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Par authion le 24 Janvier 2020 à 14:11La Fondation de la France Libre organise une conférence avec François Broche, historien et journaliste, administrateur et membre du conseil scientifique de la Fondation, au sujet de l’odyssée d’un volontaire calédonien du Bataillon du Pacifique.Cette conférence fait suite à la parution, chez L’Harmattan, en 2019, du livre de Gaston Rabot, Volontaire calédonien du Bataillon du Pacifique : Journal de guerre (mai 1941-janvier 1944), dont l’édition a été établie par François Broche et Yvette Buttin-Quélen, secrétaire générale de la Fondation, avec une préface de Jacques Hébert, Compagnon de la Libération.La conférence se tiendra au siège de la Fondation, 16 cour des Petites-Ecuries, dans le 10e arrondissement. Son accès est gratuit. À cette occasion, l’auteur dédicacera des exemplaires du livre de Gaston Rabot.Vous pouvez vous inscrire par courriel à contact@france-libre.netou par téléphone au 01 53 62 81 82.
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Par authion le 23 Janvier 2020 à 22:36
Qui ne se souvient des merveilleux dessins du Capitaine Jean COQUIL qui ont illustré tant de nos pages le long du parcours du BM 5, du camp d'Ornano aux Alpes Maritimes ?
Place aujourd'hui à ses souvenirs et à son portrait, dressé par Alexis Le GALL lors de la disparition de son grand ami en 2014.
Crédit photo : François Morel- Livre d'Or des Français Libres
La traversée de l'Ill dans l'Illwald
« Le 23 Janvier 1945.... Il est 6h du matin. Il fait très froid et la nuit est très noire. La 2ème Compagnie se met en place, au Moulin de Saint-Hippolyte, sur la base de départ d'une attaque dont le premier objectif est la rive droite de l'Ill. En réalité le Moulin n'est qu'une ruine, quelques pans de murs couverts de neige. Le canal d'adduction d'eau est gelé et constitue une sorte de tranchée enneigée.
Dans le noir, sur un terrain que nous connaissons mal, la mise en place de la compagnie renforcée par une section de mitrailleuses, commandée par le Lieutenant-Colonel LE BASTARD et par un groupe de pionniers munis de canots gonflables, est difficile. Pour corser le tout, l'artillerie allemande se met à tirer de façon sporadique. L'heure H est fixée à 7h30 et l'attente est pénible d'autant plus que notre artillerie reste muette.
7h15. Brusquement elle se déchaîne, les obus passent en sifflant au-dessus de nos têtes. Le tonnerre de leurs éclatements se mêle à ceux des obus allemands qui continuent à tomber sur la position.
Enfin c'est l'heure H. La Compagnie s'ébranle. Aux côtés du Capitaine LESCAU DU PLESSIS, qui la commande, je m'élance. Soudain, un sifflement caractéristique nous couche au sol. Je ressens une vive douleur à la base du nez et je saigne. « LESCAU, je crois que je suis touché. Tu n'as pas vu mon casque ? » répond mon camarade. Le casque est là devant moi. Lors de notre plongeon, il a roulé et par un hasard extraordinaire, je me suis couché dessus, arrêtant sa course et me blessant à la cloison du nez. Nous éclatons de rire devant le comique de la situation....
Déjà les pionniers tirent un canot pneumatique. La rivière n'est pas gelée mais des plaques de glace bordent ses rives et l'eau a la couleur laiteuse de neige fondue.
Un pionnier se met courageusement à l'eau pour fixer un câble en travers du lit.
Le canot est mis à l'eau, vide heureusement car aussitôt une arme automatique allemande se dévoile en amont et notre embarcation coule, criblée de balles. L'arme ennemie a été repérée. « La Lourde en batterie » crie LASQUELLEC.
Les servants s'affairent. « M..., elle est gelée » dit l'un d'eux, « donnez-lui un coup de gnôle » répond le Lieutenant. Remède efficace : le Tac Tac Tac de la 12.7 se fait entendre et la mitrailleuse allemande se tait.
Le deuxième canot est mis à l'eau et la traversée de l'Ill commence.
Cinq hommes à la fois ! Combien de temps cela va-t-il durer ? J'appelle le Bataillon pour demander d'autres canots.
La traversée de l'Ill par Jean Coquil
Le Capitaine FAURE vient sur place se rendre compte. Déjà la section VAN PARYS est sur l'autre rive suivie par le Capitaine LESCAU et les mitrailleuses de LE BASTARD.
« Attention à la contre-attaque, me dit le Capitaine FAURE, il va falloir serrer les dents et tenir ». Sur ce il me quitte en me promettant des moyens supplémentaires.
Soudain, un tir d'artillerie, parfaitement ajusté, se déclenche. Les obus, touchant les arbres, éclatent au-dessus de nous, projetant une pluie d'éclats. Plusieurs soldats sont tués ou blessés. Je reçois une grosse branche sur les reins. Le tir s'arrête et la traversée de l'Ill reprend. Les canots n'ont pas été touchés ! (...)
Nous atteignons la lisière et le pont détruit..
Allongé au pied d'un arbre à côté de LE BASTARD, nous précisons les missions des mitrailleuses dans le plan de feu. Devant nous s'étend un billard blanc.
Louis LE BASTARD Compagnon de la Libération (Ordre de la Libération)
Soudain un tir d'artillerie s'abat sur la lisière.
LE BASTARD est touché. Le Capitaine PIOZIN qui a suivi la progression s'approche et fait transporter le blessé dans un abri. Une demi-heure plus tard, PIOZIN m'apprend la mort du Lieutenant LE BASTARD. Cette nouvelle me bouleverse. J'avais connu LE BASTARD, en 1940, à Yaoundé. C'était un homme remarquable ! Mais il faut poursuivre notre mission... »
Hippolyte PIOZIN, Compagnon de la Libération - Ordre de la Libération
JEAN COQUIL : avril 1916 – février 2014
Hommage d’Alexis LE GALL
Jean Coquil est né en avril 1916 et passa toute sa jeunesse à Irvillac, un petit village près de Brest, où ses parents étaient instituteurs. Il y bénéficia d’une jeunesse calme et studieuse, poursuivit ses études secondaires au Lycée de Brest et c’est tout naturellement qu’il put après son baccalauréat préparer les Grandes Ecoles, réussissant le concours d’entrée à l’école de St Cyr d’où il sortit jeune officier en 1938.
A la sortie de l’école il avait opté pour l’infanterie coloniale et fut affecté au 2ème RIC de Brest. Son avenir étant réglé il pouvait penser à créer un foyer. Mais de fortes tensions se révélaient déjà avec nos voisins allemands et c’est ainsi que s’il eut la permission de se marier au jour fixé, ce fut, me raconta-t-il, sous la condition qu’il reprenne son service le soir même à la caserne.
Peu après il était désigné pour l’Afrique, rejoignit son poste au Cameroun où son épouse put le rejoindre avant le déclanchement des hostilités.
Basé à Yaoundé, Jean commençait à y former de nouvelles troupes à destination de la métropole quand survint la déroute de juin 1940 et l’armistice du 22 juin qui avait précédé un appel à la poursuite des combats qu’avait lancé de Londres un jeune général inconnu, Charles de Gaulle.
Jean Coquil fut l’un des rares français du Cameroun à décider d’y répondre favorablement. Confiant son épouse à ses chefs il quitta clandestinement le Cameroun, et parvint à rejoindre Victoria au Cameroun Anglais où il retrouva une vingtaine d’autres français qui se mirent à la disposition du délégué du Général de Gaulle, un délégué qui n’allait pas tarder à devenir célèbre puisqu’il s’agissait du futur général Leclerc.
Epaulé de sa vingtaine de français Leclerc se fit déposer de nuit à Douala et parvint à persuader les responsables de rallier le Cameroun à de Gaulle.
Et voici le lieutenant Coquil de retour au Cameroun où il se remet à l’instruction des blancs et noirs qui allaient former plus tard le BM5.
Mais bien vite il est dirigé sur Brazzaville où on l’a décidé de créer un « camp d’Ornano » destiné à recevoir l’école de formation de jeunes officiers à partir des troupes arrivées d’Angleterre.
Coquil y sera instructeur durant quelques 2 ans et demi, formant et préparant au combat ces jeunes héros qui allaient se distinguer sur les divers fronts de Syrie, d’Afrique et d’Italie et y inscrire de nouveaux héroïques épisodes de l’Histoire de France.
Enfin libéré de son travail d’instructeur il peut rejoindre un bataillon partant pour le front et se retrouve à la 1ère DFL où il va retrouver, en remplacement des disparus, son unité d’origine, le BM5 où durant les derniers mois d’hostilité il sera un valeureux commandant de Compagnie.
Dans les Vosges - Jean Coquil
La guerre terminée il accepte sa mutation dans le corps des Administrateurs des colonies et de 1945 à 1960, il y assumera au Cameroun divers postes de responsabilité (chef de subdivision, de région, directeur des affaires économiques etc.) aidant ce territoire, notre territoire, particulièrement cher à son cœur à se diriger vers l’indépendance, une œuvre énorme d’aide, de conseils, d’exemple pour permettre, à partir de 1960 aux camerounais à se gérer eux-mêmes.
Il en résulte son retour en France où il se reclasse dans l’enseignement jusqu’à l’heure de la retraite qu’il prendra à Brest après une vie exemplaire de dévouement au service de son pays, un dévouement qu’il n’a pas épuisé car il va désormais se mettre au service des Anciens Combattants et particulièrement de ceux de la France Libre et de la 1ère DFL.
Il est difficile de dire ici combien son aide m’a été précieuse pendant les quelques vingt ans où nous avons dirigé en commun l’amicale de la 1ère DFL, notamment lors de nos nombreux voyages et déplacements, de la mise en place des Musées de l’Ile de Sein et du Fort Montbarey, des congrès nationaux organisés dans le Finistère.
Je trouvais, nous trouvions chez lui à la fois un ami, un artiste, toujours prêt, toujours disponible. Merci mon très cher ami pour tes conseils éclairés et pour l’aide immense que tu nous apportée. Et merci pour ton amitié qui n’a jamais tenu compte de la différence de grade qui nous séparait.
Cette vie modèle de Français notre pays t’en a récompensé par de nombreuses médailles dont je me permets de citer les Chevalier de la Légion d’Honneur, Croix de guerre 39-45, Médaille de la Résistance, Chevalier de l’ordre National du Mérite, Médaille de le France Libre et bien d’autres.
Mais à ces reconnaissances officielles, je voudrais ajouter ici d’autres qui comptent autant, l’amitié propre de tous ceux qui l’ont connu, l’attachement qu’ils te portaient, les liens indéfectibles qui au long des années s’étaient tissés entre vous.
Et je voudrais dire ici à tout tes proches et surtout aux deux que j’ai le mieux connues, ta sœur Yvonne et ta fille Lucienne, combien je partage leur peine et suis proche d’elles par le cœur et la pensée.
Adieu ami Jean et merci en notre nom à tous de ce que tu nous as donné et apporté.
Alexis LE GALL
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Par authion le 22 Janvier 2020 à 17:40
Lundi 20 janvier 2020 Pierre Simonet, Compagnon de la Libération, a été élevé à la dignité de Grand'Croix de la Légion d'Honneur par le général d'armée Benoit Puga, Grand Chancelier de la Légion d'Honneur, en présence du délégué national, le général de division (2S) Christian Baptiste, dans sa maison à Toulon.
Il était entouré pour l'occasion des membres de sa famille.(Photo Ordre de la libération)
(Photo Ordre de la libération)
BiographiePierre Simonet, 98 ans, est né le 27 octobre 1921 à Hanoi. Son père, Polytechnicien, est ingénieur des Travaux publics en Indochine.
Après des études secondaires au lycée de Marseille puis au lycée Albert Sarrault à Hanoi, il entre en classe préparatoire de Mathématiques spéciales au lycée Montaigne à Bordeaux.
Trop jeune pour être mobilisé au moment de la déclaration de guerre, il entend, le 17 juin 1940, le discours radiodiffusé du maréchal Pétain annonçant qu'il va demander l'armistice. Révolté, Pierre Simonet, décide immédiatement de continuer la lutte en Angleterre.
Le 24 juin 1940, il parvient à embarquer sur le dernier cargo, le Baron Kinnaird, qui, en rade de Saint-Jean-de-Luz, rapatrie les troupes polonaises et les résidents britanniques.
Arrivé à Liverpool, il s'engage dans les Forces françaises libres (FFL) du général de Gaulle, le 1er juillet 1940. Il voudrait choisir l'aviation, mais cette arme ne recrute que des volontaires ayant déjà le brevet de pilote. Il est donc affecté, en raison de ses études mathématiques, dans l'artillerie FFL en cours de création au camp d'Aldershot.
Embarqué le 29 août 1940, il fait partie du Corps expéditionnaire qui a pour mission de rallier, à Dakar, l'Afrique occidentale française (AOF) à la France libre. Après l'échec de l'opération "Menace", Pierre Simonet stationne au Cameroun avec son unité jusqu'en janvier 1941.
Il prend part à la campagne de Syrie en juin-juillet 1941 à la suite de laquelle est officiellement créé, à Damas, le 1er Régiment d'Artillerie des FFL (1er RA). Affecté à la 2e batterie du 1er RA, nommé brigadier, il est chargé des transmissions et de l'observation.
Avec la 1ère Brigade française libre du général Koenig, il participe à la campagne de Libye de janvier à juin 1942. Au cours d¹une Jock Column dans le désert, le 16 mars 1942, pendant une forte attaque de chars ennemis, il assure jusqu'au bout sa mission et ne quitte sa position qu'après avoir replié son matériel et être allé rechercher son camion de munitions à un endroit particulièrement exposé.
Enfin, il combat à Bir-Hakeim, du 27 mai au 10 juin 1942, comme téléphoniste et observateur, et fait la preuve de son courage et de son sang-froid. Il reçoit ses deux premières citations.
Il participe ensuite à la bataille d'El Alamein en octobre 1942, puis aux combats de Takrouna en Tunisie en mai 1943. Admis à suivre les cours d'élève aspirant en Tunisie il est promu à ce grade à la fin de 1943.
À partir de la campagne d'Italie en avril 1944, Pierre Simonet est affecté au peloton d'observation aérienne du 1er RA et sert en qualité d'observateur sur avion léger (pipercub). Toujours volontaire, il n'hésite pas, à maintes reprises, à s'aventurer profondément dans le dispositif ennemi pour obtenir les renseignements demandés. Son unité est engagée dans l'offensive du 8 mai 1944 qui brise les lignes Gustav et Hitler, libère Rome et poursuit l'ennemi jusqu'aux abords de Sienne. Il totalise en Italie, 43 missions de guerre.
Après le débarquement en Provence du 16 août 1944, il poursuit son action d'observateur en avion ; entre le 20 et le 25 août 1944, il remplit 13 missions de guerre dans la région d'Hyères et de Toulon. Le 21 août, au-dessus de La Farlède, et le 23 août au-dessus de La Valette, il n'hésite pas à survoler les lignes ennemies à basse altitude pour repérer les pièces antichars allemandes. Le 24 août, grâce à un réglage très précis, il arrête le tir d'une batterie ennemie située dans la presqu'île de Saint-Mandrier.
Après la Provence, c'est la remontée vers le nord, les combats de Belfort et ceux du sud de Strasbourg. Pendant la campagne d'Alsace, du 7 janvier au 2 février 1945, il rend les services les plus précieux, faisant démolir plusieurs chars et repérant deux batteries.
Nommé sous-lieutenant, toujours observateur en pipercub, il prend part en avril-mai 1945, à la dernière offensive de la 1ère DFL qui s'empare du massif de l'Authion, pénètre en Italie du Nord et libère Cunéo.
Dans les campagnes d'Italie et de France, le sous-lieutenant Simonet a effectué au total 137 missions de guerre en 250 heures de vol, et s'est vu décerner quatre citations.
(Photo Ordre de la Libération)
Démobilisé, il entre à l'École nationale de la France d'Outre-mer (1946). Il sert comme administrateur de la FOM en Indochine (1947/1948). En 1949, il suit les cours de l'École d'Application de l'INSEE et obtient un certificat de l'Institut de Statistique de l'Université de Paris. Affecté au Cameroun (1950/1957), il termine sa carrière d'administrateur comme chef de Région du Ntem.En 1958, Pierre Simonet entre dans la fonction publique internationale. Il accomplit avec la FAO (Organisation des Nations-unies pour l'Agriculture et l'Alimentation) une mission dans le bassin du Mékong. En 1959 et 1960, il est affecté par l'ONU en Iran comme conseiller en statistiques économiques.
De retour en France en 1960, Pierre Simonet obtient le diplôme du Centre d'Etude des Programmes économiques. Il rentre à l'Organisation de Coopération et de Développement économique (OCDE) (1961-1963) puis au Fonds monétaire international comme économiste puis conseiller(1964-1980).
Pierre Simonet est membre du Conseil de l'Ordre de la Libération depuis le 1er juin 1999.
• Grand Croix de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 27 décembre 1945
• Croix de Guerre 39/45 (7 citations)
• Médaille de la Résistance
• Médaille ColonialeLa Fondation B.M.24 Obenheim
présente ses sincères félicitations au récipiendaire.Fondation B.M.24 Obenheim
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Par authion le 22 Janvier 2020 à 09:11
JOYEUX ANNIVERSAIRE !
A notre Ami Marcel Barbary, Interné-Résistant, qui fête ses 106 ans ce mercredi 22 janvier 2020
Ancien de la 1ère Division Française Libre (1e DFL), Marcel est le plus âgé Porte-Drapeau de France, il porte très fidèlement le Drapeau de la France Libre depuis 74 ans.
Marcel Barbary est Officier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur, et titulaire de la Médaille militaire, de la Croix de Guerre 1939-1945 avec palme, de la Croix du Combattant, de la Médaille des Evadés, de la Médaille des Services volontaires dans la France Libre et de la Médaille de l’Internement pour faits de Résistance.
Janvier 2020, galette des Rois chez les enfants de Marcel Barbary
(Photo Famille Barbary)
Décret du 13 juillet 2019 portant promotion et nomination
Par décret du Président de la République en date du 13 juillet 2019, pris sur le rapport du Premier ministre et des ministres et visé pour son exécution par le grand chancelier de la Légion d'honneur, vu les déclarations du conseil de l'ordre portant que les présentes promotions et nominations sont faites en conformité des lois, décrets et règlements, sont promus ou nommés pour prendre rang à compter de la date de réception dans leur grade :
CONTINGENT DES DÉPORTÉS ET INTERNÉS DE LA RÉSISTANCE
Au grade d'officier
M. Barbary (Marcel, René), interné résistant. Chevalier du 26 février 1994.Marcel avec son accompagnateur Maxime Leblond, l'Ingénieur Général Jacques Bongrand et Blandine Bongrand Saint Hillier le 20 septembre 2019, lors de la remise de la médaille d'Officier de la Légion d'honneur.
(Photo Erick Bresson)
En janvier 2017 avec Maxime Leblond
Le 20 mai 2019
(Photo Erick Bresson)
Marcel Barbary à l'honneur
La Fondation B.M.24 Obenheim souhaite un très heureux anniversaire à Marcel et lui présente ses meilleurs voeux de bonne santé pour 2020.
Fondation B.M.24 Obenheim
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Par authion le 21 Janvier 2020 à 14:02
Parmi les nombreux témoignages sur les combats de la 2e Brigade de la DFL dans l'Illwald, nous vous proposons de retrouver celui d'Alexis LE GALL, qui nous a quittés le 22 décembre dernier.
Le 19 juin 1940, Alexis Le Gall et son frère, Jacque, âgés respectivement de 17 et 19 ans, parvenaient à quitter Audierne à bord de l'Ar Zenith, le bateau "courrier" de l'Ile de Sein. Ils débarquent à Plymouth le 21 juin, parmi les tout premiers volontaires qui formeront l'embryon des Forces Françaises Libres. Alexis rejoint la 1ère DFL et sera de tous les combats du Bataillon de Marche 5 : Le Cameroun, El-Alamein, Tobrouk, la Tunisie, l'Italie, le débarquement de Provence puis la Campagne de France jusqu'en Alsace où il sera grièvement blessé en janvier 1945. "Les Clochards de la Gloire" publié en 2017 aux Editions Charles Herissey rassemble les souvenirs d'Alexis LE GALL
« Le 22 (janvier) nous partons pour le village voisin de Saint Hippolyte où le soir on nous annonce le départ de l'attaque pour le lendemain matin à la toute première heure. Nous faisons provisions de chaleur et prenons, dans la maison où nous sommes abrités, un bon repas chaud, sans oublier, suivant les conseils de notre hôte alsacien, de remplir notre bidon (1 litre) de schnaps, qui devrait nous aider à tenir le coup par le froid sibérien qui sévit. Il fait jusqu'à - 10° dans la journée, ce qui promet des nuits à - 20°.
Le 23 janvier, avant le jour, nous nous rassemblons pour le départ. Il n'est jamais très gai de partir à l'attaque surtout, comme ici, sans connaître le terrain. Avec l'expérience des vieilles troupes et les conseils des villageois, nous commençons par avaler une boisson chaude, arrosée de schnaps.
MULLER, qui les met en confiance en leur parlant alsacien, obtient leur accord pour emprunter 2 luges qui nous soulageront du poids des caisses de munitions, car les mitrailleuses, bien que séparées en pièce et trépied pour le transport, sont déjà assez lourdes et encombrantes. Il fait très froid avec une température de l'ordre de -15° mais la nuit est éclairée par la neige qui recouvre tout, du sol en haut des arbres.
Nous suivons un cap à l'Est qui va, au bout de 2 ou 3 km, nous faire traverser la route de SELESTAT à COLMAR (à 15/20 km au sud de la ferme de RIEDWASSEN que nous occupions précédemment) au-delà de laquelle nous pénétrons, au Nord d'une route forestière, dans des prairies précédant la forêt de l'ILLWALD, dont on aperçoit, au loin, les lisières.
Pour le moment rien ne se passe. Le jour s'est levé et le silence est parfois troué du claquement sec d'un coup de fusil ou de l'arrivée de tirs de mortiers.
Les voltigeurs qui nous entourent semblent avancer également dans l'inconnu avec, bizarrement, des routes qui se croisent, les uns avançant en obliquant de droite à gauche, les autres obliquant de gauche à droite.
Si bien que, partis avec la 2ème Cie, nous marchons désormais avec la 3ème : ce sont là les mystères de la tactique que le soldat n'essaie plus, depuis longtemps, de comprendre.
Quant à nous, en protection de la 3ème Cie, nous tenons le flanc gauche du bataillon et n'avons, nous dit BAUDET, aucune protection sur notre gauche.
En résumé, le B.M.5 tient la gauche de l'attaque de la Division (elle-même flanc gauche de l'attaque de la 1ère Armée) et, nous, nous protégeons la gauche du B.M.5. C'est gai !
Au moment où nous nous approchons de la lisière, deux coups de feu en partent et DUPIN tombe. Le petit Gilles se précipite vers lui et est touché à son tour, victime du même sniper que nous n'avons pu situer. Il nous faut nous camoufler provisoirement et nous tirons au jugé vers les premiers arbres.
Le sniper s'est tu. Apparemment DUPIN est mortellement atteint : le gars d'en face devait avoir un fusil à lunette. Quant à Gilles, il est juste blessé (à la hanche). Nous devons les abandonner car la progression doit continuer mais nous avons heureusement pu alerter deux brancardiers qui vont se charger du blessé.
La perte de DUPIN nous touche tous. Il nous avait rejoint durant l'été 43 et, depuis un an et demi, ce méridional, plein de bagout et pétillant d'intelligence, nous amusait de ses réflexions et de ses histoires ; joyeux compagnon, toujours de bonne humeur mais aussi plein de bonne volonté et de courage. Étudiant à l'université de Montpellier il avait, dès ses 18 ans, décidé de s'évader par l'Espagne, avait souffert au camp de MIRANDA et nous avait rejoint à ZUARA.
De notre quatuor solide de Tunisie et d'Italie, après la blessure d'OTTAVY en Italie et la disparition de DUPIN, il ne nous restait plus que FOURNIER et MULLER. Que Dieu les protège !
TANGUY est debout le 3e en partant de la droite
Groupe Facebook "Alexis Le Gall son devoir de mémoire"
Nous avons maintenant atteint le bois, que borde, hélas, un ruisseau glacé qu'il faut traverser.
Heureusement il n'est pas trop large et les occupants précédents (Allemands) y ont installé deux planches, accrochées aux deux rives, qui nous évitent, si on peut s'y maintenir, à s’enfoncer dans l'eau jusqu'au ventre. Par le froid qu'il fait ce serait catastrophique.
Avec la planche nous n'avons de l'eau que jusqu'aux genoux, ce qui limite les dégâts. Tout mon groupe passe sans dégâts. Comme d'habitude je fais équipe avec TANGUY.
Quant au groupe HOCHET, qu'accompagne BAUDET, il appuie sur notre droite une autre compagnie. Les voltigeurs de la 3ème Cie se sont arrêtés peu après le ruisseau.
Je poste la mitrailleuse de MULLER entre ces voltigeurs et le passage du ruisseau, en bordure de la forêt, couvrant des prairies dégagées. Quant à FOURNIER il ira plus avant et sur la droite, à hauteur des voltigeurs, où la forêt est moins dense et où l'on a donc un peu de visibilité. Je conviens avec TANGUY qu'il reste avec MULLER tandis que j'accompagnerai FOURNIER dont la pièce ne tarde pas à entrer en action car une unité allemande se replie devant notre avance et il en profite pour les arroser copieusement et accélérer leur retraite.
Devant nous et sur notre droite, ça tiraille de partout. L'attaque semble tourner à notre avantage mais toute la forêt retentit de coups de feu, de rafales d'armes automatiques, d'éclatements de grenades et d'arrivées d'obus ou de mortiers.
J'abandonne un moment FOURNIER pour aller voir où en est MULLER, quand j'entends des arrivées d'obus de mortier du côté de la pièce que je viens de quitter. J'y retourne aussitôt.
C'est la catastrophe : un obus est tombé pile sur la pièce. Seul FOURNIER bouge encore. Les 2 autres servants sont morts et FOURNIER ne vaut guère mieux. Son corps est criblé d'éclats du haut du dos jusqu'au bas du corps. Seule la tête a été protégée.
Il me dira, bien plus tard, que c'est son chargeur qui l'a protégé en se penchant sur lui pour lui montrer un groupe d'allemands qui essayait de se camoufler derrière arbres et buissons devant eux.
Notre mitrailleuse était installée dans un ancien emplacement allemand couvert de rondins et l'obus de mortier est tombé sur les rondins pulvérisant les deux jeunes servants, dont l'un, penché sur FOURNIER, lui protégeait le haut du corps.
J'appelle TANGUY et lui dis : « Si on le laisse ici il crève. Il faut l'évacuer et le confier au premier brancardier qu'on va trouver. Il faut le traîner jusqu'au passage du ruisseau, le porter de l'autre côté, l'installer sur une des deux luges, avec l'aide des gars de MULLER. Puis je vais le tirer vers un poste de secours jusqu'à ce que je trouve un brancardier. »
TANGUY n'est pas très chaud car, nous le savons tous deux, je n'ai pas le droit d'abandonner ma pièce, surtout en pleine attaque.
J'insiste : « Remplace-moi ici. MULLER peut s'occuper de sa pièce tout seul. Je ferai le plus vite possible ».
Avec son accord et son aide nous sortons FOURNIER et le traînons jusqu'au ruisseau ou les gars de MULLER nous aident à traverser. La luge est bien là. On y allonge FOURNIER sur le ventre et on l'y ficelle. Ses jambes traînent derrière mais ce n'est pas grave, la luge glisse quand même sur la neige et je m'attelle aux cordes attachées à l'avant pour traîner l'ensemble vers le salut, souhaitant éviter tout pépin ou toute rencontre d'officier. Car je suis provisoirement « déserteur » et, si je suis repéré, je risque gros.
Contrairement à ce que j'espérais, j'ai beau avancer je ne vois ni infirmier ni brancardier : c'est le vide complet et nous refaisons à l'envers le chemin parcouru le matin.
Enfin, au bout d'une demi-heure à trois quarts d'heure, j'aperçois, près du chemin forestier, la baraque à Croix-Rouge. Je hèle des gars qui se trouvent aux abords, leur refile FOURNIER et la luge et repart, en courant, rejoindre notre poste à près de 2 km de là. Je commence à connaître les lieux, les ayant déjà parcourus en aller et retour.
Pendant mon absence il ne s'est rien passé. La mitrailleuse est toujours là, servie par POTHELET et un autre jeune. Je m'installe près d'eux dans un emplacement allemand distant de 3 ou 4 mètres.
A la mitrailleuse, les deux morts gisent sur place et commencent à geler. Les servants sont assis dessus et tous nous attendons. Il ne se passe plus rien et la nuit tombe. Il fait froid. Il y a bien longtemps que le litre de schnaps est avalé et nos conserves de « ration K » sont gelées également. J'en ouvre cependant une boite.
On peut à la rigueur sucer le bloc glacé qu'elle contient mais pas le croquer et ce n'est pas cette nourriture glacée qui va nous réchauffer.
J'ai toujours les jambes et les pieds trempés et glacés.
Comme tout est calme, je vais rejoindre le sous-off commandant le groupe de voltigeurs qui nous accompagne car son poste est sous rondins et il y fait un peu plus chaud.
Nous bavardons tranquillement quand brusquement on entend des éclats de voix, des éclatements de grenade et des tirs : nous sommes attaqués.
Je me précipite vers mon emplacement et dis à POTHELET : « Tu ne tires que si tu distingues quelque chose. »
Mais nous scrutons en vain. Devant nous et sur le côté on se bat, Allemands et Français mélangés, mais on n'y voit goutte. Soudain on m'allume d'une rafale de mitraillette ou de fusil d'assaut, tirée à moins de 10 mètres. L'Allemand m'a repéré mais son tir m'a ébloui et je ne distingue rien. J'ai reçu comme un grand coup de poing dans le bras gauche. Je touche : ça saigne énormément et le bras s'ankylose.
Je murmure à POTHELET : « Je suis blessé. Il faut que j'évacue ». Je saute de l'emplacement en m'abritant derrière lui mais plus de nouveau tir. L'autre doit savoir qu'il m'a touché et se désintéresse de moi. Je rejoins TANGUY qui veut me couper la manche pour dégager la plaie et mettre un pansement mais je refuse car je me retrouverais avec chemise, blouson et capote sans manche et je n'ai pas de rechange. On me pose un pansement et ils me font un garrot.
J'ai déjà perdu pas mal de sang mais avec le garrot ça saigne moins. Je traverse le ruisseau tant bien que mal : nouveau bain de pied mais je commence à y être habitué, et je reprends seul dans la nuit le chemin parcouru l'après-midi en traînant FOURNIER.
Tout est blanc mais j'arrive à me repérer en retrouvant des arbres, buissons ou talus remarqués à mon premier passage. Il ne faut pas traîner car je commence à avoir des étourdissements.
Enfin voici le poste de secours. J'y pénètre, il y a la pas mal de monde, certains allongés, d'autres assis.
BEBEY, notre médecin auxiliaire camerounais, qui nous suit depuis le camp d'Ornano et qui est un ami, s'occupe de moi et la première chose qu'il décide est de couper les manches gauches. Décidément c'est une manie et de plus, ici, c’est fort mal réalisé.
Ma capote, mon blouson et ma chemise ont perdu leur manche gauche mais ils sont également lacérés dans le dos par la balle qui m'a rasé la peau et est passée à moins de 10 cm du cœur. J'ai eu de la chance. BEBEY me nettoie la plaie, fait mettre un pansement serré et je n'ai plus qu'à attendre l'évacuation.
L'os n'est pas cassé, ce n'est pas très douloureux et l'on est ici à l'abri du froid. Je me rends compte, à la réflexion, que l'évacuation de FOURNIER m'a finalement bien servi.
Sans elle, de nuit, je n'aurais jamais trouvé le poste de secours.
J'aurais erré dans la nuit jusqu'au moment où, par manque de sang et de forces, j'aurais chuté quelque part et peut-être gelé sur place. Tandis que là j'ai pu rejoindre directement le poste de secours.
Au matin on m'évacue en ambulance vers l'hôpital arrière (Spears) installé dans un hôtel à HOWALD (une station d'hiver des Vosges).
Ici c'est l'usine : les chirurgiens opèrent sans discontinuer. On me dit : « II faut curer ta plaie et recoudre l'arrière du bras qui est déchiqueté ». On m'allonge sur une table d'office et on m'injecte, en intraveineuse, un liquide inconnu.
Je perds conscience presque aussitôt pour me réveiller quand on m'empoigne pour me placer sur un chariot.
Je crie : « Attendez pour me charcuter. Je ne dors pas encore ». L'infirmier éclate de rire : « C'est fini ton opération. Tu te réveilles ».
Très bonne nouvelle, car combien de nos copains sont morts justement pour ne pas s'être réveillés après leur opération ! Je me retrouve dans une grande salle pleine de lits, serrés au maximum. Je suis parmi les vernis car nombreux sont ceux qui souffrent et gémissent.
Les plus à plaindre sont 2 Fusiliers Marins, noirs des pieds à la tête et boursouflés. Ils ont brûlé dans leur char ou leur half-track. Ils n'arrêtent pas de gémir et de crier, la nuit comme le jour.
Au bout de 3 ou 4 jours on vient les mettre sur un chariot. Ils ne disent plus rien. Ils sont morts. Horrible !
Plusieurs morts s'en vont ainsi. Ils sont vite remplacés. Ici, pas de visites, ni de consolations : c'est chacun pour soi. On crève ou on guérit, on pleure ou on dort. C'est l'antichambre de l'enfer. Je suis là depuis une huitaine de jours quand on nous annonce un prochain départ. On va être évacués par train sur l'arrière.
Ma blessure s'arrange et je figure parmi les valides. Comme il ne s'agit pas d'un train-hôpital mais d'un train ordinaire on n'évacue que les personnes transportables en les classant en deux catégories : ceux qui peuvent voyager assis et ceux qui doivent voyager sur civières ».
Alexis LE GALL
Groupe Facebook "Alexis Le Gall son devoir de mémoire"
source : Alexis Le Gall, son devoir de mémoire
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