Eklablog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

outils de connaissance de la 1ère Division Française Libre : annuaire, photothèque, publications, cartes numériques

* Ce 19 octobre, nous avons perdu ARI WONG KIM (Bataillon du Pacifique)

C’est avec une grande émotion que nous apprenons le décès de ARI WONG KIM, survenu dans le Calvados où il s'était établi.

Agé de 99 ans, il était l’un des deux derniers témoins et combattants de Bir Hakeim, avec Paul Leterrier (1er Régiment de Fusiliers Marins).

Nous adressons toutes nos condoléances attristées à sa famille et à ses amis.

 

* Disparition de ARI WONG KIM (Bataillon du Pacifique)* Disparition de ARI WONG KIM (Bataillon du Pacifique)

 Source : Facebook Tamarii Volontaires -J-C Teva Shigetomi 

Avec les Tamari'i Volontaires à Liverpool Camp, en Australie (à droite) Fonds John Martin

------------

Pour honorer la mémoire de Ari Wong Kim, nous publions des extraits de deux discours  qui retracent son glorieux parcours au sein du Bataillon du Pacifique qui fut rattaché à la 1ère Division Française Libre.

Extraits de l’Article de Christian Vernaudon, représentant de la Polynésie française au Conseil économique social et environnemental, le 7 mai 2020

« Le 3 mai 1941, à Nouméa - Nlle Calédonie était constitué le Bataillon du Pacifique commandé par le Capitaine Félix Broche. Il comprenait 300 volontaires polynésiens, 300 volontaires calédoniens et quelques néo-hébridais. Ari Wong Kim en faisait partie et en est aujourd’hui le dernier survivant.

Ari Wong Kim est né à Tahiti en 1924, d’un père chinois et d’une mère tahitienne. Il a grandi comme enfant « fa’amu » (adopté) chez son oncle et sa tante maternelles « Papa et Mama Ta’aroa » à Papara sur la propriété de la famille Rey. Sa langue maternelle fut le tahitien qu’il parle encore couramment aujourd’hui malgré 79 ans d’exil de sa terre natale. Son éducation religieuse fût le purera’a porotetani (le culte protestant). Il fréquenta les écoles républicaines publiques et privées (protestantes, Vienot et catholiques, école des frères de Ploermel). De père chinois né en Chine, donc lui-même « apatride », il s’engagea à 16 ans, mentant pour cela sur son âge et sur son identité se faisant appeler « Teaupahere », le nom de sa grand-mère maternelle.

* Disparition de ARI WONG KIM (Bataillon du Pacifique)

Crédit photo : Mediapart

Ari est l’un des tous derniers combattants français de la France libre survivant à avoir combattu à la fois : au Débarquement de Provence où il fût blessé à la Garde, le 22 août 1944 ; sur le front de la Bataille d’Italie durant l’hiver 43 - 44 où il fût aussi blessé le 11 mai 1944 et où il perdit un de ses camarades décapité sous ses yeux par un obus allemand ; et aussi, dès mai - juin 1942 durant la campagne de Lybie à Bir Hakeim et El Alamen.

Bir Hakeim, bataille suprême où 3 700 soldats de la France libre menés par le général Koening tinrent tête du 26 mai au 11 juin 1942 à 37 000 soldats des troupes allemandes nazies et italiennes dirigées par le général Rommel leur infligeant des pertes en hommes et en matériels dix fois supérieures à celles qu’eux-mêmes enregistraient malgré des armes beaucoup plus modestes. Bir Hakeim où le premier mort du Bataillon du Pacifique fût Kararo Tainui, enfant de Napuka aux Tuamotu, qui voulait, depuis son trou dans le sable, avec son seul fusil, descendre un avion allemand et qui fût tué par la mitrailleuse de ce dernier. A quelques mètres de lui se trouvait Ari, tapi dans un des trous voisins, qui vécut toute la scène et nous la raconte aujourd’hui.

 

Bir Hakeim où perdit la vie, la veille de la sortie de vive force, le capitaine Félix Broche qui avait su s’imposer comme le chef charismatique de tous ces combattants français libres des colonies françaises du Pacifique, des Nlle-Hébrides, des Etablissements français de l’Océanie et de la Nouvelle-Calédonie, tous de sang et d’origines mêlées, mais unis par une seule foi, défendre la Patrie, La France, la France libre (Farani vī ‘ore) et la Liberté.

Le Capitaine Félix Broche dont le grand chef Teriieroiterai avait dit : « Je suis sûr qu’on peut lui faire confiance. On ne peut pas rester sans continuer la lutte. Il mènera le Tahitien là où il doit aller. »

(…) Comme l’a écrit son neveu Georges Buisson, le message que souhaiterait aujourd’hui nous transmettre son oncle Ari est celui qu’en 2001, son ami John Martin, avait lui aussi transmis aux jeunes générations : « Si c’était à refaire, je le referais sans la moindre hésitation ». Mais comme l’avait fait John Martin, compagnon du Bataillon du Pacifique, dans une de ses dernières interviews aux Nouvelles de Tahiti le 16 août 2004, Ari transmet aussi aujourd’hui à propos de la guerre le message suivant : « la guerre, quelque chose de tout à fait idiot qu’il ne faut plus faire ».

En ce 8 mai 2020 et afin d’honorer au-delà de Ari Wong Kim tous ses camarades disparus du Bataillon du Pacifique mais aussi les 1.000 « Tamarii Tahiti »  qui se portèrent volontaires pour intégrer les forces françaises libres dont Maxime Aubry de Faaa aujourd’hui âgé de 102 ans, rappelons-nous des paroles prononcées le 13 juillet 2014 par monsieur Ronald Tumahai, Maire de Punaauia, fils de Jean Tumahai dit tutu, un des Tamari’i du Bataillon du Pacifique :

 « Les français du monde entier ont répondu à l’appel du Général de Gaulle, ce fameux 18 juin 1940. Les polynésiens ont été les premiers à se lever. Nos Ta’ata Tahiti n’ont pas hésité à quitter leur petite île pour aller combattre et défendre les couleurs de la France. C’est avec une certaine émotion que je me remémore cette époque car mon père a lui-même participé à ces combats… Cette histoire commune que nous avons avec la France, est pour moi un symbole fort. Nos metua étaient si loin de la France, de cette guerre… Et c’est là que je me rends compte que nos polynésiens sont allés au combat parce qu’ils étaient français. Ils ont participé à la libération de la France parce que c’est aussi leur Pays.

Et nous avons là un lien que rien ne pourra jamais défaire. Des polynésiens se sont portés volontaires pour la France, des Polynésiens ont été blessés, des Polynésiens sont morts pour la France. Quelle autre preuve pouvons-nous apporter que nous sommes bel et bien français ? Cette part de notre histoire commune, de ce lien qui nous unit nous montre incontestablement notre double appartenance et cela sur le même pied d’égalité à notre Pays et à la Nation Française ». 

Note : En 1940, les « chinois » de Tahiti n’avait pas la nationalité française, mais les polynésiens des Iles-sous-le-Vent et des Marquises n’étaient pas non plus citoyens français. Ils étaient des « indigènes » relevant de codes distincts et n’avaient pas de droit de vote.  Ce n’est qu’en 1946, respectant l’engagement qu’il avait pris lors de son discours à Brazaville en janvier 1944 que le général de Gaulle accorda à tous ces combattants « indigènes » des colonies françaises du Pacifique la nationalité et la citoyenneté française. Les chinois de Tahiti durent attendre le début des années 70 pour être tous « naturalisés » français.

Sources : « Tahiti 40, récit du ralliement à la France libre », Emile de Curton, 4ème trimestre 1972, Société des océanistes  - histoire du Bataillon du Pacifique et du 8 mai 1945 - source Jean-Christophe Shigetomi - biographies de Ari Wong Kim par son neveu Georges Buisson et par Jean- Christophe Shigetomi.

--------------------------------------------

 

* Ce 19 octobre : disparition de ARI WONG KIM (Bataillon du Pacifique)

Septembre 2020 : Ari Wong Kim est fait chevalier de la Légion d'Honneur en Normandie

Crédit photo Livre ouvert des Français Libres

Extrait du discours de réception de la Légion d’Honneur par Ari Wong Kim, prononcé par François Broche, septembre 2020

« Après Bir Hakeim, vous participez à toutes les batailles, à toutes les campagnes de la 1re Division française libre : El Alamein, la Tunisie, l’Italie (vous êtes blessé à Monte Cassino), la Provence (vous êtes à nouveau blessé à la Garde), les Vosges. Après la guerre, vous êtes retourné au fenua, mais vous n’y avez pas trouvé votre place et vous avez choisi de vous installer en France métropolitaine.

Votre règle de vie tient en une formule souvent citée par vos proches – votre neveu, Georges Buisson, et vos amis Christian Vernaudon et Jean-Christophe Shigetomi : « Si c’était à refaire, je le referais sans la moindre hésitation. »

Peu d’entre nous sont capables de professer une telle sagesse ! Vous n’avez pas aimé la guerre, mais vous l’avez faite avec bravoure, sans en tirer la moindre fierté, ni bien sûr le moindre avantage. Vous êtes un merveilleux symbole vivant du lien profond, que rien ne pourra rompre, entre la Polynésie française et la France métropolitaine. Il vous a fallu attendre 80 ans pour que la République reconnaisse et honore votre engagement.

Il est bien tard, bien sûr, mais, en fin de compte, il n’est jamais trop tard. Et je suis aujourd’hui très heureux de me faire l’interprète de l’admiration, du respect, de l’affection que vous porte la République en vous recevant dans l’Ordre national de la Légion d’Honneur.

« Ari Wong Kim, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons chevalier de la Légion d’honneur ».

 

* Disparition de ARI WONG KIM (Bataillon du Pacifique)

 Source : Facebook Tamarii Volontaires -J-C Teva Shigetomi 

BIR HAKEIM : " J’ai eu de la chance, beaucoup de chance. C'était la nuit. Le général du bataillon avait décidé de sortir. Le système D et le « chacun pour soi » ont prévalu. Il n'y y avait plus de chefs. C'était la pagaille. Certains cependant, dont des Tahitiens, ont préféré rester à Bir-Hacheim où ils ont été faits prisonniers. Les Anglais nous attendaient de « l'autre côté » ». Un feu allumé par ces derniers servait de repère. L'ennemi ne s'attendait pas du tout à cette manœuvre du Bataillon. Tout le monde avançait comme il pouvait : en camion, en voiture, à pied, et j’ai vu beaucoup de véhicules ne jamais atteindre leur but. J’étais dans un premier camion de transport qui a sauté sur une mine. Je ne pensais néanmoins qu'à « sauver ma peau » et à filer obstinément vers la direction qu'indiquait le feu précité de l’azimut 213. Je poursuivis donc à pied pour réussir à monter dans un autre camion de transport qui va sauter aussi sur une mine au niveau de la « chicane ». Je termine mon périple à pied sous des tirs nourris jusqu'à atteindre enfin les positions anglaises dans la journée". Ari Wong Kim

Tamari'i Volontaires (Jean- Christophe Teva Shigetomi)

 

ECOUTER LE CHANT DES TAMARII VOLONTAIRES

 

* Ce 19 octobre : disparition de ARI WONG KIM (Bataillon du Pacifique)

 

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
honneur respect fidelite a notre liberateur
Répondre