• * Pierre DARGENT : « Général, mettez-nous à l’épreuve ! » par Jean-Claude Barbeaux

    Hebdo 39, votre journal d'infos du Jura  2 août 2022

    Dans le cimetière de Montain, près de Lons-le-Saunier, les tombes du sous-lieutenant Pierre Dargent et du général Edgard de Larminat racontent des épisodes de la France Libre et de la bataille de Bir Hakeim dont on commémore le 80e anniversaire. 

    Pierre Dargent, tué à Bir Hakeim, n’avait pas 20 ans. Crédit : mairie de Levallois

            Il est de coutume de penser que les cimetières sont peuplés de gens irremplaçables. C’est le cas sur les hauteurs de Montain, près de Lons-le-Saunier, où voisinent les tombes du sous-lieutenant Pierre Dargent et du général Edgard de Larminat. Leurs destins sont liés par la guerre et la France Libre. Pierre Dargent est né à Dole en juillet 1922, sa famille gagne Levallois dans les années trente. Étudiant en sciences politiques, Pierre Dargent réussit à gagner Londres pendant l’été 1940. Il est dirigé vers Brazzaville où s’ouvre l’école Colonna d’Ornano chargée de former les officiers de la France Libre.

    Le jour de l’ouverture de l’école, Pierre Dargent prononce une vibrante adresse au général Edgard de Larminat. Ce dernier, né à Alès en 1895, a rejoint la France Libre en juin 1940 ; il y occupe très vite des fonctions importantes. Après sa formation, l’aspirant Dargent entre en campagne au sein du deuxième bataillon de marché du Tchad, versé dans la première brigade française libre (BFL), commandée par… Edgard de Larminat.

    « Nous ne sommes ni des surhommes ni des saints… »

    A Brazzaville, le jour de l’inauguration de l’école Colonna d’Ornano, Pierre Dargent prend la parole et s’adresse au général Edgard de Larminat. Une adresse au souffle épique que voici :

    « Nos âges sont différents. Nos formations intellectuelles visaient à des buts différents. Nos vies passées furent infiniment diverses. Mais nous n’avons tous qu’un âge, celui dont nous ont marqués les épreuves passées. Nous n’avons plus qu’un but : servir. Nos vies suivront dans le futur des voies parallèles… »

    « Car nous savons tous que ceux d’entre nous, qui deviendront officiers, s’ils auront droit à un peu de respect, auront surtout les sérieux devoirs du travail, de la patience, de l’ardeur, du courage et la charge importante de lourdes responsabilités… Nous ne sommes ni des surhommes, ni des saints mais nos devoirs envers notre patrie, envers nos chefs et nos hommes, envers nous-mêmes enfin, nous hausseront au-dessus de ce que nous fûmes. Nous ne faillirons pas à nos devoirs. Nous arracherons à nos ennemis, et par les armes et par la force souveraine d’une volonté indestructible, les bonheurs qu’ils nous ont ravis. Nous partirons et prendrons chaque joie d’assaut. De victoire en victoire nous parviendrons au bonheur suprême, de la résurrection et de la pureté de la France. Action, Sacrifice, Espérance. Mon Général, mettez-nous à l’épreuve… »

     

    Un Verdun des sables

    Début 1942, la 1ère BFL prend position à Bir Hakeim aux confins de la Lybie et de l’Egypte, elle vient en soutient des forces britanniques. La position est fortifiée pour contenir le choc de l’offensive des troupes italiennes et allemandes commandées par le général Rommel. Quelque temps plus tard Edgard de Larminat laisse le commandement au général Koenig. La bataille s’engage à partir du 27 mai. Une bataille terrible entre moins de 4 000 combattants de la France Libre et des forces italo-allemandes quasi dix fois supérieures.

     

    C’est un Verdun des sables où Pierre Dargent combat avec bravoure. Il est déjà noté pour une citation quand il est tué le 8 juin en cherchant à atteindre un observatoire dont son unité n’avait plus de nouvelles, observatoire d’une importance vitale. Le 11 juin, dans la nuit, ayant accomplie plus que leur mission, les forces françaises réussissent à briser l’encerclement et à évacuer le site au prix de lourdes pertes. Cette bataille entre alors immédiatement dans la légende. On a coutume de dire qu’il s’agit du Valmy de la France Libre.

     

    Après cet épisode, Edgard de Larminat poursuit une carrière de haut-vol. Même s’il est né à Alès, il soulignera toujours avec talent le caractère comtois de sa famille qui garde des attaches dans un village proche de Montain. On peut le lire dans ses Chroniques irrévérencieuses publiées peu de temps avant sa mort tragique. Il y décrit ainsi avec humour comment il souhaitait être inhumé à Montain, et les détails de la cérémonie. L’histoire sera plus rapide que prévue. Quelques mois plus tard, le 1er juillet 1962, il se suicide. Ceci est une autre histoire.

     

    Jean-Claude Barbeaux

      

    Pierre Dargent : « Général, mettez-nous à l’épreuve ! »  par  Jean-Claude Barbeaux

    La tombe de Pierre Dargent à Montain. Elle porte la cocarde du Souvenir Français qui entretient les tombes des combattants morts à l’ennemi. Crédit : Y.S.

     

    Pierre Dargent : « Général, mettez-nous à l’épreuve ! »  par  Jean-Claude Barbeaux

    Dornier. Livre ouvert des Français Libres

     

    Pierre Dargent : « Général, mettez-nous à l’épreuve ! »  par  Jean-Claude Barbeaux

     

    La tombe du général Edgard de Larminat. Il a été fait Compagnon de la Libération.

     

    Témoignage sur Pierre Dargent par  Guy Tramon dans  "La course de l'Observatoire" , à retrouver dans Au jour le Jour à Bir Hakeim (2022) Pages 131- 133

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    Les Francs-Comtois présents à la bataille de Bir Hakeim

    Jura

    Pierre Dargent, 19 ans en mai 1942, deuxième bataillon de marché du Tchad, né à Dole. Tué à Bir Hakeim.

    Marcel Gabriel, 22 ans, 1er régiment d’artillerie, né à Tassenières.

    Bernard Saint Hillier, 30 ans, 13e DBLE (1), né à Dole. Compagnon de la Libération.

    Doubs

    Amédée Clerc, 20 ans à Bir Hakeim, fusilier marin, né à Baume-les-Dames.

    Roger Jacquin, 25 ans, fusilier marin, né à Besançon.

    Michel Périat, 21 ans, 13e DBLE, né à Glay.

    Jacques Pernet, 31 ans, 13e DBLE, né à Besançon. Compagnon de la Libération.

    Jean-Pierre Sartin, 25 ans, 13e DBLE, né à Besançon. Compagnon de la Libération.

    Haute-Saône

    Georges Denis, 26 ans, 1er régiment d’artillerie, né à Jussey.

    Jacques Petitjean, 24 ans, 1er régiment d’artillerie, né à Thiéffans, Compagnon de la Libération.

    Albert Pradelle, 43 ans, bataillon d’infanterie de marine, né à La Chapelle-saint-Quillain.

    Bernard Vernadet, 24 ans, 1er régiment d’artillerie, né à Gy.

    Territoire de Belfort

    Jules Hirlemann, 41 ans, aumônier militaire, né à Belfort. Compagnon de la Libération.

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Durand
    Samedi 22 Octobre 2022 à 15:24

    honneur respect admiration a nos heroique liberateurs;

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