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Par authion le 1 Février 2020 à 19:45
La 13e demi-brigade de Légion étrangère
André-Paul Comor et Ludovic de La Tousche
Format : 22,3 x 30 cm
Nombre de pages : 192 pages
Illustrations : Plus de 800 photos inédites
ISBN : 9782364451490
Prix : 39,00 €
Les auteurs :
André-Paul Comor est maître de conférences honoraire à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence, auteur de nombreux travaux importants sur l'histoire militaire et notamment la Légion étrangère.
Ludovic de La Tousche est officier de cavalerie.
" De Narvik à Diên Biên Phu, de Bir Hakeim au Mali, cela fait 80 ans que les légionnaires de la "13" servent la France sur tous les théâtres d'opérations. Découvrez l'histoire de cette prestigieuse unité grâce à plus de 800 photos..."
Bonne lecture,
Pierre de Taillac
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Fondation B.M.24 Obenheim
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Par authion le 31 Janvier 2020 à 15:18
Les combats de Grussenheim sont particulièrement représentatifs des opérations conjointes de la D.F.L et de la 2e D.B. au sein du Groupement VEZINET durant la campagne d'Alsace.
Après l'abandon du Bois d'Elsenheim par les Allemands le 27 janvier 1945, le général du Vigier, venu à Scherwiller au P.C. du général Garbay (commandant de la 1ère DFL), lui prescrit de pousser en direction de Grussenheim .
Il fallait prendre GRUSSENHEIM pour couvrir l'action principale de la 3ème D.I. américaine à Jebsheim et permettre de foncer sur le RHIN pour isoler les Allemands encore au Nord, jusqu'à Strasbourg.
Le général Garbay détache alors au 2ème sous groupement du G.T. Vésinet du Lieutenant-colonel PUTZ le seul bataillon disponible : le 1er Bataillon de Légion Etrangère, qui tient Illhaeusern depuis le 24. Les deux détachements mixtes formés par PUTZ démarrent leur attaque le 27 depuis le carrefour 177...
Le 27, ouvrir la voie, la mission du Génie
Il fut assigné aux Sapeurs du Génie la mission suivante : "franchir la BLIND de vive force devant GRUSSENHEIM... ; nous disposerons d'un important matériel Treadway que la division américaine voisine doit mettre à notre disposition. La 1ère section, commandée par le Lieutenant ARNAUD, est chargée d'assurer à l'infanterie le passage de la rivière sur bateaux pneumatiques".
Le Génie de la D.F.L. commence à travailler et, brutalement, à 22h30 un déluge de fer et de feu s'abat sur leur chantier. Les tirs d'automoteurs, de mortiers et d'une batterie d'obusiers ainsi que ceux des mitrailleuses lourdes convergent vers le pont.
Dès les premières rafales, la section du GENIE est anéantie. 10 tués dont le Lieutenant ARNAUD, mort dans les bras du « toubib », le Dr LEVY-LEROY, l'Adjudant-chef LELONG et le Sergent BRUT, 30 blessés, 2 Sapeurs indemnes dont notre camarade et ami Louis GIRAUD.(...)
... Mal protégés par leur parapet de neige, nos fantassins sont durement touchés et, pour mettre un comble à la confusion, des Allemands restés terrés, dissimulés dans les buissons le long de la berge, se relèvent et tirant dans le dos des hommes de la Légion et du Tchad en poussant des hurlements pouvant faire croire à un assaut, créent un début de panique enrayée à peine née.
Pendant près d'une heure le tir allemand continue causant aux Compagnies de lourdes pertes en hommes et en matériel. L'antenne médicale est en effervescence, les médecins du 13ème Bataillon médical (2ème D.B.) et ceux de la 1ère D.F.L. se multiplient sans le moindre souci du danger et nos ambulances vont rouler toute la nuit pour évacuer les blessés. Puis, le silence revient...
Le 28, le jour se lève, une autre section du Génie de la D.F.L. assure le lancement d'un pont TREADWAY au cours d'une manoeuvre rapide qui a lieu dans les meilleures conditions, sans aucune réaction de l'ennemi.
Vers 10h le Lieutenant-Colonel PUTZ donne ses ordres. L'attaque de GRUSSSENHEIM se fera par l'Ouest. La C.A. 3 (Capitaine DUAULT) du III/R.M.T. renforcée de 2 chars de la 1ère Section de la 2ème Cie du 501 R.C.C. fera, sur l'axe JEBSHEIM-GRUSSENHEIM, une attaque de diversion.
L'action principale sera commandée par le Commandant DEBRAY qui disposera de deux colonnes.
AU NORD : aux ordres du Commandant de SAIRIGNE, la 1ère Cie de Légion (Capitaine LANGLOIS) renforcée d'une section de mitrailleuses lourdes de la Légion, de la 11ème Cie du R.M.T. (Lieutenant BACHY) et la 3ème section de la 2ème Cie du 501 R.C.C. (Lieutenant LA BOURDONNAYE), qui n’a plus que 3 chars.
AU SUD : aux ordres du Capitaine de WITASSE, la 2ème Cie de Légion (Capitaine LANGLOIS), la 12ème Cie du R.M.T. (Capitaine de CASTELLANE) et la 2ème Section (2 chars) du 501ème R.C.C. (Aspirant RICHARDEAU). - La 3ème Compagnie de Légion (Capitaine MATTEI) gardera le pont. - Les Tanks-Destroyers du 2ème Peloton du 2ème Escadron du R.B.F.M. de l'Aspirant MAYMIL (qui sera mortellement blessé peu après) - appuieront l'opération principale.
L'Artillerie doit effectuer un tir de 155 sur objectif et préparer l'attaque de 12h30 à 13h. L'heure du débouché est fixée à 13 heures....
Le récit de Pierre DEBRAY, 501e RCC
" L'un et l'autre, SAIRIGNE comme WITASSE n'avaient plus à donner des preuves de leur bravoure, et comme moi ils devaient méditer sur notre mission .....
vers 12h40 n'y tenant plus, sans avoir pu se concerter ils venaient me trouver pour me dire "ce n'est pas possible, personne n'arrivera à Grussenheim" et tous les trois nous allâmes trouver PUTZ que nous ébranlâmes.
Lieutenant colonel Putz, Compagnon de la Libération
Mais sur ces entrefaites arriva le chef État-major du G.T.V., le commandant PUIG, un artilleur colonial frais émoulu du cours d'E.M. et, bien sûr, sans expérience du combat rapproché.
PUTZ se tourna vers lui pour lui faire part de nos objections qu'il balaya catégoriquement "La mission c'est la mission, ça n'a déjà que trop traîné". Il nous prévint cependant qu'on signalait vers ELSENHEIM une forte concentration de chars allemands qui probablement nous contre-attaqueraient, et pour y parer nous allions recevoir un escadron de T.D (Tank Destroyers) du 8ème Régiment de Chasseurs d'Afrique, commandé par le Capitaine PERIQUET qui d'ailleurs se présentait au moment où SAIRIGNE, WITASSE et moi, n'ayant plus rien à apprendre, saluions et repartions.
Ma Jeep n'avait pas parcouru 200m que ma radio grésillait « ici MAUNOURY (c'était l'officier de transmission du III/R.M.T.) le colonel PUTZ tué revenez tout de suite ».
Je bondis pour trouver trois cadavres : un obus tombé en plein milieu de leur petit groupe avait tué PUTZ, PUIG, PERIQUET...
Je saluai et sans tarder suspendis l'attaque des fantassins tant de SAIRIGNE que de WITASSE.
Presque tout de suite un message de DUAULT rendait compte que, « sans coup férir, il était arrivé au carrefour Sud de Grussenheim ».
C'était capital et immédiatement je donnai l'ordre à la 11ème Compagnie de remonter sur ses half-tracks, à WITASSE de les prendre sous ses ordres et avec ses chars de rejoindre DUAULT en passant par JEBSHEIM.
Pendant que ce mouvement se préparait, mais c'était forcément long, je cherchai à faire préciser par DUAULT s'il était parvenu au carrefour Sud de GRUSSENHEIM, c'est à dire à l'extérieur, ou au carrefour Sud, c'est à dire dans GRUSSENHEIM.
WITASSE par son chef de peloton, le Lieutenant MICHARD, qui était avec DUAULT, eut confirmation que le détachement avait bien pénétré dans GRUSSENHEIM.
Pendant tout ce temps et sans que j'y prisse bien garde le scout-car radio du G.T.V. qui avait accompagné PUIG avait envoyé au P.C. un message annonçant que nous avions atteint notre objectif. C'est GUILLEBON, rentré de Paris, et reprenant son commandement qui reçut le message ; et suivant sa bonne habitude il sauta dans son command-car pour venir sur place.
Il arriva rayonnant, surpris de voir que je faisais pâle figure. En effet je venais de recevoir un message de WITASSE demandant des instructions car, au moment où il débouchait de JEBSHEIM, il se heurta au petit détachement DUAULT bousculé et rejeté de GRUSSENHEIM par les blindés et fantassins allemands.
Il était près de 16h - sous peu ce serait la nuit - et déjà le jour tombait. GUILLEBON - et je lui en garde une grande reconnaissance - me dit « mon cher DEBRAY, quelle que soit la décision si ça tombe juste vous n'en aurez pas forcément la gloire, mais si ça foire c'est bien à vous qu'on le reprochera, alors je vous laisse décider » - et il s'éloigna. Ma réflexion fut brève, c'était tout le sous- groupement qui était à pied d'œuvre et j'ordonnai à WITASSE de poursuivre la mission « prendre Grussenheim » - ce qui fit dire à GUILLEBON, en me quittant « vous avez un sacré culot ».
En fait j'eus raison. Le Colonel ROBLIN qui commandait un sous-groupement de la 5e D.B. tenant le pont du Moulin de JEBSHEIM fit exécuter par ses chars un tir de fumigènes protégeant WITASSE des coups que, sur sa droite, les Allemands en lisière de bois auraient pu lui porter.
Jacques DE WITASSE, à gauche sur le char
Et vers 16h30 par l'artilleur THIOLLIERE qui le sut par son D.L.O., je sus que la 11ème Compagnie était dans GRUSSENHEIM.
Dans la Jeep avec THIOLLIERE, je fonçai vers le village. Il faisait nuit noire quand nous parvînmes au fameux carrefour au Sud dans le village - il faut bien dire que c'était assez pagailleux - comme toujours en pareil cas.
Ça tiraillait un peu dans tous les azimuts et au centre du carrefour, le grand BACHY, le Lieutenant commandant la 11e, essayait de mettre de l'ordre. Je l'orientai vers un quartier, CASTELLANE et sa 12e vers un autre. Je leur fixai l'emplacement provisoire de mon P.C. et leur prescrivis de me tenir informé au fur et à mesure qu'ils auraient atteint les lisières extérieures et nettoyé les bâtiments des Allemands pouvant y être réfugiés.
C'est vers 19h qu'il me fut rendu compte que tout était fini, et que le Bataillon SAIRIGNE lui aussi avait rejoint d'Ouest en Est.
Gabriel Brunet de Sairigné, 13 DBLE, Compagnon de la Libération
Je réunis alors les divers commandants d'unité leur donnant à chacun, y compris à la section du Génie, un morceau de lisière à défendre et renforçant certains points d'appui d'un char ou d'un T.D. puis avec les artilleurs nous mîmes au point un plan de feux et ... je changeai de P.C. pour m'installer à peu près au centre du village dans le bâtiment qui paraissait le moins abîmé et assez vaste pour abriter mon P.C. et celui de l'artilleur.
Vers minuit ... Roulés dans nos couvertures, à même le sol, notre entassement nous tenant chaud, nous dormîmes malgré les bruits extérieurs des camions ravitaillant toute la nuit les unités en carburant, vivres et munitions - avec en accompagnement, un ou deux obus fritz de temps en temps.
Brusquement, à 6h la cadence s'accéléra brutalement, me réveillant, et je secouai les autres prévoyant que ce devait être le signal d'une attaque. En effet presque aussitôt un, puis deux, puis tous les points d'appui, signalèrent qu'ils étaient tâtés et bientôt ce fut l'attaque générale, et même l'assaut.
Vers 8h30 le Colonel ROBLIN me fit savoir qu'il arrivait et déjà ses premiers éléments, l'Escadron de chars de St Germain, sa Compagnie d'Infanterie, venaient appuyer les nôtres que protégeaient admirablement, comme six semaines plus tôt à WITTERNHEIM, les feux des artilleurs.
Outre son groupe, TRANIE disposait des feux de sept groupes tant français qu'américains et il les appliqua avec sa maîtrise habituelle, au point qu'on entendit les fantassins, à la radio, crier leur admiration « bravo les artilleurs ».
Les Allemands attaquaient avec la rage du désespoir - beaucoup tombaient quelques-uns passaient - à la porte arrière de notre ferme P.C. Nos chauffeurs et même les radios durent faire le coup de feu et CASTELLANE devait plus tard me montrer les Allemands tués à la baïonnette alors qu'ils escaladaient des appuis de fenêtre.
Cet acharnement rendit plus étonnant le silence qui d'un coup, à 10h30 tomba comme une chape ...... les Allemands cessaient le combat : plus d'obus - plus de blindés - et dans les hangars à moins de 100m des lisières Est, 250 prisonniers furent ramassés qui un quart d'heure plus tôt donnaient l'assaut en hurlant.
Il me paraît probable que l'évacuation de leur poche vers STRASBOURG terminée, les Allemands jugèrent inutile de continuer les frais.
Pour nous aussi le prix était élevé.
Nous avions gagné, mais comment ne pas pleurer tous ceux tombés pendant ces trois jours, au R.M.T., au 501e et au XI/64, à la 13e 1/2 de SAIRIGNE et au sous-groupement ROBLIN de la 5 e D.B.
Vers midi la relève par le colonel ROBLIN était terminée et nous reprenions en sens inverse la route vers SELESTAT. Au passage du Moulin de JEBSHEIM je fus touché d'être invité par le lieutenant-colonel RENAUDEAU D'ARC, de la 5 ème D.B. à me restaurer, touché surtout de ses compliments pour ce que nous avions réussi ».
Commandant Pierre DEBRAY
Extraits des Souvenirs de Pierre Debray, libérateur de Grussenheim, combattant de la 2 ème D.B., Colonel de Cavalerie, Commandeur de la Légion d'Honneur (né le 15 octobre 1907 à Charenton, décédé le 25 Janvier 1995 à Senlis, Inhumé à Cure (Yonne).
Souvenirs publiés dans l'ouvrage de Jean-Philippe STRAUEL « La bataille de Grussenheim"
La fin de l'Enfer pour les habitants de Grussenheim, par Jeanne HETZLER
29 Janvier 1945
« La nuit passée au Bunker du 28 au 29 janvier 1945 avait été relativement calme, et n'étant plus du tout habitués à ce calme, nous nous sommes hasardés hors du Bunker. Et ce n'est qu'à ce moment-là, que nous avons pleinement réalisé que nous étions libérés. Il y avait des Français et des Américains partout, qui tous après cette terrible bataille, avaient peine à croire qu'il pouvait y avoir encore des êtres humains dans ces tas de ruines. Ce n'est qu'à ce moment-là, que nous leur avons parlé vraiment, les touchant pour voir s'ils étaient bien réels, en pleurant et bafouillant, tellement l'émotion était grande, nos nerfs mis à rude épreuve pendant tous ces jours de tirs d'obus, de fracas, de hurlements, de peur, nos maisons en ruines, les bêtes brûlées ou tuées, nos morts. Et surtout la vue de tous ces militaires tués ou morts de froid, qui jonchaient les abords de la Blind, car il ne faut pas oublier que GRUSSENHEIM était une tête de pont pour la traversée du Rhin. On ne trouve pas de mots pour décrire ce carnage, cet enchevêtrement de corps, de bras, de jambes, d'éclats d'obus, de blessures ouvertes où le sang était figé, ces visages rigides, souvent les yeux encore ouverts sur l'horreur.
Les militaires nous donnèrent du ravitaillement et nous pouvions enfin une fois manger à notre faim.(...)
LE RETOUR DU GENIE A GRUSSENHEIM LE JOUR DE LA FETE DE LA LIBERATION (1946)
Col. Marcel PARTOUCHE
POUR ALLER PLUS LOIN : TOUS LES TEMOIGNAGES RELATIFS A LA BATAILLE DE GRUSSENHEIM
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Par authion le 30 Janvier 2020 à 20:47
Blandine Bongrand Saint Hillier nous fait part du décès de M. Marius Olive ancien du Bataillon d'Infanterie de Marine et du Pacifique de la 1 ère DFL
(Photo 1ere DFL)
Photo de Maxime le Blond prise à Bordeaux lors d'une visite de Marius à son ami Marcel Barbary.
Marius est décédé ce jour 30 janvier. La cérémonie religieuse aura lieu Samedi 1er Février à l'Eglise Orthodoxe de Port de Bouc.
Article du 29 avril 2015
Revue de Presse / Web :
commémoration des 70 ans de l'AUTHIONLa Fondation B.M.24 Obenheim
présente ses sincères condoléances à sa famille.Fondation B.M.24 Obenheim
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Par authion le 29 Janvier 2020 à 13:44
Mardi 28 janvier, Edgard Tüpet-Thomé, Compagnon de la Libération, a été élevé à la dignité de Grand’Croix de la Légion d’Honneur par Hubert Germain, Compagnon de la Libération et Grand’Croix de la Légion d’Honneur, à l’Institution nationale des Invalides.
(Photo Ordre de la Libération)
(Photos Ordre de la Libération)
Biographie
(Texte Ordre de la Libération)
(Photo : Journal L'Ardennais)
Alias : Thomé – TomEdgard Tupët est né le 19 avril 1920 à Bourg-la-Reine (Seine).
Après l'obtention de son baccalauréat, il poursuit ses études à l'Ecole supérieure de Théologie de Reims. N'ayant pas la vocation, il choisit en octobre 1938, de s'engager par devancement d'appel au 8e Régiment de Zouaves à Mourmelon.
Il participe comme sergent aux attaques en Lorraine dès septembre 1939 puis en Belgique en mai 1940. Il prend part à l'évacuation de Dunkerque, son unité protégeant l'embarquement du corps expéditionnaire britannique.
Fait prisonnier le 4 juin à Dunkerque, il s'évade de Rexpoëde le 10 juin au cours de son transfert vers l'Allemagne.
Au lendemain de l'armistice, n'acceptant pas la défaite, Edgard Tupët tente vainement de quitter la France pour rejoindre les Forces françaises libres. Démobilisé en septembre 1940, il trouve un emploi à Clermont-Ferrand et entre par hasard en contact en novembre 1940 avec Roger Warin (réseau Ronald) dont il devient, avec Stanislas Mangin, un des adjoints. Il est particulièrement chargé de repérer des terrains d'atterrissage clandestins.
En mars 1941, Roger Warin établit une liaison directe avec l'Etat-major de la France libre à Londres par l'intermédiaire de Pierre Fourcaud, chargé de mission du général de Gaulle. Le 1er avril 1941, Edgard Tupët devient, avec quatre camarades de résistance (Mangin, Warin, Tavian et Maurice Andlauer), le premier engagé militaire secret dans les Forces françaises libres. Il exécute des missions de liaison pour le compte de Pierre Fourcaud jusqu'à l'arrestation de ce dernier en août 1941. Il participe à la préparation de son évasion, malheureusement sans réussite.
Envoyé par Warin en Grande-Bretagne, il quitte la France en août 1941 avec le sergent Forman et Joël Le Tac, traverse l'Espagne et, via le Portugal et Gibraltar, rejoint l'Angleterre où il fait un rapport sur les activités du groupe. Sous le pseudonyme d'Edgard Thomé, il est affecté à l'état-major particulier du général de Gaulle et suit une instruction parachutiste et l'entraînement du Bureau des Opérations aériennes (BOA). En Angleterre en novembre 1941, il retrouve Roger Warin, alias Wybot, qui est parvenu à s'évader de France et se voit chargé d'une mission en France par le Bureau central de Renseignements et d'Action (BCRA).
Parachuté le 9 décembre 1941 dans la région de Châteauroux sur un terrain qu'il a choisi, il est accompagné du radio Joseph Piet. Blessé à la tête lors de l'atterrissage, il est chargé de mission, responsable des opérations aériennes et de la branche « Action » du réseau « Ali-Tir » dont Stanislas Mangin dirige la branche « Renseignements ».
Adjoint immédiat de Mangin, dont il organise le départ par Lysander en février 1942, Thomé travaille comme agent de 1ère classe. En avril 1942 il fait partir Gaston Tavian dans les mêmes circonstances que Mangin.
En raison des blessures reçues six mois plus tôt, il doit quitter la France pour pouvoir se soigner. Le 29 mai 1942, à l'occasion du retour de Tavian par une opération Lysander, Tupët-Thomé, accompagné de Philippe Roques, s'envole pour l'Angleterre.
Promu lieutenant, il bénéficie d'une convalescence puis, à son retour à Londres, demande son affectation dans une unité combattante. En novembre 1942, il quitte l'Angleterre pour le Détachement d'instructeurs commando de Saint-Pierre-et-Miquelon, sous les ordres de Stanislas Mangin.
En février 1943, toujours avec Mangin, il est affecté au Détachement (puis Bataillon) des Antilles dont il crée et commande la 2e compagnie qu'il entraîne jusqu'en juillet 1943.
En août 1943, le lieutenant Tupët-Thomé rejoint à sa demande le 4e Bataillon d'infanterie de l'air (4e BIA) à Camberley et est breveté parachutiste le mois suivant.
En janvier 1944, il est muté comme commandant en second de la 2e compagnie du 3e BIA, qui devient en juillet 1944, le 3e Régiment de chasseurs parachutistes (3e RCP). Avec le 3e RCP, il remplit, début août 1944, une première mission parachutée dans la région de Daoulas dans le Finistère. Avec sa seule section (12 hommes) il attaque une Kommandantur forte de 60 hommes, tue 12 Allemands, fait 40 prisonniers, repousse une attaque ennemie et libère Daoulas.
Il attaque ensuite la garnison allemande de Landerneau, lui inflige de lourdes pertes et libère la ville. Il rejoint alors la 6e Division blindée américaine pour laquelle il exécute plusieurs missions de reconnaissance.
Edgard Tupët-Thomé est parachuté une deuxième fois le 27 août 1944 dans le Jura ; il attaque et prend Clerval (Franche-Comté) qu'il défend avec 50 hommes contre 27 chars et voitures blindées ennemis. Il tue une trentaine d'Allemands et détruit un char. Il rejoint ensuite la 7e Armée américaine et, affecté à un groupe de reconnaissance divisionnaire, se distingue notamment à Arches lors du passage de la Moselle. Le 23 septembre 1944, il ramène sous des feux de mortiers un soldat américain blessé dans ses lignes.
Parachuté une troisième fois en Hollande le 7 avril 1945, il effectue avec sa section forte de 15 hommes de nombreuses attaques sur les voies de communication infligeant à l'ennemi de sérieuses pertes en hommes et matériel.
En 1945, il démissionne de l'Armée et, après avoir été admis à l'Ecole coloniale d'administration, il est nommé administrateur des Colonies en janvier 1946 en Tunisie.
Il devient ensuite Président Directeur Général de la Coopérative viticole de Takelsa en Tunisie.
En 1950, il quitte la Tunisie pour le Canada où il gère sa propriété (élevage, agriculture). De retour en France en 1955, il reprend des études, devient Ingénieur en Organisation scientifique du Travail et trouve un poste au bureau d'Etudes techniques chez Singer puis dans un laboratoire pharmaceutique à Neuilly.
De 1961 à 1965, Edgard Tupët-Thomé est Ingénieur chez Panhard puis chef des agences dans une société de Tourisme.
• Grand Croix de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 17 novembre 1945
• Croix de Guerre 39/45 (6 citations)
• Médaille commémorative des Services volontaires dans la France libre
• Military Cross (GB)
• King's Medal for Courage in the Cause of Freedom (GB)
• Chevalier de l'Ordre d'Orange Nassau (Pays-Bas)
• Croix de Guerre (Pays-Bas)
La Fondation B.M.24 Obenheim
présente à M. Edgard Tupët-Thomé
ses très sincères félicitations pour sa nomination.Fondation B.M.24 Obenheim
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Par authion le 24 Janvier 2020 à 15:30
Stèle de l'Illwald 2011 . à gauche Maxime Balay (Bm4) et à droite Emile Gauthier (Chambarand)
Porte-drapeaux Antoine Maniscalco et Marcel Barbary à droite
RECIT de PIERRE DEVEAUX
"... Les compagnies du B.M. 4 attaquent. Le terrain est miné, aussi mettons-nous les pieds dans les empreintes laissées par les camarades qui nous ont précédés.
L'Artillerie pilonne devant notre progression et nous offre un paysage apocalyptique fait d'éclairs, d'arbres qui craquent et s'effondrent dans l'indescriptible fracas des armes. Grisés par l'odeur de poudre montant de cet enfer dantesque, nous ressentons à ce moment un enivrement confus fait de plaisir cruel et pervers, plus fort que notre peur - car nous avions peur - celui du rapace qui fond sur sa proie...
Nous sommes stoppés, car le Génie n'a pas terminé le pont sur l'ILL et nous attendons l'appui des chars.
Nous stationnons dans la forêt. Des bras tendus s'élèvent au-dessus de quelques sapes ennemies dont les occupants retardataires se rendent. Nous prenons les abris que viennent d'abandonner les Allemands. Le bois est marécageux, il y a partout des canaux de plusieurs mètres de largeur. Nous regardons construire un pont. Quand les chars arrivent à proximité de la 2e Compagnie, la vibration du sol provoque l'explosion des mines qui blessent ou tuent une quinzaine d'hommes.
Nous sommes incapables d'utiliser nos armes, car lors de la progression par bonds, la chaleur de nos mains a fait fondre la neige, et l'eau qui s'est introduite dans les mécanismes a gelé, les canons sont bouchés. Certains essayent d'uriner sur les culasses, mais n'y parviennent généralement pas, car le froid particulièrement vif et l'émotion (que l'on pourrait aussi appeler la trouille) rendent introuvables nos zizis recroquevillés.
Jeudi 25 janvier : Nous piétinons, c'est très dur. Des chars empêchent notre progression en terrain découvert. La brigade trouve les Allemands fortement enterrés. Les pieds gelés commencent. Nos patrouilles avancent malgré tout.
Dans la soirée, gros émoi à l'Etat-major, l'ennemi attaque sur MOREL.
Dans la nuit, ils ont pu décrocher avec de grosses pertes. Ça devient angoissant.
Un moment on a cru perdues les autres compagnies du B.M. 4 ; il n'en est rien. 50 hommes de la 2e Compagnie sur 140 rentrent .
Que se passe-t-il sur le terrain ? A l'aube, la marche d'approche s'effectue en silence au milieu d'une plaine nue traversée par plusieurs rivières. Devant la 2ème Compagnie, de la forêt au canal du Rhône au Rhin, c'est un feu d'artifice. Le canon tonne, pilonnant les positions ennemies.
La 2e dépasse le B.M. 5 et tout à coup, c'est le silence, un silence pesant, un silence de mort qui couvre la plaine et les bois enneigés.
La 2e avance et se déploie pour atteindre son objectif : la corne Sud Est de l'ILLWALD.
A huit heures du matin par un froid de moins quinze degrés, les sections commencent à avancer dans les sous-bois. La 4e section a changé de chef depuis quelques jours. Le Lieutenant qui commandait a été blessé et remplacé par l'Adjudant-chef BOURCHANIN (un ancien de la gendarmerie).
Ses hommes sont de jeunes engagés qui ont rejoint le bataillon de marche il y a peu de temps, venus des Ardennes. Ils ne sont pas très aguerris encore, mais l'allant de leur chef les galvanise.
Les hommes marchent lentement, en tirailleurs, sur la neige dure. Le froid transperce les tenues américaines trop légères, peu adaptées à la température.
A chaque minute, l'œil et l'oreille attentifs cherchent à deviner un bruit ou une silhouette. De petits éléments ennemis sont encore disséminés dans la forêt, laissés en arrière pour retarder la progression. De temps en temps, des coups de feu partent, sur la droite, sur la gauche.
Parfois une brève rafale, une explosion de grenade. La marche est chaque fois interrompue, chaque homme à l'écoute, puis elle reprend avec davantage encore de prudence ! Mais la 2e Compagnie avance toujours.
Les quelques Allemands rencontrés sont, tour à tour, liquidés ou se replient. Aux approches de midi, la lisière est enfin atteinte et le Capitaine MOREL peut installer ses positions. Face à l'ennemi, il place la première section, la plus aguerrie, celle du Lieutenant VALOIS.
De chaque côté les deuxième et troisième sections.
Enfin, vers l'ouest, du côté des lignes françaises, la 4ème section de l'Adjudant-chef BOURCHANIN, moins expérimentée, plus fragile. Le moral est excellent, l'opération s'est déroulée de façon parfaite. L'effectif est au complet et s'ajoute la satisfaction de la mission accomplie.
Cependant une inquiétude va surgir rapidement. Le Capitaine MOREL qui a envoyé des reconnaissances à gauche et à droite de ses positions, voit revenir l'une après l'autre ses patrouilles déçues.
Les autres formations du Bataillon, sans doute accrochées plus vigoureusement par l'ennemi n'ont pu franchir le bois. La 2e Compagnie se retrouve seule, avancée à la lisière. Et tout à coup, le silence jusque-là protecteur est devenu solitude. Transis sous le froid intense, les hommes et leurs chefs sentent leurs muscles s'engourdir.
Illwald - Claude Robedat
Les heures passent, attentives et anxieuses. A plusieurs reprises, des alertes viennent crever cette solitude. L'ennemi n'est pas inactif. Il voudrait certainement reconquérir le terrain perdu ce matin et la position de la 2e Compagnie est maintenant très inconfortable.
Les Panzerfaust, les obus de mortier, des centaines et des centaines de balles traçantes, des milliers de projectiles font de cette nuit de l'ILLWALD un spectacle dantesque et hallucinant.
L'air gelé vibre aux explosions et aux crépitements, l'obscurité, pâle au-dessus du sol blanc est rayée de lueurs fulgurantes.
Au fil des minutes la situation devient critique. Elle sera bientôt désespérée, les tirs arrivant de tous côtés à la fois.
Il est même certain que les plus nourris partent des arrières où se trouve la section BOURCHANIN. Cela signifie clairement que la position a été contournée et que la Compagnie se trouve maintenant encerclée.
Les Allemands, tout vêtus de blanc (c'est un bataillon qui rentre de Norvège, bien entraîné aux combats d'hiver), attaquent avec une violence inouïe par la forêt.
Les hommes n'ont presque pas de protection. La 4e section ne peut plus faire un mouvement. Les hommes tombent sous la mitraille.
L'Adjudant-chef BOURCHANIN s'est abattu dans la neige, atteint mortellement, un des premiers, avec les trois quarts de ses hommes.
Fonds Emile Gauthier
Peu après, l'ennemi donne l'assaut, capture les quelques rescapés de la section et occupe la position.
Le Capitaine MOREL, au milieu des hommes traumatisés et désemparés qui restent en sa compagnie, réussit avec le Lieutenant VALOIS à en regrouper une quarantaine. Avançant à tâtons dans la nuit, la petite colonne cherche un passage entre les lignes ennemies pour sortir de l'enfer. Elle a fait tout de même deux prisonniers.
Puis elle arrive devant une rivière, le BENNWASSER aux eaux profondes et glacées. Il faut absolument la traverser. Ce n'est peut-être que de l'autre côté que se trouve le salut.
Mais parvenu sur l'autre rive, le Capitaine MOREL a perdu quelques-uns de ses hommes. Trop épuisés de congestion, ils ont été entraînés par les eaux, quelquefois sous les yeux de leurs camarades impuissants.
Au P.C. du Bataillon de Marche n°4, vers 22 heures, lorsque se présente enfin la 2e Compagnie, ce n'est plus qu'une malheureuse et pitoyable troupe réduite à l'effectif d'une grosse section.
Les hommes complètement exténués de fatigue et de froid - les vêtements trempés leur ont gelé sur le corps - sont dans un tel état qu'il faudra de longs moments avant qu'ils semblent revenir à la vie.
Et il faudra bien ensuite que le Capitaine MOREL, effondré devant l'ampleur du désastre, fasse le bilan.
Les présents sont rapidement comptés, il saura qu'il a perdu quatre-vingt-dix hommes : trente-cinq morts, vingt-cinq prisonniers et trente blessés.
Tragique revirement du sort des armes. D'une compagnie qui, à midi, se trouvait au complet après l'accomplissement d'une mission difficile, il ne reste ce soir que quelques hommes hébétés, rescapés - ils ne savent trop comment de l'épouvantable nuit.
Là-bas, de l'autre côté de la sinistre forêt de l'IILLWALD, le corps du chef BOURCHANIN et ceux de ses jeunes soldats éparpillés autour de lui, déjà raidis par la mort et le froid, ne sont plus que d'immobiles points sombres à la lisière du bois, étendus sur la neige d'Alsace.
Près de chacun d'eux, une tache de sang rouge vif sur l'immense tapis blanc, restera lorsqu'on aura relevé les corps, pour témoigner du sacrifice.
Dans la nuit, le Lieutenant ARTIERES rejoint le P.C. de SAINT-HIPPOLYTE avec une poignée de soldats. Après de nouveaux comptes, la 2e Compagnie déplore 60 disparus sur 140.
Parmi les morts, 5 Chambaran : Ferdinand BOURCHANIN, Raymond DUBOIS-CHABERT, Marcel GUICHET, Henri PILON et Henri VAUDAINE
Fonds Emile Gauthier
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