• * Décès d'Yves GUENA (RMSM/2eDB), « gaulliste, envers et contre tout »

    * Décès d'Yves GUENA (RMSM/2eDB), « gaulliste, envers et contre tout »

    photo Le Figaro

    La Fondation de la France Libre annonce avec tristesse ce jeudi 3 Mars le décès de son ancien Président, Yves GUENA. Grande figure du gaullisme, ayant exercé les plus hautes charges de l'Etat,  sa disparition fait aujourd'hui  l’objet de très nombreux articles, citons :

    LE FIGAROLE MONDE ET OUEST-FRANCE

     

    Nous nous attachons  à rappeler l’histoire de son engagement et de son parcours dans la France Libre, d’abord au 1er RMSM de la DFL, puis au sein de la 2e DB, à travers un article publié sur le Livre d’Or des Français Libres en novembre 2010 par Guy Penaud   LIEN

    * Décès d'Yves GUENA (RMSM/2eDB), « gaulliste, envers et contre tout »

    photo Ouest-France

    L’engagement

    Pour le jeune lycéen rennais qu’Yves Guéna était alors, tout commença le 19 juin 1940, à la pointe du Finistère. Demeurant chez ses parents, près de Brest, l’adolescent fut révolté par l’appel à l’armistice du maréchal Pétain : « On est battu en France. On a un allié qui est l’Angleterre. Eh bien, on passe en Angleterre et on va continuer la guerre avec les Anglais ! » Sans pouvoir prévenir son père qui travaillait à Brest, sous les bombes, mais avec l’assentiment de sa mère, qui trouva sa décision « absolument normale », le jeune homme, qui n’avait pas encore 18 ans, s’embarqua depuis Le Conquet sur un remorqueur de la marine commandé par un vieil officier marinier bienveillant pour l’île d’Ouessant. Là, un camarade lui apprit qu’un général inconnu de lui avait lancé la veille un appel à la résistance depuis Londres. C’est là précisément qu’il avait l’intention de se rendre.

    A bord d’un chalutier belge, ils débarquèrent à Portsmouth, le 20 juin au soir. Hébergés dans une école, les « fugitifs » se virent placer devant une alternative : soit s’engager dans les Forces françaises libres (FFL), soit être rapatriés au Maroc. « Nous étions quelques centaines, et aucun n’a opté pour la deuxième solution, se souvient-il : notre seule idée était de continuer la guerre. On nous a alors regroupés à l’Olympia Hall, dans les faubourgs de Londres, et c’est le jour de mes 18 ans, le 6 juillet, que le général de Gaulle ­ un parfait inconnu pour nous, mais dont la stature avait de quoi impressionner ­ est venu nous haranguer et nous annoncer que nous allions servir sur de nombreux théâtres d’opérations. » Le général de Gaulle, dans ses « Mémoires », a évoqué cette première prise de contact : « Qu’il est court le glaive de la France ! » Le 14 juillet 1940, les jeunes recrues eurent toutefois l’honneur de défiler, toujours en civil, dans les rues de Londres, sous les acclamations d’une foule fière de l’engagement de « français libres », prêts « à combattre, et s’il le fallait à mourir pour la Patrie ».

    « Oui, rallier de Gaulle, c’était une aventure ! écrit Yves Guéna. C’est pourquoi – je m’excuse – nous n’avons pas beaucoup de considération pour ce qu’ont pu dire ensuite, pour s’expliquer, ceux qui, eux, n’avaient pas rallié. Ils se sont dégonflés, c’est tout. Et les Français Libres, c’est le contraire ! »

    Après une petite année d’entraînement, Yves Guéna fut envoyé au Congo Brazzaville, mais ce ne fut que dans le courant de 1942 que les affaires sérieuses commencèrent lorsque son unité, le 1er Régiment de marche de spahis marocains (1er RMSM), intégré ensuite dans la légendaire 2e Division blindée (2e DB), s’envola vers le « Levant » ­ le Liban puis la Syrie ­ pour un entraînement spécifique au désert. Il était alors un simple brigadier affecté à la tourelle de tir d’une automitrailleuse. Après avoir traversé l’Egypte, son unité de blindés légers descendit vers la Libye.

    Les premiers combats

    Bien que totalement coupé de sa famille, le jeune soldat dit n’avoir éprouvé jusque-là ni angoisse ni nostalgie. Pas plus qu’il ne ressentira la peur lors de son impressionnant baptême du feu, le 24 octobre 1942 - « une rude nuit » a-t-il précisé - au cours de la bataille historique d’El Alamein, menée par Kœnig contre les chars de l’Afrika Korps de Rommel. « Quand on a décidé de s’engager pour une juste cause, on n’éprouve pas de difficulté à être courageux, on est porté par ce qui ressemble à de l’honneur », convient-il.

    Malgré des conditions extrêmement difficiles, la guerre était presque devenue pour lui une routine lorsque les FFL poursuivirent les Allemands à travers le désert libyen et reprirent le combat dans le Sud tunisien. « En Tunisie, les choses ne se sont pas bien passées avec l’armée d’Afrique du Nord, largement vichyste », confie-t-il. Ressentis comme des « trublions », les baroudeurs venus d’Orient eurent pourtant la satisfaction de voir petit à petit des groupes de l’armée du général Giraud se rallier à eux. « C’était pour nous, précise Yves Guéna, la preuve que de Gaulle l’avait emporté (sur Giraud). »

     

    * Décès d'Yves GUENA (RMSM/2eDB), « gaulliste, envers et contre tout »

    Livre d'or Français Libres via Laurent Laloup

    Suivit une longue phase d’attente. « Renvoyés en Tripolitaine, nous y avons passé tout l’été avant de gagner le Maroc, en octobre 1943, pour nous y entraîner jusqu’en avril 1944 et, enfin, rejoindre l’Angleterre depuis Oran », raconte-t-il. C’est à la tête d’un peloton de spahis que l’aspirant Guéna débarqua, le 31 juillet 1944, sur une plage « nettoyée » de Normandie et commença à filer vers le Nord « sûr que nous nous battions derrière le général de Gaulle, pour la France, dans l’intérêt de la France, pour la libération de la France, pour l’honneur de la France et pour la victoire. » Mais, le 11 août, lors d’un accrochage autour d’Alençon, Yves Guéna fut atteint par une balle qui lui traversa la poitrine. Il ne raccrocha pas pour autant. Soigné « avec une efficacité exceptionnelle » dans un hôpital de campagne américain puis au Val de Grâce, dans Paris libérée, il bénéficia d’une convalescence qui lui permit de revoir ses parents avant de rejoindre son unité sur « le chemin de la liberté et le chemin de l’honneur », comme l’avait dit le général de Gaulle dans son allocution de Bayeux, le 14 juin 1944.

    Vers la victoire

    Intégré à la division Leclerc, qui piaffait d’impatience, le 1er RMSM put enfin remonter, en avril 1945, vers la zone de combats à travers la Sarre. Après le souffle brûlant du désert, ce fut le froid et la neige que durent affronter les spahis. « Nous traversions des villes désertées par les hommes, se souvient-il, à l’exception de quelques éclopés. En parcourant ces ruines, je pensais que ce pays ne se relèverait jamais. Et puis, en Bavière, nous avons découvert la réalité des camps, notamment celui de Dachau, qu’à aucun moment nous n’avions pu imaginer. Du même coup, nous avons réalisé qu’au-delà des envahisseurs allemands, c’était le nazisme que nous avions combattu. Le 8 mai, je me trouvais tout près de Berchtesgaden lorsque nous avons appris la capitulation allemande. Nous avions gagné ! Notre aventure était devenue une épopée. » En ce mois de mai 1945, Yves Guéna avait compris qu’il s’était aussi battu « pour épargner ce fléau de l’horreur nazie à l’Europe ».

    La fierté était d’autant plus forte que le général de Gaulle, ce « Petit Lillois de Paris » comme il le disait lui-même, vint en personne passer en revue les troupes de la 2e DB. « J’avais déjà croisé de Gaulle à Londres, poursuit Yves Guéna, en Egypte et en Algérie, mais, cette fois, il était auréolé par la victoire. Il a demandé à tous les combattants de rester dans l’armée, mais, pour la première fois, je lui ai désobéi. Je venais de me fiancer et je me suis fait démobiliser le 25 septembre 1945. ».

    Cette « désobéissance », la seule qu’il fit de toute sa vie à de Gaulle, lui permit de rejoindre la première promotion de l’ENA, dénommée « France combattante », de mars 1946 à juillet 1947, et d’entamer un nouveau combat, politique celui-là, au service du seul homme qui guida ses pas et sa pensée tout au long de son existence. Dès lors, on comprend mieux pour quelles raisons Yves Guéna, alors ministre des Transports, proposa, en 1974, – peu de monde le sait – que le nouvel aéroport de Roissy, passage obligé pour des millions de voyageurs vers le monde entier, fut nommé « Charles de Gaulle » : il s’agissait d’honorer certes celui qui avait rénové la République, en 1958 (Guéna nous rappelle la part importante qu’il prit lui-même en tant que directeur de cabinet du garde des sceaux, Michel Debré, à la rédaction de constitution de la Ve République), mais surtout celui qui avait incarné l’honneur de la France, en 1940. Hommage du « Français Libre » que fut Yves Guéna au Chef de la « France Libre », Charles de Gaulle.

    « C’est, nul ne peut oublier, a écrit Yves Guéna, que la France connaissait alors l’une des plus épouvantables épreuves de son histoire millénaire, que la France avait failli périr ; au bout du chemin, ce fut plus qu’une guerre gagnée, ce fut une résurrection. »

    Guy Penaud le vendredi 19 novembre 2010

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    Le 1er Régiment de marche des Spahis marocains (RMSM)

    * Décès d'Yves GUENA (RMSM/2eDB), « gaulliste, envers et contre tout »

     Le 1er RSM est l'héritier de l'unité du même nom qui s'illustra dans l'armée d'orient en 1917, en recevant cinq citations à l'ordre de l'armée. En 1940, stationné au levant, il sera réparti en deux groupes de reconnaissance de division d'infanterie (GRDI). Dès le 30 juin, le capitaine Paul JOURDIER rallie avec son escadron la France Libre et rejoint le Soudan anglo-égyptien.

    Un mois plus tard, au camp de Moaskar, il constitue avec le Bataillon d'Infanterie de Marine,  les Forces françaises libres du Moyen-Orient. Au début de 1941, les "Calots rouges" de Jourdier sont engagés en ERYTHREE, avant de regagner la SYRIE (mai-août 1941).

    Devenu Groupe de reconnaissance de corps d'armée (GRCA), à trois escadrons (dont deux à cheval), l'unité s'entraîne en vue de participer aux opération de LIBYE.

    En décembre 1941, le 3e escadron - le seul équipé d'automitrailleuses - commandé par le capitaine DE COURCEL est mis à la disposition de la 1ère Brigade Française Libre de KOENIG et il sera utilisé dans les opérations contre les troupes de l'Axe en Libye.

    En mai 1942, les deux autres escadrons quittent la Syrie pour l'EGYPTE, où il seront affectés à la 2e BFL (général Cazaud). A l'automne, le 1er RMSM succède au GRCA ; constitué de quatre escadrons, il est confié au commandant Jean REMY et va former, avec la 1re compagnie de chars du 501e RCC, deux groupes de reconnaissance sur le modèle des "colonnes volantes" britanniques (Flying Columns), sous les ordres des commandants Rémy et DE KERSAUSON : le GR 1 est dirigé sur FAYOUM, le GR 2 sur SAMAKET-GABALIA, au sud du front de la VIIIe armée.

    Le 25 septembre 1942, les deux GR reconstituent le 1er RMSM (commandant Rémy), qui va être engagé dans la bataille d'EL ALAMEIN, avant d'être rattaché, successivement, à la 44e DI britannique, à la 4e DI hindoue, puis à la 4e brigade blindée britannique.

    Au début de 1943, le RMSM prend part à la campagne de TUNISIE, où il est mis, le 12 mars, à la disposition de la "Force L" (l'ex-Colonne Leclerc, venue du Tchad). Après la chute de Tunis, il rejoint la 1re DFL au camp de SABRATHA (Libye), avant de faire mouvement avec la 2e DFL (future 2e DB) au camp de TEMARA (Maroc), où il devient le régiment de reconnaissance de la 2e DB. Il comprend alors, toujours sous les ordres du colonel Rémy, six escadrons - dont quatre équipés d'automitrailleuses.

     


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