• * Le secret explosif de la poudrière de Saint-Pierre à Toulon - Var Matin

     Vous vous souvenez peut-être de notre article "Dernière reddition de l'Arsenal à Saint Jean du Var et Libération de Toulon" Nous y évoquions la "colline-tombeau" de Saint Pierre, qui resurgit aujourd'hui dans l'actualité du Var.... 

    Cet article vous est proposé par Michel KEMPF

     Cerclée de rouge, la poudrière où a eu lieu l’explosion à la Libération.

    CP: Richard. Barsotti 

    VAR MATIN - Toulon, une poudrière effondrée renfermerait toujours cadavres et explosifs depuis les combats de la Libération. L’ambassade d’Allemagne prend l’affaire très au sérieux.

    Quelques nuits après ces terribles combats de la Libération, certains Toulonnais assureront que des entrailles de la colline Saint-Pierre continuèrent à leur parvenir d'horribles bruits d'agonie.

    Des hommes, peut-être par centaines, venaient de périr ensevelis dans le tunnel d'un ancien site militaire. Des soldats allemands surtout, mais peut-être aussi des prisonniers français.

    Tous victimes d'un tir des forces alliées le 21 août 1944, dans une réserve à munitions souterraine.

    C'était il y a 70 ans. Et la « P4 », inexplorée depuis, n'a jamais révélé ses secrets.

    Aujourd'hui, après des années passées dans l'ignorance de ce fait d'armes, Berlin demande des comptes. Pour faire la lumière sur ce dossier, l'ambassadrice d'Allemagne a « promis d'entreprendre des démarches au plus haut niveau », assure Julien Hauser, délégué national du VDK en France*.

    La député du Var Geneviève Levy vient également de demander au ministre de la Défense la « reconnaissance du site comme lieu de mémoire collective de la Seconde Guerre mondiale ».

    À quelques jours de l'anniversaire du Débarquement de Provence, la Poudrière des Moulins profite du calendrier pour se retrouver de nouveau sous le feu. Des projecteurs cette fois.

    Vendu aux enchères l'an passé

    Car depuis ce jour sanglant sur les contreforts du Faron, personne n'avait jamais plus osé remuer cette terre « hantée » en profondeur. Trop cher, trop dangereux : un stock d'armes non explosé pourrait également avoir été enfoui avec l'effondrement sur elle-même de la galerie.

    Seule une dépollution en surface avait été menée il y a un quart de siècle.

    Mais l'histoire, elle, n'a jamais cessé d'être tournée et retournée par une poignée de passionnés et historiens locaux. Pour s'insurger contre « l'ignorance » de l'État d'abord : pendant des années, la Défense, redevenue gestionnaire du terrain, a tenté de se débarrasser de cette friche de 7 ha longeant la route du Revest.

    Ce, « au mépris » de la nécropole qu'elle pourrait renfermer et de sa nature « explosive ». Les Domaines y sont finalement parvenus en 2013 par le truchement d'une vente aux enchères.

    Qu'importe si le foncier reste en grande partie inconstructible, un particulier l'a racheté pour 525 000 euros ; plus de deux fois la mise à prix… mais sans motif avoué**.

    Une découverte « exceptionnelle » ?

    Pour ceux qui souhaiteraient faire de la Poudrière des Moulins un lieu de recueillement, la pilule n'est pas passée. Du coup, le spéléologue Philippe Maurel prépare un documentaire autour de cette incroyable histoire.

    Michel Augier, un riverain qui fut l'un des premiers à alerter autorités nationales et politiques locaux, et Emilio Calistri, Toulonnais fasciné par la légende de la P4, ont envoyé des dizaines de courriers dans le Var et au-delà. Jusqu'au Vatican. Jusqu'en Allemagne*** où ces démarches ont fini par alerter.

    Sensibilisé, c'est l'ancien ministre François Léotard qui a écrit à l'ambassadrice.

    Pour Julien Hauser et le VDK, il n'est pas trop tard : « Notre devoir est de tout mettre en œuvre pour retrouver ces restes. Vue d'Allemagne une telle découverte serait exceptionnelle. Pour comparaison, la dernière exhumation de taille en France remonte à 2003, avec 17 dépouilles de soldats allemands…»

    Mais cette fois, le site se trouve au milieu d'une zone urbanisée. Avec les difficultés techniques qu'engendrerait la décision de dépolluer. Reste d'abord à savoir ce que révéleront les archives outre-Rhin sur le nombre de militaires allemands présents au moment des faits.

    Rien que pour la Seconde Guerre mondiale, on estime que 3 500 soldats de la Wehrmacht disparus n'ont jamais été retrouvés sur le sol français.

    1. Le VDK est une association chargée par le gouvernement allemand de créer et d'entretenir les sépultures de guerre allemandes.
    2. Contacté par l'intermédiaire de son avocat, le nouveau propriétaire n'a jamais donné suite à nos demandes d'interview.

    3. N'oublions pas Albert Meuvret, capitaine des pompiers, qui a écrit un chapitre sur la question dans son livre référence « Explosions à Toulon ». Il fut le premier à être en contact avec les autorités représentants les intérêts allemands.

    Lien vers Var Matin


  • Commentaires

    1
    Jeudi 7 Août 2014 à 11:43

    VDK : Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge

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