• Dernières Nouvelles d'Alsace, 25/03/2015

     

    Obenheim - En mémoire du bataillon de marche 24 Des soldats, une rue, une exposition

    Mi-avril, une rue en l’honneur du BM24 sera inaugurée à Strasbourg. À cette occasion, les enfants d’Obenheim préparent une exposition retraçant l’épopée de ces soldats.

    Depuis plusieurs semaines, l’Histoire est au cœur des activités des enfants d’Obenheim.

    Et pour cause ! Le 16 avril, la Ville de Strasbourg inaugurera une rue, située dans le prolongement de celle d’Oberhausbergen, dédiée au Bataillon de marche 24 (BM 24) de la 1re division française libre (DFL).

    « C’est reconnaître enfin que ces soldats ont défendu Strasbourg du côté sud, indique Brigitte Pefferkorn, directrice et trésorière de la fondation du BM 24. En restant sur place, ce bataillon a bloqué l’avancée des Allemands. Laissant ainsi le temps aux soldats du génie de faire sauter les ponts de Herbsheim, Krafft, Gerstheim, Obenheim et Boofzheim. » Ceux qui ne sont pas tombés ont été faits prisonniers.

    Cette démarche de reconnaissance, la fondation l’a entamée il y a deux ans auprès de la capitale alsacienne. « Ça a été relativement vite et facile. »

    À l’occasion de cet événement et sous la houlette de leurs professeurs, les élèves de CM1, CM2 et CE2 d’Obenheim, sollicités et parrainés par la fondation, préparent une exposition retraçant l’épopée des soldats de la 1re DFL. Pour cela, ils travaillent sur des archives transmises par la fondation, sur des mémoires de soldats fournis par la Fondation de la France Libre, sur des documents de l’amicale de la 1er DFL et les ouvrages de l’historien et ancien général Yves Gras. Sans oublier le site internet retraçant le parcours de la 1re DFL et en particulier le  BM24.

    * Obenheim - En mémoire du BM 24 :  Des soldats, une rue, une exposition (Dna)

    les eleves d'obenheim repartis en petits groupes préparent activement depuis des semaines une exposition dédiée aux soldats du BM 24-photo dna

    Les enfants, qui ont au programme cette année l’étude de la Seconde Guerre mondiale, réunis en petits groupes, réalisent des posters illustrant l’épopée de ces soldats. Leurs créations seront exposées le 17 avril dans la salle des fêtes de la commune.

    La veille, les élèves obenheimois participeront à l’inauguration de la plaque de rue à Strasbourg.

    R. CH.


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  • Nos vifs remerciements à Emile GAUTHIER (B.M.4 Chambarand), Jacques VANOTTI (B.M. 21) et  Simon GREBOVAL (collectif Riviera 44).

     

    La cime de Pezurbe fut atteinte par le B.M. 21 dans la journée du 17 avril. Dominant le village de Fontan, sa prise menaçait de couper la retraite de toute la 34ème division allemande vers le col de Tende en créant un bouchon dans la vallée de la Roya. De ce fait, le Major Sunkel, suivant les ordres du général Leb, ordonne la reprise  de cette position. Malheureusement, le B.M. 21 est alors étiré sur un front d'une dizaine de kilomètres et éloigné de ses bases. Sur tout le front la résistance ennemie se raidit ; d'un côté comme de l'autre, on se bat avec le dernier acharnement et les pertes sont sévères au B.M. 21 et à la Légion accourue en renfort.  Le 24 avril  le D.A.Alp annonce une retraite générale  de l'ennemi  sur le front d'Italie. Le B.M. 4 et le 22ème B.M.N.A. ne trouvent plus alors devant eux que des champs de mines qui blessent grièvement leurs soldats. Ce même 24 avril, le 22ème B.M.N.A. franchit la frontière franco-italienne et s'empare du hameau de Piena. Le 25 avril au soir la 2ème brigade borde la Roya, de Breil à la mer. Mais la deuxième partie du programme, pénétrer en Italie, reste encore à exécuter (notre prochain et dernier article avant " La Victoire"...)

     

    •  LE B.M. 21 ET LA LEGION A LA CIME DE PEZURBE

     

    * Etape n° 49 - Alpes Maritimes- 13-27 Avril 1945 -  PEZURBE (BM 21 et Légion) et la Vallée de la Roya (BM 4 et 22e BMNA)

    Carte Simon GREBOVAL

    17 Avril

    La section Albospeyre développe son action jusqu'aux Granges de Cabanières.

    La 2ème cie Lafaurie réussit à contourner les positions allemandes par le Sud et s'empare de la cime de Pezurbe qui ne s'élève qu'à 1.000 mètres, mais qui surplombe Fontan et la vallée de la Roya... Cette situation gène considérablement les communications entre les diverses unités allemandes...

    Récit de Robert Arqueros (B.M. 21)

     

    * Etape n° 49 - Alpes Maritimes- 13-27 Avril 1945 -  PEZURBE (BM 21 et Légion) et la Vallée de la Roya (BM 4 et 22e BMNA)

    Carte Simon GREBOVAL

    18 Avril

    B.M. 21  - Dès les premières lueurs de l'aube, les batteries allemandes déployées dans le secteur de San Dalmazzo pilonnent la cime de Pézurbe qu'occupe la 2ème cie.

    Après-midi - la 2ème section descend la vallée de Cairos jusqu'à 1 km de Saorge pour s'aligner sur la 2ème cie qui a  atteint la cime. La 3ème section se porte sur les pentes sud de la cime de Pézurbe pour faire la liaison avec la 2ème cie.

    Récit de Raymond Sautreau (B.M. 21)

    Récit de Robert Arqueros (B.M. 21)

     

    * Etape n° 49 - Alpes Maritimes- 13-27 Avril 1945 -  PEZURBE (BM 21 et Légion) et la Vallée de la Roya (BM 4 et 22e BMNA)

    Carte Simon GREBOVAL

    19 Avril

    B.M. 21 – 11h - seconde attaque allemande, arrêtée par un tir d'artillerie. On aperçoit au loin les Allemands se replier du ravin de la Ceva.

    2/D.B.L.E. la 6e cie doit relever le B.M. 21 et remplacer le détachement Arqueros sur Pézurbe.

    La relève, délicate, doit s'échelonner sur 48 heures.

    La section Sautreau de la 1ère Cie du B.M. 21 (capitaine Gory) doit occuper le vallon de Campeï toute la nuit pour donner le temps à la relève de s'installer. Elle subit un accrochage, sans dommage, vers le fond du vallon.

    Récit du colonel Henri Beraud

    Récits de Robert Arqueros et de Raymond Sautreau

     

    * Etape n° 49 - Alpes Maritimes- 13-27 Avril 1945 -  PEZURBE (BM 21 et Légion) et la Vallée de la Roya (BM 4 et 22e BMNA)

    Carte Simon GREBOVAL

    20 Avril

    B.M. 21/13 D.B.LE. - 1h du matin - les survivants du B.M. 21 commencent à évacuer la cime de Pezurbe tandis que la 6/2 B.L.E. du lieutenant Mantel occupe complètement le site.

    5h30 - nouvelle courte et violente préparation de mortiers annonçant une attaque sur les baraquements de Campeï. La section Sautreau et le détachement Arqueros, atteints en  plein repli, perdent 15 hommes.

    6h - violent tir de barrage ennemi  sur la cime de Pézurbe. 200 Gerbirgsjaëger se lancent à l'assaut, à revers, de la cime tenue par 70 défenseurs français.

    L'Oberfeldwebel Klein est grièvement blessé.

    Au bout d'1 heure, la 6ème cie de la Légion, mal installée, ne résiste pas et reflue sur les pentes Sud jusqu'aux positions de la cie Muller (B.M. 21).

    A 7h, ils perçoivent sur la cime certains de leurs camarades faits prisonniers.

    Une contre-offensive désespérée parvient à faire fuir les chasseurs de montagne allemands, mais les pertes sont lourdes. La 6ème Cie Mantel a fondu dans la bataille ; les nombreux blessés (dont le capitaine Gory du B.M. 21) doivent être brancardés pendant de longues heures de marche jusqu'à la Redoute des 3 Communes. La 1ère compagnie du 2ème B.L.E. reflue vers Maurion ;  dans l'après-midi le B.M. 21 gagne à pied le fort de Plan-Caval.

     

    Récit de Raymond Sautreau (B.M. 21) « Le Bataillon doit être relevé par les Légionnaires sous la protection de la 1ere compagnie ancrée sur PEZURBE.  Je rejoins la compagnie pour effectuer un coup de main de nuit. Il faut identifier des cadavres allemands restés sur le terrain, loin en avant de nos lignes, et tendre une embuscade autour d'eux. Avec ma section à effectif de 24, le capitaine GORY, qui tient à mener l'affaire, emmène une pièce de mortier de 60 (!). Partis à la tombée de la nuit, nous restons longtemps à défilement sur le mamelon de CAMPEI face au Nord et à l'Est. Puis avec l'obscurité nous avançons en ligne vers le fond du ravin où, en effet, il y a plusieurs cadavres à la source du torrent.Près de moi le capitaine s'approche du premier corps et tend déjà la main vers lui quand...le cadavre se redresse et crie quelque chose comme France ou Franz...et aussitôt la bagarre s'enchaîne dans le noir : coup de pistolet à bout touchant du capitaine sur son mort, rafales des mitraillettes allemandes, riposte des Thompson, mes F.M. rétablissent l'ordre et les cadavres nous abandonnent le terrain ».

    "La nuit est d'encre et mes hommes sont parfaits à l'affût. Pas un bruit sur la position. Par contre, de l'autre côté du torrent, nous décelons tous des signes d'occupation de la crête. Le temps passe. Nous entendons des mouvements, plein Nord, au-dessus de notre position et je vais en rendre compte au patron. Puis, des bruits de troupe en marche nous parviennent de 1353, je retourne avertir le capitaine  (Gory) et lui dis ma crainte de voir la lune se lever, nous révélant notre fond. Mais « je m'alarme à tort car c'est la relève qui s'effectue ». Il se recouche dans sa petite cabane (...)  Derrière nous, les cailloux roulent sous les pas d'une troupe qui se déplace lentement. Je scrute le terrain à la jumelle et dans la faible lumière je vois arriver... la relève.

    Autour de moi, inquiets, les hommes se retournent et cette relève nous glace le sang. C'est une troupe serrée au coude à coude qui arrive, progressant courbée, les armes dressées... ce sont les Fritz qui abordent sans ralentir la cabane du berger ! (...)"

     

     Récit du colonel Henri Beraud "Le capitaine GORY, blessé par de multiples éclats de grenade, a réussi à rejoindre avec trois blessés. Vers 11h, le capitaine GORY arrive enfin au P.C. du Bataillon à la CAUSSEGA. Au cours de l'après-midi, un petit avion piper-cub tentera vainement de se poser pour l'évacuer.  Il ne reste donc plus que le long et pénible brancardage jusqu'à la pointe des Trois-Communes où il n'arrivera qu'à  22h.

    Le 20 avril  est décidément une journée noire pour la Légion. Une patrouille du 3ème B.L.E., poussée assez loin en direction de SAORGE, est tombée  dans une embuscade. Un seul légionnaire est parvenu à s'en échapper, la moitié des autres rejoindra le lendemain à l'aube: huit seront faits prisonniers. Pour la 13ème demi-brigade, ce sera le dernier combat de la Seconde Guerre Mondiale, commencée 5 ans auparavant dans les neiges de NARVIK ».

     

     Récit de Robert Arqueros (B.M. 21) - "C'est tout de suite le corps-à-corps, brutal et court. Les Allemands se sont approchés sans être vus. Je suis inquiet parce que le petit groupe de Georges aurait dû intervenir et comme convenu les prendre à revers. Les Allemands ont-ils fait la manœuvre de nuit et attendu, camouflés, le matin pour se lancer à l'assaut ? Ce qui est sûr c'est que l'arme lourde de Georges n'a pas tiré. Nous résistons non sans qu'un des nôtres ne soit tué. Les Allemands laissent deux morts sur le terrain que nous enterrons sur place et dont je récupère les papiers.

    Nous enterrons également notre camarade. La litanie des tirs d'artillerie et de mortiers reprend. Elle dure jusqu'au soir. Nous sommes maintenant mieux protégés des projectiles.

    Les soldats ont compris l'intérêt de s'enterrer. Pendant les accalmies ils s'emploient à cette besogne de terrassiers. Nous commençons à sentir notre fatigue".

     

    Récit de Domingo Lopez (13 D.B.L.E., F.F.L. Orientales, Ancien de Bir Hakeim) - "...Il consentit à admettre en effet que nous nous retirions parce que les choses allaient mal, mais qu'il ne fallait pas que nous en parlions aux autres pour ne  pas  les alarmer.

    La facilité avec laquelle le commandant abandonnait le terrain nous paraissait bizarre, mais nous pensâmes que du fait de la fin prochaine des hostilités, il ne voulait pas s'exposer inutilement. Selon notre opinion, c'est une des meilleures décisions qu'il ait prise pendant les longues années qu'il fut notre chef, car il fallait voir avec quel plaisir nous mîmes tout en œuvre pour lui obéir au pied de la lettre.

    A 1h du matin nous nous ébranlâmes dans le plus grand silence. Cela, les mules ne le comprenaient pas et elles commencèrent à renâcler avec les caisses de munitions, faisant un bruit de tous les diables qui nous mit les nerfs à fleur de peau.

    A l'aube nous fîmes halte, rompus de fatigue, d'avoir fait tout ce trajet en remorquant les mules.

    Lorsque ceux qui protégeaient la retraite nous eurent rejoints, nous nous avisâmes d'un fait curieux. Lorsque vint l'heure d'abandonner les positions, notre artillerie commença à tirer sur l'endroit que nous venions de quitter et les Allemands en firent autant.

    Chacun préférait éviter la destruction de ses troupes en retraite, et les deux,  croyant contenir l'ennemi, faisaient feu au même endroit. Et  chacun s'en fut de son côté. (...)"

     

    Récit de François Engelbach (1er R.A.)

     

    * Etape n° 49 - Alpes Maritimes- 13-27 Avril 1945 -  PEZURBE (BM 21 et Légion) et la Vallée de la Roya (BM 4 et 22e BMNA)

    Illustration François ENGELBACH

     

    Journal de route de René Martel (B.M. 21)

     

    * Etape n° 49 - Alpes Maritimes- 13-27 Avril 1945 -  PEZURBE (BM 21 et Légion) et la Vallée de la Roya (BM 4 et 22e BMNA)

     

    "Appelés d'urgence au soir, on repart, on est mitraillés dans tout le parcours, les mulets tombent dans les ravins.

    Il arrive un moment, ou l'on prend notre matériel à dos.

    Il faut s'accrocher aux rochers.

    Les 50 kg ne sont pas lourd sur le dos. Le sac, le trépied, le fusil, cartouches, grenades etc.….

    On arrive en vue de Fontan à minuit.

    A 6h du matin, réveil en fanfare.

    Au matin, on repousse une contre-attaque. 7 contre-attaques pour aujourd'hui.

    D'après les officiers dans la matinée, on aurait eu plus de 900 obus boches, sans compter les mortiers.

    Dans l'après-midi, la voltige se replie, il reste encore deux obus de mortier à tirer.

    Le tireur de la pièce est blessé, trois balles au ventre, une à la cuisse, une au bras.

    La bande de sa mitrailleuse explose trois fois par les balles boches.

    Il tient le coup ; son copain descend sept boches à coup de fusil dont le chef.

    On est cernés. Si on relève la tête, c'est une balle en plein front.

    Les tireurs d'élite veillent. (...) "

     

    * Etape n° 49 - Alpes Maritimes- 13-27 Avril 1945 -  PEZURBE (BM 21 et Légion) et la Vallée de la Roya (BM 4 et 22e BMNA)

     

    •  GENIE,  B.M. 4 et   22ème B.M.N.A. DANS LA VALLEE DE LA ROYA

     

     

    * Etape n° 49 - Alpes Maritimes- 13-27 Avril 1945 -  PEZURBE (BM 21 et Légion) et la Vallée de la Roya (BM 4 et 22e BMNA)

     

    13 Avril

    B.M. 4 - A l'aile sud, vers 14h, des Allemands, habillés de blanc et agitant un drapeau à croix rouge, sortent de l'ouvrage du col de Brouis. Ils vont ramasser le soldat Paul Rocchi, laissé pour mort sur le terrain lors de l'attaque du 10 avril, et le rentrent dans le bloc.

    Le  sergent Rocchi du 2/B.M. 4  sera évacué dans un hôpital de Merano (Tyrol du Sud).

     

    15 avril

    B.M. 4 - Depuis l'aube la 1ère Cie de Mareschal de Luciane marche en direction du col de Termini en direction du village italien de Piena.

    B.M. 4/22 B.M.N.A.

    6h50 - dans la Vallée de la Roya, attaque et occupation de  la cime du Bosc par la 1/B.M. 4 et la  4/22 B.M.N.A.

    8h15 - la 3/B.M.N.A occupe  l'ouvrage de la Cougoule.

    Récit du colonel Henri Beraud

    10h - la 2/22 B.M.N.A. occupe le fortin  du col d'Agnon.

    14h30 - une patrouille du B.M. 4 occupe le blockhaus de Brouis  abandonné par les Allemands.

    16h - une patrouille de la 1/B.M.4 (lieutenant Choasson) descend du Bosc sur Breil. Des mines font des blessés.

    Récit de Guy de Mareschal de Luciane (B.M. 4)

     

    Récit de Marcel Bayron (B.M. 4 Chambarand)

     

    * Etape n° 49 - Alpes Maritimes- 13-27 Avril 1945 -  PEZURBE (BM 21 et Légion) et la Vallée de la Roya (BM 4 et 22e BMNA)

    Marcel Beyron - Fonds Emile Gauthier

     

    15 Avril - « Après leurs contre-attaques infructueuse,  les Allemands se sont retirés sur la frontière italienne. Certaines unités de la 1ère D.F.L. reçoivent alors l'ordre de repérer leurs positions.

    Le jour J est fixé un dimanche 15 avril. Ce jour-là à 4h30, la 1ère compagnie effectue la marche d'approche vers le col de TERMINI.

    A 6h précises, préparation d'artillerie comme convenu. Le premier échelon suit au plus près le barrage roulant pour ne pas laisser aux Allemands le temps de se ressaisir et nous grimpons rapidement la dénivellation de 250 mètres. Nous subissons des pertes du fait des mines et de la riposte de l'artillerie adverse.

    A 6h30 notre artillerie cesse le tir de préparation mais harcèle les pentes Nord du BOSC. A 6h37 nous atteignons la cote 1126 et nous couronnons la Cime du BOSC. Nous apercevons des traces de sang laissées par l'ennemi. Après une accalmie, celui-ci réagit par des tirs de mortiers, puis d'artillerie.

    Sur un terrain très miné, la progression continue vers l'ouvrage de la CROIX DE COUGOULE  dont nous nous emparons et plus tard vers la Chapelle de la Madone de Grâce que nous occupons.

    Nous apprenons que, pendant ce temps, les éléments du capitaine CHABERT ont atteint et dépassé leur objectif, la cote 1090 et que, sur leur lancée, ils se sont emparés de l'ouvrage du Fort du BROUIS.

    La 1ère compagnie reçoit du commandant BUTTIN, l'ordre d'envoyer une patrouille de reconnaissance vers BREIL, mais le gros de la compagnie doit continuer à se maintenir sur le terrain conquis au BOSC pour repousser toute contre-attaque éventuelle. Le lieutenant CHOASSON, un Chambaran, prend la tête de cette patrouille. Il aborde BREIL avec les précautions habituelles.

    La ville semble vide d'Allemands. Il entre dans l'église et y trouve des drapeaux français. Le soldat RANCOULE en prend un et va le planter au sommet du clocher. C'est ainsi que vers 16h, le 15 avril, le drapeau français flottait sur BREIL".

     

    23 Avril - "La 3ème section de la 2ème  compagnie du B.M. 4 reçoit pour mission de reconnaître le col de la CROIX DE MERIGE, situé au Sud-Est de BREIL, sur la frontière à 1.300 mètres d'altitude. Avec un encadrement très léger, ayant perdu au BROUIS son chef, le lieutenant ARTIERES (blessé) et un chef de groupe, Jean BEJUY, tué, se met en route pour son objectif le 23 avril au matin.

    Un groupe de la section d'accompagnement lui est adjoint. Cela fait en tout une grosse patrouille d'une cinquantaine d'hommes. Les groupes, suffisamment espacés pour parer à toute éventualité, gravissent la montée de ces pentes particulièrement escarpées au-dessus de la rive gauche de la ROYA.

     

    * Etape n° 49 - Alpes Maritimes- 13-27 Avril 1945 -  PEZURBE (BM 21 et Légion) et la Vallée de la Roya (BM 4 et 22e BMNA)

    Emile GAUTHIER faisait partie de la "dernière poursuite" - Fonds Emile Gauthier

     Le sergent Lucien GAILLAT se porte volontaire avec sept à huit hommes. Mission leur est donnée d'avancer plus rapidement mais en contournant le piton qui domine le col de la MERIGE, tandis que le gros de la section continuera sa progression par la voie directe. Scindés en deux, les éléments de l'opération restent cependant en contact par talkies-walkies. 

    A la jumelle ils peuvent également s'observer. Lucien approche de l'objectif vers 16h. Il n'a rencontré aucune résistance, il ne semble pas avoir aperçu le dispositif ou de mouvements ennemis.

    Quelques instants plus tard, les deux groupes font leur jonction sur le col. Les Allemands viennent juste de quitter leurs positions. Au centre de leur dispositif, les braises d'un feu de bois sont encore rougeoyantes. 

    Les hommes se précipitent sur l'autre versant du col pour voir dans les lacets du chemin en dessous, les derniers Allemands s'enfuir. Quelques rafales de F.M.  pour leur signaler qu'on est là, mais, Dieu merci ! Ils ont refusé le combat. Ont-ils obéi à un ordre ? Ont-ils surestimé nos forces ?

    Pour les responsables de l'opération c'est un énorme soulagement. Communiquant par radio avec le P.C. du bataillon, ils reçoivent l'ordre de s'établir pour la nuit sur l'objectif.

    Isolée à plusieurs kilomètres de ses bases dans une nature sauvage et hostile, sentant que l'ennemi, malgré son retrait, n'est pas tellement éloigné, la 3ème section disposée en point d'appui fermé passe une nuit pleine d'inquiétude. (...)

    Hélas à midi le contre-ordre arrive : l'opération est arrêtée ; il faut redescendre pour rejoindre les bases. Tant d'efforts et de risques pour rien ! Les hommes sont dépités, Joseph se vengera !... Il emportera la plaque frontière en fonte (au moins 15 à 20 kg) qu'il a trouvée au  col !

    Cette péripétie de la 3ème section fera partie de la dernière opération de la 1ère D.F.L. dans le secteur.

    Le 27 avril la division est envoyée au repos dans la région d'ANTIBES ».

     

    Récit d'Henri Gambourg (B.M. 4)

     

     24 Avril

    22 B.M.N.A. – par un coup de main audacieux,le 22ème B.M.N.A. s'empare du hameau italien de Piena. Mais le lieutenant Fèvre est abattu par un sniper près de la gare.

     

    * Etape n° 49 - Alpes Maritimes- 13-27 Avril 1945 -  PEZURBE (BM 21 et Légion) et la Vallée de la Roya (BM 4 et 22e BMNA)

    Jean FEVRE - Crédit photo : Ordre de la Libération

    * Etape n° 49 - Alpes Maritimes- 13-27 Avril 1945 -  PEZURBE (BM 21 et Légion) et la Vallée de la Roya (BM 4 et 22e BMNA)

    Crédit photo : Denis et Michèle Maurin  -  Source : lecomtedenice.fr

    25 Avril

    22 B.M.N.A.   

    La 1/B.M.N.A. et une section de la 2ème compagnie atteignent la Cime du Tron puis descendent sur Olivetta .

    La 4/B.M.N.A. et une partie de la 2ème compagnie descendent de la Roya et occupent successivement les villages de Cotte, Aube, Libri et Franchetto

    18h - jonction de tous les éléments dans la région de San Michele et ordre de se porter à marche forcée sur Vintimille, atteint en 3h de marche en passant par Aire et Trucco.

     

    26 avril

    22 B.M.N.A – une patrouille de la 4/B.M.N.A. commandée par l'adjudant Bernus est lancée sur Bordighera.

     

     *****

     

    Témoignage d'Henri Beaugé (B.M. 4)

     

    Henri BEAUGE, Compagnon de la Libération, nous a quittés le 16 janvier 2015 Lien

     

    * Etape n° 49 - Alpes Maritimes- 13-27 Avril 1945 -  PEZURBE (BM 21 et Légion) et la Vallée de la Roya (BM 4 et 22e BMNA)

    La section antichars du B.M. 4 dans les Alpes Maritimes - Henri Beaugé à l'extrême droite - Source : Avoir 20 ans en 1940 - Henri Beaugé

    "15 avril. La cime du BOSC est reprise. Voulant réoccuper l'emplacement j'avais placé mes pièces, le matin du 10, je me trouve, avec STIL, adjoint, au milieu d'une immense toile d'araignée : fils de fer tendus à 10 cm du sol, partant dans toutes les directions...

    En notre absence, le secteur a été miné par les Allemands. Comment sommes-nous parvenus au milieu de ce dispositif sans déclencher d'explosion ? Emotion. Du calme !

    Tâtant le sol au couteau avant de poser le pied, doucement entre les fils... parvenons à 20 m hors de la toile.

    Répétition de la manœuvre du 10 avril. Atteignons peu après midi, le fort du BROUIS, abandonné par les Allemands.

    Le bataillon poursuit et s'empare du BREIL.

    L'ensemble du secteur paraît nettoyé. L'opération aura coûté cher.

    Dans quel but ?

    Qui nous expliquera ce que nous sommes allés faire dans cette attaque ?

    Qui la justifiera ?

    Que pouvaient les Allemands encerclés dans ces ouvrages, sans espoir de secours et dans les circonstances de fin de guerre où nous nous trouvons ?

    Quelques jours de siège n'auraient-ils pas suffi ?

    J'apprendrai, quelques semaines plus tard, qu'il s'agissait de reconquérir - avant un armistice que l'on sentait très proche - les terres de chasse laissées par courtoisie à la famille royale d'Italie lors de l'annexion de la Savoie. Il s'agissait aussi, dit-on, d'impliquer la France, par une occupation partielle du territoire italien, dans les négociations à venir avec l'Italie.

    Quelles que soient ces excellentes raisons, d'autres unités auraient pu assumer ces missions.

     

    En cette fin de guerre, la place évidente de notre Division était en Allemagne, pas ailleurs !

    Qui nous a fait ce mauvais coup ? ».

     

    * Etape n° 49 - Alpes Maritimes- 13-27 Avril 1945 -  PEZURBE (BM 21 et Légion) et la Vallée de la Roya (BM 4 et 22e BMNA)

    Crédit photo : françaislibres.net

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  • Communiqué de Jean-Michel SIVIRINE, Président de l'Association AMONT

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    * COMMEMORATIONS de l'Authion : le programme et la publication de l'AMONT

     

    * COMMEMORATIONS de l'Authion : le programme et la publication de l'AMONT

     

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  • Après la prise de l’Authion, le 13 avril, le général Lieb commandant l’état-major  de la 34e division allemande décide d’effectuer un repli sur la ligne de défense des fortifications italiennes et de tenir fermement la région de Saorge-Fontan. Le 14 avril, sur ordre d’Hitler est intimé l'ordre de défendre « chaque pouce de terrain » sur le front d’Italie : pour les troupes allemandes  présentes dans les Alpes Maritimes aucune retraite n’est envisagée. 

    Entre le 13 et le 17 avril, le massif est fortement tenu par les troupes françaises mais l’action de la D.F.L. va se limiter à la réduction des fortins allemands sur la ligne de crête de l’Authion au Mont Mangiabo, afin de maintenir une ligne défensive continue. En effet, contre l’avis d’une partie de l’Etat-major de la D.F.L., la poursuite des troupes allemandes en déroute n’a pas lieu,  le général Garbay appliquant des ordres non écrits du général Doyen de suspendre l’offensive....

     

    * Etape n° 48 - Alpes Maritimes - 13-18 Avril 1945 - La Secca (B.M. XI) -  La Dea et la Beole (Légionnaires et Fusiliers Marins) - Maurion (B.M. 21)

    Carte Christian MARTEL

    Après la prise de l’Authion, les opérations prennent un caractère local :  il s’agit la plupart du temps de la conquête d’une crête. Un reporter du journal de l’Espoir de Nice, présent sur le front relate la physionomie des combats : «  la guerre ici, n’est pas spectaculaire. Pas d’avance sensationnelle, mais chaque jour la progression continue. Une crête  est prise, combien a-t-elle coûté de vies humaines ? Un bois est nettoyé, combien de soldats tombés sous ses sapins et ses mélèzes où le Boche se cache, dépose ses mines et ses pièges. » Le bilan des combats le 17 avril au soir fit état de 185 tués et 666 blessés.

     

    • LE B.M. XI A LA TÊTE DE LA SECCA 

    13 Avril

     Le B.M. XI est envoyé sur la Tête de la Secca

     

    Récit de Jean TREMEAU (B.M. XI)

     "Sans que nous nous en rendions compte le nuage s'est étendu sur nous, nous ne voyons plus la tête de la SECCA, notre commandement va s'en servir et en profiter pour surprendre les Allemands. On a demandé à la section qui est à notre droite des volontaires pour s'insinuer jusqu'aux lignes boches par la grande pente découverte visible de partout sauf par temps nuageux, inaccessible dans ce cas. Ils sont partis chargés de grenades, pourvu que la brume tienne, elle n'a pas l'air d'être solide. Nous nous sommes postés prêts à tirer à la première alerte.

    La fusillade commence, les grenades explosent, c'est le moment d'avancer car, surpris du côté ou ils ne s'attendaient pas, les Allemands doivent être déroutés. A toute allure nous dévalons dans le brouillard les prairies à découvert qui nous ont arrêtés si longtemps, nous courons tant que nous pouvons pour essayer d'accrocher les éléments en replis. Les sapins sont atteints sans que nous n'ayons vu rien d'insolite si ce n'est des tellermines en tas sur le bord d'un chemin. Il est préférable de croire qu'il n'y en a pas de piégées. Nous nous déployons en ligne pour fouiller le bois mais sans résultat et remontons sur la crête occupée par la section qui vient de s'en emparer et qui n'est pas peu fière : six volontaires ont réussi ce que nous avons raté avec trois sections ; ils nous le font sentir et j'en suis mortifié". (...)

     

    •  OPERATIONS DE LA LEGION ET DU 1er R.F.M.

    14 Avril

    13 D.B.L.E. La 13 relève la 4e Brigade sur l'Authion excepté le B.M. 21 demeurant au col de Raus.

    Le 2/D.B.L.E (cdt Simon) doit se porter sur la route de l'Arbouin (1.000 m au-dessus de Breil)

    Le 3/D.B.L.E. (cdt Lalande) se porte sur la ligne de crêtes de la Tête de la Secca à la cime de Colla Bassa, surplombant la forêt et le vallon de Cairos. Il relève le B.M. XI à la Secca.

     Récits du Colonel Henri BERAUD et de Jean TREMEAU (B.M. XI)

     

    Jean TREMEAU- "J'ai à peine fini de parler que nous percevons quatre départs, les habitués du coin ont tout de suite saisi et transmettent l'alerte en plongeant dans leurs abris.

    Deux Légionnaires m'ont gagné de vitesse et s'emparent de mon trou creusé ce matin et que je n'ai pu achever à cause des rochers, il est inutile que je fasse valoir mon droit de propriétaire, je n'ai pas le temps, et plonge sous ma souche. Les quatre explosions sont en plein sur nous : un obus percute l'arbre voisin du mien, les trois autres à trente mètres alentour. Les fumées se dispersent encore au vent répandant une odeur âcre qui prend à la gorge. Il y a du dégât. Des cris et des gémissements fusent de partout.

    Les brancardiers sont appelés de dix points à la fois, et arrivent en courant du poste tout à côté. Les deux Légionnaires de mon trou sont atteints tous les deux dont un gravement. CHAVANIS, serré contre sa racine, a été protégé par le Légionnaire avec lequel il parlait et qui a reçu l'éclat à sa place.

    Il s'agit de faire vite, il ne faut pas les laisser sur place sans soins et à la merci de la prochaine rafale. J'empoigne par-dessous le bras un jeune de  17 ans bien atteint et démoralisé, il ne veut pas rester là et je lui fais descendre un peu la pente à l'écart de la zone dangereuse ou je pourrai le panser plus facilement ; son bras droit pend tout sanguinolent, j'essaye de lui arracher sa capote et sa chemise à moitié déchiquetées, les mains gluantes je dois terminer avec mon couteau qui coupe mal.(...)  Il faudrait l'évacuer immédiatement. Je ne peux que le remonter au poste de secours où je l'étends sur une couverture. Qu'est-il advenu de ce presque enfant qui me recommandait lorsque je le pansais que  je ne lui perde pas son peigne et son stylo ?".

     

    * Etape n° 48 - Alpes Maritimes- 13-18 Avril 1945 - La Secca (BM XI) -  La Dea et la Beole (Légionnaires et Fusiliers Marins) - Maurion (B.M. 21)

    Portrait de Toros TOPALIAN, Légionnaire engagé à 19 ans à la "13" en 1943 - Col. Marc Topalian

    R.F.M. - vers 10h, les chars se positionnent devant la Dea et ouvrent le feu... sans réaction. Les blindés décident d’attendre le 2/D.B.L.E.)

     

    * Etape n° 48 - Alpes Maritimes- 13-18 Avril 1945 - La Secca (BM XI) -  La Dea et la Beole (Légionnaires et Fusiliers Marins) - Maurion (B.M. 21)

    Progression des Fusiliers Marins vers  la Dea - source : le front oublié des Alpes Maritimes, Henri Kingbeil

    13 D.B.L.E./R.F.M.

    Vers midi -  la 6e cie (2/D.B.L.E.) avec les chars de l'Enseigne de Vaisseau  de Carpentier sont devant la Baisse de la Dea mais la 13 perd son capitaine et la moitié de son effectif et de Carpentier est tué.

     

    Lieutenant BOULNOIS  « Aux rafales de M.G. s'ajoutent quelques obus, heureusement imprécis. Crachant le sang à chaque respi­ration, je rends compte de la situation au lieutenant MANTEL et reste couché le long d'un bloc de béton sur la route. Il y a plusieurs Légionnaires blessés par "Schuhmine", tibias arrachés jusqu'au genou. Le lieutenant MANTEL se lève et donne l'ordre : " En avant ! ".  Il faut un grand courage pour tenter ce geste. Mais il doit s'arrêter et l'attaque avec lui. En faisant un bond d'un bloc de béton à l'autre, je suis blessé une seconde fois (fracture du tiers supérieur du fémur). Le lieutenant de vaisseau de CARPENTIER ayant sorti le buste du tourelleau de son char est mortellement blessé. Après différentes péripé­ties, je suis évacué à l'abri de son char vers l'arrière, au milieu des pots fumigènes».

     

    Après-midi - le cdt Simon confie à  la 5e cie (2/D.B.L.E.) au sous-lieutenant Geoffroy la mission de reprendre l'attaque à l'Est du Ventabren et d'attaquer  les pentes de la Gonella avec l'appui des chars de Coelenbier. Pertes allemandes  12 tués et 6 prisonniers. Pertes du  2/D.B.L.E : 20 tués et 70 blessés

     

    * Etape n° 48 - Alpes Maritimes- 13-18 Avril 1945 - La Secca (BM XI) -  La Dea et la Beole (Légionnaires et Fusiliers Marins) - Maurion (B.M. 21)

    Attaque de la Dea - au fond, la cime de la Gonella où étaient embusqués les tireurs allemands -Fonds François Engelbach

    La Gonella - Récits du Général Jean SIMON et de Hugo GEOFFREY (13 D.B.L.E.)

     

    Hugo GEOFFREY - "Nous arrivons alors au pied de la  GONELLA et au fort de la DEA. Le commandant SIMON donne l'ordre à nos compagnies de voltige d'attaquer cette position et d'occuper la GONELLA. L'une après l'autre, ces compagnies sont rejetées. N'ayant plus d'autre compagnie que la mienne, la 5ème compagnie, l'ensemble de mes supérieurs ayant été blessés et évacués, le commandant s'adresse à moi qui occupe provisoirement le commandement de la 5ème compagnie pour lancer l'attaque sur cet objectif. (...) je me souviens d'un de ces hommes très âgé qui me disait s'adressant à moi « mon petit ».(...)

    L'ennemi lance alors une contre-attaque, le bois est truffé de mines antipersonnel. A quelques mètres devant moi, pour protéger « son petit »,  le « pépé », arrivé sur la crête, est atteint par un tir ennemi et s'écroule, touché mortellement. J'ai la conviction, encore aujourd'hui, que cet homme voulait terminer sa vie par un acte totalement désintéressé. Nous rejetons donc cette contre-attaque ennemie grâce à nos cadres très aguerris, et en particulier à l'aspirant LAURENS et à sa volonté farouche de résister. (...)

    Quelques jours après, sur proposition de notre chef de corps, le colonel Bernard Saint HILLIER,  je suis fait chevalier de la Légion d'honneur comme sous-lieutenant et mon chef de bataillon, commandeur du même ordre. Je me souviens très bien avoir dit, au cours d'une réception, qu'en recevant cette décoration, la plus haute de la nation, la Légion d'honneur, je me considérais réellement accepté par la France et les Français. J'ai vu dans les yeux du commandant SIMON que cette remarque l'étonnait. C'est qu'hélas, j'étais toujours de nationalité autrichienne, servant à titre étranger ; je considérais donc ce geste me concernant comme particulièrement significatif ».

     

    La Dea - Récits du Colonel Henri BERAUD, de Jean ROSSI (13 D.B.L.E.) et de Roger BARBEROT (R.F.M.)

    Roger BARBEROT- De CARPENTIER attend l'infanterie. Mais elle vient par la montagne et ne sera pas là avant deux heures. Tout est calme. Quelques coups de mortier et de canon.

    Au moment où la Légion débouche et s'engage sur la pente, un feu d'enfer se déchaîne. Installés dans la montagne, abrités et invisibles, les troupes alpines allemandes font du tir au lapin. De plus la pente où s'est engagée la Légion est minée. Pour comble de malheur, les balles ont mis le feu aux buissons et les blessés sont menacés par les flammes. Les hommes qui ont pu atteindre la route s'abritent derrière les chars ou derrière les créneaux de la murette qui borde la route. L'ennemi domine la situation. Son tir s'ajuste sur tout ce qui bouge, sur la main qui tient l'appareil de radio portatif qui dépasse des créneaux, sur les périscopes des chars qui brillent au soleil. (...) DE CARPENTIER sort de son char pour voir la situation. Quelques minutes plus tard, il est atteint par une balle en plein ventre. Couverts par des fumigènes, l'aumônier, le père DUHAUTOY, et le médecin réussissent à ramener son corps à l'arrière. On décide de recommencer l'attaque à quatre heures avec la compagnie fraîche de GEOFFREY".

     

    * Etape n° 48 - Alpes Maritimes- 13-18 Avril 1945 - La Secca (BM XI) -  La Dea et la Beole (Légionnaires et Fusiliers Marins) - Maurion (B.M. 21)

    Enseigne de vaisseau de CARPENTIER quelques instants  avant d'être tué à la baisse de la Dea - source : A bras le coeur, Roger Barberot

     

    15 Avril

     

    * Etape n° 48 - Alpes Maritimes- 13-18 Avril 1945 - La Secca (BM XI) -  La Dea et la Beole (Légionnaires et Fusiliers Marins) - Maurion (B.M. 21)

    Ouvrage de la Béole - source : Journal Roya-Bevera, 2005

    13 D.B.L.E. - Aube - 1 patrouille de la 3/D.B.L.E. teste la résistance de l'ouvrage de La Béole. Les Légionnaires tuent le chef de la compagnie allemande du G.R. 80. Les grenadiers abandonnent la position au cours de la nuit. Après-midi : reprise de la progression et occupation de l'Arbouin par la 2/D.B.L.E. Nombreux blessés par mines et explosifs.

    * Etape n° 48 - Alpes Maritimes- 13-18 Avril 1945 - La Secca (BM XI) -  La Dea et la Beole (Légionnaires et Fusiliers Marins) - Maurion (B.M. 21)

    Légionnaires et Fusiliers-Marins dans leur progression vers l'Arbouin
    Source : le front oublié des Alpes Maritimes, Henri Kingbeil

    Le lieutenant Bourdis (7ème compagnie) nettoie le ravin de la Maglia, puis s'installe sur la crête avec des armes lourdes de la compagnie Bourgoin et la C.C.I.

    R.F.M./13D.B.L.E. - Au soir : appui du R.F.M. au 3/B.L.E. dans l'attaque le long de la crête de la Beole. Le 3/B.L.E. en lève les pitons 1662 et 1649 au-dessus de la Beole. L'ennemi décroche.

     

    Récits  du Colonel Henri BERAUD et de  Roger BARBEROT (R.F.M.)

     

    * Etape n° 48 - Alpes Maritimes- 13-18 Avril 1945 - La Secca (BM XI) -  La Dea et la Beole (Légionnaires et Fusiliers Marins) - Maurion (B.M. 21)

    Descente du RFM vers la Beole - Fonds François Engelbach

     

    17 Avril

    13 D.B.L.E. - Tentative de la 11e cie  de s'emparer de la cime de Colla Bassa juste au-dessus de Saorge, sans succès.

     Récit de Christophe COUTTENIER

     

    •   OPERATIONS DU BATAILLON DE MARCHE 21

     

    * Etape n° 48 - Alpes Maritimes- 13-18 Avril 1945 - La Secca (BM XI) -  La Dea et la Beole (Légionnaires et Fusiliers Marins) - Maurion (B.M. 21)

     

    13 Avril

     Prise de Saint-Véran

    Journal de René MARTEL, récits de Yves GRAS et du sous-lieutenant Raymond SAUTREAU (B.M. 21)

     

    René MARTEL 

     « A 11h30 , le Col de St Véran est pris.

    On se bat à 2.400m d'altitude, il y a de la neige.

    Mais pas d'eau, rien pour faire du feu, ce n'est que de la roche.

    Un type est obligé de prendre son fusil pour avoir son quart d'eau qu'il a eu après 4 heures d'attente.

    On redescend aux Granges du Colonel.

    Le lendemain, on remonte, on prend la Cime du diable.

    Là, ça claque aussi. On continue.

    Plus d'eau à boire, les mulets tombent dans les ravins.

    Tous les jours, on travaille jusque 2 ou 3h du matin pour faire les emplacements.

    Maintenant, on compte de 6 à 7 heures de marche pour évacuer les blessés.

    Toujours en montagne.

    Les obus tombent toujours.

    Enfin pour l'eau, il y a une mare d'eau toute trouble à 1km.

    On casse la glace pour l'avoir.

    Il y a 10 cm d'eau toute jaune ».

     

    14 Avril

    Au Nord, le B.M. 21 doit pousser en direction de Fontan par la zone montagneuse entre le vallon de Cairos et la frontière.

     

    15  Avril

     Isolé du reste de la Division, le B.M. 21 progresse vers la  Roya en deux colonnes.

    La 3e cie Muller dans l'axe du vallon de Cairos.

    Récit de Yves GRAS (B.M. 21)

     

    Le gros du Bataillon plus au Nord sur les crêtes, précédé par la cie Montel du 3e R.I.A.

    Malgré les énormes difficultés du terrain, tous les obstacles sont surmontés, les défenses allemandes manœuvrées et contraintes au repli.

    Le 3e R.I.A. atteint le signal de la Caussega et chasse l'ennemi du Scandaïl.

    Récits du colonel Henri BERAUD et du sous lieutenant Raymond SAUTREAU (B.M. 21)

     

    16 Avril

     Atteinte du plateau de la Ceva et de la cime du Coss après un vif combat sur le piton 1655.

    Récits du colonel Henri BERAUD et du sous lieutenant Raymond SAUTREAU (B.M. 21)

     

    17 Avril

    La 2e cie Lafaurie s'empare de la cime de Pezurbe.

    Une partie de la cie Muller attaque la position de face tandis que deux sections escaladent la cime de l'Orme, débordent la résistance et descendent dans le vallon vers Maurion sur les arrières de l'ennemi. Prise de Maurion  : 17 prisonniers.

    Récit de Yves GRAS (B.M. 21)

     

    La Cie Muller est arrêtée au fond du vallon de Caïros par une forte résistance au Pont du Diable.

    Récit de Yves GRAS (B.M. 21)

     

    La section Sautreau est à la Cime du diable.

    Récit du sous lieutenant Raymond SAUTREAU (B.M. 21)

     

    * Etape n° 48 - Alpes Maritimes- 13-18 Avril 1945 - La Secca (BM XI) -  La Dea et la Beole (Légionnaires et Fusiliers Marins) - Maurion (B.M. 21)

    Crédit photo : Pascal Vanotti

     

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  • Ancien du Groupe de bombardement Lorraine (Squadron 342) et Compagnon de la Libération, le commandant Paul Ibos s’est éteint le 12 mars à Versailles (Yvelines), à l’âge de 95 ans.

     

    * Le Compagnon Paul IBOS, dernier FAFL du Groupe Lorraine s'en est allé...

    Crédit photo : Ordre de la Libération

     

    * Le Compagnon Paul IBOS, dernier FAFL du Groupe Lorraine s'en est allé...

    Source : Laurent Laloup sur Françaislibres.net Lien

     

    INTERVIEW PARIS-MATCH (Août 2014, Isabelle LEOUFFRE) - Lien

    «Quand j’ai eu 20 ans, la guerre de 14-18 venait de se terminer 20 ans plus tôt. On pouvait concevoir la guerre, tant elle était dans les mémoires. Aujourd’hui, elle est tellement éloignée de nous que l’esprit de patriotisme s’estompe. Mon frère était saint-cyrien, l’armée faisait partie de l’ambiance familiale. Le 17 juin 1940, j’ai entendu le discours lamentable de Pétain. Mais dès que la France a été envahie, on s’est bien douté que cela finirait mal. L’idée de partir en Angleterre était déjà dans les esprits, bien avant l’armistice.
    Pendant la guerre, une seule fois, je me suis vu mourir, quand je suis revenu d’une mission sur la France en avion. On était basé à Fort Bridge en Angleterre. On passait souvent la Manche en rase-mottes pour bombarder les allemands. En passant au dessus des falaises d’Abbeville, j’ai entendu un grand bruit et reçu un grand choc dans la figure et dans la poitrine, puis avant de m’évanouir, j’ai dit à mon pilote, «cette fois, c’est fini». Quand j’ai ouvert les yeux, j’étais couvert de sang. L’avion avait traversé un vol de mouettes et je m’en suis pris une à 350Km/H!

    Je voulais être pilote mais les circonstances ne l’ont pas voulu: Après deux mois à Londres sous les bombes, on a été envoyé en école de pilotage mais les anglais avaient mieux à faire que de nous former. Au bout de deux mois, j’ai été affecté en Afrique pour combattre dans des unités françaises. Comme j’étais «observateur», placé dans le nez de l’avion, je suis rentré en tant que tel dans un escadrille.  
    Arrivé à Pointe noire après deux mois de mer, j’ai été introduit dans une petite unité qui allait chercher des avions américains en pièces détachées, destinés à la France mais déroutés sur l’Afrique après l’armistice. Il a fallu monter des Glenn Martin, aidés par les mécaniciens anglais. Puis on a rejoint le Caire. Pour nous le combat s’est arrêté dans le désert à El fasher: l’avion s’est crashé, sans dommages, sinon la perte de nos bagages qui étaient dans la soute à bombes. Des avions anglais faisaient des ramassages des victimes, ils nous ont récupérés. Les commandes électriques avaient mal fonctionné au décollage.

    En 1944, par décret, j’ai été fait compagnon.
    Je ne suis pas très sensible aux honneurs pourtant j’étais très fier d’arborer la croix. De Gaulle représentait la France. L’ordre de la Libération était le seul organisme présent pendant la guerre et tout se faisait sous son autorité. Début septembre 1940, quand j’ai gagné l’Angleterre, il y avait déjà un corps constitué avec une hiérarchie.
    Parmi les miens, j’étais le seul à avoir rallié De Gaulle. Mon père a cru que je partais comme mercenaire. A Noël 44, c’est la première fois qu’il m’a revu. La croix rouge donnait des nouvelles. Quand il m’a vu revenir en officier français avec la légion d’honneur, il était fier. On m’a affecté à l’état major, fin juillet 44. Le débarquement avait déjà eu lieu et j’étais frustré de ne pas être allé jusqu’au bout.
    Ensuite, il faut se réadapter à la vie civile.
    On n’avait plus de métier, plus de relation, on était mal vus car «on était allés se mettre à l’abri en Angleterre», aux yeux de la population. En tant que compagnons, on nous aidait parfois un peu à trouver du travail, mais la période n’a pas été drôle.»

     

    * Paul IBOS, Compgnon, dernier FAFL du Groupe Lorraine s'en est allé...

    © Kasia Wandycz/Paris-Match

     

    BIOGRAPHIE (Laurent LAGNEAU, OPEX360.com)

    Né le 18 août 1919 à Saïgon (Indochine), Paul Ibos, dont le père était un général de l’infanterie de marine, s’engage dans l’armée de l’Air alors qu’il vient d’avoir 20 ans. Après avoir préparé le concours de l’École de l’Air au lycée Montaigne de Bordeaux, il est finalement admis au cours des Élèves officiers de réserve (EOR).

    Nommé aspirant en janvier 1940, il est breveté « observateur « . Au printemps de cette année-là, il est affecté au Centre d’instruction de bombardement de Toulouse. Durant la Campagne de France de mai-juin 1940 et devant l’avancée allemande, son unité se replie à Port-Vendres.

    Refusant de déposer les armes, Paul Ibos veut rejoindre le Royaume-Uni avec deux camarades, Antoine Forat et Henri Labit. Les trois aviateurs arriveront à leurs fins, après avoir obtenu un visa pour l’Espagne grâce à de faux papiers polonais et en passant par le Portugal.

    En août 1940, Paul Ibos s’engage dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL) avec le grade de sous-lieutenant. Il rejoint ensuite l’école de pilote d’Odiham. En avril 1941, il est affecté au Groupe de Bombardement n°2 et prend part aux opérations Libye, au cours de laquelle il effectue des missions de reconnaissance.

    À l’automne 1941, il est affecté en qualité d’officier observateur au Groupe Lorraine, qui vient alors d’être créé. Lors de la seconde campagne de Libye, il obtient une citation à l’ordre de l’armée. Promu lieutenant en juin 1942, il est détaché pendant quelques semaines auprès du Squadron 203, basé à Saint-Jean-d’Acre. Il enchaîne alors les missions de reconnaissance en Méditerranée.

    Passé ensuite par l’école de pilotage de Damas, le jeune officier obtient son brevet de pilote militaire avant de retrouver l’Angleterre, en janvier 1943. Il finit par retrouver le « Lorraine » en septembre, après plusieurs mois de formation et d’affections diverses. Les qualités dont il fait preuve en tant que navigateur leader d’escadrille lors des nombreuses auxquelles il participe sur le front de l’Ouest lui valent une seconde citation à l’ordre de l’Armée après avoir été blessé en opération.

    Promu capitaine en juin 1944, Paul Ibos est affecté, deux mois plus tard, au 2e burau de l’état-major des FAFL à Londres. Un an plus tard, il rejoint le Groupe de Transport 1/15 Touraine en tant qu’officier de renseignement avant d’être démobilisé, à sa demande, en 1946 et entame une carrière au sein de la compagnie aérienne UTA, dont il deviendra sous-directeur. Il totalise alors 74 missions de guerre en 145 heures de vol. Il est ensuite nommé commandant de réserve en 1958.

    Fait Compagnon de la Libération dès 1944, Paul Ibos était le dernier survivant de l’épopée du groupe « Lorraine » pendant la Seconde Guerre Mondiale.

    SOURCE : OPEX360.com Lien

     BIOGRAPHIE DE L'ORDRE DE LA LIBERATION  Lien

     

    * Décès du Compagnon de la Libération Paul IBOS

    C'était le 18 juin  2012 : les Compagnons de la Libération au mont Valérien.  De gauche à droite : Fred Moore, chancelier de l’Ordre de la Libération, Paul Ibos, Jacques Hébert, Jean-Pierre Mallet (dans le fauteuil, décédé en septembre 2013 ), Louis Cortot, Henri Beaugé-Berubé (décédé en janvier 2015) , Edgard Tupët-Thomé, Yves de Daruvar et Daniel Cordier. Photo Michel POURNY/La Croix


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