Par décret du 5 avril 2017 portant nomination au grade de chevalier au titre des anciens combattants de la guerre 1939-1945, des Théâtres d'opérations extérieurs et de l'Afrique du Nord, Mr Wladislas PICUIRA est promu au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur
Wladislas Picuira
(Photo Alain Picuira)
J’avais à peine 17 ans en 1943 lorsque j’ai rejoint un groupe de résistants qui faisaient passer des personnes recherchées par les Allemands, que ce soient des juifs, chrétiens, ou sans religion.
(Photo 1ère DFL)
A cette époque ce qui comptait c’était notre idéal.
Pour aider les personnes qu’il fallait sauver, je suis devenu agent de liaison, c’était très dangereux. Je devais me rendre, pendant la nuit, à un endroit bien précis, là, je les laissais ; une autre personne prenait la relève une fois que je partais, personne ne devait savoir qui ils étaient.
Je fus arrêté le 6 octobre 1943 par la milice (cette date je ne l’oublierai jamais), enfermé dans les sous-sols de la préfecture de St Etienne. Je fus brutalisé et torturé. J’avais donc été dénoncé, mais la milice cherchait Jo du Marais
C’était mon nom de maquisard, personne autour de moi ne le savait, malgré les mauvais traitements je n’ai rien dit.
Ce n’est que quelques jours après, entre deux interrogatoires, les miliciens me transportant dans un autre endroit, que j’ai croisé un inspecteur de police régulière : - Meunier - qui me connaissait, a discuté avec les geôliers. Il les a convaincus que je n’avais rien à voir avec la personne qu’ils cherchaient. Grâce à lui j’ai pu être libéré quelques jours après.
J’ai rejoint le maquis A.S. de la Loire et changé de nom, je m’appelais à partir de ce jour Stéphan
J’ai participé aux opérations de sabotage : attaques de convois, harcèlement d’unités, parachutages, avec des accrochages souvent sanglants comme à Husson la Forêt et à Estivareilles.
Du 30 août au 1e Septembre 1944, nous avons combattu pour la libération de Lyon, attaques de convois routiers, unités de l’armée allemande entre Givors et Brignais, engagements sur plusieurs points, déraillement de trains…… Nous savions que l’armée française avait débarqué à Cavalaire et dans plusieurs points, les combats étaient durs pour ces soldats, ils ont pris tous les points de la vallée du Rhône, le combat des partisans les a aidés dans la libération de Lyon.
Nous avons rejoint l’armée française, ce ne fut que de la joie entre tous les soldats.
Les uns combattaient loin de la France pour que l’Armée Française existe toujours, que personne n’oublie et pour pouvoir libérer la France de son envahisseur ; nous dans la clandestinité pour rappeler aux Allemands que, s’ils occupaient notre pays il y avait des Français qui ne l’acceptaient pas et voulaient libérer la France de leur présence.
Avec un groupe de compagnons nous nous sommes engagés dans la 1e D.F.L. au fort de Saint IRENEE, je suis affecté à la C.A. du B.M. 11 sous l’autorité du Commandant FRIZZA et du lieutenant le HENAFFF, deux frères BRUNET eux, sont affectés au BM 24, d’autres à la Légion Etrangère.
Nos deux camarades Brunet ont été tués un mois après leur engagement.
Le premier soldat de la 1e D.F.L. avec qui j’ai gardé une très grande amitié même à l’heure actuelle fut Jean-Baptiste PIETRI, c’est une amitié très forte.
(† 11 mai 2017 )
J’ai eu aussi une grande amitié avec Jean GALLET qui a fait une carrière dans l’armée, devenu Colonel dans les paras, fut mon témoin à mon mariage
A partir de ce moment j’ai été de toutes les batailles : le franchissement en force des Vosges, le BM 11 arrive en vue de Sewen. Notre groupe était positionné au col de CHANTOISEAU, lorsque nous avons appris le décès de notre Commandant LANGLOIS, nous avons été pétrifiés, nous ne pouvions y croire, surtout qu’il y a eu plusieurs récits sur la façon dont notre commandant avait été tué. La vérité c’est qu’il n’était plus avec nous.
Après Dolleren, nous avons essayé de dégager le BM 24 qui était encerclé à Obenheim et Gerstheim. La lutte fut vive, notre contre-attaque a débouché péniblement jusqu’aux lisières Est du Pfifferwald au prix de durs combats. Mais la liaison ne peut se faire car nous sommes pris à partie par les chars lourds des ennemis et l’infanterie. Nous sommes contraints de nous replier sur Benfeld et échapper de peu à l’encerclement, il faut abandonner tout espoir de rétablir la liaison avec le BM 24. Ne pouvant rien faire, il est urgent de soulager le B.I.M.P. pour réussir une relève malgré l’ennemi qui encercle Rossfeld et Herbsheim, les combats durs, la traversé de l’ILL ont permis d’atteindre notre objectif de garder Strasbourg entre nos mains, ceci put se faire grâce à la 1e D.F.L, malheureusement beaucoup l’ont oublié.
Nous combattions avec une température de -25° dans une épaisse couche de neige où tout gelait.
Puis ce fut la libération de Colmar.
Quelques jours après, on nous donne l’ordre de partir vers les Alpes du Sud, tous les anciens même les autres avons été très étonnés et déçus car tout le monde espérait se battre pour prendre l’Allemagne.
Après notre étonnement et déception, nous avons suivi nos chefs. Ce furent les combats de l’Authion ou notre Division avait reçu la mission de forcer les défenses fortifiées occupées par les Allemands. Nous avons franchi l’autre versant par le col de la Lombarde, les chemins de montagne étant très étroits, nous ne pouvions le faire avec les camions ou jeep, aussi ce sont des mulets qui transportaient tout le matériel.
Authion Chemins de mémoire - Plaque DFL Col de la Lombarde
Nous avons forcé les défenses occupées par les Allemands, arrivés entre Borgo San Dalmazzo et Cuneo le 6 mai 1945, j’ai été grièvement blessé par balle. J’ai reçu les premiers soins par le Docteur LEFRANCOIS et fus transporté à l’Hôpital Spears.
Je fus démobilisé en octobre 1945 et repris ma vie civile. Je me suis marié en avril 48. Ayant interrompu mes études, je les ai reprises, tout en travaillant.
Mon métier était dans la construction d’usines chimiques et industrielles, ma satisfaction était d’arriver à un endroit où il n’y avait rien et partir en laissant une usine qui tournait. J’avais sous mes ordres des techniciens français et du pays, c’était un métier que j’adorais et qui m’a fait découvrir beaucoup de pays.
J’ai rejoint l’association du BM 11 et la 1e D.F.L. à mon installation définitive en France .J’ai retrouvé quelques camarades.
"89 pas de mollesse" Le bataillon de Marche N° 11
A l’assemblée Générale du BM 11 qui se passe à DOLLEREN, nous sommes allés, à la ferme de la Fennematt, c’est là que se trouve une stèle érigée en l’honneur de notre commandant Langlois, tous ensembles silencieux nous lui rendons hommage.
La stèle du Commandant Langlois
(Photo internet)
A la Mairie de Dolleren, sur un mur, une plaque est apposée, tous les noms de nos camarades tombés dans cette bataille y sont inscrits.
C’est sur le ban de la commune de Dolleren, non loin de la ferme de la Fennematt, que s’est déroulé un drame où le commandant Xavier Langlois, son adjoint le lieutenant Jacques Heurard de Fontgalland et huit de leurs hommes, un sous-officier l’adjudant-chef Raymond Dupuis, les caporaux René Bensaid et Joseph Rouillé, les soldats Roger Clerc, Jean Dubuisson, Charles Dupeyre, Henri Halmaert et René Leroux ont trouvé la mort jeudi 23 novembre 1944. En hommage à ces combattants, l’amicale de la 1ère DFL a fait halte à Dolleren. Devant la mairie est apposée une plaque à la mémoire de ceux qui ont laissé leur vie dans la haute vallée de la Doller.
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J’ai remplacé le docteur Lefrançois comme président de l’Amicale du BM 11.
De tous nos camarades de combat, la seule chose dont je me souvienne c’est notre soutien des uns aux autres, nous étions tous pareils, nous ne regardions pas notre couleur de peau ou notre religion.
Nous ne formions qu’un seul idéal,
LA LIBÉRATION DE LA FRANCE.
C’est cette complicité cette amitié que j’ai retrouvées dans l’Association de la 1e D.F.L. que nous soyons gradés ou simple soldat, nous avons toujours le même plaisir de nous revoir.
W. PICUIRA, avril 2012 ( Ecrits : http://www.1dfl.fr/)
Mr Georges Martin Saint Léon Président de l'Amicale des Anciens Combattants, Mutilés, Veuves et Orphelins de Guerre du Vésinet a remis la Légion d'honneur à Wladislas
Entouré de sa famille et de Mr Georges Martin Saint Léon
(Photo Alain Picuira)
Ci-joint le discours
(Photo Alain Picuira)
Avec nos vives félicitations pour cette grande décoration.
Fondation B.M 24 Obenheim