• * Rencontre avec Simone CREDOT, l’une des dernières représentantes des Forces Françaises Libres


    Simone Crédot : le soldat sort de l’ombre


    En ce mois de novembre, l’Alsace commémore sa libération à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y a 72 ans. Rencontre avec Simone Crédot, l’une des dernières représentantes des Forces françaises libres.

    « N’oubliez pas ceux qui sont morts pour la liberté. Si vous êtes libres aujourd’hui, c’est grâce à la Résistance. Quand on s’est engagé, on ne connaissait pas l’issue du combat », rappelle Simone Crédot, née Frey, une des dernières représentantes en Alsace des Forces françaises libres.

    * . Rencontre avec Simone Crédot, l’une des dernières représentantes des Forces françaises libres.

     


    Tout a commencé en 1940 à Périgueux, où elle s’était réfugiée avec sa famille. « Mon père avait porté l’uniforme allemand pendant la Grande Guerre et il disait que ses enfants ne le porteraient pas. »

    « On ne peut pas oublier les atrocités »

     Âgée aujourd’hui de 94 ans, cette Strasbourgeoise, présidente de l’Union départementale des combattants volontaires de la résistance, vice-présidente départementale des Médaillés de la résistance et vice-présidente des Anciens de la France libre, n’a jamais baissé les armes. « Je suis gaulliste dans l’âme ».

     Si elle n’aime pas se mettre en avant, répugne à se faire prendre en photo, elle prononce chaque année une allocution lors de la remise des prix académiques du Concours national de la résistance et de la déportation pour que les jeunes générations n’oublient pas le sacrifice de ses camarades qui sont tombés. « J’ai toujours des larmes qui coulent quand je pense à eux. On dit toujours qu’il faut passer le flambeau à la jeunesse, mais quand on a vécu ce qu’ils n’ont pas vécu, ce n’est pas possible. On ne peut pas oublier les atrocités, les gens pendus sur les places centrales des villes. Les auteurs étaient des nazis. Mais pour ne pas croiser un officier allemand sur sa route, pour ne pas risquer d’être contrôlés, on faisait un grand détour. Pourtant on avait de vrais faux papiers d’identité. » Simone n’avait pas 20 ans quand elle s’est engagée dans la résistance. « J’étais rentrée en 40 à la préfecture de Dordogne. Mon patron, le sous-préfet Jean Wolf, était secrétaire général des services des réfugiés. Il faisait partie de la résistance et a vite remarqué mes sentiments patriotiques. Il m’a demandé si j’acceptais de le seconder ». Elle participe ainsi au « transport d’armes à travers la Ligne de démarcation », aide à « faire passer des patriotes en zone libre ».

     Recherchée à son tour par la milice et la Gestapo, Simone doit quitter Périgueux le 8 décembre 1943, cachée dans le coffre de la voiture d’un commissaire des renseignements généraux. Elle disparaît de la circulation, non sans avoir préparé son coup. « Pour expliquer mon départ, j’avais laissé une lettre à ma famille dans laquelle j’écrivais : « Vous ne voulez pas que j’épouse l’homme que j’aime… ». C’était un conseil donné par Londres. » Durant, neuf mois, Simone va poursuivre la lutte en Corrèze, en Creuse… sous une fausse identité. « J’étais membre du réseau Andalousie dirigé par le général de Jussieu. Son nom de guerre était Pontcarral. Mon pseudonyme était Rab 141, j’étais la seule femme du réseau… Je faisais partie des services spéciaux », se souvient encore Simone qui est rentrée au Bureau central de renseignement et d’action du colonel Rémy. « On correspondait avec Londres par télégrammes secrets. Je devais y partir pour rejoindre l’état-major du général de Gaulle, mais mon départ a été annulé à la dernière
    minute ».

     « Il fallait toujours un couple qui avait l’air d’être amoureux » 

    Lors d’une réunion à Limoges, Simone échappe à une arrestation. « Un traître avait infiltré le réseau. ». Elle participe également au sabotage des voies ferrées. « Je ne m’occupais pas de la pose des explosifs, mais il fallait toujours un couple qui avait l’air d’être amoureux pour surveiller, donner l’alerte si on était repéré. »

     

    Décorée de la médaille militaire par le général Koenig, Simone reviendra à Strasbourg après guerre. « J’ai travaillé à la préfecture, jusqu’à ma retraite en 1988, toujours à l’écart. Un jour, le préfet m’a demandé pourquoi. Je lui ai répondu : « Je suis un soldat de l’ombre ».

    (Texte et photo "DNA")

    (Article proposé par Brigitte Pefferkorn)


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