1942)

     

    Dans l'après-midi de ce 10 juin, après 16 jours d’enfer, avec une joie indescriptible, nous reçûmes l'ordre de nous préparer pour sortir cette nuit ; ne pas se charger d'armes lourdes, seulement des grenades, des mitrailleuses à main ou des pistolets, prendre l'indispensable et détruire les canons. Plus tard, l'eau de réserve de la compagnie serait distribuée.

    Personne ne pensait au danger que présentait cette retraite empressée, nous pensions seulement que cette nuit nous serions enfin libres, morts ou vifs, mais libres de toute façon. Nos visages épuisés après tant de jours de souffrance s'illuminèrent d'espérance. S'échapper, s'échapper coûte que coûte. Avec cette idée fixe nous fîmes les préparatifs, et nous espérions que les ombres de la nuit s'étendraient sur l'immensité désertique, pour nous aider dans la manœuvre. La nuit arrivée... obscure…noire…, quelques heures plus tard, seules les étoiles seraient les témoins muets du dernier acte de la grande tragédie qui s'était déroulée à Bir-Hakeim.

    Les citernes parcoururent les lignes pour distribuer le précieux liquide ; les chauffeurs mirent les moteurs de leurs véhicules en route et commencèrent à former une colonne sur trois rangs, les tanks (brenn carriers) devant, les camions avec les blessés au milieu, les prisonniers allemands et italiens enchaînés et gardés montèrent dans deux des camions.

    Les commandements secs et à voix basse se firent entendre partout. Les ombres coururent dans tous les sens, silencieusement ; chacun essayait d'occuper la place qui lui avait été assignée.

    Les compagnies d'infanterie commencèrent à se former en colonne de six ; la sixième, dans notre bataillon, marcherait en tête et immédiatement après la colonne motorisée.

     

     NOUS ARRIVONS A NOUS ECHAPPER

    Le colonel AMILAKVARI avec son automobile, rompit la marche en sautant sur une mine. Il prit un autre véhicule qui sauta sur une autre mine, sans être blessé aucune de ces deux fois.

    Il se résolut à continuer à pied. Les tanks et les camions s'étaient déjà heurtés à l'ennemi avec une force destructrice.

    Le cercle était brisé et les premiers véhicules, comme un torrent, s'élancèrent en avant, aplatissant tout sur leur passage, et se perdirent ensuite dans l'immensité noire des ombres du désert. Mais l’ennemi commençait à réagir, il se ressaisit de sa surprise et les mitrailleuses commencèrent à se faire entendre, des cris de rage et de douleur fendirent la nuit… parfois la voix de notre Colonel et celle du Capitaine de SAIRIGNE s'élevaient dans le tumulte. En avant la Légion ! En avant la Légion ! Suivant l'exemple d'hommes de cette trempe, la Légion étrangère se lança aveuglément, furieusement, contre ceux qui prétendaient lui barrer le passage.

     

    * Survivant de Bir Hakeim, par Domingo LOPEZ  - 4 - de la Sortie de Bir Hakeim à El Alamein (1942)

    Le lieutenant DEWEY avec son tank, aplatit deux mitrailleuses italiennes, succombant héroïquement avec quatre de ses légionnaires, un nommé DEBRIK se sauvant devant la troisième.

     

    * Survivant de Bir Hakeim, par Domingo LOPEZ  - 4 - de la Sortie de Bir Hakeim à El Alamein (1942)

    Pendant que cette lutte se déroulait dans la nuit qui était seulement illuminée par les flammes d'un camion incendié, répandant alentour une lumière rougeoyante qui rendait encore plus sinistre la dernière scène de l'épopée de Bir-Hakeim, un groupe de dix ou douze hommes attendait la décision d'ARTOLA, à l'expérience de qui nous avions confié nos vies. « Ne bougez pas d'ici, je vais voir ce qui se passe », nous dit-il.

    Nous attendions sans bouger. Combien de temps avons-nous attendu dans l'angoisse qui nous serrait la gorge, et une main de fer nous broyant le coeur ? Nous ne pourrions pas le dire ; une minute, vingt, une heure peut-être. Les balles traçantes se croisaient dans toutes les directions, les armes automatiques claquaient dans l'éclatement sec d'un coup de fusil et l'explosion des grenades à main... Si nous avions pu sortir ... Si nous avions la chance d'en sortir ... nous triturions nerveusement la mitraillette et portions la main à notre ceinture pour nous assurer que les grenades y étaient bien. Où peut bien être ARTOLA, nous demandions-nous. Après, nous commençâmes à imaginer des tas de choses. Il ne vient pas ... et s'il était parti ... mais non, c'est impossible, il ne peut plus tarder. Ah, il vient, mais non... l'ombre continue ; ce n'est pas lui. Quand va-t-il revenir ? Il doit être tard et si le jour arrive et que nous soyons encore là… il vient. Serait-ce lui ? Oui, ça l'est.

    Quelle chance ! Pourquoi avons-nous été laissés seuls. Bon, il est là maintenant. Toutes ces questions et ces réponses, nous les faisions pendant que nous attendions ARTOLA jusqu'à ce que son arrivée coupât notre soliloque. « Messieurs, la chose par-là est très mauvaise, on se bat et on meurt beaucoup ; celui qui veut me suivre ... je vais dans cette direction qui est plus tranquille ».

    Sans répliquer, nous nous levâmes, lui s'agenouilla, posa sa boussole lumineuse sur le sol et murmura « direction sud ». Il se redressa et se dirigeant vers notre groupe dit « que personne ne parle, marchez sans bruit, et n'usez de vos armes que si l'on tire sur nous parce que l'on nous a découvert, auquel cas chacun agit et se sauve comme.il peut.  En avant ! »

    Nous avançâmes comme des fantômes, en silence, pliés en deux... notre chef leva la main et nous dit très bas « maintenant, rampons, nous allons entrer dans un champ de mines ».

    Nous commençâmes à marcher sur les coudes et les genoux, lentement, très lentement, tâtant l'endroit où nous allons appuyer notre corps : un mouvement sans prendre cette précaution serait fatal,

    Nous continuâmes, continuâmes. Silence ! un feu de Bengale illumina le champ… la figure contre le sable ... les mains crispées, nous attendions. Éteins-toi maintenant, maudite chose. A quelques mètres, des soldats couraient. Nous nous collâmes davantage contre la terre ; nous les reconnaissions à leurs casques… des Boches… le doigt sur la gâchette… ils s'approchaient…et le feu de Bengale nous éclairait ; quelle chance qu'ils ne nous aient pas vus, et pourtant ils nous avaient presque marché dessus.

    * Survivant de Bir Hakeim, par Domingo LOPEZ  - 4 - de la Sortie de Bir Hakeim à El Alamein (1942)

    Quelles minutes terribles. Visages et corps étaient baignés de sueur. Nous levâmes le bidon jusqu'à nos lèvres et avalâmes une gorgée d'eau. Quel soulagement ! Nous avançâmes de quelques mètres de plus et une autre fusée ! Tout près de nous, nous entendîmes FLORES dire « si je pouvais lui tordre le cou, à celui qui fait de la lumière ».

    Nous pensions qu'il serait agréable de lui arracher une oreille d'un coup de dent et de lui faire avaler ses sales fusées. Enfin, elle s'éteignit. Notre espoir était d'arriver à la limite du champ de mines sans avoir été vus. De nouveau, nous fûmes éclairés, alors que nous arrivions presque. Etre découverts à ce moment aurait vraiment été une grande malchance. Sur le chemin que nous suivions il y avait des soldats et nous nous demandions qui ils étaient. Nos nerfs ne résistèrent pas plus, et à notre désespoir nous proposâmes à ARTOLA de leur envoyer une grenade et ensuite de les abattre à la mitraillette. « Tu es fou, si nous en tuons, nous resterons ici. Que personne ne tire ! »

    A d'autres moments nous étions dans les ténèbres, mais ne pouvions pas avancer sans risquer de rencontrer les Allemands. Lorsque le camp fut illuminé de nouveau ils étaient encore là. Ah, ils ne pouvaient pas trouver un autre endroit pour s’arrêter... nous nous déportâmes à gauche pour les éviter. Nous tirions une fusée pour voir ce qui était devant nous. Ce souhait fut exaucé et nous vîmes qu'il n'y avait personne. ARTOLA fit signe de la main. En avant ! Nous devions être presque dehors… les coudes et les genoux que nous avions à vif nous faisaient mal, mais ... qu'importait ; si nous parvenions à passer. Un autre signe d'ARTOLA... il nous laissa. Avec précaution, il se traîna en zig-zag. Que faisait-il ? Il disparut dans l’obscurité et quelques minutes après revint en marchant et nous dit avec agitation « Courez, nous sommes libres ». D'un bond, nous nous mîmes debout et commençâmes une course pour la vie, pour la liberté. Nous sentîmes d'énormes envies de rire et de crier aux allemands « Imbéciles, vous ne voyez pas que nous nous échappons ! ». La première fois notre rire fut mêlé de larmes, la seconde, nous n'osâmes pas le mener à bonne fin. Nous courûmes ... courûmes… devenus fous, nous ne savons pas combien de temps ni sur quelle distance, nous arrêtant seulement lorsque ARTOLA le fit pour consulter la boussole.

    Derrière nous, le bruit du combat qui se prolongerait jusqu'à l'aube, se perdait. Avec la lumière du jour, seraient inutiles tous les efforts de ceux à qui nous avions échappé.

    La lumière de ce nouveau jour, de cet inoubliable aube du 11 juin 1942 nous paraissait plus diaphane, plus belle que jamais.

    Avec les premières lueurs du matin un camion anglais vint jusqu'à nous, maintenant complètement desséchés. Les occupants nous regardèrent tristement. « Bir-Hakeim « nous demandèrent-ils. « Oui, répondîmes-nous, de l'eau…de l'eau… de l'eau…"

    Nous nous jetâmes tous en même temps sur l'eau contenue dans le camion.

    Les Anglais ne voulaient pas nous laisser boire, et pendant que l'un d'eux essayait de nous convaincre, les deux autres ouvrirent des bouteilles de lait, que nous bûmes avidemment.

    Nous demandâmes à combien de kilomètres de Bir-Hakeim nous étions. « A plus de 12 » nous répondirent-ils. Nous pensâmes que c'était trop près, nous n'étions pas tranquilles du tout. Ils nous expliquèrent qu'il y avait beaucoup de camions anglais en patrouille dans le voisinage pour recueillir les survivants qui étaient dispersés dans le désert.

    Enfin nous nous mîmes en marche jusqu'au lieu où se formait le convoi, tout près d'ici.

    Notre joie fut grande lorsque nous vîmes nos amis d’Amérique du Sud. Nous nous embrassâmes en riant et en pleurant. « Quelle chance ! comment t'es-tu enfui ? Et toi ? " Nous nous accablions de questions, parlant tous en même temps, nous n'en avions par perdu l'habitude malgré les frayeurs. Le convoi en marche transportait les épaves fatiguées, rompues, défaites, de ceux qui furent la force qui défendait Bir-Hakeim. On dit que notre résistance sauva le canal de Suez. La confirmation ou le démenti de cette affirmation était loin de notre pouvoir. Nous pouvions seulement dire qu'en 16 jours d'enfer nous avions souffert, souffert et encore souffert… Devant cette résistance qui n'avait pas cédé à un ennemi plusieurs fois supérieur, le général de Gaulle dit dans un ordre général « Quand à Bir-Hakeim un rayon de gloire vint éclairer le front sanglant de ses soldats, le monde a reconnu la France ».

     

    ELOIGNONS-NOUS DU PERIL

    Notre convoi arriva à MARSA MARTRUH, où nous nous reposâmes quelques jours, mais ici aussi se répercutait l'écho des canons allemands, ce qui précipita nôtre départ jusqu'à la ville d'Alexandrie.

    Nous nous rendîmes compte alors du prix payé pour cette victoire, qui pour nous était la plus brillante obtenue dans la guerre du désert de Libye.

    Nous nous sentions orgueilleux de notre geste tous au même titre, troupes et officiers, mais il nous avait coûté cher. 50 % des camarades étaient restés dans cet enfer, la plupart en essayant de s'échapper.

    Des deux bataillons de Légion, il ne demeurait que des restes, et on comptait parmi les disparus le chef du nôtre et de nombreux officiers.

    Sur la plage d'Alexandrie nous dressâmes le camp pour prendre un repos qui serait bref mais complet.

    L'endroit ne pouvait être mieux choisi pour reposer notre corps et notre esprit. Au bord de la mer à l'ombre des palmeraies, tout invitait au repos, à l'abandon, et à l'oubli des heures passées.

    La première chose qui nous occupa à l'arrivée fut de dormir, dormir beaucoup pour prendre notre revanche. Souvent j’avais des cauchemars et me réveillais en sursaut. Ce n'était pas seulement à moi que cela arrivait, mais à tous ; nos nerfs n’étaient pas encore dans leur état normal, et nous allions beaucoup tarder à nous remettre du coup dont nous avions souffert.

    Nous sortions à 10 heures du matin avec une permission et nous nous présentions le jour suivant à la même heure pour prendre les ordres.

    Tout allait à la perfection. Des divertissements, des boissons, des femmes, enfin tout ce dont a besoin un soldat n revenant du front où il s'est battu. Faire beaucoup de bruit, baragouiner arabe et se saouler à ne plus tenir debout. Mais cela ne pouvait durer longtemps ainsi.

    Accostés dans le port, il y avait quelques navires de guerre français dont les équipages se rallièrent au gouvernement de Vichy, aux livreurs de la France.

    Un matin, à l'heure de la présentation, plusieurs légionnaires apparurent le visage endommagé. Ce qui leur était arrivé se sut rapidement dans tout le bataillon.

    Plusieurs marins de Vichy (Vichymen) comme les appelaient les Anglais, les avaient provoqués, leur crachant au visage des paroles de trahison, les attaquant immédiatement et leur administrant une souveraine volée de coups.

    Notre indignation ne connut pas de limite en entendant cela. Etait-il possible qu’ils soient français ces hommes qui appelaient traîtres ceux qui défendaient la France ? Pour des gens aussi vils il n'y avait de qualificatif dans aucune langue, pour les traîtres a la Patrie aucune punition n'était trop dure. A ce moment nous nous mîmes d’accord pour ne sortir qu'en groupes et armés. De ce qui suivit je ne relaterai que quelques incidents comme celui-ci :  un après-midi sur le boulevard promenade de la Reine Nazli eut lieu une rencontre comme il s'en faisait quotidiennement entre les Français libres et les vendus ; nous restions maîtres du terrain, et un marin n'ayant d'autre issue que la mer, poursuivi, il s'y jeta. L'Espagnol SAN MARTIN, un garçon de plus de 1 m. 85, se lança derrière lui et le rattrapa ; il le prit par les cheveux et le submergea ; il le remontait à la surface et quand il avait repris sa respiration, il le replongeait. Il le sortit en le traînant et lui ordonna de se dévêtir sous la menace d'un revolver, et quand il se trouva en chemise et caleçon, courant derrière lui, il le ramena jusqu'au bateau.

    * Survivant de Bir Hakeim, par Domingo LOPEZ  - 4 - de la Sortie de Bir Hakeim à El Alamein (1942)

    La Force X, les marins de Vichy source : http://envelopmer.blogspot.fr

    Ces messieurs allaient de bon matin faire des exercices dans un champ aux environs d'Alexandrie. Un matin le lieutenant BOURGOIN invita 50 à 60 légionnaires et quand les marins, en formation, revinrent de leurs exercices au commandement d'un capitaine, il les intercepta au passage.

    A la tête des légionnaires le lieutenant se jeta à la charge et ceci dégénéra en une véritable bataille rangée à coups de poings et de gourdin. Il y eut plusieurs blessés, tant des nôtres que des leurs, mais nous pensâmes que ce serait la dernière fois qu'ils sortiraient du bateau. Après le départ de ces traîtres, la cité renaquit au calme et nous continuâmes de nous divertir à qui mieux mieux.

    Nous apprenions avec la facilité la leçon qui dit qu’il est nécessaire pendant la guerre de profiter au mieux du temps où nous sommes en arrière.

    Nous passâmes huit jours magnifiques dans la villa de Cléopâtre.

    Ensuite nous allâmes dans un camp près du Caire, laissant derrière nous un peuple tout près de la panique. Ceci se justifiait si on pensait que les Allemands n'étaient qu'à 80 kilomètres de la ville, et que dans celle-ci il y avait une grande quantité de juifs qui se préoccupaient seulement de faire leurs valises.

    Nous partîmes dans la soirée sous les acclamations de la population qui nous saluait de la rue, des portes et des fenêtres.

    N0us devons confesser que ces manifestations ne nous laissèrent pas indifférents, nous sentions au plus profond de nous-mêmes une grande satisfaction qui nous rendait presque heureux des terribles moments de Bir-Hakeim.

    La route jusqu'au Caire était couverte de véhicules. Nous n'avancions que de quelques kilomètres à l'heure. Le pire était qu'il n'y avait aucun ordre dans la circulation, chacun désirant aller en avant et à chaque instant il se produisait des collisions qui retardaient encore l'avance. Tant que la nuit ne fut pas tombée, nos yeux scrutaient le ciel continuellement, de peur des avions allemands qui, s'ils avaient profité de la confusion qui régnait parmi les troupes en exode, auraient fait un véritable massacre.

    Pour notre soulagement la nuit tomba et la progression se fit de plus en plus difficile à cause d'un convoi qui venait en direction contraire et à qui nous dûmes laisser la priorité car il montait au front.

    C'était une division australienne, celle qui, avec admirable courage, contribua à empêcher l'avance nazi jusqu'à Suez. Ces hommes qui connaissaient la situation du front y allaient en chantant allègrement. Ils savaient de plus que nous essayions de mettre du terrain entre nous et les Allemands. Ils savaient enfin que nous étions sur le point d'être battus complètement et, malgré tout, ils chantaient, riaient et faisaient des plaisanteries sur cette retraite qui menaçait de se transformer en catastrophe pour les troupes alliées.

    * Survivant de Bir Hakeim, par Domingo LOPEZ  - 4 - de la Sortie de Bir Hakeim à El Alamein (1942)

    Capitaine australien dans un cimetière allié de la région d'El Alamein

    Ceci et d'autres choses vues à diverses occasions nous fit juger les australiens comme les meilleurs soldats qu'il nous fut donné de voir combattre. En les voyant, l’espérance renaissait. Avec des troupes de cette trempe on ne perdait pas la guerre, même si on perdait des batailles.

    Bien que notre voyage ait duré déjà plusieurs heures nous n'étions pas très loin de notre point de départ. Quand nous nous arrêtâmes en un point quelconque du désert pour passer la nuit, nous montâmes le camp et après avoir mangé quelques conserves chaudes, nous nous réunîmes, les Sud-américains et quelques Espagnols, pour chanter et bavarder.

    A Alexandrie nous avions obtenu une herbe, qui bien que très mauvaise, c'était un véritable bâton, et délavée après quelques (…), nous nous en servîmes pour nous en rappeler le goût. Les Espagnols demandèrent à goûter, mais à la première gorgée ils se mirent à cracher et à maudire cette amertume. Nous allâmes dormir et le lendemain, de bonne heure, nous étions en route. Le trafic était intense et la route encombrée.

    Nous ne marchions pas à tant de kilomètres à l'heure, mais à tant de mètres.

    Nous pensions de nouveau aux avions ; mais ils étaient occupés à autre chose et n'avaient pas le temps de se rappeler de nous. Nous voyageâmes tout le jour pour parcourir les 200 kilomètres qui séparent Alexandrie du Caire.

    Dans l'après-midi nous arrivâmes dans cette ville et nous allâmes nous installer au sud dans un camp anglais, en plein désert, bien qu'à peu de distance de la station de chemin de fer qui va au Caire. Ici aussi nous étions au repos, et les nouveaux arrivèrent, dont l'instruction commença aussitôt sous la direction des gradés.

    Noua restâmes peu de temps dans ce camp, ensuite nous fûmes emmenés dans un autre identique à celui-ci, mais nous jouîmes d'une permission qui était donnée à la compagnie pour se rendre à Ismaïlia, au bord de la mer, dans un grand parc où nous mangeâmes bien, dormîmes et prîmes des bains de soleil. Mais ceci se termina par le commencement des exercices de toutes sortes. Les nouveaux maniements d'armes, et nous devions apprendre à conduire toutes sortes de véhicules.

    Après 24 heures nous terminâmes notre service avec joie.

    On annonçait la visite du général de GAULLE, et nous préparâmes un défilé. Dans cette revue militaire, le général KOENIG, le Colonel AMILAKVARI, le Capitaine SIMON, commandant de notre compagnie, et d'autres, furent décorés de la Croix de Guerre ainsi que de nombreux soldats, pour leur vaillance au combat.

    * Survivant de Bir Hakeim, par Domingo LOPEZ  - 4 - de la Sortie de Bir Hakeim à El Alamein (1942)

    Le même jour, dans une cérémonie émouvante, notre bataillon reçut le drapeau de la 13ème demi-brigade de la Légion Etrangère, que gardait le premier.

    Quelques jours après nous quittâmes Ismaïlia et campâmes au kilomètre 13 de la route d’Héliopolis, une ville moderne unie au Caire. Dans cet endroit nous trouvâmes tout le matériel de guerre vieux, sauf quelques canons anti-tanks de 75 neufs. Vinrent quelques camions énormes de marque Bedford qui ne nous plurent pas du tout ; ces mastodontes étaient visibles à cinq kilomètres de distance avec leur plate-forme à canon pour tirer.

    Les canons anti-tanks étaient de 6 livres, calibre équivalent à 47 mm. A partir du moment où nous eûmes reçu le nouvel armement, l'entraînement se fit intensif pour bien savoir le manier.

    Avant de quitter ce camp nous fûmes passés en revue par le roi George d'Angleterre qui était accompagné des Généraux de l'armée britannique Montgomery et Alexander.

    Peu après commencèrent les préparatifs de départ, ça sentait la poudre, les sections se formèrent de nouveau pour bien mélanger ceux qui déjà connaissaient les délices du front et ceux qui ne l'avaient jamais vu ; les deux bataillons se formèrent en un seul ; le dernier composé d'une compagnie lourde avec des canons anti-tanks et des mortiers de 81 mm, trois d’infanterie légère et la compagnie blindée formée de tanks. Ainsi organisés avec un matériel neuf et un moral élevé bien que nous sentions la peur monter du fond de nous-mêmes et à peine réveillés, un matin, nous nous mimes en marche et nous allions à la recherche de la revanche.

     

    LA CONTRE-OFFENSIVE SE PREPARE

     

    * Survivant de Bir Hakeim, par Domingo LOPEZ  - 4 - de la Sortie de Bir Hakeim à El Alamein (1942)

    Le 15 Octobre nous occupâmes les positions desquelles nous partirions à l'attaque qui deviendra la grande contre-offensive d'El-Alamein et qui donnera lieu à l’échec des troupes de l'Axe sur le continent africain.

    Nous abandonnâmes ces positions pour en occuper d'autres plus proches de l'ennemi, ou les obus de l'artillerie nous faisaient plonger sans cesse, et où les avions nous visitaient 4 à 6 fois par jour.

    Plusieurs jours nous avons attendu le moment où il nous serait ordonné d'aller à l'attaque. Cet ordre nous fut donné le 23 Octobre. En face de nous s'élevaient des montagnes très escarpées qui servaient de magnifique observatoire aux forces de l'Axe.

    De cet endroit on dominait une grande surface de désert, de manière que tous nos mouvements étaient découverts, à peine esquissés. De ces montagnes nous aurions à nous approcher. A la fin de la nuit commença la marche d'approche jusqu'à l’Himeimat, ainsi se nommait le lieu montagneux.

     

    * Survivant de Bir Hakeim, par Domingo LOPEZ  - 4 - de la Sortie de Bir Hakeim à El Alamein (1942)

    Nous nous séparâmes de RAUL et de DIAZ deux Espagnols avec lesquels nous parlions lorsqu'arriva l'heure du départ. Eux étaient de l'infanterie et partaient avec nous.

    Nous nous souhaitâmes bonne chance et nous nous donnâmes une poignée de main.

    DIAZ avait 29 ans. Personne ne devait le revoir jamais ; il est resté ici pour toujours et RAUL devint boiteux pour le restant de ses jours. Une balle explosive lui avait détruit un pied.

    Après l'Infanterie nous sortîmes avec nos anti- tanks. Avec beaucoup de mal car il y avait des endroits où le sable était mou et où notre déplacement était difficile. Les moteurs ronflaient, calaient et nous avancions très peu, mais enfin nous arrivâmes.

    En silence chaque pièce se trouva occuper l’endroit qui lui était assigné. Devant nous les fantassins essaient de traverser les champs de mines pour pouvoir sauter sur l’ennemi de très près.

    Tout était enveloppé d'un silence seulement interrompu par le bruit de quelque moteur. Le capitaine SIMON arriva ; il était content et riait en se frottant les mains ;     il nous dit : « C'est le moment de prendre notre revanche, nous allons les surprendre car nous n'attaquerons pas en face, mais par le flanc. Vous verrez que tout va marcher à merveille. Attention, bonne chance et à bientôt ».

    A 22 heures nous entendîmes la voix de bronze d'un canon de gros calibre. Ce fut le signal. Le coup de feu qui scellait le sort des armées de l'Axe en Afrique. Le fracas de tonnerre gigantesque produit par plus de 900 pièces d'artillerie tirant en même temps sur un front de 80 kilomètres répondit et, pendant des heures, une pluie de mitraille arrosa les positions s ennemies.

    Ceci fut un cataclysme ; le ciel rougissait aux lueurs d'incendie comme un éclair ininterrompu et le désert tremblait et vibrait, comme secoué par un mouvement sismique.

    Couchés dans les trous que nous avions creusé rapidement dans le sable, nous attendions, et notre tension nerveuse augmentait. Quand l'artillerie cesserait, ce serait notre tour, et ensuite selon le résultat qu'elle obtiendrait, le nôtre.

    Dans sa jeep nous vîmes passer le colonel avec son képi et sa cape gris perle. IL avait la coutume de se rendre compte par ses propres yeux si ses ordres, en ce qui concernait la disposition des divers éléments de combat, avaient été suivis avec exactitude. Il parcourait toute la ligne avec le plus grand mépris du péril, se préoccupant toujours de ses légionnaires qu'il aimait profondément.

    Pour nous il était comme un père.

    Les canons se turent et immédiatement des milliers d'hommes se lancèrent à l'attaque. Notre premier bataillon monta la montagne avec bravoure, mais malgré son courage, fut repoussé car, en plus des difficultés de l'ascension, ils étaient attendus avec des mitrailleuses cachées dans des grottes qui leur firent subir des pertes importantes.

    * Survivant de Bir Hakeim, par Domingo LOPEZ  - 4 - de la Sortie de Bir Hakeim à El Alamein (1942)

    Notre bataillon attendait le signal indiquant que Premier avait atteint son objectif qui devait être donne au moyen d'une fusée de couleur convenue auparavant.

    Voyant que le signal ne venait pas, ce qui nous faisait perdre un temps précieux car il serait bientôt jour, le colonel donna l'ordre d'attaquer.

    Les Italiens étaient sûrs que nos fantassins étaient au sommet du pic pour les balayer avec leurs mitrailleuses qu'ils abandonnaient.

    Eux devaient avoir jugé nos troupes comme eux-mêmes, c'est-à-dire qu'aux premiers coups de feu ils reculeraient dans leur dessein - grande erreur - Avec les premières rafales de mitraillettes, les légionnaires comme des lions sautèrent sur eux, entrant au corps à corps, et leur faisant céder du terrain par leur pression. L'objectif était pris, c'était notre tour. Nous devions placer les canons pour, en cas de contre-attaque, appuyés par les tanks ou les blindés, pouvoir les attendre pour « leur rendre les honneurs dûs ».

    Le terrain ne nous permettait pas de nous déplacer avec l'agilité nécessaire, et la contre-attaque redoutée, de tanks et de chars d'assaut, arriva avec une rapidité fulgurante.

    Sans notre aide, l'infanterie ne pouvait rien faire, et elle reçut l'ordre de reculer.

    Maintenant il faisait jour et un repli à 11 heure et en terrain plat serait sûrement dangereux. Poursuivis par un tir de mortier les nôtres se retirèrent en ordre, sans abandonner de blessés et emmenant les prisonniers.

    Avec nos anti-tanks, nous ne pouvions rien faire maintenant pour éviter la retraite si bien qu'on nous ordonna aussi, après avoir couvert l'infanterie, de retourner à notre point de départ. Avec l'ennemi au-dessus et nous parfaitement visibles, ce mouvement ne nous parut pas facile à exécuter.

    En effet, laissant de côté l'infanterie, ils concentrèrent leur feu sur nous. Entre les obus qui éclataient de tous les côtés, nous nous mîmes en devoir d'accrocher les canons dans les camions. Le canon était très lourd et de ce fait très difficile à manier. Tellement pris par notre travail nous ne vîmes pas un groupe d'italiens qui, plus hardis que leurs compagnons, venait dans notre direction, animés des intentions les plus mauvaises.

    Un de nos compagnons donna l'alarme en nous criant d’essayer de les arrêter. Dans un grand effort nous arrivâmes à dominer nos nerfs et nous mettant à genoux derrière le blindage de notre canon pour nous protéger, nous commençâmes à tirer au pistolet. Les italiens étaient à une cinquantaine de mètres de nous. Nous tirions... nous tirions. Un des attaquants s'arrêta et leva les deux mains vers son ventre, les autres s'allongèrent sur le sol et lancèrent des grenades à main. Nous changeâmes le chargeur du pistolet et continuâmes à tirer.

    S'enhardissant en voyant qu'ils nous stoppaient les autres empoignèrent le canon et nous, toujours abrités derrière le blindage, continuâmes à tirer sans cesse. Il s'en fallait de peu, encore un effort et nous étions sauvés, mais les ennemis croyaient nous tenir et ils continuaient à avancer. Un coup de feu adroit envoya rouler un autre italien, nous arrivâmes au camion et un camarade prit sa mitraillette et la déchargea sur les « macaronis » qui essayèrent de se sauver.

    Nous n'avions pas encore fini de monter lorsque le camion démarra, quelques-uns le prirent à la course et le chauffeur semblait avoir une certaine hâte. « Vous êtes blessé » me dit quelqu’un. Qui ? moi ! demandais-je un peu surpris ET JE SENTAIS REFROIDIR L'ENTHOUSIASME qu'avait éveillé en moi les paroles de louange prononcées par mes camarades pour notre attitude. « Il est clair que tu l'es ». Devant cette affirmation je sentis une sueur froide m'inonder le visage et mes jambes devinrent de coton. « Mais je ne sens rien », m'exclamai-je. « Appuie-toi au fond du camion, nous allons voir ce que c'est », me conseillèrent-ils.

    Je fis ainsi, mon pantalon fut coupé avec un canif pendant que l'on m'expliquait qu'une blessure ne se sent qu'un moment après avoir été reçue. A voir la blessure, il me parut que c'était quelque chose d'horrible ; mon pantalon était maculé du sang qui coulait abondamment d'une plaie ouverte dans le mollet droit, occasionnée par un éclat de grenade.

    Je sentis un vertige et se rendant compte que j'étais sur le point de perdre connaissance, un camarade me donna une gorgée d'une boisson forte qui me remit. Ils me bandèrent et lorsque nous arrivâmes à destination, je fus transporté à l'infirmerie pour être soigné dans les formes, et je me donnai l'illusion que j'allais à l'hôpital où je serais chouchouté, par de jolies infirmières, où je dormirais dans un lit confortable, toutes choses auxquelles aspiraient ceux qui avaient la chance de recevoir une petite blessure. Quand l'infirmier termina de me soigner (j'avais pu espérer un bon moment parce qu'il v avait beaucoup de blessés, et de graves) mes illusions se dissipèrent.

    « Je vais à l'ambulance ». L’infirmier me regarda et dit « P0ur ça ? Tu peux retourner à ton poste ».

    J'étais un peu honteux et avait peur qu'il ne me fasse quelque réflexion désagréable. Réellement, ma prétention d’aller à l'hôpital était injustifiée par cette petite blessure, quand il y avait des camarades qui n'y arriveraient pas vivants.

    Quelques heures plus tard, quand je fus retourné à la compagnie, la tristesse peinte sur ces visages boucanés nous fit pressentir que le bilan du combat devait être douloureux. En effet, notre bataillon pour la seconde fois en peu de mois, avait été démembré.

    Plus de 50 morts et de 100 blessés tel était le tribut que nous avions payé. Le Colonel AMILAKVARI que nous aimions et admirions était mort ; morts ou blessés une grande quantité d'officiers d'infanterie et ainsi se succédaient les sous-officiers et les hommes.

    * Survivant de Bir Hakeim, par Domingo LOPEZ  - 4 - de la Sortie de Bir Hakeim à El Alamein (1942)

    1ère tombe d'Amilakvari dans le désert

    Notre compatriote SEQUEIRA ne répondit pas, comme beaucoup d'autres, lorsqu'il fut nommé, lors de l'appel.

    Plus tard nous commençâmes à évoquer quelques faits intéressants qui s'étaient déroulés pendant le combat.

    L'argentin PARDO fut gratifié, conjointement avec son chef de tank, le Lieutenant LATES, italien nationalisé argentin, qui comme nous était volontaire, de la Croix de guerre pour récompenser sa valeur. Voici le fait dont ils avalent été les acteurs ; ils virent qu'un obus avait incendié un camion, chargé de munitions, tuant le chauffeur, et voyant que le canon restait abandonné, au péril de leurs vies, ils se lancèrent avec leur tank pour le récupérer afin de ne pas le laisser dans des mains ennemies.

    La manoeuvre était osée car le camion brûlait et pouvait exploser d'un moment à l'autre. Par bonheur ils arrivèrent, sains et saufs, à le récupérer.

    Pendant l'attaque, un légionnaire allemand, conducteur d'un blindé, arriva à faire plusieurs prisonniers italiens, et quand nous nous vîmes obligés de reculer, il les remit en liberté. Mais les « Macaronis», bien décidés à ne pas continuer la guerre de toute manière, coururent derrière le véhicule, jusqu'à nos lignes. Un lieutenant et quelques soldats sauvèrent un sergent blessé de notre bataillon en le conduisant jusqu'à nos lignes et se constituèrent ensuite prisonniers.

    Après deux jours où il avait figuré sur la liste des disparus, notre ami SEQUEIRA se présenta très tranquillement avec trois allemands qu'il poussait devant lui.

    Notez pour ajouter au mérite de sa prouesse que les Allemands ne se rendaient facilement, et moins encore dans ces moments. Après s'être présenté au Capitaine et avoir livré ses prisonniers, il nous fit le récit suivant l’après la destruction du camion qui transportait sa pièce - nous devons dire que depuis peu il était dans notre compagnie — lui et deux de ses compagnons, après avoir attendu plusieurs heures que quelqu'un les voit et vienne à leur aide, comme cela ne se produisit pas, ils se résolurent à démonter la culasse du canon, à la cacher en quelque endroit pour pouvoir venir plus tard la rechercher, et à l'abandonner.

    Ils firent ainsi et commencèrent à marcher en direction de nos positions quand devant eux ils virent trois allemands qui étaient occupés à regarder un camion. Ils se jetèrent au sol et commencèrent à ramper dans cette direction, si précautionneusement que lorsqu'ils les virent, les canons de trois mitrailleuses étaient posés sur leurs côtés sans leur donner le temps de réagir. Ils continuèrent avec leurs trois prisonniers, arrivant aux lignes des espions français avec lesquels ils restèrent jusqu'au moment où ils furent conduits à notre bataillon avec leurs trois allemands que SEQUEIRA n'avait pas voulu donner, alléguant qu'ils lui appartenaient et qu'il ne les remettrait qu'au commandant de notre compagnie.

    Un "colombiano" du premier bataillon mourut comme un brave, percé de balles, et demandant son fusil pour continuer la lutte.

    Nous pouvons dire avec orgueil que le nom des américains latins monta bien haut à cette occasion.

    Notre tâche, aussi mal en point que nous fussions, n'était pas terminée encore, aussi poursuivîmes-nous le combat dans un autre secteur où nous assiégions la division italienne Folgore, aidés par quelques bataillons coloniaux français.

    Le siège dura plusieurs jours. Nous ne risquâmes pas de notre côté une attaque qui aurait pu coûter de précieuses vies. La soif, nous le savions par expérience, leur ferait abandonner leurs fortifications. Eux aussi, comme nous, savaient qu'ils étaient cernés dans le désert. Les Italiens ne supportèrent ce siège que cinq jours et ils commencèrent à se rendre, prononçant la phrase que nous savions désormais par coeur « finie la guerre », et sans peine ni gloire nous les expédiâmes tenir compagnie aux milliers qui déjà emplissaient les camps alliés de prisonniers.

    Le front était rompu, le plus difficile maintenant fait.

    Il semblait que nous les avions eus comme le général MONTGOMERY le désirait, fort et dans le nez, pour les faire saigner. Depuis ce moment commença le plus grand désastre tune armée ait infligé à une autre dans l'histoire militaire monde.

     

    * Survivant de Bir Hakeim, par Domingo LOPEZ  - 4 - La Sortie de Bir Hakeim et El Alamein (1942)

    Montgomery

    Les troupes essentiellement motorisées ouvrirent la route ; pour le moment nous restâmes où nous étions.

    Pendant que nous étions ici et que nous n'avions rien à faire, nous parcourûmes les positions abandonnées par l'ennemi. En camion nous nous rendîmes vers le pic d'El Himeimat. Alors nous vîmes les fortifications que nous avions attaquées, elles étaient très escarpées et tous les quelques mètres il y avait un emplacement de mitrailleuses, et beaucoup de refuges où ni l'artillerie ni l'aviation ne pouvaient atteindre ceux qui y étaient cachés.

    Nous explorâmes ces caves pour chercher quelques provisions et nos recherches eurent de bons résultats : nous trouvâmes des bouteilles de Chianti qui, selon l'opinion de quelques-uns, devaient être empoisonnées, et nous pensions que la meilleure manière de s'en assurer était de les boire. En tous les cas le poison était exquis. Il y avait aussi une caisse pleine de pistolets automatiques que nous nous repartîmes.

    Sur le trajet du retour nous rencontrâmes un Allemand mort qui possédait encore ses jumelles et son pistolet et, sautant du camion, nous courûmes à qui serait le plus rapide pour le dépouiller de ces objets qui représentaient du bon a ragent une fois vendus. Celui qui arrivé le premier tira sur le bras qui tenait la courroie qui ajustait les jumelles, et comme il le fit très brusquement, il l'arracha du corps ce qui répandit une odeur si forte que nous reculâmes à une certaine distance en nous bouchant le nez. Celui qui faisait l’inventaire continua tranquillement son macabre travail.

    Le jour suivant nous sortîmes de nouveau, mais dans une autre direction, ayant de la chance de rencontrer de l'eau qui, si elle n'était pas bonne à boire, nous servit à prendre un bain, dont nous avions bien besoin car il y avait un mois que nous n'avions pas eu la possibilité de nous laver.

    Au cours de l'une de ces reconnaissances que nous effectuions chaque jour avec un espagnol appelé BELTRAN, il s'en fallut de peu que nous ne laissions notre peau sur une mine.

     

    De tranchée en tranchée et de refuge en refuge, nous nous rendions compte que nous étions dans un camp de mines anti-personnel. Quelque peu nerveux, nous commençâmes à prendre des précautions pour cheminer rapidement. « Ne bouge pas, ne bouge pas ! » cria BELTRAN en me saisissant par un bras. Je restai un pied en l’air et juste à l'endroit où j'allais le poser, une mine montait ses trois petites cornes diaboliques. Si je les avais piétinées, et je l'aurais fait, sans l'intervention à temps de BELTRAN, j'aurais été déchiqueté.

     


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  • Commentaires

    1
    Durand
    Mardi 12 Décembre 2017 à 08:26

    glorieuse DBLE  respect,honneur--

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