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    * Etape n° 43 - Avril-Mai 1945 : Le Bataillon de Marche 2 de retour au combat dans la Poche de Royan

    Si les unités de la D.F.L. avaient en décembre 1944 été pressenties pour combattre sur le Front de l'Atlantique, elles avaient promptement regagné l'Alsace devant la menace des attaques sur Strasbourg. Au Printemps 1945 s'engage l'offensive définitive sur la poche de Royan, baptisée « opération Vénérable », sous le commandement du général de Larminat. Tandis que la majeure partie des unités de la D.F.L. combat sur le Front des Alpes, c'est le Bataillon de Marche n° 2 de l'Oubangui-Chari, de retour au combat sur le sol français, qui est engagé sous les ordres du chef de bataillon Henri  Amiel.

     

    • UN PEU D'HISTOIRE...

     

     ... François BROCHE dresse le portrait d'Edgard de LARMINAT,  l'un des grands généraux de la D.F.L., appelé depuis décembre 1944 au commandement des Forces de l'Atlantique.

    Comme  le rappelle Maurice BAYROU, c'est de LARMINAT qui accède aux demandes insistantes du Bataillon de Marche 2, décimé à Bir Hakeim en 1942, de combattre sur le sol français. Les tirailleurs africains du B.M. 2 demeurent ainsi à la DFL alors que ceux des autres unités sont depuis l'automne rentrés dans leurs foyers.

     

    * Etape n° 43 - Avril-Mai 1945 : Le Bataillon de Marche 2 de retour au combat dans la Poche de Royan

    général Edgard de Larminat

    Le B.M. 2 est toujours, depuis 1941, sous le commandement du chef de Bataillon Henri AMIEL. A ses côtés, parmi les  Français Libres :  André BLANCHARD, Maurice BAYROU, BRISVALTER, Jean MUFFRAGI, le Révérend Père MICHEL...

     

    * Etape n° 43 - Avril-Mai 1945 : Le Bataillon de Marche 2 de retour au combat dans la Poche de Royan

    Ceux du B.M.2 devant Royan. A gauche, BRISVALTER

    Le récit le plus circonstancié et précis des combats du B.M. 2 dans  la Poche de ROYAN (Avril 45) et de la ROCHELLE (Mai 1945)  est celui établi par le Commandant AMIEL dans son ouvrage Le "Mémorial du BM 2" :

     

    * Etape n° 43 - Avril-Mai 1945 : Le Bataillon de Marche 2 de retour au combat dans la Poche de Royan

     Henri Amiel et le Révérend Père Michel à Chateauneuf sur Charente en Janvier 1945

     

    • 14  AVRIL 1945 : LA BATAILLE S'ENGAGE

     

    * Etape n° 43 - Avril-Mai 1945 : Le Bataillon de Marche 2 de retour au combat dans la Poche de Royan

     

    Le 14 Avril à 6h3O, "la canonnade s'élève brusquement et fait rage, l'attaque des avant-postes ennemis est déclenchée.... Notre aviation surgit, vague après vague et transforme l'horizon en incendie et fumée".

    "A partir de 15 h, le chef de bataillon, les commandants de compagnies et les chefs de sections du B.M. 2 se portent sur la crête où s'opèrent les derniers nettoyages et procèdent à une reconnaissance détaillée du terrain.
    Devant eux, à 1.000 mètres, entre deux marécages, CHENAUMOINE et BELMONT, s'allonge la crête à attaquer, première ligne de la position de résistance ennemie. Bordée par un champ de mines d'une centaine de mètres de profondeur, elle s'organise en points d'appui fortifiés que les Allemands, depuis de nombreux mois, ont étudiés avec toutes les ressources de leur savoir et de leur malfaisance.
    Le B.M. 2 encadré au Nord par le 4ème Zouaves, au Sud par le Bataillon des Antilles, a donc pour mission d'enlever une série d'objectifs successifs en direction de SAINT-GEORGES-de-DIDONNE et ROYAN.
    Le premier d'entre eux, BOUBE, centre de résistance formé de trois points d'appui en ligne et puissamment aménagé, ceinturé de mines, de barbelés, farci de blockhaus et de canons légers".

     

    * Etape n° 43 - Avril-Mai 1945 : Le Bataillon de Marche 2 de retour au combat dans la Poche de Royan

    "Le deuxième, à un kilomètre plus loin, englobe la position d'artillerie avec les villages de LA GRANGE et des BRANDES. Le troisième, LES MOULINS de-DIDONNE. Derrière, le gros bourg de DIDONNE, puis la route de ROYAN (venant de Bordeaux), ENLIAS, LA TRILOTERIE, faubourg de la ville, le Parc-Forêt et la Grande CONCHE face à l'océan".

    • 15 AVRIL 1945 : CONQUETE DES POINTS DE RESISTANCE

     

    * Etape n° 43 - Avril-Mai 1945 : Le Bataillon de Marche 2 de retour au combat dans la Poche de Royan

    "L'aviation de bombardement est entrée en action ; par vague-massives, elle déverse des tonnes de bombes sur les objectifs voisins. Les escadres rapides, haut dans le ciel, laissent derrière elles de longues traînées blanches parallèles; le premier avion pique vers l'objectif et laisse tomber une bombe traçante ; dans son sillage, scintillantes et argentées, les autres suivent en pluie serrée. On les suit à l'oeil jusqu'au moment où elles disparaissent dans d'immenses nuages de fumée, au milieu d'explosions et de hautes gerbes de flammes sans cesse renouvelées ; c'est un roulement de tambour continu, un bruit fracassant, une image de l'enfer à l'échelle des temps modernes".

    * Etape n° 43 - Avril-Mai 1945 : Le Bataillon de Marche 2 de retour au combat dans la Poche de Royan

    Les brenn-carriers...

    "Dès 13h20, la tête de la 5ème compagnie est aux environs de la brèche du champ de mines (H-5 mn). Le chef de bataillon, debout dans son Brenn-Carrier piloté par le sergent-chef Yervant CHILVERVORKIAN, se porte à cet emplacement. Cinq minutes avant la levée du bombardement, il lance la compagnie dans la brèche sur laquelle travaille déjà le sous-lieutenant GROS et ses pionniers".

    * Etape n° 43 - Avril-Mai 1945 : Le Bataillon de Marche 2 de retour au combat dans la Poche de Royan

    Le sous-lieutenant GROS aux avant-postes

    "13h30 - L'attaque ayant débordé l'ouvrage C. 102 par le Sud surprend les Allemands par sa vitesse et continue sa progression vers C. 107, point d'appui du centre. Les Allemands n'ont pas le temps de relever la tête, ils sont sabrés avec furie ; Blancs et Noirs sont déchaînés, ils sautent, hurlent, taillent et, sans presque s'arrêter, bondissent sur le dernier ouvrage, C. 109, près du marais, et s'en emparent. Nombre de prisonniers : 80. Actions de détails sur les blockhaus et les emplacements individuels".

    * Etape n° 43 - Avril-Mai 1945 : Le Bataillon de Marche 2 de retour au combat dans la Poche de Royan

    * Etape n° 43 - Avril-Mai 1945 : Le Bataillon de Marche 2 de retour au combat dans la Poche de Royan

     Reddition des Allemands près de Boube

     

    LES MOULINS DE DIDONNE - "La 5ème compagnie aborde les MOULINS DE DIDONNE et enlève ce nouvel objectif après un rapide et violent engagement, bien soutenu par les chars. Les Allemands s'accrochent dans les maisons, nos chars les canonnent à bout portant ; Brenns-Carriers emmenés par le capitaine BLANCHARD et fantassins donnent l'assaut. Pertes allemandes : 80 tués, 10 prisonniers. Le chef de bataillon en rend compte au colonel et, pour profiter du succès, pousse sans désemparer sur DIDONNE, avec la 5ème compagnie et les chars, sans attendre le B.M.A. 5 retardé".

    "Le bataillon, à pied, a enlevé tous ses objectifs à une allure de troupe motorisée (les hommes, en treillis de combat, avaient été allégés au maximum, d'autant plus qu'au cours de la journée le temps était magnifique et chaud). Le B.M. 2 est seul maintenant en pointe, il doit s'arrêter (...) L'ennemi s'accroche désespérément sur cette ligne de défense intérieure puissante : SAINT-GEORGES-de-DIDONNE - ENLIAS. Une section de la 5ème compagnie tente de forcer le barrage vers ROYAN, elle est plaquée au sol.

    A 15h 55  le chef de bataillon AMIEL, appelé au P.C. du sous-groupement, apprend la mort du lieutenant-colonel TOURTET (Bataillon des Antilles-BMA 5) , tué par un obus dans DIDONNE. Quelques instants après, à son retour à Didonne, le commandant AMIEL salue le corps du colonel encore étendu sur la chaussée". Il  trouve également  ... le lieutenant François VALLI, commandant la 5ème compagnie du B.M. 2, "blessé très grièvement, ainsi que le lieutenant ANGELIER, chef de la 3ème section, et de nombreux gradés et tirailleurs.... Il " trouve encore étendu, seul au milieu de la grande rue de DIDONNE, l'adjudant Paul ZILLIOX, engagé de la Haute-Sanga en 1940 grièvement blessé. Grièvement blessés aussi : le capitaine BLANCHARD, officier de liaison et de renseignement, commandant le C.H.R ; les sergents-chefs SCHOENENBERGER, Charles PEREZ et VALLERIN, braves des braves.
    Le sérieux sergent radio MERBEL, ancien professeur de mathématiques au cours secondaire de Brazzaville, est mortellement blessé...

    C'est dans cette situation dramatique que le commandant AMIEL va reprendre l'offensive et tenter de passer. Le B.M. 2 reçoit l'ordre de pousser sur la route de ROYAN en direction de LA TRILOTERIE comme prévu dans l'Ordre d'Opérations n°2. (...)
    Un fort point d'appui, à cheval sur la route de ROYAN, à hauteur d'ENLIAS, en verrouille l'accès. (...) Le commandant AMIEL s'engage avec le lieutenant MUFRAGGI en tête de l'attaque, sur la route infernale, ombragée de grands arbres, aux fossés pleins d'herbe, mais piégés. A droite et à gauche, les champs minés interdisent toute manoeuvre".

     

    * Etape n° 43 - Avril-Mai 1945 : Le Bataillon de Marche 2 de retour au combat dans la Poche de Royan

    La route infernale d'Enlias...

    Au terme d'une âpre bagarre au cours de laquelle flambe un de nos chars B.1, et suite à l'arrivée de renforts, " Le commandant AMIEL arrive à faire progresser lentement, mètre par mètre, infanterie et chars le long de la route et, après un violent abordage du lieutenant MUFRAGGI, facilité par la destruction d'une barricade par le chef de section du génie, le point d'appui est emporté". 4O prisonniers sont faits. (...) En raison de la disposition des champs de mines, l'attaque frontale était seule possible et canalisée par la route. Ce combat a duré quatre heures...

    20h 40 . Le commandant poursuit vers la TRILOTERIE... Il " fait transporter par des navettes de Brenns-Carriers la 7ème compagnie puis le gros du P.C. bataillon et, enfin, la 6ème compagnie. La compagnie lourde est transportée de même dans les Brenns-Carriers des antichars.
    C'est le rush du bataillon vers la ville. (...) La 5ème compagnie enlève les blockhaus de LA TRILOTERIE débouchant ainsi la première dans ROYAN...

    Maurice BAYROU écrit « Il est plus de 10 heures du soir : pour aujourd'hui, c'est la fin des combats ; le bataillon s'installe défensivement sur le terrain conquis. La terre, cette nuit, sera douce au combattant.
    Elle sera douce aussi à tous les braves qui sont tombés. Nous faisons l'appel : combien de blessés, combien de morts ?
    Parmi ces derniers l'adjudant FORGET, un des anciens du bataillon, de ceux du ralliement, de Syrie, de l'Euphrate, de Bir-Hakeim ; le petit chef BARBOT, gai compagnon, sportif et plein d'entrain, volontaire de la Réunion ; le chef comptable TRICARD de Madagascar, qui avait insisté pour combattre aux premiers rangs ; notre sympathique CHARLIE, lui aussi comptable, tombé en tête de sa section ; TIEFFENBACH, motocycliste de la 7e, toujours si actif et dévoué, tué en pleine action ; le sergent-chef indigène DAMA, ancien de Bouar, un de nos plus sérieux gradés...
    La liste est encore longue : en dix heures de combat, le B.M.2 vient de perdre 107 hommes, 23 tués et 84 blessés. »

    Le 16 avril le B.M. 2 poursuit le nettoyage des faubourgs de ROYAN.

    Le chef de bataillon AMIEL conclut en ces termes :

    "Le 17 avril 1945, l'amiral MICHAELLIS, commandant la poche de Royan, se rend.
    Le 18 avril, 7 heures, l'ennemi fait connaître qu'il accepte les conditions de reddition.
    Plus de 800 Allemands défilent devant nos troupes.
    La bataille de ROYAN est terminée ».

     

    * Etape n° 43 - Avril-Mai 1945 : Le Bataillon de Marche 2 de retour au combat dans la Poche de Royan

    Attaque de Royan - un tirailleur du B.M. 2 et ses prisonniers

     

    * Etape n° 43 - Avril-Mai 1945 : Le Bataillon de Marche 2 de retour au combat dans la Poche de Royan

     Le port de Royan détruit

     

    •  MAI 1945 : DERNIERS COMBATS DEVANT LA ROCHELLE

     

     Avec humour, le général AMIEL relate une anecdote survenue à TONNAY-CHARENTE lorsque les F.F.I. refusent l'entrée de la ville au  Lieutenant TARDREW alors que le B.M. 2 a reçu pour ordre d'opérer la relève de leur cantonnement. Il faudra  l'intervention du commandant AMIEL auprès du colonel F.F.I. du régiment "Bir Hakeim" à Rochefort pour lever  cette "résistance" : « Allô ! Un ordre du général nous prescrit de cantonner à TONNAY-CHARENTE. Votre personnel braque sur nous des mitraillettes. Etrange façon pour Bir-Hakeim de recevoir Bir-Hacheim, le vrai !".

    La voie est libérée...

     

    * Etape n° 43 - Avril-Mai 1945 : Le Bataillon de Marche 2 de retour au combat dans la Poche de Royan

    le général de Gaulle décore le caporal OMAYA

    Le 30 Avril  le Bataillon quitte MURON pour aller appuyer la défense de LA ROCHELLE.

    Récit des deux derniers jours :

    "La nuit du 5 au 6 mai, en réalité la dernière des opérations, est particulièrement agitée.
    Les patrouilles de la Kriegsmarine redoublent d'activité et nous harcèlent vivement, leurs petits-groupes s'élancent sur nous à la mitraillette.
    Leur effort semble porter à la charnière 108èmeR.I. - B.M. 2.
    Vont-ils se rabattre sur nos arrières ? C'en serait fait du bataillon, étiré et disposé en saillant sur la ligne générale des avant-postes.
    Bombardement, rafales de mitrailleuses, cris dans la nuit, nos garçons veillent, pleins de sang-froid et résolus.
    Le jour se lève, le calme renaît, la troupe est épuisée.
    Un bon café, un air léger, de jolies filles dans les villages, des sourires, des fleurs, du soleil : voilà nos équipes reparties pleines d'émulation et d'ardeur.
    Ce dimanche 6 mai, elles s'avancent sur LA JARRIE, MONTROY, BOURGNEUF, se heurtent à des îlots de résistance, les abordent furieusement, mitraillette au poing, tuent des Allemands, ramènent des prisonniers : deux tués, cinq prisonniers à la ferme de La Ragondière (250 mètres au nord de Montroy) ; quatre prisonniers dont un sous-officier près de BOURGNEUF. La Kriegsmarine est surclassée.
    Le fossé antichars est là, bordant le réduit de LA ROCHELLE. Nous contemplons la ville, la Tour des Quatre Sergents, la mer toute bleue, au loin l'île d'OLERON.
    L'exaltation est à son comble, nous sommes prêts à l'assaut final.
    Le 7 mai, l'Allemand capitule.
    Le 8 mai, c'est la Victoire.
    La France est libérée ».

     

    • CHEMINS DE MEMOIRE : LE CIMETIERE DE RETAUD

     

    Le 29 Juin 1945 a lieu une émouvante cérémonie au cimetière de militaire de Retaud où reposent tous les combattants tués dans la Poche de Royan.

     

    * Etape n° 43 - Avril-Mai 1945 : Le Bataillon de Marche 2 de retour au combat dans la Poche de Royan

    L'Appel des morts du B.M. 2  au cimetière de Retaud

    In Memoriam : ANZIKANE   -BALIKOUZOU -BARBOT Albert- BELAGUE Alphonse - DAMANDZI - DEBA- DEJEAN Roger - FORGET Denis -KOLONGO - KOUMANGA - LAVAUD Théo - MEKAMBO -MONDINO Joseph -NAYEBELE - OUANDA -PAUL dit Charlie - THOMAS Jacques - TIEFFENBACH Gaston - TRICARD Guy - YAMARA - SALEADARAM -

     

    * Etape n° 43 - Avril-Mai 1945 : Le Bataillon de Marche 2 de retour au combat dans la Poche de Royan

    La tombe de Louis FORGET

    * Etape n° 43 - Avril-Mai 1945 : Le Bataillon de Marche 2 de retour au combat dans la Poche de Royan

    La commémoration du 70e anniversaire des combats de la Poche de Royan aura lieu  en 2015.

     

     

    * Etape n° 43 - Avril-Mai 1945 : Le Bataillon de Marche 2 de retour au combat dans la Poche de Royan

    Consulter CARTE JEAN PFLIEGER DES COMBATS DE LA POCHE DE ROYAN (2DB/1DFL)

    Télécharger « 1eredfl- Avril 45- le BM 2 dans la réduction de la Poche de Royan.pdf »

     

    Tandis que le B.M.2 investissait Royan, les autres unités de la D.F.L. engageaient leurs ultimes combats dans le Massif de l'AUTHION (Alpes Maritimes) : ces derniers feront l'objet de nos prochains articles.... Rendez-vous en Février prochain....


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  • La Fondation B.M. 24 Obenheim est heureuse de vous informer que la Ville de SAND en Alsace soutient la communication du Projet "Villes et Villages Libres avec la 1ère D.F.L."

    Elle remercie le Maire de SAND, Monsieur Denis SCHULTZ, de s'associer à notre projet de mémoire et de relayer prochainement  l'article sur la défense de SAND sur son site Internet.

    Revoir l'article sur les combats de SAND

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  • Henri Beaugé nous a quittés. C'est avec une immense tristesse que nous apprenons cette nouvelle. Ses obsèques seront célébrées à Paris, en la cathédrale Saint-Louis des Invalides, le mercredi 21 janvier à 10h.
    Dans un communiqué, l'Elysée a salué la mémoire d'un « grand Français », « héros de la libération de la France ». Nous nous associons à la peine de son épouse, de ses enfants, de ses proches.

    Tous ceux qui l'ont approché se souviendront de sa gentillesse, de sa discrétion et  de son élégance ;  tous ceux qui ont eu la chance de lire ses Mémoires, rééditées l'année dernière, ont été marqués par la reconnaissance envers l'accueil des britanniques lors de son engagement,  et surtout  l'esprit de fraternité qu'il exprime envers ses frères d'armes -  particulièrement les tirailleurs africains et asiatiques- qui servirent à ses côtés au sein du BM 3 et du Train de la 1ère Division Française Libre.

     

    Immense tristesse.... La mort d'Henri Beaugé, Compagnon de la Libération

    Henri BEAUGE et son épouse, lors d'un 18 Juin à la Mairie de Paris

    Nous nous souviendrons également qu'en poste à la Délégation à l'aménagement du territoire (Datar) il présida à la création des parcs naturels régionaux (1963-1971). Il avait entretemps quitté l'armée en 1965 avec le grade de lieutenant-colonel de réserve.

    Henri Beaugé-Bérubé était fidèle à l'Ordre de la Libération dont il était membre du Conseil depuis septembre 2005.

    Immense tristesse.... La mort d'Henri Beaugé, Compagnon de la Libération

    Au Mont Valérien -  De gauche à droite : Fred Moore, chancelier de l’Ordre de la Libération, Paul Ibos, Jacques Hébert, Jean-Pierre Mallet (dans le fauteuil), Louis Cortot, Henri Beaugé-Berubé, Edgard Tupët-Thomé, Yves de Daruvar et Daniel Cordier. Crédit photo : Michel Pourny

    Il était notamment Commandeur de la Légion d'honneur, Croix de guerre 39-45 avec palme, titulaire de la médaille de la Résistance, mais aussi Chevalier des arts et lettres et chevalier du mérite agricole.

    F.R.

    Biographie établie par le journal "L'Opinion"

    "On apprend la disparition d'Henri Beaugé, Compagnon de la Libération, à l'âge de 94 ans. Son décès porte à dix-sept le nombre de Compagnons vivants, qui seront mis à l'honneur, cette année, à l'occasion du 70ème anniversaire de l'Ordre, de la rénovation de son musée et du défilé du 14 juillet. Né à Brest le 6 septembre 1920, fils d'un officier de marine océanographe, il intègre l’École nationale des Arts et Métiers lorsque la seconde guerre mondiale éclate. En juin 1940, il quitte la France et s'engage dans les Forces françaises libres le 1er juillet, aux côtés de son frère Jacques. Affecté au bataillon de marche n°3 au Moyen-Orient, il prend part à la campagne de Libye en 1942 et 1943, puis aux campagnes de Tunisie et d’Italie comme chef de section antichars au bataillon de marche n°4.

    Immense tristesse.... La mort d'Henri Beaugé, Compagnon de la Libération 

    Le Lieutenant Henri Beaugé durant la Campagne d'Italie

    Henri Beaugé est alors blessé au bras, près du lac de Bolsena, le 12 juin 1944 alors qu'il effectue une reconnaissance sous un violent bombardement. Promu lieutenant, il débarque à Cavalaire, en Provence, le 16 août 1944. Il se distingue ensuite le 23 septembre 1944 devant Lomontot où il détruit des nids de mitrailleuses après une manœuvre audacieuse de ses canons. Le lieutenant Beaugé s'illustre encore le 10 avril 1945 au Fort de Brouis où il exécute des tirs extrêmement précis sur les tourelles et dans les embrasures, aidant de façon continuelle les éléments d'assaut. Au lendemain de la guerre, Henri Beaugé devient aide de camp du général Koenig en Allemagne puis officier des affaires indigènes au Maroc avant de devenir directeur du centre pétrolier d’Hassi Messaoud. Il quitte l’armée en 1965. Dans les années 1970, Henri Beaugé devient alors directeur du centre culturel d’Arc-et-Senans (Doubs) puis directeur du centre culturel de l’abbaye de Fontevraud (Maine-et-Loire)".

    Source : L'opinion.fr

     

    Immense tristesse.... La mort d'Henri Beaugé, Compagnon de la Libération

    (Éditions du Cerf, 297 p., 20 €).

    Extraits

    Le camp de Delville :  Jacques et moi signons notre engagement

    5 juillet. Le lieutenant Julitte est revenu comme il l'avait annoncé. En uniforme bien de chez nous : képi, culotte de cheval et bandes molletières, il tient cependant sous le bras un stick à la manière britannique.

    Il est monté sur une table et s'est aventuré péniblement dans un discours patriotique qui ne déchaîne pas l'enthousiasme...

    À ses pieds, une secrétaire enregistre les signatures :

    -   "Engagez-vous, précise-t-il, et vous aurez dimanche une séance de cinéma!"

    -   "Fallait le dire !" crie Le Berre, qui signe.

    Mais les arguments de ceux qui refusent sont infiniment plus pénibles à entendre.

    -    "Je n'ai pas traversé la Manche pour m'engager dans une armée de politiciens. Blum, qu'en ferez-vous dans votre armée, un général ?"

    -     "Blum n'a rien à voir dans cette affaire, affirme le lieutenant ; il est d'ailleurs toujours en  France."

    D'autres se croient devant une commission de réfrome et se tâtent le ventre, le cœur et l'estomac pour se convaincre qu'ils sont inaptes au service armé.

    Un sergent-chef veut épuiser ses droits en permissions avant de signer et demande au lieutenant de lui faciliter son retour en France pour cela !

    Quelle attitude auraient ces gens devant le feu de leur propre maison ? Nous voilà replongés dans un monde de fous, un monde irréel.

    Sur les 2 500 personnes du camp, il y aurait, dit-on, 400 signatures.

    Nous avons quitté les lieux dans un mauvais défilé, sales, mal rasés, braillant affreusement La Marseillaise !

    Il faut se fermer les yeux et les oreilles, ne rien voir et ne rien entendre, s'accrocher à l'essentiel, et croire au miracle qui nous sortira de cette infinie tristesse.

    Nous sommes arrivés à Delville sous une pluie torrentielle, mais la surprise est totale.

    Delville est un camp de baraques spacieuses dispersées dans la campagne anglaise.

    Chambrées, lavabos, salles de bain, eau chaude... séchoirs à linge, réfectoires, cuisines, foyers. Est-il possible qu'il existe dans le monde des casernes aussi bien conçues et confortables !

    Inattendu : des chiottes de 44 places dans la même salle. Jamais vu ça... Faut se faire à tout.

    Même à la biffe !

    Dès notre arrivée au camp, mes espoirs d'aviation française au Canada sont déçus : il faut avoir déjà piloté. Quelques prouesses en planeur au-dessus des clochers de Guipavas sont jugées insuffisantes.

    J'ai alors demandé la Marine.

    -  "Êtes-vous inscrit maritime ?"

    -   "Évidemment non."

    Je me suis alors souvenu que j'avais un grand-père artilleur. Demandé l'Artillerie...

    On a en vain cherché le colonel commandant l'artillerie du camp ! Il est parti pour trois jours.

    8 La France Libre recherchait alors des marins confirmés pour effectuer clandestinement des missions d'information en France occupée. (NdE)

    5 juillet 1940

    - "Il faut vous décider maintenant."

    -"Et que reste-t-il ?"

    -"L'Infanterie."

    Ayant eu, comme bien d'autres, deux grands-pères, je me suis rappelé que mon grand-père paternel avait été biffin, commandant le régiment d'Infanterie de Beauvais avant la Guerre de 1914.

    C'est ainsi que naissent les vocations. Cependant ! Faire un biffin quand on est né à Brest ! C'est vouloir être chasseur alpin dans les monts d'Arrée !

    Les camarades qui ont abandonné leurs papiers d'identité au consul général de France sont inquiets : et si ces papiers parviennent en France ?

    On nous suggère, sans trop insister, de changer de nom. Les mariolles s'en donnent à cœur joie... L'un veut s'appeler "Absent", ça fera rigoler la chambrée quand l'adjudant fera l'appel... Pas mort, le soldat Bidasse ! L'autre, qui veut un nom à consonance anglaise, pour mieux tromper l'ennemi, demande à s'appeler "Harry Cover".

    Un troisième se présente : "Handy Capet" rien de moins ! Une branche anglaise des Capétiens, sans doute ?

    Certains, enfin, plus sérieux, ne laissent pas passer l'occasion : "Assassin" devient "Alain" ; "Lévy" devient "Ferry".

    N'ayant laissé aucun papier au consul général, Jacques et moi conservons nos noms".

     

    Qui parlera de Bolbaye ?

     

    "Les Français seront-ils jamais capables d'apprécier ce que nous devons tous à ces gars-là ?...

    Dans cinquante ou soixante ans, quand les derniers témoins, à leur tour, disparaitront, qui se souviendra de la bataille de Kub-Kub, qui parlera des Canaques de Bir Hakeim, des Sarahs et des Cambodgiens de Libye, des Goumiers et des Tirailleurs marocains du Garigliano, des Mossis, des Bambaras, des Camerounais aux pieds gelés dans les Vosges ?

    Des milliers d'hommes sont morts pour notre liberté.

    Tous ont, avec nous, risqué leur vie pour que les Français n'aient pas la honte d'avoir attendu l'arme au pied que les Américains, les Russes ou les Anglais les libèrent de l'occupation allemande. Dans soixante ans, qui se souviendra de cette dette ?

    Qui parlera de  Bolbaye ? ».

     

    Henri Beaugé

     

    Plusieurs articles de notre projet de mémoire en cours sur le parcours France de la DFL  1944-1945 reprennent des extraits des Mémoires de Henri Beaugé.

     

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  • Coincidence , le 11 janvier 2015, au moment où la Nation se rassemblait pour dire la défense de ses valeurs et de sa liberté, dire non à la barbarie, Obenheim (Alsace) exprimait sa fidélité au Souvenir de la résistance des soldats du Bataillon de Marche 24 encerclés,  coupés des autres unités de la 1ère D.F.L. le 11 janvier 1945. Ces soldats  se battirent jusqu'au bout de leurs munitions ....

     

    * Ce 11 Janvier, Obenheim s'est souvenu de la Résistance et du sacrifice du Bataillon de Marche 24

    * Ce 11 Janvier, Obenheim s'est souvenu de la Résistance et du sacrifice du Bataillon de Marche 24

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  •  Son parcours exceptionnel  est évoqué ici par le général Olivier Salaun.

    Constant ENGELS, un des derniers Compagnons de la Libération encore en vie promu officier dans l’ordre de la Légion d’Honneur

    Samedi 20 décembre 2014, à la maison de retraite de Beauzelle (31), le général Olivier SALAÜN, commandant la 11e Brigade parachutiste, commandant la base de défense de Toulouse Castres, commandant d’armes de la garnison interarmées de Toulouse et délégué militaire départemental de la Haute-Garonne a remis à monsieur Constant ENGELS les insignes d’officier dans l’ordre de la Légion d’Honneur. Cette cérémonie solennelle s’est déroulée en présence du maire de la commune, des représentants locaux des trois ordres nationaux, d’une délégation de porte-drapeaux des associations d’anciens combattants, de représentants des armées et de la gendarmerie ainsi que de la proche famille de monsieur ENGELS.
    Cette cérémonie revêtait un caractère tout particulier dans la mesure où Monsieur Constant ENGELS est un des 18 derniers compagnons de l’ordre de la Libération encore vivants à ce jour. Dans quelques jours, l’année 2015 sera placée sous le signe des commémorations mémorielles associées à la célébration du 70ème anniversaire de l’armistice de la seconde guerre mondiale. Constant ENGELS fut un témoin privilégié de ces conflits auxquels il prit part personnellement durant de longs mois sous la bannière de la France Libre.

    Défense-Armée LIEN

    "Acteur majeur des combats de la France libre, la promotion comme officier dans l'ordre de la légion d'honneur de Constant Engels, revêt donc un caractère particulièrement symbolique. Fin juin 1940, alors que le maréchal PETAIN a annoncé l'armistice, Constant Engels, décide de poursuivre le combat, il s'engage alors dans les Forces Françaises Libres (FFL). Il est alors incorporé dans l'artillerie des FFL, comme second canonnier, et participe aux opérations de Dakar et du Gabon de septembre à novembre 1940.

    Le 7 juin 1942, durant la campagne de Libye, observateur et opérateur radio au sein du 1er régiment d'artillerie, Constant Engels supporte pendant deux heures, sans recevoir de soins, une grave fracture du tibia droit. Pour son action et la haute valeur de son engagement dans l'œuvre de la libération de la France et de son Empire, il reçoit en 1942, la croix de la Libération et le titre de compagnon de la Libération".

    La Dépêche du Midi

    • Biographie sur le site de l'Ordre de la Libération LIEN

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