• * Le Compagnon Paul IBOS, dernier FAFL du Groupe Lorraine s'en est allé...

    Ancien du Groupe de bombardement Lorraine (Squadron 342) et Compagnon de la Libération, le commandant Paul Ibos s’est éteint le 12 mars à Versailles (Yvelines), à l’âge de 95 ans.

     

    * Le Compagnon Paul IBOS, dernier FAFL du Groupe Lorraine s'en est allé...

    Crédit photo : Ordre de la Libération

     

    * Le Compagnon Paul IBOS, dernier FAFL du Groupe Lorraine s'en est allé...

    Source : Laurent Laloup sur Françaislibres.net Lien

     

    INTERVIEW PARIS-MATCH (Août 2014, Isabelle LEOUFFRE) - Lien

    «Quand j’ai eu 20 ans, la guerre de 14-18 venait de se terminer 20 ans plus tôt. On pouvait concevoir la guerre, tant elle était dans les mémoires. Aujourd’hui, elle est tellement éloignée de nous que l’esprit de patriotisme s’estompe. Mon frère était saint-cyrien, l’armée faisait partie de l’ambiance familiale. Le 17 juin 1940, j’ai entendu le discours lamentable de Pétain. Mais dès que la France a été envahie, on s’est bien douté que cela finirait mal. L’idée de partir en Angleterre était déjà dans les esprits, bien avant l’armistice.
    Pendant la guerre, une seule fois, je me suis vu mourir, quand je suis revenu d’une mission sur la France en avion. On était basé à Fort Bridge en Angleterre. On passait souvent la Manche en rase-mottes pour bombarder les allemands. En passant au dessus des falaises d’Abbeville, j’ai entendu un grand bruit et reçu un grand choc dans la figure et dans la poitrine, puis avant de m’évanouir, j’ai dit à mon pilote, «cette fois, c’est fini». Quand j’ai ouvert les yeux, j’étais couvert de sang. L’avion avait traversé un vol de mouettes et je m’en suis pris une à 350Km/H!

    Je voulais être pilote mais les circonstances ne l’ont pas voulu: Après deux mois à Londres sous les bombes, on a été envoyé en école de pilotage mais les anglais avaient mieux à faire que de nous former. Au bout de deux mois, j’ai été affecté en Afrique pour combattre dans des unités françaises. Comme j’étais «observateur», placé dans le nez de l’avion, je suis rentré en tant que tel dans un escadrille.  
    Arrivé à Pointe noire après deux mois de mer, j’ai été introduit dans une petite unité qui allait chercher des avions américains en pièces détachées, destinés à la France mais déroutés sur l’Afrique après l’armistice. Il a fallu monter des Glenn Martin, aidés par les mécaniciens anglais. Puis on a rejoint le Caire. Pour nous le combat s’est arrêté dans le désert à El fasher: l’avion s’est crashé, sans dommages, sinon la perte de nos bagages qui étaient dans la soute à bombes. Des avions anglais faisaient des ramassages des victimes, ils nous ont récupérés. Les commandes électriques avaient mal fonctionné au décollage.

    En 1944, par décret, j’ai été fait compagnon.
    Je ne suis pas très sensible aux honneurs pourtant j’étais très fier d’arborer la croix. De Gaulle représentait la France. L’ordre de la Libération était le seul organisme présent pendant la guerre et tout se faisait sous son autorité. Début septembre 1940, quand j’ai gagné l’Angleterre, il y avait déjà un corps constitué avec une hiérarchie.
    Parmi les miens, j’étais le seul à avoir rallié De Gaulle. Mon père a cru que je partais comme mercenaire. A Noël 44, c’est la première fois qu’il m’a revu. La croix rouge donnait des nouvelles. Quand il m’a vu revenir en officier français avec la légion d’honneur, il était fier. On m’a affecté à l’état major, fin juillet 44. Le débarquement avait déjà eu lieu et j’étais frustré de ne pas être allé jusqu’au bout.
    Ensuite, il faut se réadapter à la vie civile.
    On n’avait plus de métier, plus de relation, on était mal vus car «on était allés se mettre à l’abri en Angleterre», aux yeux de la population. En tant que compagnons, on nous aidait parfois un peu à trouver du travail, mais la période n’a pas été drôle.»

     

    * Paul IBOS, Compgnon, dernier FAFL du Groupe Lorraine s'en est allé...

    © Kasia Wandycz/Paris-Match

     

    BIOGRAPHIE (Laurent LAGNEAU, OPEX360.com)

    Né le 18 août 1919 à Saïgon (Indochine), Paul Ibos, dont le père était un général de l’infanterie de marine, s’engage dans l’armée de l’Air alors qu’il vient d’avoir 20 ans. Après avoir préparé le concours de l’École de l’Air au lycée Montaigne de Bordeaux, il est finalement admis au cours des Élèves officiers de réserve (EOR).

    Nommé aspirant en janvier 1940, il est breveté « observateur « . Au printemps de cette année-là, il est affecté au Centre d’instruction de bombardement de Toulouse. Durant la Campagne de France de mai-juin 1940 et devant l’avancée allemande, son unité se replie à Port-Vendres.

    Refusant de déposer les armes, Paul Ibos veut rejoindre le Royaume-Uni avec deux camarades, Antoine Forat et Henri Labit. Les trois aviateurs arriveront à leurs fins, après avoir obtenu un visa pour l’Espagne grâce à de faux papiers polonais et en passant par le Portugal.

    En août 1940, Paul Ibos s’engage dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL) avec le grade de sous-lieutenant. Il rejoint ensuite l’école de pilote d’Odiham. En avril 1941, il est affecté au Groupe de Bombardement n°2 et prend part aux opérations Libye, au cours de laquelle il effectue des missions de reconnaissance.

    À l’automne 1941, il est affecté en qualité d’officier observateur au Groupe Lorraine, qui vient alors d’être créé. Lors de la seconde campagne de Libye, il obtient une citation à l’ordre de l’armée. Promu lieutenant en juin 1942, il est détaché pendant quelques semaines auprès du Squadron 203, basé à Saint-Jean-d’Acre. Il enchaîne alors les missions de reconnaissance en Méditerranée.

    Passé ensuite par l’école de pilotage de Damas, le jeune officier obtient son brevet de pilote militaire avant de retrouver l’Angleterre, en janvier 1943. Il finit par retrouver le « Lorraine » en septembre, après plusieurs mois de formation et d’affections diverses. Les qualités dont il fait preuve en tant que navigateur leader d’escadrille lors des nombreuses auxquelles il participe sur le front de l’Ouest lui valent une seconde citation à l’ordre de l’Armée après avoir été blessé en opération.

    Promu capitaine en juin 1944, Paul Ibos est affecté, deux mois plus tard, au 2e burau de l’état-major des FAFL à Londres. Un an plus tard, il rejoint le Groupe de Transport 1/15 Touraine en tant qu’officier de renseignement avant d’être démobilisé, à sa demande, en 1946 et entame une carrière au sein de la compagnie aérienne UTA, dont il deviendra sous-directeur. Il totalise alors 74 missions de guerre en 145 heures de vol. Il est ensuite nommé commandant de réserve en 1958.

    Fait Compagnon de la Libération dès 1944, Paul Ibos était le dernier survivant de l’épopée du groupe « Lorraine » pendant la Seconde Guerre Mondiale.

    SOURCE : OPEX360.com Lien

     BIOGRAPHIE DE L'ORDRE DE LA LIBERATION  Lien

     

    * Décès du Compagnon de la Libération Paul IBOS

    C'était le 18 juin  2012 : les Compagnons de la Libération au mont Valérien.  De gauche à droite : Fred Moore, chancelier de l’Ordre de la Libération, Paul Ibos, Jacques Hébert, Jean-Pierre Mallet (dans le fauteuil, décédé en septembre 2013 ), Louis Cortot, Henri Beaugé-Berubé (décédé en janvier 2015) , Edgard Tupët-Thomé, Yves de Daruvar et Daniel Cordier. Photo Michel POURNY/La Croix


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