• *** LA FRANCE LIBRE FETE SA VICTOIRE ***

    Notre dernier article est dédié à tous les combattants de la 1ère Division Française Libre et singulièrement à Roger NORDMANN, Français Libre, Ancien du 1er Régiment d’Artillerie F.F.L., disparu le 3 Mai 2015,  qui a  contribué au projet de mémoire « Villes et Villages Libres avec la 1ère  D.F.L.». Avec toute notre  admiration pour l’homme d’exception et notre reconnaissance pour son soutien et  son amitié.

     

    « Les Français qui ont répondu à l'appel du Général de Gaulle sont partis de partout.

    Leurs itinéraires ont convergé vers les Forces Françaises Libres qui cherchaient dans une étonnante marche à l'Etoile, celle de l'Arc de Triomphe, l'adversaire où qu'il soit. »

    Général BROSSET

     

    *** LA FRANCE LIBRE FETE SA VICTOIRE !

    18 Juin 1945

     

    • 8 MAI 1945 : 70 ANS PLUS TARD, DES ANCIENS TEMOIGNENT

     

     Tandis que,  le 8 Mai 1945,  le 1er Régiment d'Artillerie tirait les 101 coups de la victoire  à Nice, certains Anciens de la D.F.L., comme René FESSY au B.M XI, d'autres au  B.M. 21, se trouvent encore dans de petits villages italiens, terriblement déçus de ne pouvoir partager avec leurs compatriotes, la liesse de  célébrer - enfin - l'aboutissement de leur combat :  la capitulation de l'Allemagne nazie et le retour à la Paix.

     

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    Wladislas PICUIRA vient d'être blessé à Borgo San Dalmazzo ; s'il se souvient du 8 Mai, c'est parce qu'il a eu la vie sauve alors que ses copains venaient d'être tués à ses côtés...

    D'autres encore, ceux du B.M. 24, faits prisonniers à Obenheim, ne savent même pas ce que signifie la date du 8 Mai... "nous avions d'autres soucis" dit pudiquement Marcel MISERT, alors que les camps viennent juste d'être libérés, et que les soldats sont pris en charge par les Américains et la Croix Rouge avant de regagner la France.

    Seul André NOUSCHI, originaire d'Algérie, qui découvre Paris pour la première fois  en ce printemps 1945,  vit avec émotion ce 8 Mai 1945, sur la place de l'Opéra  : "il devait être quatre heures de l’après midi quand de Gaulle a commencé de parler dans un silence incroyable et  lancé à la fin de son discours « Vive la France ! ». Alors a déferlé une formidable Marseillaise chantée par toute cette foule, avec un élan fou. J’étais alors au garde à vous et chantais comme un perdu « Aux armes ! citoyens ! ». Dans ce bel après midi de mai, j’étais très ému : la voix de de Gaulle qui disait la fin de la guerre d’abord, et surtout cette Marseillaise chantée par des dizaines de milliers d’hommes et de femmes..."

     

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    Mais... tout au contraire, Alexis LE GALL (B.M. 5), qui se trouve au même moment sur les Champs-Elysées, raconte dans ses mémoires comment la liesse de la foule le plonge subitement dans de sombres pensées :" Des groupes se forment, chantent, dansent, hurlent, s'embrassent et je me trouve subitement loin, si loin d'eux. Je m'étais fait une fête de ce moment mais je ne participerai pas à la liesse générale. Je ne veux pas me mêler à tous ces jeunes en folie. Je les regarde tristement et mes pensées vont vers les autres, mes amis, les vrais vainqueurs.
    Cela aussi je l'aurai manqué : notre victoire au milieu d'eux. Et repasse alors devant mes yeux tout ce chemin que nous avons parcouru ensemble: l'Angleterre, le Cameroun, le Western Désert, l'Italie, la Provence, les Vosges, l'Alsace. Et viennent s'y superposer les visages de tous les copains disparus, tous ceux qui ont été ma famille durant ces années...

    L'aventure est finie, cette merveilleuse et tragique aventure que nous avons vécue et dont les images sont ancrées pour longtemps dans mon cerveau. Il faut maintenant tourner la page mais ne pas oublier ».

     

    Vous l'aurez compris, les évocations que nous vous proposons aujourd'hui, celle des derniers témoins qui nous ont adressé leurs souvenirs  autour du 8 Mai 1945 (René Fessy, Wladislas Picuira, Marcel Misert, Pol Portevin, Francis Ruffier-Monet et André Nouschi) comme celles que nous avons retrouvées dans nos archives, sont dans leur majorité bien loin d'exprimer le sentiment d'allégresse qui saisit les Français à l'annonce de la capitulation.

    Yves GRAS  :  « ... aussi bien dans les unités isolées au Piémont que dans celles qui, sur la Côte d'Azur, participent à la liesse populaire, l'annonce de l'armistice n'a pas provoqué, comme on pouvait le penser, une explosion d'allégresse. La joie y est grande certes, mais tempérée par une émotion contenue qui lui donne une sorte de gravité.

    Les combattants de la 1ère D.F.L. comprennent soudain qu'ils ont vécu une aventure prodigieuse et que cette aventure est finie. Jamais plus ils n'en connaîtront de pareille. Finie aussi la vie intense, rude et fraternelle des guerriers ! Celle qu'ils ont devant eux ne pourra plus être que plate et médiocre. La perspective de rentrer dans un monde ordinaire les remplit d'une vague et confuse appréhension. Ces sentiments et le souvenir de leurs camarades tombés en chemin ajoutent à la mélancolie des choses accomplies".

     

    Il faudra ainsi sans doute des années, voire des décennies, avant que les Volontaires de la D.F.L. ne fassent la Paix avec leurs blessures, avec leurs déceptions et avec  le souvenir de leurs morts :

    "Les villes pourront à nouveau s'illuminer, sans que leurs occupants aient à se terrer dans les abris au moindre vrombissement d'avion, c'est cela que représente à nos yeux ce mot magique et tant attendu : « Paix » et, si on en est heureux on n'en est pas joyeux, trop de souffrances, trop de misères ont passé qui ne sont pas encore apaisées" dit  Roger LUDEAU dans ses Mémoires.

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    • 18 JUIN 1945 : LE DEFILE DE LA VICTOIRE

     

    Les combattants de la D.F.L. qui vont bientôt se séparer  et retrouver pour un grand nombre, la vie civile, vont défiler  le  18 Juin 1945 sur les Champs-Elysées, devant leur chef, le général de Gaulle.

    Gleb SIVIRINE (1er R.A.) décrit ce grand moment  avec fierté et enthousiasme dans une lettre à son épouse :

    "Le colonel accélère à 35 km à l'heure et on dévale les Champs Elysées à 35 de moyenne ! Il paraît que ça faisait un effet formidable sur le public, mais nous n'avons nous rigoureusement rien vu ou à peu près de l'Arc de Triomphe à la Concorde. Là on ralentit pour passer devant le Gal de Gaulle, sultan du Maroc, Koenig, etc… et on se partage en deux, une colonne de droite une colonne de gauche"...

     

     

    *** LA FRANCE LIBRE FETE SA VICTOIRE !

     

    Un curieux défilé... toutefois,  selon Yves GRAS :

     

    "Ce jour-là, par une brûlante matinée de soleil, cinq bataillons de la 1ère D.F.L. passent sous l'Arc de Triomphe sous des noms et derrière des drapeaux qui ne sont pas les leurs, en tout cas pas ceux qu'ils ont illustrés sur les champs de bataille...

     

    *** LA FRANCE LIBRE FETE SA VICTOIRE !

    Le 22e B.M.N.A.

     

    *** LA FRANCE LIBRE FETE SA VICTOIRE !Collection Perona (B.M.4)

    Curieux défilé d'ailleurs ! Les divisions d'infanterie, au lieu de descendre les Champs Elysées l'une après l'autre, sont accolées deux par deux comme des sœurs siamoises. La 1ère DFL qui se présente en tenue légère, calots bleus et chemises à manches retroussées, se trouve ainsi accouplée avec une division de formation récente qui lui est inconnue, en tenue de campagne, sac au dos, vareuse de drap, bourguignote et bandes molletières. La 13e  DBLE, qui a retrouvé ses képis blancs, ferme la marche avec la Légion.

     

     

    *** LA FRANCE LIBRE FETE SA VICTOIRE !

     

    Loin derrière la 2e DB, en queue du défilé, le détachement de la 1ère DFL passe presque à la sauvette dans la masse des troupes à pied.

    Il est vrai que, depuis longtemps, de Gaulle a choisi Leclerc comme figure de proue des Forces françaises libres. Il lui a donné Paris à libérer. Or Paris, c'est la France. La chevauchée de Koufra à Strasbourg éclipse, injustement d'ailleurs, la gloire plus chèrement acquise de la 1ère DFL sur des champs de bataille souvent moins prestigieux".

     

    •  EPILOGUE

     

    "La D.F.L.  a été longtemps, à elle seule, l'armée de la France libre, la plus petite armée que la France ait jamais eue. Elle a gardé la nostalgie de ces temps héroïques et s'est mal résignée à devenir une division parmi les autres. Du moins est-elle restée une division pas comme les autres, conservant intacts sa personnalité et l'idéal qui l'anime.

    Son rôle et son importance ont diminué à mesure que la cause de la France libre triomphait, que l'armée d'Afrique et les forces formées à l'intérieur de la Métropole la rejoignaient au combat. A présent, dans la nouvelle armée française dont beaucoup espéraient que les FFL seraient le catalyseur, elle n'est plus qu'une petite minorité qui a le tort d'avoir eu raison trop tôt. Et ce n'est pas innocemment qu'on l'a écartée de la « ruée finale et victorieuse » en Allemagne, pour lui donner, dans les Alpes, une mission tout à fait secondaire.

    Cette évolution prélude à une intégration dans l'armée traditionnelle. Le 15 mai, par décision du ministre de la guerre, les appellations des corps de la 1ère DFL sont entièrement modifiées. Les termes de « brigade » et de « bataillon de marche », derniers vestiges de son particularisme, disparaissent. Les 2e et 4e brigades deviennent respectivement 2e et 1er régiments d'infanterie coloniale ; le BM 4, le BM 5, le 22e BMNA d'une part, le BIMP, le BM XI, le BM 21 d'autre part reçoivent officiellement le nom de 1er, 2e et 3e bataillon de ces régiments, ce qui entraîne en outre le changement de numéro des compagnies. On n'avait même pas attendu que la division eût défilé sous l'Arc de Triomphe pour arracher leur identité à ses bataillons !" 

     

    René DUVAL (Train)  :

    "Merci la France, mais vous oubliez un peu trop facilement ces jeunes volontaires qui, il y a cinq ans ont été les premiers à relever le défi et à donner ces cinq ans de leur jeunesse et bien souvent leur vie pour la Victoire d'aujourd'hui."

    Quelques mois après ma démobilisation, je recevrais cependant, écrit de la main du Général de Gaulle, le diplôme suivant :

    Brigadier DUVAL René, répondant à l'appel de la France en péril de mort, vous avez rallié les Forces Françaises Libres. Vous avez été de l'équipe volontaire des bons compagnons qui au premier rang lui ont permis de remporter la Victoire, au moment où le but est atteint, je tiens à vous remercier amicalement, simplement au nom de la France

    Signé – Le  Général de Gaulle

    Lui, au moins, ne nous oubliait pas..."

     

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    8 MAI 2015

    70 ans ont passé.... mais la mémoire, elle, a encore  du mal à passer...

    Après la guerre, certaines mémoires se sont construites sans difficulté : celle de la Résistance intérieure, celle de la 2e Division Blindée... Elles sont entrées dans l'histoire et la mémoire collective, Honneur à Elles.

    Mais il est  temps que le NOM  de la 1ère D.F.L. passe lui  aussi  à la postérité et que les valeurs de la France Libre puissent inspirer notre époque difficile car son exemple "est  pour toujours un défi lancé à ceux qui doutent de la France".

    Il semble que ce temps soit enfin venu.

     

     °°°°°°°°°°°°°°°°°

    "Ce qu'a su faire, pour la France, la 1ere Division française Libre,

    Ce qu'elle a su faire par le coeur, le corps, les armes, de ceux qui en étaient,

    Ce qu'elle a su faire avec ses Chefs, KOENIG, BROSSET, GARBAY, ses officiers et ses soldats,

    C'est un des plus beaux morceaux de notre grande Histoire,

    C'est un rocher que les vagues du temps ne pourront détruire jamais.

    C'est, pour toujours, un défi lancé à ceux qui doutent de la France".

    Charles de Gaulle, Février 1946

     °°°°°°°°°°°°°°°°°°

    Merci à tous, toujours plus nombreux, d'avoir suivi notre projet de mémoire, et Bonne commémoration de notre "Libération"où que vous soyez !

    A Villeneuve-sur-Lot, avec Monsieur Francis RUFFIER-MONET

    *** LA FRANCE LIBRE FETE SA VICTOIRE  ***

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  • Commentaires

    1
    RUFFIER-MONET
    Vendredi 15 Mai 2015 à 20:23

    Merci Florence pour la place d'honneur que vous m'accordez sur le Blog

    1ère D.F.L.

    Je prends depuis longtemps la mesure de votre mérite sans borne que vous vouez en compagnie de la poignée de bénévoles à l'admirable mission de faites vivre ce qui mérite de ne pas mourir.

    Une nouvelle fois bravo !

     Amicalement et affectueusement.

    Francis R.M.

    2
    RUFFIER-MONET
    Vendredi 15 Mai 2015 à 20:27

    Rectificatif au  message....Lire faire et non faites

    3
    Samedi 16 Mai 2015 à 10:02

    Cher Francis

    Je suis sensible à votre témoignage d’amitié, je devrais dire « nous » car nous sommes quelques « passeurs » animés du même désir de transmettre, au sein de cet espace de mémoire qui est le vôtre et celui de tous vos camarades de la D.F.L. et de la France Libre. Il est  important que chacun prenne conscience à travers ces photographies de Villeneuve-sur-Lot de ce que certains de nos Anciens, comme vous Francis Ruffier-Monnet, êtes les tout premiers à transmettre et conserver vivante cette flamme. Nous admirons votre infatigable mission en tant que délégué de la France Libre dans votre département... et nous partageons la satisfaction qu’autant d’acteurs, ici, mais aussi dans d’autres sphères, aient conjugué leurs énergies pour que cette mémoire soit présente et vibrante en ce 70e anniversaire de la Victoire. Avec toutes nos respectueuses amitiés

    Brigitte, Blandine, Christian, Jean, Florence, Pascal...

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