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* Séjour en Alsace en mai 2016 sur les chemins de la 1ère DFL
Christian Martel et son père René Martel ancien du BM 21
Encore une belle aventure avec des rencontres formidables à ObenheimMr et Mme Pefferkorn, Blandine Bongrand Saint Hiller, Jean-Marie Pefferkorn, et bien sur des anciens du BM24 et d’autres anciens combattants.
Durant ce séjour, nous avons traversé les villages dont mon père (ancien du BM21) parle dans son journal.
Erstein, Krafft, Obenheim, Osthouse, Elsenheim, Sélestat, etc …
Des villages qui ont plus ou moins soufferts lors des combats de janvier 1945. En effet, certains ont encore leurs maisons de style alsacien, leurs rues étroites. D’autres qui n’ont pas eu cette chance, possèdent des constructions plus ordinaires et des rues plus larges suite à la reconstruction après les conflits
La Plaine d’Alsace : c’est un paysage très vaste et très plat bordé par les montagnes des Vosges d’un coté et les montagnes de la Forêt Noire de l’autre. Les seules interruptions dans ce paysage sont des bois et des cours d’eau.
Pont sur l’Ill entre Krafft et Erstein
La 2e Compagnie du BM 21 assurait la défense de ce pont
Puis détruit par le génie pour empêcher l’ennemi d’avancer vers Strasbourg
Extrait du Journal de mon père :
« Le 2 janvier 1945
Au matin, on part pour Krafft. On est à 1500m du Rhin. Il fait beau.
Le pays tranquille, trop tranquille pour bien faire »
Plaques commémoratives sur le pont
Château d’ OsthouseLieu ou plusieurs bataillons et compagnies se sont abrités
Extrait du Journal de mon père :
« Le 4 janvier 1945
On quitte Krafft pour aller en position dans un château à Osthouse à 4 km de Krafft
Le 5 janvier 1945
A 1h du matin, alerte, ils ne sont pas loin
On regagne du terrain perdu. Les boches ont compris leur douleur. On reprend de nouvelles positions au bord d’une rivière »
Le bois d’ElsenheimDans ce bois, de lourds combats ont eu lieu
Extrait du Journal de mon père :
« Le 31 janvier 1945
On prend le bois d’Elsenheim. Là c’est la vraie boucherie, des corps coupés en deux
La neige est toute rouge. Des corps déchiquetés, tordus par la souffrance
A une petite rivière, je vais chercher de l’eau, 50 cm de profond, 3m de large, l’eau était teintée de sang
L’eau avait un reflet de sang
Le soir, on prend Elsenheim. Le pays est rasé. Sur la route, on peut à peine rouler avec la jeep.
Des morts partout, une jambe toute nue
On se poste à la dernière maison du pays
Là les obus tombent drus. Les jeeps avancent, mais les boches sont bien retranchés
La première est réduite en morceaux, 2e idem
Il faut attendre la nuit »
Le monument aux morts d’Obenheim
avec la stèle en l’honneur du BM24Obenheim, village et bataillon détruits et sacrifiés pour ralentir l’avancée de l’ennemi sur Strasboug
Extrait du Journal de mon père :
« Le 11 janvier 1945
On est repéré. Les boches de leurs autocanons, nous envoient des 77
Un percute à 3m de la pièce
Un officier boche avec 2 hommes se rendent. Ceux-ci pour un coup, on ne les descend pas
Car on aura des renseignements
En allant rendre compte au lieutenant, je suis obliger de passer la rivière à la nage car les mortiers me serrent de trop prés
L’eau n’est pas chaude
Le BM24 se rend
Un adjudant du BM24 se fait passer dans une malle par 2 femmes
Deux SS leur donnent un coup de main pour porter la malle »
(photos Christian Martel)
".....Très beau paysage, vu par des touristes au mois de mai.Par contre, les combats de janvier 1945 se sont déroulés dans des conditions météorologiques bien plus dures que les nôtres. Il faisait très froid, ceci accompagné de grêle et de neige.
On peut à peine imaginer ce que cela pouvait être."
Christian Martel (mai 2016)
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Commentaires
Merci Christian d'avoir fait connaitre le journal de René , oui c'était cela c'était nous , nous étions dans la même compagnie ,lui a eu le courage de l’écrire, moi j'ai certainement eu tort de ne rien dire mais c' était trop difficile !
Jacques Vanotti BM21
Merci Narcisse,
Grace à votre témoignage et au journal de mon Père , Pascal et moi avons fait un grand pas dans notre histoire et dans la grande Histoire de la seconde guerre mondiale
Grace à vous, nous savons et maintenant à nous de le faire savoir
Nous sommes des passeurs de Mémoire au nom de tous ces jeunes qui ont cru à la France Libre
Christian Martel