• * Nos derniers Compagnons : Edgar TUPET-THOME, Sas parachutiste, 98 ans

     

    * Nos derniers Compagnons : Edgar THUPET-THOME, Sas parachutiste, 98 ans

    Crédit Photo : Ordre de la Libération

     

          Né le 19 avril 1920 à Bourg-la-Reine, Edgar Tupët-Thomé choisit en octobre 1938, de devancer l’appel et s’engage au 8e Régiment de Zouaves à Mourmelon. Il prend part à l'évacuation de Dunkerque, son unité protégeant l'embarquement du corps expéditionnaire britannique. Fait prisonnier le 4 juin, il s'évade de Rexpoëde le 10 juin au cours de son transfert vers l'Allemagne.

     

    Parmi les 5 premiers engagés militaires secrets dans les Forces françaises libres

    Démobilisé en septembre 1940, il trouve un emploi à Clermont-Ferrand et entre par hasard en contact en novembre 1940 avec Roger Warin (réseau Ronald) dont il devient, avec Stanislas Mangin, un des adjoints. Il est particulièrement chargé de repérer des terrains d'atterrissage clandestins.


    En mars 1941, Roger Warin établit une liaison directe avec l'Etat-major de la France libre à Londres. Le 1er avril, Edgard Tupët devient, avec ses camarades de résistance (Mangin, Warin, Tavian et Maurice Andlauer), l’un des cinq premiers engagés militaires secrets dans les Forces françaises libres. 
    Il exécute des missions de liaison pour le compte de Pierre Fourcaud jusqu'à l'arrestation de ce dernier en août 1941. Il participe à la préparation de son évasion, malheureusement sans réussite.


    Envoyé par Warin en Grande-Bretagne, il quitte la France en août 1941, traverse l'Espagne et, via le Portugal et Gibraltar, et rejoint l'Angleterre où il fait un rapport sur les activités du groupe. 
    Sous le pseudonyme d'Edgar THOME, il est affecté à l'état-major particulier du général de Gaulle et suit une instruction parachutiste et l'entraînement du Bureau des Opérations aériennes (BOA).

    En Angleterre en novembre 1941, il retrouve Roger Warin et se voit chargé d'une mission en France par le Bureau central de Renseignements et d'Action (BCRA).
    Lors de son parachutage le 9 décembre 1941 dans la région de Châteauroux, il est blessé à la tête lors de l'atterrissage. Il devient chargé de mission, responsable des opérations aériennes et de la branche « Action » du réseau « Ali-Tir » dont Stanislas Mangin dirige la branche « Renseignements ». Adjoint immédiat de Mangin, dont il organise le départ par Lysander en février 1942, Thomé travaille comme agent de 1ère classe. En avril 1942 il fait partir Gaston Tavian dans les mêmes circonstances que Mangin.

    En raison des blessures reçues six mois plus tôt, il doit quitter la France pour pouvoir se soigner. Le 29 mai 1942, il, s'envole pour l'Angleterre et rejoint Londres.
    Promu lieutenant, il bénéficie d'une convalescence puis demande son affectation dans une unité combattante. En novembre 1942, il quitte l'Angleterre pour le Détachement d'instructeurs commando de Saint-Pierre-et-Miquelon, sous les ordres de Stanislas Mangin. En février 1943, il est affecté au Détachement (puis Bataillon) des Antilles dont il crée et commande la 2e compagnie qu'il entraîne jusqu'en juillet 1943.

     

    Breveté SAS Parachutiste

     

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    2012, cour des Invalides -70e anniversaire de Bir Hakeim . Cliché Roumeguère

     

    En août 1943, le lieutenant Tupët-Thomé rejoint à sa demande le 4e Bataillon d'infanterie de l'air (4e BIA) à Camberley et est breveté parachutiste le mois suivant. Il rejoint le Special Air Service en Écosse. Il indique à ce sujet : « La formation militaire que nous avons reçue là-bas était très poussée. Nous étions surentraînés. Et il régnait un professionnalisme et un état d'esprit qui m'ont poussé. »
    En janvier 1944, il est muté comme commandant en second de la 2e compagnie du 3e BIA, qui devient en juillet 1944, le 3e Régiment de chasseurs parachutistes (3e RCP).

     

    Août 1944, il libère Daoulas (Finistère)

     

    Au début du mois d'août 1944, il effectue sa première mission parachutée dans le Finistère dans le cadre de la mission Derry 3 à la tête d’un groupe (stick) de 12 parachutistes français membres des SAS. Précédant la progression américaine, l'opération Derry visait à désorganiser les défenses adverses par le parachutage de commandos sur la Bretagne Nord.
    Le stick (groupe) Thomé est parachuté dans la vallée de la Mignonne à Runaher en Saint-Urbain. Les hommes sont tombés à plus de 10 kms de la DZ prévue et trop loin pour intervenir au niveau du pont de Plougastel.
    Au matin, cachés dans la lande, les SAS rencontrent deux résistants qui les conduisent au village de Runaher. Philippe Dubosc qui a une jambe cassée, est caché dans une grange.
    Conduit au château de Kerdaoulas, le lieutenant Thomé rencontre l'amiral de Boisanger qui est bien décidé à aider les parachutistes. Il fait alors prévenir la résistance locale et ensemble, ils décident d'effectuer un coup de mains contre le château de Kerisit, PC de la kommandantur de Daoulas.
    Dans l'après-midi du 5 août, l'attaque est lancée soudainement et avec vigueur. Au cours de l'attaque, le SAS André Briguet trouve la mort tandis que Louis Bellon est blessé. Les Allemands perdent 3 hommes et 36 sont faits prisonniers. Des renforts ennemis se présentent et les SAS doivent se replier à bord d'un camion en direction d'Irvillac.

    Le 9 août, vers 7 heures du matin, sur la route entre Sizun et Daoulas, Edgar Tupët-Thomé et ses hommes capturent une voiture d’état-major en tuant les Allemands qui l'occupaient, dont un officier. Ils ramènent la Mercedes K90 chez les Bouguennec, à la ferme du Cléguer où ils ont trouvé refuge. 
    Jean-François Bouguennec, 22 ans à l’époque : « Nous avions tué un veau pour les nourrir. Dix convives dans une petite pièce. Ils sont restés six jours »

     

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    Sur cette photographie publiée sur le forum 39-45 Bretagne figurerait en tête, Edgar Tupet-Thome. 

    Légende : "Des Spécial Air service Anglais, commandés par le lieutenant Edgar Tupet Thomé (ici en tête de groupe) du 3ème RCP (Régiment Français) sur la place Général de Gaulle (actuellement) à Landerneau en Août 1944 dans le cadre de l'opération Derry".  Localisation: Ronan Urvoaz Crédit image: Flickr - Jean Michel Daoudal


    Le lendemain, Edgar veut essayer la Mercedes, et embarque deux de ses hommes, Guichard et Quinquis, avec lui. Quand ils veulent faire demi-tour au niveau de Landerneau, les Allemands sont derrière et commencent à évacuer la ville pour rallier Brest. Edgar Tupet-Thomé joue de l’effet de surprise et passe : « La liberté d'action qui était mienne me permettait de jouer sur l'effet de surprise chez l'adversaire. Ainsi, nous avons franchi le poste de contrôle ennemi à Daoulas dans un véhicule de commandement allemand, sans être remarqués. Notre action dans l'opération Derry est d'ailleurs toujours citée en exemple à l'école militaire de Saint-Cyr. »

     

    La poursuite en Franche-Comté

     

    De retour en Grande-Bretagne après la mission Derry, les hommes du capitaine Sicaud, 2e squadron du 3e SAS, prennent quelques jours de repos lorsqu'ils sont soudain rappelés d'urgence le 24 août et placés en état d'alerte.
    La compagnie doit être parachutée dans le Doubs afin de renforcer les maquisards du maquis du Lomont, bloquer la frontière suisse et harceler les unités ennemies qui battent en retraite vers la trouée de Belfort.
    Dans la soirée du 27 août, cinq Stirling du 190 squadron décollent de Fairford avec à leur bord, 41 hommes du 2e squadron et les trois membres de l'équipe Jedburg Brian. Les sticks du lieutenant Thomé, du capitaine Sicaud et de l'aspirant Anspach sont finalement sur le plateau de Montécheroux en même temps que le reste du stick Gourko.
    Le terrain est parfaitement illuminé par les maquisards et une foule nombreuse est venue assister au spectacle. Par contre, les hommes sont largués d'assez haut et beaucoup tombent en dehors de la DZ et se blessent, dont Edgar Tupet Thomé..

     

    Témoignage de René Giguelay, un des parachutistes des SAS qui a participé à ce fait d'armes :


    "À partir du 27 août, notre squadron, composé de 82 combattants, est à nouveau parachuté dans le Doubs, sur le plateau du Lomont, près de la frontière suisse, à 300 kilomètres de Lyon, où arrive la 1ère Armée française débarquée en Provence. 
    Le 6 septembre, [en réalité le 5] renforcé par trois autres sticks et 60 résistants, après liaison de l'officier commandant le régiment arrivé à Baume-les-Dames, nous attaquons le village de Clerval, nœud routier et ferroviaire défendu par deux centaines d'ennemis qui, après deux heures de combat, s'enfuient dans les collines boisées environnantes.
    Notre fusil-mitrailleur immobilise un train transportant des troupes qui s'enfuient également.
    Vers midi, nous apprenons que les blindés alliés qui devaient arriver, sont bloqués, faute de carburant, à 15 kilomètres. 
    Notre lieutenant THOMÉ, avec l'assentiment des 40 SAS, et malgré le départ des résistants, décide de continuer l'occupation du village.
    Vers 16 heures, nous repoussons une première attaque de l'infanterie allemande, mais vers 18 heures, 4 chars ennemis avancent, détruisant 2 wagons-citernes placés par nous en travers de la route.
    Ils n'arrivent à nous chasser du village que vers 20 heures, mais au prix de la perte d'un blindé détruit par notre engin anti-char PIAT (et de nombreux tués. Nous avons ainsi réussi à désorganiser le plan de repli de l'ennemi dans le secteur de Baume les Dames / Clerval et à faciliter l'avance des troupes françaises d'une quinzaine de kilomètres."

     

    En Lorraine...

     

    Edgar Tupet-Thome rejoint ensuite la 7e Armée américaine et, affecté à un groupe de reconnaissance divisionnaire, se distingue notamment à Arches le 23 septembre 1944, lorsqu’il prend des risques inouïs en traversant la Moselle après l'échec d'une opération américaine : sous les tirs de mortiers adverses, il ramène dans ses lignes un soldat américain blessé et le corps de l'un des siens tué dans le premier assaut.

     

    Dernières missions en Hollande

     

    Parachuté une troisième fois en Hollande le 7 avril 1945 dansle cadre de l'opération Amherst, il effectue avec sa section forte de 15 hommes de nombreuses attaques sur les voies de communication infligeant à l'ennemi de sérieuses pertes en hommes et matériel.

    La plus grande fierté d'Edgard Tupët-Thomé : « Avoir eu peu de pertes et ne pas avoir causé de dégâts aux civils. »

     

    En 1945, il démissionne de l'Armée et, après avoir été admis à l'Ecole coloniale d'administration, il est nommé administrateur des Colonies en janvier 1946 en Tunisie. Il devient ensuite Président Directeur Général de la Coopérative viticole de Takelsa en Tunisie.
    En 1950, il s’installe au Canada où il gère sa propriété (élevage, agriculture). De retour en France en 1955, il reprend des études, devient Ingénieur en Organisation scientifique du Travail et intègre le bureau d'Etudes techniques chez Singer, puis un laboratoire pharmaceutique à Neuilly.
    De 1961 à 1965, Edgard Tupët-Thomé est Ingénieur chez Panhard puis chef des agences dans une société de Tourisme.

     

    En 1981, chez Grasset, paraissent ses mémoires « Special Air Service. L'épopée d'un parachutiste en zone occupée ». Ce livre a depuis été réédité aux éditions Atlante : « les étapes de la guerre du commando parachutiste vont se succéder avant un "adieu aux armes" empreint de "nostalgie pour une époque où nous avons eu la chance rarissime de vivre loin des imposteurs, des tricheurs et des "habiles", entre hommes de bonne volonté".

    Il a longtemps vécu à Binic dans les Côtes-d'Armor, village dont était originaire sa bienveillante épouse et son plus fidèle soutien, Geneviève, décédée en Février 2018.

     

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    CP : le Télégramme

     

    Le 5 juin 2017 l’ancien SAS parachutiste a été décoré à la mairie de Landerneau par les parachutistes finistériens comme libérateur de la ville en 1944. La borne de la Libération locale porte son nom.

     

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    Crédit photo : Ouest-France

     

    Grand Invalide de Guerre, 98 ans aujourd’hui, Edgar Tupët-Thomé est soigné et réside à l’Institution des Invalides à Paris.

     

    Compagnon de la Libération - décret du 17 novembre 1945
    Grand Officier dans l'Ordre national de la Légion d'honneur
    Chevalier de l'Ordre d'Orange Nassau (Pays-Bas)
    Titulaire de :
    La Croix de Guerre 1939-1945 avec 6 citations
    La Médaille commémorative des Services volontaires dans la France libre
    The Military Cross (GB)
    The King's Medal for Courage in the Cause of Freedom (GB)
    La Croix de Guerre (Pays-Bas)

     

    ***

    Sources de cet article : Ordre de la Libération, FFL Sas.org

    , UNADIF 22, site sur la Libération de Clerval, Ouest-France, Le Télégramme.

    Référence bibliographique : Edgar Tupët-Thomé, Special Air Service. 1940-1945, l'épopée d'un parachutiste de la France occupée, Atlante éditions, 250 pages, 22 €.

     

    Cet article a été publié sur le Groupe Face Book L'Odyssée France Libre du Havre  le 26 Mai 2018 Lien


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