• * "Les Compagnons de la Libération" n'oublient pas... un article de l'Express

     LIEN VERS L'ARTICLE EN LIGNE SUR LE SITE DE L'EXPRESS

    Les quatre Compagnons témoins sont : Daniel CORDIER, Louis CORTOT, Hubert GERMAIN (13 DBLE) et Fred MOORE.

     

    Les Compagnons de la Libération n'oublient pas

    Par Boris Thiolay, publié le 08/05/2015 à 09:11

     

    Le lieutenant Fred Moore porte l'étendard de son régiment le 26 août 1944 dans Paris libéré (ci-dessus, 2e à dr. sur le blindé).

    COLL. PERSONNELLE FRED MOORE

    Soixante-dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, seuls 16 des 1038 Compagnons de la Libération sont encore en vie. Français libres ou résistants de la première heure, quatre d'entre eux racontent à L'Express leur épopée et, surtout, le sens de leur engagement. Inaltérable.

    Ce mois de juin 1940 s'annonce décisif pour Hubert Germain. Elève au lycée Montaigne de Bordeaux, il prépare le concours d'entrée à l'Ecole navale. Fils d'un général polytechnicien, Hubert, 19 ans, s'apprête à entrer dans la carrière. Mais le jeune homme, viscéralement attaché à sa patrie, est surtout révolté par la résignation et la couardise des officiers supérieurs français face à l'invasion allemande.  

    Le 14 juin, la Wehrmacht est entrée dans Paris, "ville ouverte". Le drapeau à croix gammée flotte sur la tour Eiffel. La défaite laisse place à une débandade totale. Le 17, le discours du maréchal Pétain, appelant à "mettre un terme aux hostilités", achève d'écoeurer le jeune patriote. Le jour du concours, Hubert n'hésite pas longtemps. Autour de lui, ses camarades planchent fébrilement. Lui se lève, rend copie blanche au surveillant et s'en va. Soit, mais pour aller où ? Ayant appris que des Français gagnent l'Angleterre afin de continuer le combat, le jeune homme fait ses adieux à sa famille.  

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    Le 23 juin, il embarque à Saint-Jean-de-Luz sur un paquebot britannique. Le 27, le navire accoste à Liverpool. Les volontaires sont rapidement acheminés vers Londres. Ils sont parmi les premiers à s'engager dans la "France libre", troupe hétéroclite d'hommes et de femmes qui se regroupent bientôt autour d'un général quasi inconnu. Il s'appelle Charles de Gaulle et clame, depuis le 18 juin, sur les ondes de la BBC : "Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas." 

    Hubert Germain ne foulera de nouveau son sol natal que quatre années plus tard, le 16 août 1944, lors du débarquement de Provence. Sautant dans l'eau depuis une barge, il sent soudain ses jambes se dérober, tombe à genoux et fond en larmes. "Le vent apportait l'odeur des pins qui brûlaient au loin. Cette odeur, c'était celle de ma patrie..." raconte aujourd'hui ce monsieur de 94 ans, carrure toujours imposante et regard affûté.  

    Parachuté en France en juillet 1942, Daniel Cordier est engagé comme secrétaire par Jean Moulin.

    J.-P. GUILLOTEAU/L'EXPRESS

    Tandis qu'il évoque ses souvenirs, Hubert Germain est habité par un souci permanent : la stricte exactitude des faits, doublée d'une modestie désarmante. Pourtant, entre 1941 et 1945, ce futur ministre gaulliste s'est battu sur tous les fronts, au sein de la 1re division française libre. Tour à tour en Syrie, à Bir Hakeim, dans le désert de Libye, à El-Alamein, en Egypte, en Tunisie. Puis en Italie, où il est blessé en mai 1943 ; en Provence, dans les Vosges, en Alsace... Pour cela, dès la fin du mois de juin 1944, le lieutenant Germain est convoqué à Caserte, près de Naples, auprès du général de Gaulle. Celui-ci le reçoit dans l'ordre de la Libération, en prononçant cette formule : "Nous vous reconnaissons comme notre compagnon dans la libération de la France, dans l'honneur et par la victoire."  

    Si Hubert Germain accepte de parler encore une fois de tout cela, c'est, prévient-il, "par respect et en mémoire de tous les autres. Ceux qui ne sont plus là". Peu nombreux sont ceux qui reçurent cette distinction exceptionnelle. Créée le 16 novembre 1940 par de Gaulle pour remplacer la Légion d'honneur, qu'il ne peut décerner, la croix de la Libération vise à récompenser les auteurs d'actes de bravoure et de dévouement, assumés dès les premiers temps qui suivent la défaite. 75% des Compagnons sont entrés en guerre avant la fin de 1940 ; 91%, avant 1942. 

    Ils sont étudiants, ouvriers, ingénieurs, officiers...

    1 038 personnes exactement ont reçu cette croix, de même que cinq villes - Paris, Nantes, Grenoble, Vassieux-en-Vercors et l'île de Sein - et 18 unités combattantes, particulièrement méritantes. Un tiers des Compagnons de la Libération sont morts avant la fin de la guerre. Les trois quarts des récipiendaires viennent des rangs de la France libre ; un quart, de la résistance intérieure : la clandestinité n'a pas permis de recenser tous les comportements individuels héroïques.  

    "J'étais quasiment sûr que nous serions tous pris, mais lui [Jean Moulin], si fin, drôle, charmant, me semblait invulnérable." Daniel Cordier

    MUSÉE DE L'ORDRE DE LA LIBÉRATION

    Ces combattants viennent des horizons les plus divers. Ils sont étudiants, paysans, ouvriers, ingénieurs, officiers de carrière, tirailleurs africains... Ils représentent toutes les sensibilités politiques : droite catholique, extrême droite fascisante, socialistes, communistes... On y recense des chrétiens, des juifs, des musulmans et des libres penseurs. Ils ne sont pas tous français, sinon de coeur. Beaucoup d'entre eux sont aujourd'hui inconnus. Quelques-uns sont célébrés dans les livres : Jean Moulin, Pierre Brossolette (dont les cendres seront transférées au Panthéon le 27 mai prochain), Romain Gary, Maurice Schumann, le père de l'Europe, René Cassin, Prix Nobel de la paix en 1968, Winston Churchill...  

    Dans cet aréopage, une lacune : on n'y trouve que six femmes. Elles ont pourtant payé le même prix que leurs compagnons de lutte. A l'image de Berty Albrecht, cofondatrice du mouvement Combat, pendue à la prison de Fresnes le 29 mai 1943. De Laure Diebold, secrétaire de Jean Moulin, qui reviendra très affaiblie de sa déportation. Ou de Simone Michel-Lévy, alias "Mlle Flaubert" au sein de la résistance PTT, exécutée le 13 avril 1945, au camp de Flossenbürg (Bavière), alors qu'elle tentait d'organiser un soulèvement contre les gardiens. 

    Les sentinelles d'une "certaine idée de la France"

    Dans l'ordre de la Libération, "tous ceux qui y sont le méritent, mais tous ceux qui le méritent n'y sont pas", selon la formule de Vladimir Trouplin, conservateur du musée de l'institution, aux Invalides. Contrairement à la Légion d'honneur, la croix de la Libération a été attribuée avec parcimonie. Et l'ordre est forclos depuis janvier 1946, date à laquelle le général de Gaulle, son unique grand maître, quitte une première fois le pouvoir. 

    Ils étaient 1038. Aujourd'hui, soixante-dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils ne sont plus que 16. Et les doigts des deux mains sont de trop pour compter ceux qui ont encore l'envie et la force de témoigner. Le plus jeune des Compagnons vivants, Louis Cortot, a fêté ses 90 ans le 26 mars dernier. M.Cortot, comme Hubert Germain, Daniel Cordier et Fred Moore, a accepté de raconter à L'Express ces années de doute, d'espoir, de peur et d'enthousiasme. 

    Hubert Germain a embarqué pour l'Angleterre le 23 juin 1940.

    JPGuilloteau/L'Express

    Pourquoi demander à ces vénérables nonagénaires d'égrener d'anciens faits d'armes ou des préceptes de sagesse personnelle ? Parce que leur vie, leur longue vie, est plus haletante que bien des romans. Surtout, parce que ces hommes, membres d'un ordre quasi chevaleresque, ont accepté tous les sacrifices pour maintenir les valeurs de la République, rayées d'un trait de plume par le régime de Vichy.  

    Résistants de la première heure, ils demeurent les sentinelles d'une "certaine idée de la France", et pas seulement au sens gaullien du terme. Leur récit résonne de mots simples et lourds de signification. Il fait appel à des valeurs souvent galvaudées : rigueur morale, devoir, honneur. 

    "Les Allemands, on ne les avait pas invités. Il fallait bien faire quelque chose. Comme d'autres, j'ai suivi la route, toute droite, et cela allait dans le bon sens..." Louis Cortot ne se paie pas de mots. Le vieux monsieur, impeccable en costume bleu nuit sur cravate verte rayée de noir - les deux couleurs du ruban de la croix des Compagnons de la Libération -, le concède sans malice : "J'ai été habitué à en dire le moins possible."  

    On devine pourquoi. Né en Bourgogne, le 26 mars 1925, le jeune Louis débarque à l'âge de 12 ans dans un quartier populaire de Saint-Cloud, où sa famille, "très républicaine", vient s'installer. Son père et son frère aîné, Jean, travaillent en usine. Ce dernier, militant à la CGT, est proche du Parti communiste, qui est interdit en 1939. Louis fréquente les mouvements de jeunesse nés du Front populaire. 

    Chaque rendez-vous peut cacher un piège

    1940. Après l'armistice du 22 juin avec l'Allemagne, la répres - sion s'abat sur les milieux communisants. Jean est incarcéré. L'année suivante, Louis interrompt ses études et trouve un emploi d'ajusteur, "pour faire bouillir la marmite". Il n'a pas 16 ans. Au contact de quelques camarades déterminés, le garçon entre au printemps 1941 dans l'Organisation spéciale (OS), structure clandestine du Parti communiste. Là, il se forme à la guérilla urbaine, au maniement des explosifs auprès d'anciens de la guerre d'Espagne, dont Henri Tanguy. Ce dernier, connu sous le pseudonyme "Rol", prendra la tête de l'insurrection de Paris, en août 1944. 

    "La flamme de la résistance ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas." Général de Gaulle, 18 juin 1940. (Hubert Germain, 2e à droite)

    MUSÉE DE L'ORDRE DE LA LIBÉRATION

    Louis Cortot est l'un des plus jeunes à passer à l'action armée. A la fin de 1941, il participe à ses premières opérations de sabotage : lignes téléphoniques, déraillement d'un train chargé de tanks à la sortie des usines Renault. "Ce n'était pas grand-chose, mais tout ce qui pouvait gêner les Allemands était bon à prendre", reprend- il, tout en faisant glisser sa canne contre l'accoudoir du fauteuil. Décimée par les arrestations, la résistance communiste se réorganise sous l'appellation de Francs-tireurs et partisans (FTP).  

    Recherché, Louis Cortot plonge dans la clandestinité. Nom de guerre : "Lip", comme la marque de la montre qu'il rêve de s'offrir. Chaque rendez- vous peut cacher un piège. L'angoisse ? "On s'y habitue." Avec sa dégaine de gamin, Louis n'attire guère l'attention lorsqu'il file à toute allure sur sa bicyclette. Il devient agent de liaison entre le QG parisien de Rol-Tanguy et les maquis de Seine-et-Marne. Le 25 août 1944, tandis que la colonne Leclerc entre dans Paris, il roule vers la capitale avec deux camarades, à bord d'une traction noire ornée du sigle FFI. Une rafale de mitrailleuse allemande frappe la voiture, qui parvient à s'enfuir. Louis est salement touché au crâne et à l'oeil.  

    Le lendemain, 26 août, c'est depuis l'Hôtel-Dieu qu'il entend les vivats de la foule saluant l'arrivée de De Gaulle sur le parvis de Notre-Dame. Pour lui, la guerre est finie. Il est convalescent quand il reçoit la croix de la Libération, sur suggestion de "Rol". Difficile, quand on a sacrifié sa jeunesse en silence, de trouver ensuite sa place au milieu des "résistants de la 25e heure". "Que voulez-vous ? En 1945, j'avais 20 ans et j'étais déjà très content d'être toujours en vie", relève l'ancien combattant FTP. Un silence. "Quelle chance, quand on sait combien d'entre nous ne sont jamais revenus..."  

    Baigné de lumière, l'appartement cannois est encombré de tableaux, de statuettes d'arts premiers, de piles de documents. Sur une étagère, le portrait serré, en noir et blanc, d'un homme portant chapeau et écharpe. Un visage à l'expression énigmatique et pourtant familier. Daniel Cordier y pense chaque jour, depuis le mois de juin 1943. Le gentleman de 94 ans, pantalon moutarde, blazer de tweed et chemise lilas, reçoit sans façons. Regard pétillant, il s'amuse de tout, s'excuse à l'avance des "longueurs" qui pourraient encombrer son récit.  

    Louis Cortot (à gauche) rejoint au printemps 1941 les résistants communistes. Fred Moore (à dr.) rallie Londres dès le 19 juin 1940 et participera en août 1944 à la libération de Paris.

    JPGuilloteau/L'Express

    Le parcours de Daniel Cordier, fait Compagnon de la Libération en novembre 1944, s'apparente à une lumineuse métamorphose. Issu d'une riche famille bordelaise, royaliste et antisémite, il milite, à l'âge de 17 ans, à l'Action française, le mouvement de Charles Maurras. Cependant, le 17 juin 1940, le discours de Pétain sonne pour lui comme une trahison. A l'instar des combattants de la Grande Guerre, il veut s'engager pour "tuer du boche". Il embarque à Bayonne pour l'Algérie.  

    Le navire est dérouté vers l'Angleterre. A Londres, Daniel rejoint les Français libres. Il se trouve juste à côté de la porte d'entrée de l'Olympia Hall, le 6 juillet 1940, jour où le général de Gaulle vient passer en revue ses premières recrues. Le soldat Cordier parvient à intégrer le Bureau central de renseignement et d'action (BCRA), les services secrets de la France libre. Commence une période d'instruction qui lui semble interminable. Le 25 juillet 1942, il apprend qu'il va être parachuté en France la nuit suivante. Il doit alors retirer toute étiquette ou signe distinctif de ses vêtements. On lui confie une radio, un revolver et une pilule de cyanure, au cas où il serait pris. Ainsi que 2 millions de francs, en billets, qu'il devra remettre à un certain "Rex". 

    Rex, c'est Jean Moulin, préfet de gauche révoqué par Vichy, chargé secrètement par de Gaulle d'unifier les mouvements de résistance et de les rallier à Londres. Au soir de leur première rencontre, à Lyon, Moulin invite Daniel à dîner. "Je lui ai tout raconté de ma vie. J'étais persuadé qu'il était d'extrême droite, comme moi. Il a dû me prendre pour un fou..." se souvient-il, avec un petit sourire. Il n'empêche : dès le lendemain, Rex l'engage en tant que secrétaire personnel. Le jeune homme gère son courrier, code ou décrypte les messages de Londres, recrute des agents de liaison entre Lyon et Paris.  

    "Cette jeunesse trépidante, sans certitude du lendemain"

    Daniel, alias "Alain" (en référence au philosophe), ne sait pas combien de fois il a franchi la ligne de démarcation. Une trentaine, au moins. Le 27 mai 1943, à Paris, il fait le guet devant l'immeuble du 48 de la rue du Four, pendant que la première réunion du Conseil national de la Résistance se tient au premier étage. Le mois suivant, quand il apprend que le "patron" - il n'emploie que ce terme pour désigner Moulin - a été arrêté, il refuse tout d'abord de l'admettre. "J'étais quasiment sûr que nous serions tous pris, mais lui, si fin, drôle, charmant, me semblait invulnérable..." lâche-t-il, gorge nouée.  

    Louis Cortot

    COLL. PERSONNELLE LOUIS CORTOT

    La vie quotidienne au sein de l'"armée des ombres", les caches découvertes par la police, le contact qui n'arrive pas au rendez-vous, Daniel Cordier ne raconte cela que des décennies plus tard. Après que l'honneur de Moulin, qui mourut sans parler à la suite des tortures endurées, eut été flétri par un ancien résistant, dans les années 1970. Grand témoin devenu historien de référence, militant maurrassien transmuté en humaniste de gauche, en peintre, collectionneur et marchand d'art contemporain, après guerre, il n'a de cesse de défendre l'héritage moral de "l'homme qui l'a révélé à lui-même". 

    Les Compagnons de la Libération ont puisé dans leur épopée une vitalité exemplaire. "Cette jeunesse trépidante, sans certitude du lendemain, nous a forgés pour la vie. C'est ce qui me maintient en forme jusqu'à aujourd'hui." Cheveux blancs lissés en arrière, lunettes de marque aux verres fumés, le colonel Fred Moore garde une âme de baroudeur. Il arbore toujours la fine moustache à la Errol Flynn qu'il s'était laissé pousser à l'époque pour avoir "l'air d'un homme". 

    Nés d'un père ancien officier de la Royal Navy et d'une mère bretonne, Fred et René, son cadet d'un an, ne supportent pas le déshonneur de la défaite. Réfugiés en Bretagne auprès de leurs parents, les deux frères, âgés de 20 ans et 19 ans, embarquent le 19 juin 1940 sur un langoustier, à Plouguerneau (Finistère). Les côtes bretonnes, qui ne sont pas encore tombées sous le contrôle de l'occupant, constituent le point de départ le plus direct vers l'Angleterre. Encore mineurs, Fred et René sont anglais aux yeux des autorités britanniques, mais ils s'engagent finalement chez les "Free French".  

    Fred Moore

    MUSÉE DE L'ORDRE DE LA LIBÉRATION

    Le 1er septembre, ils embarquent sur le paquebot Westernland. Destination : Dakar. De Gaulle, qui entend rallier à lui les colonies d'Afrique occidentale française, est à bord. La manoeuvre échoue et l'expédition débarque au Cameroun. "A cette période, nous n'étions pas plus de 3 000 Français libres", rappelle aujourd'hui Fred Moore. Doté d'une mémoire exceptionnelle, il peut relater dans les moindres détails chaque péripétie de son odyssée, qui va le mener du Congo jusqu'en Allemagne. Affecté à un régiment de spahis, l'intrépide Moore prend le commandement d'un peloton de combattants marocains. La guerre du désert le mène d'Egypte jusqu'en Tunisie.  

    "L'île de Sein, c'est donc le quart de la France!"

    Le 6 mai 1943, il doit changer à trois reprises de véhicule, touché chaque fois par un tir de canon allemand. Indemne, il gagne le surnom de "lieutenant Baraka". Par la suite, il est un temps affecté à la garde personnelle de De Gaulle à Alger. Mais l'action lui manque. Le lieutenant Moore rejoint au Maroc la 2e division blindée de Leclerc. Il débarque en Normandie le 2 août 1944, fonce sur Paris et participe, le 25, à la prise de l'Ecole militaire. Durant la campagne d'Alsace, le 22 novembre, l'un de ses soldats, couvreur de métier, accomplit le serment de Koufra (Libye), passé par les hommes de Leclerc, en mars 1941 : ne pas déposer les armes avant d'avoir hissé le drapeau tricolore sur la flèche de la cathédrale de Strasbourg. 

    Après guerre, Fred Moore ouvre un magasin d'optique. Gaulliste, il siège en tant que député de la Somme de 1958 à 1969. Colonel de réserve, il devient aussi le huitième et dernier chancelier de l'ordre de la Libération, garant du bon fonctionnement de l'institution. Mais, à mesure que les derniers compagnons s'en vont, leur saga passe du registre de la mémoire à celui de l'Histoire. Créé en novembre 2012, le Conseil national des cinq communes "compagnons de la Libération" est désormais chargé d'en perpétuer l'esprit et les traditions. 

    La plus petite de ces communes, la plus isolée aussi, n'est pas la moins pugnace. Minuscule langue granitique arrimée à 5 kilomètres de la pointe du Raz, l'île de Sein (Finistère) incarne la geste de cette poignée de Français qui, très tôt, refusèrent de vivre à l'heure allemande. Entre le 24 et le 26 juin 1940, 114 îliens, presque tous pêcheurs, arment leurs bateaux et traversent la Manche. Au total, 124 habitants, âgés de 14 ans à 54 ans, gagnent l'Angleterre.  

    Au mois de juillet suivant, à Londres, surpris par la proportion de Sénans parmi les volontaires, de Gaulle s'exclame : "L'île de Sein, c'est donc le quart de la France !" La commune est la plus décorée de France au titre de la Seconde Guerre mondiale. A deux pas du quai des Français-Libres, un petit musée, empli d'objets et de documents d'époque, raconte cette histoire émouvante. "Le souvenir est vivace, car presque chaque famille a été concernée", explique Ambroise Menou, maire adjoint et médecin de l'île, qui compte aujourd'hui moins de 100 habitants l'hiver.  

    "A chaque commémoration, la population se rassemble et les jeunes sont présents", poursuit-il. Régulièrement, des groupes d'anciens combattants viennent se recueillir devant le monument des Français libres. La statue d'un jeune Sénan est adossée à une croix de Lorraine, face à la mer. Moucheté de lichen orange, le compagnon de granit brave les caprices du temps.  

     

     


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  • Commentaires

    1
    boubou85
    Dimanche 13 Mars 2016 à 14:43

    Bonjour, en 2008, 'ai fait la connaissance de Mr. GUILLOTEAU Roger est de son épouse HUGUETTE DCD en 2013. Ce jeune homme, à l'age dde 21 ans, mécanicien auto à SUCY EN BRIE 94 entre dans la résistance, alors qu'il venait de s'échapper d'un poste de police allemand pour le STO. En septembre 1943 Il rentre au BCRA sur les conseils de son père lieutenant dans la résistance, sous secteur AGROCHAMPIGNY/MARNE puis dans le réseau FLANDRES DUNKERQUE/ Réseau HEBE et albian avec le colonel DEWAVRIN son chef direct et le capitaine Nicole de HAUTECLOQUE et lui sert de chauffeur de son vl  citroen 11 cv n° 103.2 62 lors de missions de reconnaissances. Il renseigne les alliés à LONDRES sous les ordres du general de Gaulle. Chargé de mission, il se dépacera dans divers points de France, et  le  18 août 1944 il signe un engagement  dans les FFI  jusqu'à la fin de la guerre. Maintenant âgé de 95 ans, ayant gardé ses souvenirs jusq'au DC de son épouse HUGUETTE, qui l'a acompagné dans certaines missions, elle a été marraine des soldats de France. A la libération de PARIS, elle a participé à la récupération des armes pour le compte du ministère de la guerre, sans solde, durant trois mois. Son époux GUILLETEAU Roger, à reçu la médaille de la reconnaissance de la nation en 1988 et le diplôme de la reconnaissance des alliés pour service rendu. Mr. GUILLOTEAU Roger est un homme très discrêt. Il aura fallu le décès de son épouse pour qu'il se confie à un retraité de la gendarmerie nationale, titulaire de la médaille militaire, qui a constitué un dossier pour qu'il son obtention dans l'ordre de la LEGION D'HONNEUR Reconnaissance que la pluspart de ses camarades de combat ont obtenu.

    2
    Quico
    Mercredi 30 Mars 2016 à 14:01

    René Racapé en uniforme du 501 Régiment de Chars de combat (501 RCC) Rescatado de Dunkerque con el 57 regimiento de infantería colonial,con el 57 RIC (mismo regimiento de Roy Tanguy jefe del aparato militar del partido comunista francés y que firmó la rendición)el regimiento participa días después en los combates del honor en el frente del Loira, relegado a africa,llega a Buenos Aires en Diciembre de 1940, en el bananero Katiola, primer barco carguero francés que cruza el atlántico luego del armisticio, con los refugiados y políticos vascos de la guerra civil española, dice ser catalán y haber nacido en Barcelona, según el registro de inmigrantes a la república argentina. Aparece en Londres en septiembre de 1942, en el Old Deam Camp en Camberley, cuartel general de los Franceses libres en los alrededores de Londres, es destinado a la primera compañía de tanques francesa libre y luego al regimiento de elite de tanques de De gaulle el 501 regimiento de carros de combate.

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