Tous nos remerciements à Guillaume Emond et à sa famille
Jean EMOND (Lieutenant au BM XI)
(15 Septembre 1920 - 5 août 1990)
Jean Emond, archives familiales
Jean EMOND est né le 15 septembre 1920 à Fontenay Le Comte (85).
Après avoir reçu un enseignement secondaire à l'institution Richelieu à la Roche sur Yon, il entre en classe de 1ere A à Poitiers et termine sa classe de philosophie le 5 juin 1937.
Diplômé de bachelier de l’enseignement secondaire, il se dirige vers le classique et opte pour le lycée Louis le Grand.
Il fait son choix, c’est l’école d’administrateur des colonies qui l'intéresse, il est admis au grade de bachelier en Droit le 27 juin 1939.
Hélas la guerre contrecarre ses projets.
Le 22 septembre 1939, il est engagé volontaire pour la durée de la guerre à la Roche sur Yon et est dirigé sur le DI n°44 à Rennes le même jour.
Le 23 septembre 1939, il est affecté au groupement spécial d’infanterie n°44 à Rennes au grade de 2eme classe.
Le 11 mai 1940, il est affecté sur sa demande au 22eme RIC aux armées et nommé aspirant de réserve.
Il se rend à Toulon pour le DIC le 13 mai 1940.
Lettre de Jean EMOND à ses parents en date du 19 juin 1940
" Chers parents,
Voici bientôt 10 jours que je n’ai reçu aucune nouvelle de vous, depuis votre lettre du 8 courant, rien n’est parvenu, j'espère encore trouver quelque chose au courrier de ce matin, il ne me reste en effet aucun argent, et je dois faire face à une situation qui est loin d'être claire : qu’adviendra t il de nous si l’avenir nous impose une paix qui ne peut être que désastreuse ? Je ne sais qu’une chose : en aucun cas, je ne veux être vaincu. Je ne me suis pas engagé il y a 10 mois pour subir un tel affront, j’agirai suivant les circonstances. Je ne sais pas au fait pourquoi je vous écris, et cette lettre a toutes chances de ne pas vous toucher : la poste fonctionne si mal ! Un télégramme a dû vous arriver et il vous aura rassuré sur mon sort. Ce n’est pas à Agde qu’on craint quelque chose, mais je préférerais me trouver ailleurs. Tous ces gens nous regardent d’un oeil peu sympathique. Pourtant, nous sommes en plein dans la 17ème région, tristement célèbre. J’ai l’impression que si cette attitude des français vis à vis de nos hommes continue il y aura dans Agde des carreaux cassés.
En attendant les événements, nous continuons l’instruction comme si rien n’était. C’est dommage : les bleus ont du coeur au travail, en un mois, on en aurait fait des soldats. Très capables de se débrouiller.
Tous, nous sommes anxieux, nous attendons que l’Allemagne et l'Italie nous posent ses conditions. Nous ne sommes pas abattus, mais nous rageons contre tous les corniauds qui nous ont collés dans le pétrin où nous sommes.
Nous sommes bien punis de tout ce que nous pu faire comme gaffes.
Notre incurie, nos années de paresse, notre folie de paix, de désarmement, nos fautes à l’égard de l’Italie, ont reçu leurs récompenses. Il est quand même bien dur de voir Bénito nous donner le coup de pied de l'âne.
J'espère que la Poste emportera mes plus affectueux baisers à vous tous "
Archives familiales Jean Emond
Le 25 juin 1940, il s’évade de France par le port de Sète et gagne l’Angleterre le 12 Juillet 1940 où il s’engage dans les FFL (dépôt des FFL Olympia Hall - Londres)
Le 25 juillet 1940, il part depuis Liverpool pour l’Afrique anglaise (Gold Coast) et est promu sous lieutenant le même jour.
Par suite du torpillage par un sous marin allemand (U34) de son navire (Accra - paquebot britannique de la Elder Dempster Lines) le 26 juillet 1940 près des côtes anglaises, il est sauvé par un autre navire et est de nouveau redirigé le 8 août 1940 vers la Gold Coast au 1er bataillon de tirailleurs sénégalais.
Le 28 août 1940, il est dirigé sur le Cameroun et arrive à Douala le 30 août.
Le Lieutenant Emond participe alors avec le BM1 puis le BM XI à toutes les opérations des Campagnes suivantes :
- Gabon (octobre 1940)
- Syrie (18 juin 1941 au 14 juillet 1941)
- Libye (Giaraboub et El Alamein, 1942). Il est blessé à El Alamein par des éclats de mine à la tête et à la cuisse ; et son oreille droite est perforée.
- Tunisie (1943)
Jean Emond, archives familiales
- Italie (1944) : Liri, Pontecorvo, blessé à Pontecorvo au pied et au genou gauche par une rafale de mitraillette.
- France (1944) : débarquement à Cavalaire, la Crau, Toulon, Lyon, Belfort…
Jean Emond, archives familiales
De 1940 à 1943, au Moyen Orient, de la Libye (Giaraboub - El Alamein) à la Tunisie, il se distingue constamment comme chef de section.
Commandant de compagnie, puis adjoint à son commandant de Bataillon, il est deux fois blessé et deux fois cité au cours des campagnes d’Italie et de France.
Les campagnes du Gabon, de Syrie, Libye, Tunisie, Italie et France auront été très pénibles, car il fut blessé à plusieurs reprises, ce qui aggrava les séquelles.
Dans la Campagne des Vosges (Automne 1944)
archives familiales
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Jean EMOND fut fait prisonnier lors de la Libération de la Haute Vallée de la Doller, le 23 novembre 1944, dans les circonstances décrites par l'un de ses camarades :
aux parents de Jean EMOND en date du 4 décembre 1944
annoncant sa capture
Guy Le Coniac de la Longray Crédit photo : Ordre de la Libération
" Cher Monsieur,
Je me permets de vous écrire car je considère de mon devoir de vous tenir au courant de la situation de votre fils qui est un vieux camarade.
Le 22 novembre circulant en jeep sous bois dans une région non encore nettoyée, il s’est trouvé nez à nez avec une dizaine de fritz armés. Il a sorti son pistolet et fait feu.
Un fritz a répndu à la mitraillette, blessant votre fils à la main et au bras, un autre gravement. Le 3eme occupant indemne nous a rejoint immédiatement.
Un quart d’heure après nous avons repris la jeep avec 4 allemands et un blessé grave qui nous a dit que votre fils avait été emmené à pied. Aussitôt, nous avons fouillé le coin mais sans résultats.
Les recherches ont repris le lendemain sans plus de succès.
Enfin le 25, aussitôt après pris un village, les habitants nous ont déclaré avoir vu passer un lieutenant français blessé prisonnier. Je ne peux vous dire rien d’autre sinon que nous n’ayez pas à vous inquiéter.
Nous avons tous été désolés ici de la disparition de votre fils, malheureusement le lendemain notre commandant se faisait tuer, ce qui nous a porté un rude coup.
Je vous laisse en vous assurant que nous prenons notre part à votre peine en attendant de le revoir bientôt".
Archives familiales Jean Emond
A la fin de cette lettre, le Lieutenant Cognac de la Longray fait allusion à la tragique disparition de Xavier LANGLOIS, Commandant le BM XI, le lendemain de la capture de Jean EMOND.
Commandant Xavier Langlois
Apprenant le 23 novembre au matin la disparition de ce dernier, qui faisait partie du BM XI depuis sa création, et qui était de ce fait l'un de ses plus anciens compagnons d'armes, le Commandant Langlois avait décidé de monter une opération pour tenter de le récupérer.
Malheureusement, il devait perdre la vie dans cette opération, qui fut racontée dans cet article.
De fait, Jean EMOND avait été dirigé sur l'Oflag américain n°64 en Pologne, camp de prisonnier réservé quasi exclusivement aux prisonniers américains.
Il fut ensuite évacué avec eux sur le Stalag III A (Luckenwalde en Allemagne) le 2 février 1945.
Ce camp comptait plus de 12 000 français, Jean EMOND était à ce titre commandant du camp de sous officiers et hommes de troupe.
Le 22 avril 1945 les troupes soviétiques libérèrent le Stalag...
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