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*Etape n° 32 - 25-28 novembre 1944 - La Campagne des Vosges se termine : de Masevaux vers Thann, Commandos, Groupement Simon, Brigade Delange et 22e B.M.N.A.
Le 23 novembre, les blindés de la 2ème D.B. entrent dans Strasbourg et le gouverneur de la ville, von Vatterodt capitule le 25. Le général de Monsabert lance alors ses Divisions en exploitation, dans la direction de Masevaux et de Thann pour la 1ère D.F.L. Le groupement Simon (groupement du Corail, Demi-brigade Gambiez, 2ème Bataillon de Légion Etrangère et une batterie du Régiment d’artillerie) se porte sur Masevaux. Au Sud, dans la vallée de la Doller, la Brigade Delange renforcée du 22ème Bataillon de Marche Nord Africain franchit les ponts d’Oberbruck réparés par le Génie et s’élance vers Niederbruck où le 3ème B.L.E finit par capturer toute la garnison.. La dure Campagne des Vosges se termine sur un triste bilan : en deux mois, la Division a perdu 381 tués, 1.748 blessés et 44 disparus. Elle se regroupe alors à Vesoul...
C'est sur un très riche article (23 pages) que s'achèvent nos récits de la Campagne des Vosges. Extraits... :
- A MASEVAUX, L'ENNEMI S'ACHARNE ENCORE
« 27 novembre 1944
L'Alsace, Masevaux. Le pays des mines, ça saute partout. Depuis ce moment, je suis comme fou. Les obus ne sont rien, mais les mines..., blessés sur blessés.
Une boite avec une croix rouge, c'est une mine, un mort.
Encore une, un stylo, un revolver, un fusil, tout est miné.
Dans les fossés, tous les 50 cm il y a une mine.
Des brancardiers s'approchent d'un blessé, il leur crie « Ne me touchez pas, ils m'ont miné les vaches ».
En effet, il y avait 6 mines en dessous de lui ».
René MARTEL, Bataillon de Marche 21Source : Revue Patriioine Doller
Le ton change chez le Commandant BARBEROT (R.F.M.), il devient grâve : « La campagne des Vosges s'achève par la prise de LAUW, BOURBACH-LE-BAS, MASEVAUX, dans des conditions extrêmement dures. L'imagination, la fantaisie, la témérité, l'adresse et la chance ne peuvent pas toujours jouer aussi insolemment en notre faveur qu'à ROUGEMONT. A MASEVAUX les Commandos de France (Gambiez, Louis Vallon), formés en grande partie de gamins recrutés à Paris au moment de la Libération, subissent d'effroyables pertes".
Le témoignage de Jean-Mathieu BORIS (Ancien de Bir Hakeim au 1er Régiment d'Artillerie de la 1ère D.F.L.), qui avait rejoint après la Tunisie le Premier commando de France, nous restitue certains épisodes des combats meurtriers à Masevaux : " Il semble que cette bourgade soit occupée par une petite garnison et l'ordre est donné d'occuper des maisons sur la rive Est, en face du pont, pour arrêter la retraite des Allemands.
A la question de savoir comment trois pelotons de 30 hommes doivent arrêter une division de 5.000 hommes, il est simplement répondu : « Tenez bon et ne vous inquiétez pas, les renforts arriveront »...Tank Destroyer devant l'église de Masevaux - Col. Gérard Galland
A la D.F.L, raconte Gérard GALLAND (11e Cuirassiers), ce sont " les 2ème et 4ème Escadrons du R.F.M., avec leurs Soutiens portés du 11ème Cuirassiers et le 8ème Régiment de Chasseurs d'Afrique, qui rejoignent les CHOCS le 28 novembre à Masevaux pour participer au nettoyage de la partie Nord de la ville où les Allemands, retranchés dans le château et la chapelle, résistent opiniâtrement. (...)
Sur la voie ferrée CERNAY-SEWEN, c'est l'accrochage autour de la scierie. Les Fritz, bien armés et encadrés par des hommes résolus et fanatisés, reçoivent les Cuirassiers avec des rafales de mitrailleuses légères, de MP40, MP43, et de fusils Mauser. Pour couronner le tout, ils utilisent les fusées à tirs directs de Panzerfaust contre l'infanterie que nous sommes faisant exploser le macadam, les murs et les fenêtres des maisons.
Heureusement, les chars des Fusiliers-Marins arrivent ; il s'agit de deux chars du 1er Escadron du L/V Roger BARBEROT. Notre riposte est à la hauteur; avec les canons 37mm, les mitrailleuses lourdes des blindés et nos armes multiples, nous faisons taire les enragés. Plusieurs d'entre eux sont tués ou blessés. Après ce baroud d'honneur, les autres, beaucoup moins hardis, se rendent. Dans toutes les rues adjacentes gisent des corps de "vert-de-gris". Parmi les prisonniers, beaucoup sont blessés".Light 125 du R.F.M. à Masevaux - Coll. Guaffi - Musée des Fusiliers Marins de Lorient
Les combats se poursuivent encore le 29 novembre, et les Cuirassiers, dans leur approche de BOURBACH-LE-BAS, tombent dans le piège d'abattis minés : "Pour notre régiment, le résultat est catastrophique. Sur 5 Cuirassiers et un officier, il y a un mort et 2 blessés, tous deux grièvement. Le brigadier DELEUW a une jambe quasiment arrachée. Il décédera dans l'ambulance vidé de son sang. Le Capitaine ALLEMAN a le pied droit arraché. Il saigne abondamment, l'un des membres de la patrouille lui fait un garrot provisoire. Quant au Cavalier MOREL, atteint au visage, il est aveugle. Pour la seconde fois, nous avons changé de chef d'Escadron. Ce sera le Lieutenant Hubert AUDRAS faisant fonction de Capitaine qui devient le chef du 2ème Escadron". Gérard GALLAND
- A OBERBRUCH, LA TRAGEDIE DU GENIE...
Le 27 novembre 1944. La libération de la vallée de la DOLLER a commencé depuis deux jours et les chars français de la 1ère D.F.L. progressent vers MASEVAUX en descendant du Ballon d'Alsace. Les voici en vue d'OBERBRUCK où les Allemands viennent de faire sauter le pont sur le ruisseau du RIMBACH, devenu infranchissable par les blindés. Ordre est donné au GENIE de rétablir le passage. La tâche est confiée à la 1ère section du 1er Bataillon...
Récits croisés de Joseph GRIMA, Joseph LAMEY, Pierre HUARD et Louis LECLERC recueillis par Jean-Marie EHRET...
Monsieur Joseph GRIMA le 15 Août 2014 . C.P. : F. Roumeguère
Joseph GRIMA (Génie) : "Tout à coup, un obus tombe devant nous pas bien loin. Un deuxième obus, cette fois-ci sur notre gauche. Pas d'affolement. Puis un troisième, lui sur notre droite, pas trop loin non plus. Inquiétude, les camarades s'interrogent. Faut-il se mettre à l'abri ? Un officier des Fusiliers Marins : « Allez le Génie, on doit passer »... Il est environ 12 heures. Et tout à coup, un éclair, un coup de tonnerre, un nuage de poudre et de poussière. Des cris, des lamentations, des appels. Un obus vient de tomber au milieu de nous tous. Le Bull de LUCIANI est en flammes. Je sens une brûlure vive à ma cuisse gauche et un engourdissement, quelque chose de chaud coule le long de ma jambe.(...) Mon visage est en sang. Je suis évacué dans une maison proche avec d'autres blessés.
On amène ensuite sur des civières le Lieutenant NOVELLO et le Sergent-chef MASSON, tous deux criblés d'éclats, noircis par la poudre, méconnaissables"....André Novello du Génie, Mort pour la France le 26 novembre 1944 à Oberbruck (Crédit photo : Patrimoine Doller)
Acteurs également des combats d'OBERBRUCK, les hommes du 22ème Bataillon de Marche Nord Africain : témoignages de René PETITOT et de Louis VILPINI.
- LA LEGION VERS THANN
Dans ses Mémoires, le général Jean SIMON relate un épisode de l'avancée de son Bataillon vers THANN dans lequel il fut lui-même blessé : "Le jour suivant, le Bataillon occupa le village de HOUPPACH, à la sortie de MASEVAUX , et progressa sur la route Joffre vers le col du HUNDSBRUCK, à mi-chemin de THANN. J'installai le poste de commandement sur la cote 880, qui assurait de bonnes vues pour reprendre la progression. Un violent tir d'artillerie salua notre arrivée. Je me trouvais avec l'Adjudant KOCSIS et le Légionnaire BONNET lorsqu'un projectile écrêta les sapins, tuant KOCSIS et me projetant à terre sous la violence du choc. J'avais un éclat d'obus dans le dos et j'éprouvai la plus grande difficulté à me relever. Je fus très peiné par la mort de KOCSIS, un ancien de Norvège, un garçon courageux, qui avait participé à toutes les campagnes de la Demi-brigade".
Imre Kocis, 13 DBLE, Mort pour la France à Bourbach-le-Haut
le 3 décembre 1944 (crédit photo : Ordre de la Libération)
Le Caporal Domingo LOPEZ, l'un de ces jeunes "Français Libres" Uruguayens aujourd'hui oubliés, relate cet épisode en d'autres termes : "Le froid était terrible et il pleuvait aussi bien qu'il neigeait ou qu'il grêlait. Les troupes qui devaient nous relever étaient en bas, mais on disait que le Commandant ne voulait pas être relevé maintenant, et nous étions furieux contre lui. Avec leurs mortiers les boches nous faisaient une de ces boucheries... et si nous avions cru au mauvais sort, nous aurions pensé qu'il était sur le Capitaine SIMON car il se trouvait parmi les morts et les blessés avec deux grands trous dans le dos causés par le même obus qui avait coupé le fil de la vie du valeureux Adjudant KOCSIS et de bien d'autres" .
- LA 1ERE DFL, VAINQUEUR DE BELFORT
Dans son ordre général du 27 novembre 1944, le général GARBAY rend hommage aux hommes de sa Division :
"Aujourd'hui les troupes allemandes sont en pleine retraite, Belfort et Mulhouse sont dépassés, les deux divisions blindées font leur jonction. La victoire complète est certaine.
Ce redressement est entièrement et uniquement votre œuvre. Il faut que vous n'ignoriez rien de vos mérites.
C'est dans des conditions invraisemblables, privés de votre chef au moment critique, avec des moyens insuffisants, des cadres épuisés, des recrues sans instruction, qu'attaquant et manœuvrant sans répit, vous avez, seuls, dans la boue et la neige, enfoncé le front ennemi, ouvert le passage aux blindés et résolu une crise grave".
...et le Général SAINT HILLIER rapporte les propos du Commandement suprême Interallié (Eisenhower) :
ETE 2014 : MASEVAUX REVIT SA LIBERATION
Remerciements à Jean-Marie EHRET (revue Patrimoine Doller) pour les témoignages de cet article concernant le 22ème B.M.N.A. et le Génie à Oberbruck
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Notre prochain article paraitra vers le 7 septembre....
Tags : Masevaux, Thann, Franche Comté, 1944
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