(Photos et texte Républicain Lorrain)
Charles, second fils des Rechenmann, une famille de modeste souche paysanne, est né le 24 août 1912 à Saint-Louis-lès-Bitche. Adolescent, il est membre des Scouts de France à la première troupe Guynemer de Sarreguemines. Après d’excellentes études au lycée Jean-de-Pange de Sarreguemines, il est admis à l’Institut électronique de Grenoble et en sort ingénieur en 1933. Il entre en 1934 au service de la société de Matériel Electrique de Contrôle industriel (M.E.C.I.) à Paris.
Mobilisé le 24 août 1939, il est affecté au 6e régiment d’artillerie en appui des ouvrages de défense des Vosges du Nord. Sa conduite lui vaut sa première citation et l’attribution de la Croix de guerre. Fait prisonnier en juin 1940, il est libéré au mois d’août au titre de Mosellan, à condition de rester en Lorraine et dans le Reich… Il arrive pourtant à s’échapper. En juin 1941, il se rend à Tarbes où il reprend officiellement ses fonctions au M.E.C.I. en zone libre. En fait, il cherche à passer en Espagne pour rejoindre la France Libre. Il est contacté par le capitaine britannique Cowburn qu’il avait déjà rencontré à Paris avant la guerre quand il travaillait pour une société de raffinage du pétrole.
Début 1942, Charles Rechenmann effectue un premier voyage en Angleterre. Après un bref séjour, un avion le ramène en France et le dépose dans la région de Châteauroux. Il entre alors en qualité d’ingénieur aux usines Hispano-Suiza de Tarbes. Là, très vite, il organise à l’aide de prisonniers évadés, d’Alsaciens et de Lorrains, un important réseau de résistance et réceptionne de nombreux parachutages d’armes et de munitions.
Mais comme il est bientôt suspecté par les services de la police allemande, Londres le rappelle. Le 15 novembre 1943, il part pour l’Angleterre à bord d’un avion en compagnie notamment d’un certain François Mitterrand.
Pendant trois mois, le capitaine Charles Rechenmann reçoit en Angleterre une formation spéciale. Le 12 février 1944, son radio le lieutenant canadien Allyre Louis Sirois est parachuté près d’Auch dans le Gers. Le 19 mars, délégué de Londres, il est débarqué près des côtes françaises par un sous-marin anglais, opère un sabotage dans les usines Hispano-Suiza à Tarbes et détruit cinq avions allemands.
Fin mars, Charles Rechenmann, le Britannique John Andrew Mayer et Allyre Louis Sirois arrivent à Angoulême. Le 30 mars, il est hébergé par les époux Fischer à Barbezieux. Bernard Fischer, originaire de Sturzelbronn, âgé de 26 ans, réfugié lorrain resté en Charente, instituteur à Barbezieux, devient tout naturellement le chef de la résistance du Sud-Charente.
Le trio Rechenmann-Mayer- Sirois réussit en quelques jours à structurer la région : c’est le réseau Buckmaster, circuit Rover. Le délégué de Londres Charles Rechenmann alias Julien (nom de guerre), alias Raymond (nom de code) est le responsable et l’organisateur de l’activité des groupes. Son adjoint John Andrew Mayer monte les opérations de parachutage, relève les coordonnées des terrains et assure la surveillance des caches d’armes. Le radio Allyre Louis Sirois émet trois ou quatre fois par jour et doit être constamment protégé. Le premier parachutage est organisé à Passirac le 15 avril 1944.
Le 12 mai, Charles Rechenmann quitte Bernard Fischer et rejoint Angoulême en autobus. Il a rendez-vous à l’hôtel du Cheval de bronze, rue Saint-Roch à Angoulême, avec l’agent de liaison René Bocquereau, alias Leblond. Font alors irruption sept hommes en civil de la police allemande, de la Sipo et de la Feldgendarmerie pour l’arrestation des deux hommes.
Rapidement, Charles Rechenmann est transféré à Fresnes pour y subir les interrogatoires des services spécialisés de la police criminelle allemande, puis au camp de concentration de Buchenwald le 17 août. Le 10 septembre 1944, Charles Rechenmann et John Andrew Mayer y sont pendus avec quinze de leurs camarades.
(Photo et texte Charente libre)
L’ancienne présentatrice météo Catherine Laborde était présente hier matin à Angoulême pour l’inauguration d’une plaque en l’hommage du résistant Charles Rechenmann. Elle est intimement liée au soldat: sa mère Maria Del Pilar fut sa compagne. «J’ai toujours su pour lui. Ma mère en pleurait. Quelques jours avant de mourir, mon père m’a dit de penser à Charles. J’ai trouvé ça très classe. J’ai souhaité depuis très longtemps que son nom soit associé au courage et à la bravoure. Il est amené vers le camp alors que Paris est libéré, c’est violent. J’ai deux filles, c’est important qu’elles sachent qui il est, son histoire.» le 12 mai 1944, Charles Rechenmann a rendez-vous avec un agent de liaison au pied de l’hôtel du Cheval de Bronze, rue Saint-Roch.Mais le Lorrain, figure de la résistance française, a été trahi. Il se fait arrêter par sept hommes de la police allemande. Déporté, il sera exécuté le 10 septembre 1944 dans le camp de Buchenwald. 73 ans plus tard, cette plaque rend hommage à la mémoire du chef de la résistance «Lorraine-Charente». Jacques Baudet, historien et membre de l’Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance (ANACR), a retracé son parcours pendant la cérémonie.
Lien vers le site de l'association (ANACR)
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