• "Quand on évoque le 6 juin 1944, on écrit « Débarquement » avec une majuscule : c’est le seul débarquement qui bénéficie de cet honneur. Celui de Provence, le 15 août, n’a droit qu’a une minuscule, et on l’oublie le plus souvent, alors qu’il a une importance à la fois militaire et symbolique, ne serait-ce que par la présence des Forces françaises libres.(**)

    Il y a quelque chose de disproportionné à traiter, d’un côté, de l’immense armada qui, dans le plus grand secret et la nuit noire, fend les flots en direction des plages normandes à l’aube du 6 juin 1944 et, de l’autre, de l’armée  des ombres qui, bravant miliciens et nazis, rêve de soulever  le peuple pour chasser  Pétain et les Allemands dans une insurrection révolutionnaire dont naîtrait une France régénérée.

    DES MÉMOIRES SUCCESSIVES

    Un homme, le général de Gaulle, incarne cette année 1944. Celui qui a, le 18 juin 1940, lancé un appel à la résistance depuis Londres, qui a réussi à lever  des troupes au fin fond de l'Afrique pour prouver  au monde que la France était toujours debout les armes à la main, qui a unifié la Résistance sous son autorité en choisissant le héros absolu qu’était Jean Moulin ; qui a tenté et réussi à exister  , même modestement, aux côtés de Churchill, Roosevelt et Staline.

    Tout, dans son histoire, relève du pari et du culot, de la magie du verbe et de l’habileté manœuvrière, de la conviction folle d’incarner la France. L’apothéose se joue à Paris le 26 août, où de Gaulle a su obtenir  une légitimité.

    Il y a eu des mémoires successives de la France dans la seconde guerre mondiale. D’abord celle, écrasante, du général de Gaulle magnifiant une France résistante dont il avait été le guide inspiré, avec, comme en miroir, celle des communistes glorifiant le courage de leurs militants qui avaient affronté les Allemands et mené le peuple français à l’insurrection.

    Une autre histoire est apparue ensuite, qui montrait une France de Vichy qui devançait les ordres des Allemands dans la déportation des juifs et la répression, et tentait d’expliquer la complexité de l’adhésion des Français au pétainisme.

    Aujourd’hui, les travaux des historiens réexplorent les bilans trop victorieux, les insurrections trop nombreuses, les analyses  trop simplistes. Ils décrivent une Résistance complexe où agissent Britanniques et Américains, un fossé entre résistants de l’intérieur et résistants de la France libre. Pour toutes ces raisons, nous avons conçu le hors-série sur l’année 1944 sur un mode  pluriel : débarquement(s), résistance(s) et libération(s)."

    Michel LEFEBRE
    Journaliste au Monde

    Hors série disponible en Kiosque, 100 pages, 7,50 E.

    ******

    ** Revoir notre article-étape sur la DFL dans le  Débarquement de Provence  : n° 1 - 16-17 Aôut 1944 -  Opération Dragoon : Débarquement à Cavalaire de la 1ère D.F.L


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  • Le 27 septembre, le Général BROSSET qui avait établi son P.C. à Magny près de Lure, engage la 4ème Brigade dans l’après-midi et le Colonel RAYNAL prend le commandement du secteur d’attaque de la Division. Après l’entrée du Bataillon d’Infanterie de Marine et du Pacifique dans Magny-Jobert, les Allemands tiennent encore les villages de Clairegoutte et de Frédéric-Fontaine, dans un secteur très boisé. 

    Etape n° 18 - 27-28 Septembre 1944 - Le B.M. 21 et les Fusiliers Marins montent ensemble à l'assaut de Clairegoutte et de Frédéric-Fontaine

    Attaque de Frédéric-Fontaine, croquis de Yves GRAS

    C’est au  Bataillon de Marche 21 qu’échoit la mission d’attaquer, avec l'appui des petits Chars M.3 des Fusiliers Marins de l’Enseigne de vaisseau BOKANOWSKI et des Tanks Destroyers du 8ème Régiment de Chasseurs d’Afrique.

    Le 27 au matin, partis à l’attaque, ils sont reçus par un feu nourri dès qu'ils abordent les vergers entourant le village de Clairegoutte : du haut du clocher, une mitrailleuse lourde les arrose.

    Raymond KWORT du R.F.M. échappe de peu à une mort certaine grâce aux injonctions de prudence de son commandant Michel BOKANOWSKI dit Bokoff. Clairegoutte libéré, un certain alcool de framboise aidera  Kwort et ses camarades à se remettre de leurs émotions.

    Etape n° 18 - 27-28 Septembre 1944 - Le B.M. 21 et les Fusiliers Marins montent ensemble à l'assaut de Clairegoutte et de Frédéric-Fontaine

    Roger BARBEROT et Michel BOKANOWSKI

    De son côté, drôles de rencontres pour Roger BARBEROT : entrant dans une maison de Clairegoutte, il se trouve nez à nez  avec une vingtaine d’allemands qui se cachaient... mais se rendent immédiatement à lui... Un peu plus tard, on lui amène un groupe de prisonniers insolite : des Indiens, faits prisonniers à Tobrouk puis transférés en Allemagne, qui portent encore l'uniforme anglais. « Qu'ont-ils pu comprendre à cette guerre ? se demande-t-il. Trimballés des Indes en Libye, de Libye en Allemagne, ils atterrissent maintenant dans les Vosges, à la  recherche de quelqu'un qui pourra les prendre en charge ». 

    C’est maintenant au tour de la Compagnie du B.M. 21 du Sous-Lieutenant Yvon TOMMASI d’entrer en action vers Frédéric-Fontaine, dont la  route est barrée de nombreux abatis. « L‘Allemand est partout, ses tireurs d'élite perchés dans les arbres abattent les hommes à coup sûr, et leurs mortiers pilonnent tout ce qui est à leur portée ».

    Etape n° 18 - 27-28 Septembre 1944 - Le B.M. 21 et les Fusiliers Marins montent ensemble à l'assaut de Clairegoutte et de Frédéric-Fontaine

    Yvon TOMMASI

    Là encore, Biffins et  Marins avancent ensemble, les chars appuyant l’action des soldats du B.M. 21, voire la devançant : « La progression est si rapide que nous devons presque courir pour suivre les chars. Cette course effrénée reprend de plus belle en haut de la prairie et lorsque les chars s’arrêtent, les Tirailleurs se précipitent en hurlant vers les trous, d’où les Allemands sortent, en jetant leurs armes » raconte Yves GRAS. 40 prisonniers sont ainsi faits et, à l’issue des combats de Frédéric-Fontaine,  ce seront finalement 140 prisonniers qui tomberont entre les mains du B.M. 21.

    Le lendemain matin 28 septembre, les Allemands vont chercher à reprendre FREDERIC-FONTAINE, en ouvrant un feu violent d’artillerie et de mortiers. Les obus pleuvent sur le village et au bout d’une heure, le B.M. 21 compte une trentaine d’hommes hors de combat, dont le Sous-Lieutenant TOMMASI, sérieusement blessé.

    Après la prise des deux villages, les Allemands se rétablissent sur de nouvelles positions en Forêt de Chérimont.

    Dès le 28 septembre, l'Officier des équipages Constant COLMAY et le 2ème Peloton du R.F.M. se heurtent aux Allemands retranchés dans ces bois, sur une route truffée de mines.  « il faut repérer soigneusement les angles morts pour y placer les véhicules à l'abri des tirs de mitrailleuses qui entrent en action aussitôt que nous essayons de dégager les abattis. C'est alors un duel d'armes automatiques ... Le Maître BERNIER, qui a été loupé plusieurs fois, est déchaîné et me fait un cours sur l'emploi rationnel de l'arme blindée. Autant pour le calmer que pour essayer de se donner de l'air de ce côté-là, je lui fais monter une patrouille avec le soutien porté de GLORIA et nous fonçons aussitôt dans la forêt en hurlant comme des fous  ».

    Etape n° 18 - 27-28 Septembre 1944 - Le B.M. 21 et les Fusiliers Marins montent ensemble à l'assaut de Clairegoutte et de Frédéric-Fontaine

    Un peu plus tard, en accompagnant à Clairegoutte une Jeep pleine de blessés, Constant COLMAY a l'occasion d'y voir « notre Général BROSSET toujours aussi dynamique et qui se promène en short sans se soucier du froid... » 

    Dans 24 heures vont s'engager les terribles combats du 22ème B.M.N.A. dans le Bois de la Nanue, pour la prise de RONCHAMP. Mais ceci est une autre histoire... à suivre !

     

    Télécharger «27-28 septembre -B.M. 21 et R.F.M. à l'assaut de Clairegoutte et Frédéric-Fontaine »

     

     

     

     

     


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  • 8 mai 2014 à Montain (Jura)

    Hommage à Pierre Dargent et au général de Larminat

     

    En marge de la cérémonie commémorative du 8 mai 1945, la délégation de la France Libre du Jura rendait hommage à deux Français Libres qui reposent au cimetière à Montain.

    En présence du maire de Montain, Michel Brutillot, du président du syndicat des trois clochers, Jacques Combettes, du  maire du Louverot, Michel Gris, de M. Vital Godin, porte-drapeau de la France Libre du Jura, c’est avec une grande émotion que la France Libre du Jura a déposé une gerbe en mémoire de Pierre Dargent et du général de Larminat.

     

     

    Pierre Dargent

    Le délégué F.F.L. du Jura a relaté le parcours de Pierre Dargent, né à Dole, élève de Sciences-Po.  Au cours de sa vie, il a fait un acte héroïque en rejoignant le général de Gaulle, il s’engage dans les Forces Françaises Libres. Mort pour la France à Bir Hakeim le 8 juin 1942, à l’âge de 20 ans. Il a combattu pour défendre les valeurs de la France, les valeurs de la République. Pierre Dargent, cet enfant du Jura, a tout quitté, famille, études, pour rejoindre le général de Gaulle et pour se battre contre le nazisme, pour défendre les idéaux de la France, il meurt en héros, mort pour la France.

     

    Le général de Larminat

    Ensuite, les autorités et la population venues nombreuses, se rendaient sur la tombe du général de Larminat. Bruno Raoul, délégué F.F.L. du Jura a évoqué l’immense parcours du général de Larminat, né à Alès (Gard). Ancien combattant de la première guerre mondiale, qu’il termine avec le grade de capitaine, quatre citations et la croix de chevalier de la Légion d’Honneur.

     

     

     

     

    Au cours de sa vie, en juin 1940, il choisit le camp de la liberté, il refuse la défaite. Il rejoint le général de Gaulle et s’engage dans les Forces Françaises Libres. En juin 1940, il joue un rôle déterminant pour le ralliement du Moyen-Congo à la France Libre avant d’être nommé par le général de Gaulle gouverneur général et commandant supérieur des Forces Afrique-équatoriales françaises. Il est promu général de brigade en juin 1941, au même moment il est condamné à mort par contumace, par le régime de Vichy, il organise des bataillons africains qui formeront le noyau dur F.F.L. au sein de la 1re division française libre. Il participe à la bataille de Bir Hakeim, il organise les défenses de la position de Bir-Hakeim avant l’offensive des troupes germano-italiennes.

     

    En janvier 1943, il prend le commandement de la 1re D.F.L., campagne de Tunisie, campagne d’Italie ;  le 16 août 1944, débarquement de Provence avec le général de Lattre de Tassigny. Il est nommé commandant des troupes françaises sur le front de l’Atlantique.

    Le général de Larminat a été une des plus grandes figures de la Résistance.

     

    Pierre Dargent et le général de Larminat d’origine jurassienne, ont rejoint le général de Gaulle, en mai 1940, ils ont refusé la défaite pour continuer le combat contre l’occupant nazi. Avec les autres Français Libres, ils ne sont pas d’un passé révolu, ils sont des exemples car ils ont sauvé l’honneur de la France et combattu avec d’autres pour elle jusqu’à la victoire, ils nous invitent au refus du fatalisme et à la certitude que nous pouvons agir sur notre avenir commun.

     

     Bruno RAOUL, délégué F.F.L. du Jura

     

    En savoir plus...

    - Le Général de Larminat, par François Broche Lien

    - Album photo Général de Larminat Lien

    - Pierre Dargent, le témoignage de Guy Tramon (Bataillon de Marche n° 2) : la course relais de l'observatoire à Bir Hakeim Lien


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    A VOS AGENDAS !  Michel Kempf nous annonce un cycle de conférences consacrées au Débarquement en Provence

    Tout sur le débarquement de Provence à Toulon

    Le service historique de la défense propose une série de conférences sur le débarquement de Provence  à Toulon. 

    Voici le calendrier:  

     Jeudi 22 mai : "Réseaux de renseignement et préparation du débarquement : les marins dans la Résistance", par Jean-Marie Guillon, professeur émérite de l’Université d’Aix-Marseille  

     Jeudi 12 juin : "La dernière mission du sous marin Protée", par Emmanuelle Braud, historienne, adjointe du conservateur du SHD Toulon  

     Jeudi 26 juin : "Les femmes dans la Marine à l'époque du débarquement de Provence", par Catherine Bertrand-Gannerie (Capitaine de frégate), historienne et écrivain  

     Jeudi 10 juillet : "Toulon à la veille du débarquement en Méditerranée, entre juin et août 1944", par Jean-Marie Guillon, professeur émérite de l’Université d’Aix-Marseille  

     Jeudi 25 septembre : "L'implication des troupes coloniales dans le débarquement de Provence et les réseaux de résistance locaux", par le chef de bataillon Philippe Roudier, conservateur du musée des troupes de marine de Fréjus  

     Jeudi 23 octobre : "La reconstruction de l'arsenal de Toulon après la Libération", par Bernard Cros, ingénieur des travaux maritimes, auteur d'ouvrages sur l'arsenal, membre de l'académie du Var  

     Jeudi 27 novembre : "L'épuration des amiraux de Vichy : entre quête de vérité et tentative de réhabilitation" (sous réserve de confirmation), par Odile Girardin-Thibeaud, historienne, auteur d'une thèse sur les amiraux de Vichy à l'université de Bordeaux 3  

     Jeudi 11 décembre : "Le retour de la Marine à Toulon en septembre 1944, autour du tableau de Chapelet, peintre de la Marine", par Carole Gragez, conservateur du patrimoine, chef de la division sud-est du Service historique de la défense à Toulon, membre associé de l’académie du Var 

    Service historique de la Défense à Toulon
    Passage de la Corderie
    83300 Toulon 

    Début des conférences à 17h 

    Entrée libre dans la limite des places disponibles 

    Informations : (Tél. : 04 22 42 03 65) 


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  • Etape n° 17 - Le Bataillon d'Infanterie de Marine et du Pacifique libère Magny-Jobert

    Source : http://www.franche-comte.org

    Il était une fois Marguerite VUILLEMOT, née en 1899, qui fit toute sa carrière d'institutrice dans un village qui comptait « 31 » feux » en 1945 : Magny-Jobert. Aujourd’hui, ce village compte 102 habitants, mais il n'a plus d'école depuis 1984, l’année du décès de Marguerite Vuillemot.

    L’institutrice mit des années entre 1945 et 1953 à récolter des témoignages et fit travailler ses élèves sur un travail dirigé en commun  intitulé : « Magny-Jobert, Mon village dans la tourmente 1939-1945 ».

    Il comporte une dédicace manuscrite des enfants  aux  libérateurs de la 1ère D.F.L.

    Etape n° 17 - Le Bataillon d'Infanterie de Marine et du Pacifique libère Magny-Jobert

    Le dossier retrace la vie du village et de ses habitants pendant l’invasion de 1939, la débâcle, le passage des prisonniers français, où sont humiliés et détenus à part,  les soldats malgaches. Les habitants s’efforcent alors, avec ceux des villages voisins, de ravitailler le camp des prisonniers. Puis vient le temps de l’occupation, les alertes, les problèmes de ravitaillement,  les opérations des maquis voisins de la Forêt de Chérimont... jusqu’aux évènements de la Libération qui s’accompagnent dans cette région de terribles représailles des S.S. contre les maquisards et les populations civiles (Magny-d’Anigon, Eboton).

    De ce travail minutieux de reconstitution (qui fit également l'objet d'un article dans un n° du  Bir Hakim l'Authion de 1998 centré sur les évènements des septembre 1944 ),  nous avons extrait des passages  sur la Libération de Lyoffans et Andornay tout proches, (insérés dans notre précédent article), et celle de Magny-Jobert : ce sont les seuls témoignages des combats dans ce village que nous ayons pu identifier aujourd’hui. Ils présentent  tout l'intérêt de nous délivrer le vécu de ces habitants à la veille de leur libération, point de vue dont ne dispose jamais l'attaquant.

    La libération de Magny-Jobert a lieu en fin de journée  le 27 septembre. Le Bataillon d’Infanterie Marine a été appelé à la rescousse, tant les combattants du B.M.4 étaient épuisés après la prise de Lyoffans et d’Andornay. Nous retrouvons cependant le Commandant du B.M.4, le Capitaine BUTTIN, qui par une heureuse intuition- et de justesse - , commande à notre Artillerie le tir qui s’avèrera vital pour contrer la classique « contre-attaque allemande... » ... et ainsi, Magny-Jobert restera entre les mains des Français...

    Télécharger « n°17 - Libération de Magny-Jobert par le BIMP »

     


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