21 décembre 2014 - Roland HOERDT nous a quittés dans la nuit du 18 au 19 décembre 2014. Ancien du 501, il était le radio-chargeur du ROMILLY qui est entré dans les premiers au soir du 24 août 1944 à Paris. Il fut aussi le tireur de l'ARCIS-SUR-AUBE lors des combats de Grussenheim fin janvier 1945. Ses obsèques se dérouleront au Temple protestant de Ribeauvillé le lundi 22 décembre 2014 à 14h30.
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Les combats de Grussenheim sont particulièrement représentatifs des opérations rapprochant la D.F.L et la D.B. durant la campagne d'Alsace. Cet article a bénéficié des conseils de Jean Pflieger (Forum 2ème D.B.) et de la mise à disposition du témoignage du Commandant Debray (5O1 R.C.C.) par l'historien Jean-Philippe Strauel.
Coll. Jean-Philippe Strauel
Après l'abandon du Bois d'Elsenheim par les Allemands le 27 janvier 1945, le général du Vigier, venu à Scherwiller au P.C. du général Garbay, lui prescrit de pousser en direction de Grussenheim pour couvrir l'action principale de la 3ème D.I. américaine à Jebsheim. Garbay détache alors au 2ème sous groupement du G.T. Vésinet (Lieutenant-colonel PUTZ) le seul bataillon disponible, le 1er Bataillon de Légion Etrangère, qui tient Illhaeusern depuis le 24. Les deux détachements mixtes formés par PUTZ démarrent leur attaque le 27 depuis le carrefour 177...
Grussenheim 1945 - crédit photo : Jeanne Heitzler
Pont de la Blind où fut tué le Lieutenant Arnaud (Génie) - Source : Jean-Philippe Strauel
Le Lieutenant SERROR et Maurice CHASTANET, du Génie relatent la mission assignée au Sapeurs du Génie pour " franchir la BLIND de vive force devant GRUSSENHEIM... ; nous disposerons d'un important matériel Treadway que la division américaine voisine doit mettre à notre disposition. La 1ère section, commandée par le Lieutenant ARNAUD, est chargée d'assurer à l'infanterie le passage de la rivière sur bateaux pneumatiques".
"Le Génie de la D.F.L. commence à travailler et, brutalement, à 22h30 un déluge de fer et de feu s'abat sur leur chantier. Les tirs d'automoteurs, de mortiers et d'une batterie d'obusiers ainsi que ceux des mitrailleuses lourdes convergent vers le pont. Dès les premières rafales, la section du GENIE est anéantie. 10 tués dont le Lieutenant ARNAUD, mort dans les bras du « toubib », le Dr LEVY-LEROY, l'Adjudant-chef LELONG et le Sergent BRUT, 30 blessés, 2 Sapeurs indemnes dont notre camarade et ami Louis GIRAUD.(...)
"Mais, mal protégés par leur parapet de neige, nos fantassins sont durement touchés et, pour mettre un comble à la confusion, des Allemands restés terrés, dissimulés dans les buissons le long de la berge, se relèvent et tirant dans le dos des hommes de la Légion et du Tchad en poussant des hurlements pouvant faire croire à un assaut, créent un début de panique enrayée à peine née.
Pendant près d'une heure le tir allemand continue causant aux Compagnies de lourdes pertes en hommes et en matériel. L'antenne médicale est en effervescence, les médecins du 13ème Bataillon médical (2ème D.B.) et ceux de la 1ère D.F.L. se multiplient sans le moindre souci du danger et nos ambulances vont rouler toute la nuit pour évacuer les blessés. Puis, le silence revient ».
Crédit photo Alain OTT
"Le 28, le jour se lève, une autre section du Génie de la D.F.L. assure le lancement d'un pont TREADWAY au cours d'une manoeuvre rapide qui a lieu dans les meilleures conditions, sans aucune réaction de l'ennemi. Vers 10h le Lieutenant-Colonel PUTZ donne ses ordres. L'attaque de GRUSSSENHEIM se fera par l'Ouest. La C.A. 3 (Capitaine DUAULT) du III/R.M.T. renforcée de 2 chars de la 1ère Section de la 2ème Cie du 501 R.C.C. fera, sur l'axe JEBSHEIM-GRUSSENHEIM, une attaque de diversion. L'action principale sera commandée par le Commandant DEBRAY qui disposera de deux colonnes. AU NORD : aux ordres du Commandant de SAIRIGNE, la 1ère Cie de Légion (Capitaine LANGLOIS) renforcée d'une section de mitrailleuses lourdes de la Légion, de la 11ème Cie du R.M.T. (Lieutenant BACHY) et la 3ème section de la 2ème Cie du 501 R.C.C. (Lieutenant LA BOURDONNAYE), qui n’a plus que 3 chars. AU SUD : aux ordres du Capitaine de WITASSE, la 2ème Cie de Légion (Capitaine LANGLOIS), la 12ème Cie du R.M.T. (Capitaine de CASTELLANE) et la 2ème Section (2 chars) du 501ème R.C.C. (Aspirant RICHARDEAU). - La 3ème Compagnie de Légion (Capitaine MATTEI) gardera le pont. - Les Tanks-Destroyers du 2ème Peloton du 2ème Escadron du R.B.F.M. de l'Aspirant MAYMIL - qui sera mortellement blessé peu après - appuieront l'opération principale. L'Artillerie doit effectuer un tir de 155 sur objectif et préparer l'attaque de 12h30 à 13h. L'heure du débouché est fixée à 13 heures...."
Lieutenant-Colonel PUTZ- Ordre de la Libération
Cdt de Sairigné - Ordre de la Libération
Capitaine Jacques de WITASSE 5O1e R.C.C.
Le récit du Commandant DEBRAY (501 R.C.C.) nous délivre une relation complète des opérations du 27 et du 28 Janvier et notamment du moment dramatique de la disparirition du Lt-colonel PUTZ et des Capitaines PUIG et PERIQUET...
" L'un et l'autre, SAIRIGNE comme WITASSE n'avaient plus à donner des preuves de leur bravoure, et comme moi ils devaient méditer sur notre mission ..... vers 12h40 n'y tenant plus, sans avoir pu se concerter ils venaient me trouver pour me dire "ce n'est pas possible, personne n'arrivera à Grussenheim" et tous les trois nous allâmes trouver PUTZ que nous ébranlâmes. Mais sur ces entrefaites arriva le chef État-major du G.T.V., le commandant PUIG, un artilleur colonial frais émoulu du cours d'E.M. et, bien sûr, sans expérience du combat rapproché.
PUTZ se tourna vers lui pour lui faire part de nos objections qu'il balaya catégoriquement "La mission c'est la mission, ça n'a déjà que trop traîné". Il nous prévint cependant qu'on signalait vers ELSENHEIM une forte concentration de chars allemands qui probablement nous contre-attaqueraient, et pour y parer nous allions recevoir un escadron de T.D (Tank Destroyers) du 8ème Régiment de Chasseurs d'Afrique, commandé par le Capitaine PERIQUET qui d'ailleurs se présentait au moment où SAIRIGNE, WITASSE et moi, n'ayant plus rien à apprendre, saluions et repartions.
Ma Jeep n'avait pas parcouru 200m que ma radio grésillait « ici MAUNOURY (c'était l'officier de transmission du III/R.M.T.) le colonel PUTZ tué revenez tout de suite ».
Je bondis pour trouver trois cadavres : un obus tombé en plein milieu de leur petit groupe avait tué PUTZ, PUIG, PERIQUET... Je saluai et sans tarder suspendis l'attaque des fantassins tant de SAIRIGNE que de WITASSE".(...)
Le char Chemin des dames à Grussenheim - Crédit photo Alain OTT
Outre la biographie du Lieutenant-Colonel Joseph PUTZ vous sont proposés les parcours de trois Légionnaires compagnons de la Libération : Jacques MOUCHEL-BLAISOT, Jean EON (Mort pour la France le 28 Janvier) et Jean POIREL.
Un extrait du remarquable livre de Jeanne HEITZLER relate ce que fut la fin des combats de GRUSSENHEIM, un véritable enfer pour ses habitants, qui furent notamment soumis aux persécutions contre les Juifs durant l'occupation.
En 2014, Monsieur Jean-Philippe STRAUEL a publié une étude historique sur les combats de GRUSSENHEIM.
Notre dernier article sur la fin de la Campagne d'Alsace à Marckolsheim paraîtra vers le 10 janvier 2015
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