• * A TAHITI, les oubliés de la France Libre


    A Tahiti, les oubliés de la France Libre

     

    Samedi 4 Juillet 2015.

    * A TAHITI, les oubliés de la France Libre 

    La stèle trône désormais avenue Pouvana’a Oopa, entre l’ancien et le nouveau                                       bâtiment du haut commissariat. 

     

     Depuis une quinzaine de jours, la stèle dédiée au général de Gaulle a été déplacée. Elle trône désormais avenue Pouvana’a Oopa, entre l’ancien et le nouveau bâtiment du haut commissariat. Son déménagement de la place Tarahoi a coûté 4,5 millions de Fcfp selon Éric Noble, président de l’association des anciens combattants.

    Une somme réunie grâce à la députée Maina Sage qui a offert 1,8 million provenant de son enveloppe parlementaire, au ministère de l’Équipement qui a investi 1,2 million, à l’entreprise Satnui qui a mis tout le matériel à disposition pour réaliser ce déplacement, soit près de 800 000 Fcfp et à l’État qui a déboursé près de 500 000 Fcfp pour que puisse figurer sur deux plaques de marbre, le nom de tous les anciens combattants polynésiens de la France libre.

    Désormais donc, à l’arrière du monument en forme de croix de Lorraine, la population peut découvrir le nom de tous ces anciens combattants, qui à l’appel du général de Gaulle, se sont engagés pour défendre la mère patrie. Mais cette liste interpelle.

    En avril dernier, le directeur de l’office national des anciens combattants, Philippe Leydet, assurait qu’il s’agissait de rendre ainsi hommage à tous les Polynésiens de la France libre. « C’est la liste de tous les Polynésiens de la France libre, qu’ils soient morts pour la France, disparus depuis la fin de la seconde guerre mondiale ou toujours vivants », expliquait-il alors dans les colonnes de La Dépêche de Tahiti.

    Quelle ne fut donc pas la surprise de découvrir que plus de 300 noms avaient été oubliés et que parallèlement d’autres avaient été ajoutés alors que jamais ils n’avaient rejoint le général de Gaulle de Tahiti, ni même étaient Polynésiens.

    L’histoire peut-elle être ainsi réécrite, voire revisitée sans que personne n’intervienne ?

    Car pour ceux qui connaissent cette période de l’histoire, ce ne sont pas 650 Polynésiens qui s’engagent après l’appel du général de Gaulle, mais 1 000. Où sont donc les 350 noms restants ?

    Ces Tahitiens ne seront démobilisés qu’en 1946, ils sont donc la France libre. Pourtant ils ne figurent nulle part, ils ont été oubliés.

    Plus surprenant encore, le nom de Roger de la Grandière, ce métropolitain né dans le Maisne et Loire, qui figure sur l’une des plaques commémoratives en tant que parachutiste.

    Ce grand homme est effectivement venu en Polynésie en 1938 mais seulement pour une année, soit jusqu’en 1939. À l’époque, il ne peut donc pas connaître le général de Gaulle, encore moins répondre à l’appel du 18 juin 1940.

    Selon les historiens, Roger de la Grandière s’engage dans les forces françaises libres en août 1942, après s’être échappé d’une prison d’Alger. Il n’a jamais remis les pieds en Polynésie après 1939.

    Pourtant aujourd’hui les Polynésiens peuvent lire son nom, gravé dans le marbre, sur l’une des plaques commémoratives de l’avenue Pouvana’a Oopa. Il fait maintenant partie de ces Polynésiens de la France libre.

    Pour en avoir le cœur net, La dépêche a contacté Jean-Christophe Shigetomi qui a consacré plusieurs années de sa vie à retracer l’histoire des Tamari’i volontaires, de tous les Polynésiens engagés dans la seconde guerre mondiale après l’appel du général de Gaulle.

    Il leur a d’ailleurs dédié un livre historique de près de 300 pages, préfacé par François Broche l’historien français spécialiste de la seconde guerre mondiale et de la France libre.

    Jean-Christophe Shigetomi reconnaît que beaucoup de noms de soldats Tahitiens de la France libre ont été oubliés. Il est surpris aussi que certains noms figurent sur les stèles. La question qui se pose donc est de savoir comment une telle marge d’erreur, qui engage la mémoire des Polynésiens de la France libre a pu être commise ? Selon Jean-Christophe Shigetomi, l’explication est simple : « Ils ont oublié plus de 300 noms parce qu’ils ne les connaissaient pas. Moi-même, je découvre tous les jours des Français libres oubliés, alors qu’en écrivant Tamari’i volontaires, j’avais étudié plus de 700 dossiers de soldats. L’histoire est ainsi, c’est ce qui stimule la passion. Elle n’est pas figée. Pour cela, j’ai consulté les dossiers de toutes les classes d’âges à être mobilisées en 1940 soit au centre du service national, soit aux archives territoriales. Or, dans le cadre d’un nouveau chantier dédié aux Poilus Tahitiens, en étudiant plus de 1 500 dossiers de Poilus Tahitiens, je découvre que beaucoup d’entre eux ont rengagé dans la France libre en 1941. Excepté les six partis avec le Bataillon du Pacifique, je ne connaissais pas tous les autres. Leurs noms ne sont effectivement pas sur la stèle. L’Histoire des Tahitiens de la France libre a donc été réécrite. Il est surprenant que les autorités compétentes n’aient pas vérifié et homologué le choix des Tahitiens libres de la stèle. La question qui se pose est de savoir qui a finalement autorité pour le faire ? Jean Tracqui qui a été un Français libre pourra s’interroger. Il s’est engagé comme ses trois frères. Mais l’oubli, c’est peut être le destin des survivants de la France libre dont son histoire est racontée à la page 66 du livre « Tamari’i volontaires. 

    Contactée à ce sujet, l’association des anciens combattants, reconnaît sa méconnaissance historique. Éric Noble a alors précisé que la liste pourrait être complétée.

    Jennifer Rofes

    Source et crédit photo :   Article de la Dépêche de Tahiti.pf
     


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